vendredi, mars 20, 2020

20.03.20, contribution 41, indemnisation 39, inspection des finances, cadres dirigeants, rétropantouflage, allers-retours

blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les Deux formes, éd. Amazon

Paris, le vendredi 20 mars 2020

CONTRIBUTION (41) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN 2020.

REFLEXION SUR L'INDEMNISATION (39) ET SUR L'EXCLUSIVITÉ DU RETROPANTOUFLAGE COMME CRITERE DE SELECTION DES CADRES DIRIGEANTS DE L'ETAT.
(Suite de la réflexion n°38 du 16 février 2020 et précédentes. cf. : madic50.blogspot.com)

PROPOSITION POUR UNE REMISE A NIVEAU DE LA REMUNERATION DES CADRES DIRIGEANTS (2)

Le Canard Enchaîné, le mercredi 18 mars 2020, p. 7, : Agnès Pannier-Runacher.

« Elle partage avec Macron la conviction défendue becs et ongles par l'Inspection des finances, que les allers-retours du public au privé sont une excellente chose pour l’État.
''On veut des bons, des types qui savent comment marchent les boîtes, ou pas ?'' s'agace un important membre du corps. »

Cette identification du rétropantouflage à la connaissance et à la capacité, cette définition de son action comme étant la sélection des ''bons'', conduisent à en faire un critère de sélection entre les cadres dirigeants.
Ceux des Inspecteurs des finances qui ne quittent pas le giron de l’État auraient un manque de connaissance et de capacité.
Inévitablement la valeur des cadres dirigeants et leur sélection s'établissent sur les critères de la sélection des ''bons''. C'est à dire de la possession ou non d'un capital.

Cette hypertrophie du rapport au capital ne correspond pas aux réalités qui fondent ces allers-retours.

Le moteur des allers-retours public-privé n'est pas la volonté de connaître ''les boites'' mais d'abord l'intéressement financier personnel.

Tous les retournants parlent du sacrifice financier consenti pour revenir au service public. Ils omettent de dire que c'est ce lieu de revenus quasi sacrificiels qui assure à ces castes des positions de principes de hauts revenus dans le privé.

Le journal donne un ordre de grandeur de cette association au capital. Mme Pannier-Runacher « a en gros divisé sont salaire par trois. ».

L'amplitude des écarts est importante mais elle n'est pas insurmontable.
 

Toutefois, il serait pareillement erroné d'identifier cette recherche de gains supérieurs au seul appât du gain.

Avec la mondialisation, les critères de l'autorité des cadres de niveau international ont évolué.

Si les PDG salariés tentent si constamment de ressembler à des actionnaires, c'est aussi parce que la possession d'un capital, et des revenus qui l'accompagnent, sont des éléments importants, voire déterminants, de l'autorité publique d'un cadre dirigeant.

Le retournant revient au public avec une connaissance des ''boites'' et un capital.

La différence entre les retournants et les restants n'est pas d'abord entre une connaissance et une ignorance mais entre la possession d'un capital s'ajoutant aux revenus salariaux élevés et le revenu d'un seul salaire, moins élevé.

Pour les effets étatiques de ces allers-retours, on ne peut pas non plus s'en tenir à la seule connaissance des mystères de la ''boîte''.

Les retournants apportent avec eux la connaissance mais aussi la politique de la ''boîte''.

Les salariés qui pratiquent le rétropantouflage sont des cadres dirigeants certes. Ils n'en sont pas moins des salariés.
Ils sont en état de ''subordination juridique''.
La question qui se pose par ces incessants allers-retours est de savoir à l'égard de qui.

La Commission Européenne a déjà indiqué que ces pratiques d'allers-retours disloquaient les logiques d'intérêt public de la Communauté.
Il en va de même pour les Etats.

Le coronavirus marque les limites de cet exercice de subordination de l’État, et des administrations publiques, aux logiques du marché.

Désormais, le gouvernement n'hésite pas à dire que « les structures essentielles de la société sont hors du champ concurrentiel » (cf. Jean-Yves Le Drian, Ministre des Affaires étrangères).

Ce qui est en cause n'est pas le rétropantouflage ni la diversité des trajectoires de cadres de l’État et des politiques qui traversent celui-ci.

C'est l'exclusivité de cette pratique comme critère de valeur des cadres dirigeants de l’État qui n'est pas crédible.

1- Elle amène la confusion entre la concurrence des ambitions et les capacités de servir l’État.
2- Elle affaiblit les politiques de services publiques.
a- Elle favorise les crises, telles que celles de santé publiques.
b- Elle rend inévitables les solutions palliatives fondées sur la contrainte.
3- Elle disloque les réseaux de cadres de l’État n'ayant aucune collusion avec les intérêts privés.

Les faits imposent de retenir que l’État et les administrations publiques existent, qu'ils ont leur raison d'être.

Il faut donc permettre à chacun de ceux qui en ont la capacité d'occuper un poste dirigeant selon ses talents.

Même à l'échelle européenne, les bilans des cadres restants dans le champ public vaut celui des rétropantoufleurs.

Il est donc nécessaire de permettre aux restants de s'adapter aux nouveaux critères d'autorité. Ils doivent être capitalisés.

C'est en prenant en compte les exigences mondiales quant au statut des cadres dirigeants que les Etats européens pourront donner aux rétropantoufleurs la possibilité d'éviter le piège qui leur est tendu de devenir les chevaux de Troie d'une politique anarchiste régulée par les seuls ébranlements de la société.

Les Etats européens doivent récupérer leur capacité de disposer de réseaux de cadres dirigeants n'ayant pas d'autres expérience des ''boites'' que celles de stages de connaissance.

Cela n'est possible aujourd'hui que si les cadres restants disposent comme les rétropantoufleurs d'un accès au capital et à l'autorité internationale qui en découle.

Il est possible de mettre chacun à flot sans que le Trésor public en soit affecté. Encore faut-il des ''types'' honnêtes qui ne soutiennent pas une chose pour imposer son contraire.

Seul le Chef de l’État peut présenter cette réforme. Il devra établir qu'elle n'est pas celle d'une caste particulière et qu'elle fonctionne selon les principes démocratiques et universels.


Marc SALOMONE

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