lundi, octobre 09, 2017

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Paris, le lundi 9 octobre 2017

Partie 1 : Texte français / Partie 2 : English text, Google traduction

En copie :
1- Président de la République française
2- Commission européenne
3- ONU
4- Ambassades : Australie, Corée du Nord (Berne), Corée du Sud, Chine, Européennes, Japon, Russie, USA.
5- Présidents du Parlement et des Groupes parlementaires français


Réflexion à partir des propos de M. Trump, Président des Etats-Unis, et de l’article de M. Jia Quingguo, doyen de la faculté de relations internationales de l’université de Pékin, sur le site universitaire australien East Asia Forum.


Voir les articles précédents sur Madic50.blogspot.com

1- 11.08.17
2- 29.08. 17
3- 03.09.17
4- 05.09.17
5- 10.09.17
6- 15.09.17
7- 18.09.17
8- 20.09.17
9- 23.09.17
10- 24.09.17
11- 28.09.17



1)- Le fait Trump
Le 7 octobre 2017, par son compte Twitter, le Président des Etats-Unis laisse choir une phrase énigmatique :
« Les présidents et leurs administrations parlent à la Corée du Nord depuis 25 ans. Les accords passés et les montants massifs d'argent versés n'ont pas eu d'effet". Les accords ont été violés avant même que l'encre ne soit sèche. Désolé, mais il n'y a qu'une seule chose qui marchera ».
Le 30 septembre, le Secrétaire d’Etat Rex Tillerson avait confirmé l'existence de contacts entre les Etats-Unis et la Corée du Nord.
Le Président Trump lui avait répondu publiquement : « J'ai dit à Rex Tillerson, notre merveilleux secrétaire d'Etat, qu'il perd son temps à négocier. Conserve ton énergie, Rex, nous ferons ce que nous devons faire ».
Le 19 septembre, à la tribune des Nations unies, le Président Trump déclarait : « S’ils [les États-Unis] sont contraints de se défendre, ou de défendre leurs alliés, alors nous n’aurons pas le choix et nous détruirons totalement la Corée du Nord. ».

2)- L’Homme d’Etat et les universitaires
Ce discours d’un homme d’Etat se distingue t’il vraiment de celui des universitaires ?

Y aurait-il une opposition frontale de point de vue entre un Chef d’Etat qui serait emporté, belliqueux et simpliste, et des analystes civils qui seraient raisonnés, pacifistes et conscients de la complexité des choses ?

En réalité, ces deux courants d’analyses et de propositions d’actions se rejoignent sur une même trajectoire logique.

La seule différence discursive est leur capacité à mener verbalement à son terme le socle commun de leurs raisonnements.
1- Les universitaires reculent devant les conséquences de la logique qui fonde leurs raisonnements.
a- Les plus pacifistes proposent que les Etats-Unis capitulent afin de faire disparaitre le conflit puis ils laissent le sort décider pour eux.
b- Les plus belliqueux laissent la ponctuation finale de leur raisonnement à la suite des événements.
2- Le Président Trump expose les conclusions inéluctables de cette logique ; la guerre, sa violence et ses conséquences.

3- Cette trajectoire militaire est très controversée formellement mais personne n’en propose une autre.
a- Ceux qui opposent la solution diplomatique à la solution militaire s’en tiennent à cette formalité et s’en remettent aussi à la suite des événements.
b- Ce qui distingue et singularise M. Kim et M. Trump est qu’ils sont les seuls à proposer quelque chose. La guerre atomique c’est concret.

3)- Le doyen Jia Quingguo
Un universitaire expose, met en œuvre, le point de vue qu’on retrouve chez tous les analystes universitaires qui ne proposent pas une capitulation improbable des Etats-Unis.

M. Jia Quingguo est doyen de la faculté de relations internationales de l’université de Pékin.

Le 11 septembre, sur le site universitaire australien East Asia Forum, il préconise :
1- Une entente entre la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud.
2- Pour « s’entretenir d’un plan d’urgence sur la Corée du Nord ».
3- « s’entendre sur une prise de contrôle de l’arsenal nordcoréen pour éviter tout risque de prolifération ».
4- Prendre en charge la population nordcoréenne en « établissant des camps d’accueil ».
5- Prendre en charge l’ordre public nordcoréen « en mettant en place une force capable de restaurer l’ordre intérieur ».
6- Installer des troupes étrangères, sudcoréenne par exemple, ou « Une force de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies ».
7- « Former un nouveau gouvernement sous l’égide de la communauté internationale… ».

La logique développée par le doyen Jia est exactement la même que celle du Président Trump sauf qu’il nomme « prise en charge » ce que M. Trump qualifie de guerre offensive.

Le Président Trump veut aussi s’entendre avec la Chine et la Corée du Sud, ouvrir des camps d’accueil, « prendre en charge » l’arsenal militaire, l’administration, l’ordre intérieur, « installer des troupes étrangères », telles que celles de la Corée du Sud, « former un nouveau gouvernement » sous l’égide de l’ONU.

Lui aussi voudrait pouvoir distribuer des chewing-gums aux enfants nord coréens.

Mais l’homme d’Etat ne peut se payer de mots. Il sait que pour installer des troupes étrangères dans un pays et s’emparer de son arsenal militaire, il faut lui faire la guerre, le vaincre militairement, l’anéantir d’une façon ou d’une autre.

