lundi, mai 20, 2024

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Marc Salomone/ 122 bis boulevard Davout / 75020 Paris / 06.28.22.88.96 / salomone.marc@neuf.fr / blog : madic50 / Livre : Les deux Formes

lundi 20 mai 2024


IMPRESSIONS SUR LA CAMPAGNE EUROPÉENNE 2024 DE LÉON DEFFONTAINES, TÊTE DE LISTE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS

Deffontaines :

« tout est bon pour ne surtout pas parler des véritables sujets qui nous sont posés, à savoir la question de la hausse des factures d'électricité, par exemple ». « Depuis trop longtemps, la gauche s'est divisée sur des débats de société et a occulté la question sociale, je veux en refaire une priorité ».

Deffontaines a le langage d’un syndicaliste en colère qui saisit la politique pour crier son impuissance sur la place publique.

Ce faisant, il se coupe de la pensée et de l’action politique.

Personne n’enverra Deffontaines à Bruxelles parcequ’en conclusion de sa description de la politique économique de l’Union Européenne (UE), il déclare avec emphase : « je le dis : qu’elle crève cette Europe !».

C’est une formule magique, incantatoire, imprécatoire.

Communément parlant, c’est un propos de bistrot. Il pouvait aussi dire : j’emmerde cette Europe et tous autres synonymes.

Par contre, il pouvait faire état des relations du Parti communiste français (PCF) avec tous les partis communistes et démocratiques européens, annoncer des rassemblements européens à venir, exiger le respect de la liberté d’association et de réunion en Europe comme préalable au fonctionnement démocratique de l’UE.

Voter pour sa liste pouvait être un gage de liberté de l’information par la libération de Julien Assange torturé en Angleterre pour le compte des Etats-Unis ou pour celle de Selahattin Demirtas, condamné à 42 ans de prison par la justice Turque.

Au lieu de cela, il lance la malédiction des désespérés aux vainqueurs inaccessibles.

Personne n’enverra Deffontaines à Bruxelles pour célébrer le Non au référendum de 2005. Ce fut une rencontre ponctuelle qui n’a jamais eu aucune suite politique au titre de ce rassemblement composite d’intérêts souvent opposés.

Cela fait deux points majeurs de sa campagne qui reposent sur du vent, sur l’évocation d’un fait psychologique (le mécontentement contre l’UE) ou du souvenir d’une victoire sans lendemain (2005) dont il présente la réminiscence verbale et bien sonore comme la présence d’une réalité tangible dont il serait le manipulateur.

En fait, il se fragilise personnellement en prenant la figure d’un bonimenteur qui manipule du vent.

Il veut aussi être élu pour invalider la règle bien connue des « 3 % ».

Elle est un serpent de mer du technocratisme européen. C’est un bavardage qui renvoie à d’autres bavardages sans fins.

La question de l’endettement français n’est pas due à cette règle qui n’est elle-même qu’une des conséquences de la suprématie de la propriété privée et du rejet de l’État.

Par contre, il pouvait porter le fer sur le principe fondateur du Traité de Rome de la « concurrence libre et non faussée ». C’est vraiment une question politique.

Glucksmann se permet de critiquer, même hypocritement, cette règle du Traité de Rome.

Mais lui fait de la politique, il a une base de classe clairement définie, et il est à 14 %.

Lorsqu’il met en scène une référence populaire, il dit : « Les eurogagas nous disent chaque jour que l’Europe est une chance. Allez le dire aux jeunes de Seine-Saint-Denis qui voient les lycées dégradés ! »

Ce rapprochement de l’état de l’école en Seine-Saint-Denis du bilan de l’UE ne prouve rien. Il est une nouvelle gesticulation de mots creux.

Par contre, pour tous les français, c’est une allégeance au communautarisme musulman.

Il a par ailleurs donné son avis sur l’immigration. Il est pour un accueil des migrants fondé sur la seule exigence de bien les accueillir.

En une phrase démagogique, Deffontaines expert en manipulation du vide s’exclut de la référence politique de millions d’électeurs français européens.

Les français musulmans ne voteront pas pour lui car il n’est pas ouvertement communautariste et qu’ils sont quant à eux pour l’UE et ses avantages financiers aux minorités.

