Finances publiques,
Déni, Déficits, Retraites
Les commentateurs accrédités nous disent
à longueur de propos péremptoires que les français vont avoir un réveil
difficile au lendemain de la présidentielle. Le « clairon sonnera le
réveil le7 mai » dit l’un d’eux.
Soit, mais en même temps, leurs
semblables interdisent toute participation au débat publique des français qui
soulèvent des questions gênantes pour les castes auxquelles ils se réfèrent. Y
compris dans le cadre modeste des Courriers des lecteurs.
La Loi Fillon de 2003 a changé la
référence publique de calcul des retraites. Désormais, tous les salariés sont
soumis au même calcul de durée de cotisation. Le départ légal pour bénéficier
du taux plein est le même pour tous : 67,5 ans.
Nous sommes passés d’un système reposant
sur l’idée qu’une avant-garde, les « régimes spéciaux », préfigurait
l’âge légal de départ à venir de tous, à un système qui instaure le principe
d’égalité immédiate de tous. Tous les régimes de retraite devenaient
disqualifiés dans leur particularité et les salariés se retrouvaient au même
régime par le vote de la loi
La loi votée est immédiatement
court-circuitée par une loi annexe qui précise que les métiers pénibles et
dangereux font exception. Immédiatement la presse note qu’il s’agit de
distinguer les salariés des « organes de sécurité ».
Les sénateurs, députés, Ministres, ont
clairement dit que les ouvriers des métiers pénibles devaient changer de métier
pour pouvoir continuer à travailler. Cette pénibilité ne leur confère aucun
droit à une retraite plus précoce. Le principe de l’invalidation de cette loi d’exception
pour les salariés autres que les fonctionnaires des « organes de
sécurité » fut explicitement reconduit lors de la seconde loi des
retraites en 2010.
Les régimes spéciaux reprennent une
activité nouvelle, sans passé, totalement artificielle et sans autre légalité
que celle de ne pas voir celle-ci contestée devant les instances adéquates.
Un principe d’exception légal est mis en
œuvre sans avoir été discuté par le Parlement. Il émane de la seule
interprétation d’un procédé qui relève en droit de la tromperie
astucieuse.
Tous les salariés sont soumis à la loi
Fillon, certains s’en dispensent par une loi qui organise une ségrégation entre
ceux qui dispose du dispositif administratif d’interprétation et ceux qui en
sont exclus.
Les principes fondateurs du droit, tels
que le principe d’égalité devant la loi, d’universalité des lois et de
continuité de l’Etat, sont bafoués.
Il en ressort que la majorité des
français paie 17,5 ans de rente à un certain nombre de salariés.
En 2012, un candidat a remis dans la
discussion la mise à la retraite à 60 ans à taux plein des personnes qui ont
travaillé jeunes et ont cotisé leurs annuités. Immédiatement, les commentateurs
avisés ont soulevé la question du coût de cette mesure. Et ce, alors que les
bénéficiaires ont cotisés pleinement.
Ce coût serait à leur dire exorbitant.
La question est donc de savoir combien coûte au trésor public la
mise à la retraite 17,5 ans avant l’âge légal de personnes qui elles n’ont pas
cotisées leurs pleines annuités ?
Immédiatement, les corporations les plus
diverses se sont identifiées à ces privilégiés pour conserver ou changer leur
statut. Toutes les administrations en ont fait la demande.
Bien sûr, le mouvement fait tâche
d’huile. Par exemple, les médecins urgentistes se sont référés à ce principe,
afin d’en bénéficier.
La loi Fillon avait pour objet de faire
respecter le principe d’égalité de tous devant la loi et de contrôle des
dépenses publiques. Les retraites sont un cas de figure particulièrement
exemplaire de ce principe puisque le départ à la retraite conditionne
l’espérance réelle de vie. Au travers d’elle, c’est une partie de la question
de l’égalité de tout un chacun devant la mort dont il est question.
Cette loi d’exception réserve à une
partie des français le bénéfice de la reconnaissance de la pénibilité et de la
dangerosité du travail.
Cette réservation se fait par des
procédures qui relèvent des solidarités de caste, du chantage au retrait des
forces de maintien de l’ordre, de la peur imposée aux autres citoyens par ceux
qui en bénéficient, des rapports corruptifs entre les bénéficiaires et les
forces dirigeantes qui en retour s’assurent de la docilité de ces forces d’Etat
sous peine de dénonciation publique du pacte.
Ce processus pervers dans la légalité instaure
dans le droit français le principe du privilège, et son corolaire, la
corruption.
La question est la suivante : Comment
peut on espérer conserver l’unité légale de la population, requérir
l’assentiment publique pour des réformes difficiles, affirmer concourir à
l’équilibre des comptes publics, conserver l’Etat, en établissant le nouveau
système légale définissant la position de chacun vis-à-vis de l’espérance de
vie non plus seulement sur les inégalités de fait mais sur le privilège de
droit et ce qui s’en suit mécaniquement ?
L’une des questions subséquentes est
celle de la corruption morale des journalistes qui interdisent le débat à ce
sujet.
Marc Salomone
15.04.12
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