Paris, le samedi 9 avril 2016
Mme la Ministre de la Santé,
De « l’essuyage des fesses » au
lavage de l’anus
1)- L’essuyage de l’anus
Après avoir déféqué, les français
« s’essuient les fesses ». En fait, ils s’essuient l’anus.
1- Par cette méthode :
a- la main, les doigts, sont mis à la
portée des excréments.
b- celles et ceux qui ont des rapports
compliqués avec leur anus et leurs défécations sont mis en perpétuelles difficultés.
c- Tout le monde connait les épisodes
d’essuyages avec beaucoup de papier ou peu de papier.
d- L’anus est agressé par une rape.
2- La procédure morale, intellectuelle,
de l’essuyage avec du papier est celle de l’effacement.
On efface la salissure.
C’est à la fois une procédure de
rétablissement de la propreté d’une partie du corps souillée et en même temps
la négation morale de son existence.
On n’y regarde pas de trop près et on
réserve le nettoyage complet à la douche du matin, lorsque l’anus se perd dans
l’honorabilité de la totalité du corps ; vite fait bien fait.
Dans les toilettes, il ne se passe
rien, le papier est là par principe, le fait de la défécation doit être effacé
et n’avoir jamais existé.
L’écrivain Roger Peyrefitte rapporte
qu’il se rend à l’improviste chez une marquise. Il sonne, entend un bruit de
chasse-d’eau, des pas précipités. La porte s’ouvre, il fait le baisemain. Là,
il s’aperçoit que la dame a de la merde sur les doigts. Une excuse mondaine
leur a suffit pour se séparer. Ils ne sont plus jamais revus.
La complexité des rapports des consommateurs
au Papier-toilette est telle que deux des difficultés majeures de cette méthode
sont devenues des éléments publicitaires de vente :
a- L’agression de l’anus, du corps, est
si évidente que les fabricants la masque par l’évocation de la douceur de bébé ;
b- Les risques de salissure des mains
en raison de la fragilité de la texture du papier conduisent les fabricants à
mettre en scène des comédies garantissant cette solidité.
On pourrait dire des français croisant
du monde au sortir des toilettes ce que Duchamp disait de la Joconde :
LHOOQ.
2)- Le lavage de l’anus
1- Une pratique ancestrale
Des sociétés exotiques ont un autre
rapport à l’anus.
L’anus existe, la merde aussi. On
n’efface pas ce couple, on le considère comme un moment de l’usage du corps
dans n’importe laquelle de ses composantes. Il est sali, on le nettoie.
On ne rape pas la partie honteuse pour
l’effacer et quasiment la punir de se faire remarquer. On lave à l’eau douce un
lieu indispensable à la bonne santé.
Les bouteilles d’eau coupées par le
travers et posées près de la cuvette, qu’on remarque dans certaines toilettes
collectives, témoignent de la présence de cette culture.
2- Le nettoyage comme privilège
Les industriels japonais du WC ont
industrialisé le principe du nettoyage. Ils ont intégré dans la cuvette un
système dit de « douchette » actionné par une console manuelle.
La pression morale est si forte, y
compris en Asie donc, que ces systèmes sont présentés au titre de l’accession à
un privilège qui se marque d’abord par son prix et l’exclusion d’une partie de
la population.
En France, ces systèmes se diffusent
lentement et sont principalement réservés aux malades, handicapés, etc.
3- Le lavage manuel
Une startup française, SANICLEAN, a créé une douchette
manuelle adaptée aux WC.
Le système est composé de :
a- une prise d’eau avec robinet fixée
sur l’arrivée d’eau à la cuvette.
b- un flexible interchangeable
c- une manette de contrôle de l’arrivée
d’eau
c- un pommeau de douche
C’est très simple, économe, les
bricoleurs peuvent réaliser l’installation eux-mêmes.
Ce système manuel vaut pour les anus et
les vagins.
4- Les effets
Le rapport au corps s’en trouve
imperceptiblement changé.
a- Les mains ne sont plus en contact
direct avec les excréments, l’anus ou le vagin. L’hygiène ne peut qu’en être
améliorée et les risques d’incidents sociaux au sortir des toilettes deviennent
nuls.
b- Le nettoyage à l’eau est indolore ;
voire sympathique pour soi-même ; à l’inverse de l’essuyage.
3)- La distinction
1- L’essuyage
Les personnes qui essuient leur anus se
précipitent vers le lavabo :
a- pour nettoyer leurs mains de toutes
les impuretés que le contact avec l’anus, même au travers d’un papier toujours
suspect de n’être pas étanche.
b- Elles y vont aussi pour combler leur
insatisfaction :
Les traces laissées sur le papier, l’incertitude
d’avoir tout effacé, créent une gêne indicible propice à ces rapports de forces
moraux, visuels, des sorties de toilettes dans les lieux publics.
c- En se lavant les mains, elles
finissent de se laver l’anus et se dédouanent à leurs yeux et à ceux de nos
sociétés hygiénistes d’avoir commis une action si indigne que celle de
déféquer.
2- Le nettoyage
Ceux qui lavent leur anus rencontre des
idées positives telles que :
a- se laver à l’eau claire
b- se faire plaisir
c- avoir les fesses propres.
Avoir « les fesses propres »
est une qualité proverbiale.
d- de plus, ceux qui se lavent l’anus
ont la certitude de s’être bien nettoyés, d’être propres, quelques soient les
secrets de leurs rapports à ce diable d’anus.
4)- Conclusion
Si les autorités publiques disaient l’intérêt
du nettoyage de l’anus à l’eau :
a- elles contribueraient à l’hygiène
publique,
b- elles soulageraient des millions de
gens qui ont des rapports compliqués avec leurs « besoins »,
c- elles conduiraient les entreprises
de production de WC à livrer les cuvettes avec la « douchette »,
d- elles banaliseraient l’installation
de douchettes dans les lieux publics, au moins ceux homogènes, tels que les
lieux professionnels, et sécuriseraient les installations.
La création et la fabrication de ces
douchettes est française.
L’hygiène et le confort des français ont
besoin de votre initiative.
En vous remerciant pour votre attention,
en restant à votre disposition, Mme la Ministre, recevez mes salutations,
Marc SALOMONE
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