Il veut aller à Bruxelles pour « le pouvoir d’achat » et « les véritables sujets » sont «la question de la hausse des factures d'électricité, par exemple ».

De même, il ne lui vient pas à l’idée que les factures d’électricité dépendent de la guerre en Ukraine. Ce qui n’est plus syndical mais politique. Personne ne s’intéresse à ses bricolages budgétaires et subventionnistes imaginaires.

Cette absence de détour par l’Ukraine concernant les questions du pouvoir d’achat l’exclut du débat politique populaire. Celui qui relit la politique européenne au pouvoir d’achat.

Il a par ailleurs donné son avis sur la guerre ukrainienne. Il est aligné sur l’OTAN ; comme nombre de groupes marxistes.

Il n’a donc plus rien à dire sur le sujet sauf qu’à la fin de la guerre il est pour la paix. Comme tout le monde.

Cette soumission est d’autant plus incompréhensible que le magazine Die Welt allemand vient de remettre à l’ordre du jour une discussion de paix qui a eu lieu dès mars 2022 en Turquie entre les Russes, les Ukrainiens, en présence des américains. Elle aurait été bloquée dans ses conclusions par Boris Johnson, Premier ministre britannique.

Les communistes ont à disposition, sans droits d’auteurs, la logique politique du Président Kennedy, exposée le 10 juin 1963.

Qu’est-ce que Kennedy à côté de Johnson ?

Dans son meeting parisien, du 16 mai, son accompagnateur, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, lance « un vibrant appel pour la Palestine » dont Léon Deffontaines n’a pas parlé.

Ce qui renforce l’inclusion de ce dernier, qui n’a pas parlé de l’Ukraine, dans la subordination aux réseaux communautaristes, ou corporatistes, ou syndicaux.

D’aucun dirait, dans l’impuissance.

Ce qui est stupéfiant au fil des discours, c’est l’absence de référence aux femmes.

Alors qu’elles crèvent l’écran, par l’actualité et leur activisme (avec MeToo, par exemple). Il n’a rien à leur dire.

La parité de droit, c’est à dire la présence conjointe, égale, de droit, universelle, des deux sexes dans toutes les instances de direction des Pouvoirs publics et associées, n’est pas un combat digne d’attention pour les machistes ordinaires qui doivent entourer ce candidat.

Il est vrai que les femmes ne sont que 50 % du corps électoral et qu’elles sont surtout préoccupées par « les cordons de la bourse », le « pouvoir d’achat », bien plus que par les fadaises du Pouvoir (politique et administratif).

C’est consternant.

Deffontaines est l’archétype de l’inscription exclusive dans la Forme économique, celle des superstructures et infrastructures, telles que décrite par Marx.  

A ceci près que cette inscription est pratiquée comme un enfermement, une référence exclusive de toute autre réalité.

La question des femmes qui fait partie de la Forme du lien ou forme administrative, de la suite infinie des hommes et des femmes, du 1-0 de l’informatique, n’est donc pas prise en compte.

Il en va de même pour les religions, les communautarisme, les idéologies, etc. qui sont classées parmi les causes non essentielles.

Le PCF n’est même cité dans les intentions de vote des enseignants. Alors que la question du Pouvoir d’achet est au coeur de tous leurs débats. Ils ne l’entendent pas.

J’ai traité de cette question dans le livre « Les deux Formes » (éd. Amazon).

Aveugles, impuissants, et fiers de l’être.

Cet aveuglement concerne au premier chef tous les communistes.

Engels a déjà signalé au 19ème siècle que les communistes étaient obnubilés par l’économie, la lutte des classes.

Il précisait que celle-ci n’était décisive qu’en dernière instance.

Cet exclusivisme économiste qui fut un avantage durant la période de l’industrialisation et des colonies est devenu un handicap depuis les années 70.

Les autres courant de pensée ont l’avantage sur les communistes d’attacher de l’importance à la religion, c’est-à-dire à la Forme du lien ou Forme administrative.

Qu’ils en tirent des conclusions réactionnaires ne change rien quant à leur capacité à saisir la réalité des mouvements de société.