4)- La filiation
Chacune de ces deux logiques repose sur le déni de la souveraineté de la Corée du Nord.

Elles s’inscrivent dans la continuité des invasions de l’Irak ou de la Lybie au motif de la dangerosité de leurs dirigeants.

Ces guerres ont imposé le renversement violent par des forces étrangères occidentales des régimes en place comme norme politique internationale.

Par ces guerres, dont la criminalité première et celle des initiateurs ne sont jamais jugées, le parti occidental conduit par les Etats-Unis vérifie l’état de sa toute-puissance, de sa domination mondiale, de l’impunité de ses chefs et collaborateurs.

Il est toutefois remarquable qu’aucune de ces guerres ne conduise à une pax romana ; une paix du vainqueur.

Le pays vaincu devrait se subordonner au dictat du vainqueur et vivre sous sa loi.

C’est ce que prédisent les analystes universitaires. Pour le Doyen Jia la « prise en charge » ou la « prise de contrôle » de la totalité de la Corée du Nord, conduirait à son assagissement par son asservissement.
C’est ce qui était prévu pour l’Irak et la Lybie.

Or, s’il est un fait qui ressort de ces invasions, qui sont aussi des crimes contre le droit d’où découlent des crimes de guerre, c’est précisément l’incapacité des envahisseurs à « contrôler » quoi que ce soit, à « prendre en charge » les populations même dans des « camps d’accueil », à « restaurer l’ordre intérieur », à « former un gouvernement digne de ce nom » avec ou sans l’ONU.

Le désordre, le chaos, la guerre civile, qui ont été instaurés par les interventions étrangères criminelles en Irak et particulièrement en Lybie ne sont pas seulement des désorganisations consécutives à une guerre.

Ces désordres sont le résultat des buts de la guerre ; à savoir le renversement du régime.

Ils sont précisément la démonstration de l’incapacité du parti occidental à « prendre en charge » quoi que ce soit et de l’inanité de ces politiques de « prise de contrôle » préconisées comme des substituts verbaux à une guerre qu’on n’ose pas nommer.

5)- La vérité trompeuse
Le Président Trump dit « Les présidents et leurs administrations parlent à la Corée du Nord depuis 25 ans. »

Cette formulation est inexacte et trompeuse pour le gouvernement américain lui-même.

Depuis 25 ans, les Présidents parlent aux camps politico-militaires auxquels l’Armistice de 1953 a attribué la partie du Nord et la partie du Sud de la Corée.

Les deux Corées actuelles sont les deux parties non pas de la Corée mais de l’Armistice.

Les questions de développement économique, culturel, etc. sont une foutaise dans les rapports des deux Corées. Elles sont les masques de deux camps militaro-politiques qui se sont vus attribuer chacun un territoire en vu de diriger la réunification à venir.
La seule fonction politique de ces deux parties est de gérer la division et de préparer la réunification.

En demandant au camp politico-militaire d’en face de renoncer à une arme, « les Présidents des Etats Unis et leurs administrations » lui demandent de renoncer à sa fonction qui est d’entretenir la division et de se placer dans la réunification.
(
M. Trump a raison de dire qu’il s’agit d’un dialogue de sourd. C’est le fonctionnement régulier de l’Armistice de Panmunjeom.

6)- L’équilibre
L’arme atomique détruit certes l’équilibre entretenu par les armes classique.
a- Il donne à la Corée du Nord la possibilité de terroriser et détruire la Corée du Sud.
b- Il interdit à la Corée du Sud d’espérer installer son hégémonie sur la Corée du Nord.

Il n’en résulte pas pour autant que cet équilibre ne continue pas d’organiser le principe de division et réunification installé par l’Armistice.

En demandant astucieusement à la partie du Nord de désarmer, l’allié américain de la partie du Sud pense inverser le déséquilibre.
a- La partie du Nord ne pourrait plus s’opposer militairement à la réunification.
b- La partie du Sud pourrait réunifier sous son hégémonie.

Si la direction de la partie du Nord a voulu à tout prix l’arme nucléaire c’est précisément pour interdire ces renversements d’équilibre qui font perdre l’espoir de diriger la réunification.

7)- La construction
Si le Président Trump et tous autres veulent « parler à la Corée du Nord », ou du Sud, il faut qu’ils construisent leurs interlocuteurs.

C’est uniquement à partir du moment où les deux camps militaro-politiques disparaitront au profit de deux Etats que le dialogue avec chacun de ces Etats sera possible sans que l’un influe implicitement dans la politique de l’autre.

Cela implique :
1- Par Traité entre les deux Corées, la sortie de l’armistice de 1953 et l’abandon de la division comme norme constitutionnelle et de la réunification comme fonction des Etats.
2- Par Traité entre les alliés des deux Corées, le renoncement à l’hégémonie sur le camp coréen de l’autre alliance.

A ce moment là, les discussions sur « une dénucléarisation de la péninsule coréenne », selon le mot de la diplomatie chinoise, pourraient recommencer utilement.

Les deux Corées disposent déjà de toute la structure plurielle nécessaire à une telle discussion. En effet, elles sont, ou ont été, toutes deux signataires du Traité de Non Prolifération.

6)- Conclusion
Les Etats-Unis et l’Europe gagneraient à tenir compte des réalités locales pour reconduire au 21ème siècle une présence active, Hô combien utile, en Asie.


Marc SALOMONE



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