La manipulation de la société polonaise à partir de la religion en est un exemple parfait.

Mais les cadres communistes ont-ils quelque chose à apprendre de qui que ce soit ?

La différence entre la liste du PCF et les autres listes est qu’elles ont une base sociale, même définie idéologiquement, certaine.

Deffontaines exhibe que le PCF n’en a plus.

Il n’est pas incompris, il ne s’adresse à personne.

Deffontaines à bien dit à la chômeuse Colombe qu’il prenait acte de l’abandon des classes populaires par la gauche. Il n’a cependant pas précisé à quelles classes sociales il s’amarrait lui-même.

BILAN

Deffontaine se rend invisible sur le pouvoir d’achat en étant incapable de lier la baisse de celui-ci à la guerre en Ukraine.

Idem sur les femmes en ne disant rien.

Idem sur l’Ukraine en s’alignant sur l’Otan.

Sur l’UE en s’accrochant à ce jeu de rôle du 3 % au lieu d’entrer dans le dur du Traité de Rome.

De même en ne disant pas un mot des libertés publiques et politiques en Europe.

Il vomit l’Europe mais n’invite les électeurs à soutenir aucun des combats qu’il mène en Europe en élisant sa liste au Parlement européen.

Par les propos gratuits sur la Palestine, lors de son meeting, il s’encastre dans des corporatismes dont il n’a nulle maîtrise.

Il se coupe artificiellement de tous ceux qui ont une inclination ou un intérêt à soutenir aussi Israël sans capter l’attention de ceux qui sont influencés par le communautarisme.

La chômeuse Colombe ne veut pas faire « crever » l’UE. Elle veut vivre.

Il est malin, il passe entre les goûtes, il interdit qu’on l’accuse de quoi que ce soit.

Et comme personne ne le voit, personne ne vote pour lui.

Ce qu’il dit est sans doute parfois vrai parfois faux en tout cas jamais vraiment réel.

Sa parole évoque des faits sans convaincre des capacités du locuteur à manipuler leur réalité.

Il a dit des choses mais qu’en fait-il ou nous emmène-t’il ? On n’en sait rien.

Un jeune talentueux est en train de s’effacer sous nos yeux et avec lui le parti dont il porte les espoirs.

Il deviendra si habituel que ce parti n’ait rien à dire de vraiment réel qu’il s’estompera puis disparaîtra sans que nul n’y prête attention.

Certes, le PCF porte tout le poids et les conséquences de la capitulation de 1994.

Mais l’avenir n’est écrit nul part et ceux qui soutiennent ce jeune cadre communiste sauront-ils y réfléchir ?

Marc SALOMONE


https://www.20minutes.fr/politique/4091260-20240516-europeennes-2024-creve-leon-deffontaines-pcf-pourfendent-europe-liberale


Européennes 2024 : « Qu’elle crève ! »… Léon Deffontaines et le PCF pourfendent l’Europe libérale

MEETING•La tête de liste communiste tente de défendre une option « entre les outrances de Jean-Luc Mélenchon et le libéralisme de Raphaël Glucksmann »


Rachel Garrat-Valcarcel

Publié le 16/05/2024 à 05h32


L'essentiel

  • Léon Deffontaines, tête de liste du PCF pour les élections européennes, tenait meeting mercredi soir à Paris.

  • L’Amiénois s’en est largement pris aux défenseurs d’une Europe libérale et au RN qui caracole dans les sondages.

  • Englué entre 2 et 3,5 % dans les sondages, le jeune candidat tente d’ouvrir une troisième voie entre « le libéralisme de Glucksmann et les outrances de Jean-Luc Mélenchon ».


Léon à Bruxelles », scandent les militants et militantes communistes, ce mercredi soir au gymnase Japy (Paris 11e). Il n’est évidemment en rien question de publicité pour une célèbre chaîne de restaurants de moules frites mais de campagne des européennes. Léon Deffontaines mène la liste du Parti communiste, absent des hémicycles de Bruxelles, donc, et de Strasbourg, depuis 2019. Les communistes, alliés avec d’anciens socialistes, d’anciens radicaux, quelques proches d’Arnaud Montebourg, tentent un come-back au Parlement européen.

L’idée : parler à la France du « non » au référendum de 2005 sur la constitution européenne. La référence est parsemée ici où là dans le discours de la tête de liste. Mais plus clairement, c’est contre l’Europe libérale que Léon Deffontaines ne mâche pas ses mots : « Emmanuel Macron disait qu’il avait peur que son Europe meure. Eh bien je le dis : cette Europe libérale, qui met en concurrence les travailleurs, qui délocalise nos usines, qui ne protège pas nos salaires et nos retraites, je le dis : qu’elle crève cette Europe. »

Les « eurogagas »

Avant qu’elle ne « crève », Léon Deffontaines veut au moins « reprendre la main » sur l’Europe libérale. Pour l’y aider, la tête de liste de 28 ans s’est adressée à la jeunesse. Une jeunesse qui, aujourd’hui d’après les sondages, quand elle vote à gauche, choisi massivement la liste insoumise de Manon Aubry. « Les eurogagas nous disent chaque jour que l’Europe est une chance. Allez le dire aux jeunes de Seine-Saint-Denis qui voient les lycées dégradés ! »


« L’Europe libérale n’a qu’Erasmus en bouche pour défendre son bilan », a lancé Léon Deffontaines dans une tirade assez maline au sujet du programme d’échanges universitaires européens qui, tout succès qu’il est, concerne moins de 5 % d’une classe d’âge en moyenne. « L’Europe a attaqué nos services publics, mais ne vous inquiétez pas, on a Erasmus ! L’Europe a augmenté nos factures EDF, mais ne vous inquiétez pas, on a Erasmus ! L’Europe a délocalisé nos usines à l’autre bout du monde, mais ne vous inquiétez pas, on a Erasmus ! »

Il provoque Bardella en duel

S’ils ne veulent pas d’une Europe libérale, les communistes, on s’en doute, ne veulent pas non plus d’une « Europe fasciste ». Léon Deffontaines s’est même proposé pour un débat face à face avec Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national : « On verra qui défend le mieux les travailleurs de ce pays ! » Sous les « Bardella menteur » de la foule, Léon Deffontaines s’est évertué à prouver que le RN est un « faussaire » de la question sociale. « Jordan Bardella, c’est pas compliqué, vous lui parlez augmentation des salaires, il vous répond : ''Oui, mais les étrangers…'' »

On n’imagine pas cette argumentation éculée à gauche, qui fait des électeurs et électrices du Rassemblement national des égarées involontaires qui ont mal compris le sujet, faire bouger une ligne. Et d’ailleurs, Léon Deffontaines sait à qui il s’adresse : à la gauche. Plus précisément, à « ceux qui hésitent » et cherchent une voie « entre le libéralisme de Raphaël Glucksmann et les outrances de Jean-Luc Mélenchon ». Or, si on voit bien ce qui distingue le PCF de la ligne Glucksmann, on a un peu plus de mal à le voir avec les insoumis… avec qui ils siégeraient dans le groupe présidé par Manon Aubry si, par miracle, leur liste dépassait les 5 % le 9 juin.

Un peu court dans la course à gauche

Un exemple : certes, ils n’y ont pas passé la soirée, mais le sujet qui a, de très loin, le plus levé la foule mardi soir, c’est quand Fabien Roussel a lancé un vibrant appel à reconnaître l’Etat palestinien. « Vive la Palestine, vive la Palestine libre ! Liberté pour le Peuple palestinien ! », s’est exclamé le patron du PCF avant de demander que la France s’associe à l’Afrique du Sud dans sa procédure pour la reconnaissance du risque génocidaire à Gaza.

Si le PCF est seulement le refuge de l’électorat de gauche radicale qui veut du nucléaire – la différence de fond la plus notable –, ça sera peut-être un peu court. Notons quand même que pour ce qui était mardi soir le deuxième meeting national de la liste de Léon Deffontaines, les communistes ont réuni 1.000 à 1.500 personnes. C’est sans doute la seule liste actuellement nettement en dessous des 5 % (3,5 % maximum dans les sondages, 2 % seulement dans le tout dernier de chez Ipsos) qui peut le faire. Maigre consolation.








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