jeudi, août 15, 2019

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Paris, le vendredi 16 août 2019

CONTRIBUTION (32) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN 2019.
UNE RUPTURE DANS LA CONTINUITÉ DE L'ETAT :
1- LE DISCOURS PETAINISTE DU PRESIDENT CHIRAC, LE 16 JUILLET 1995.
2- LE DISCOURS GAULLISTE DU PRESIDENT MACRON, LE 15 AOUT 2019.
(Suite de la contribution n° 31, du 6 août 2019 et précédentes. cf. : madic50.blogspot.com)


DEUX DISCOURS MEMORIELS

Renouant avec les préoccupations du Général De Gaulle, le Président de la République, Emmanuel Macron, prononce, le 15 août 2019, un Grand discours pour les commémorations du Débarquement de Provence, le 15 août 1944.

Il est à ce moment et en ce lieu le seul habilité à utiliser cette commémoration à des fins de politique nationale et internationale. Donc, chacun écoute, commente, réfléchit.

Ce discours s'inscrit dans la ligne politique gaulliste du 18 juin 1940. Celle de l'opposition du « gouvernement de fait » de Vichy et de la continuité de la République basée à Londres. Par le Débarquement, la France retrouve sa liberté et sa souveraineté.

La République n'est pas restaurée puisqu'elle n'a jamais cessé d'être la seule légalité.
Cf l'ordonnance du 3 juin 1944 instituant le Gouvernement provisoire de la République française. L'article 1er dispose que :
« La forme du Gouvernement est et demeure la République. En droit, celle-ci n'a pas cessé d'exister. »

Ce discours sur la France qui renaît dans la lumière après quatre années passées dans le « noir »a cette qualité qu'il s'oppose frontalement au discours de la Commémoration de la Rafle du Vel'd'hiv, du 16 juillet 1942, prononcé par le Président de la République Jacques Chirac, le 16 juillet 1995.

Par ce discours, inscrit dans la filiation de la défaite de l'Union Soviétique de 1991, le Président Chirac :
a- Place la France dans le camp des vaincus, des criminels génocidaires.
b- Légalise la capitulation de juin 1940 et le gouvernement de Vichy ; sous couvert de dénoncer les crimes auxquelles les administrations en place ont été assujetties.
c- Subordonne l'histoire de France aux revendications corporatives d'une fraction du peuple.

C'est la redite de l'autorité légale de la doctrine corporatiste imposée par Vichy lors de l'anéantissement de la France. Vichy a substitué le corporatisme, et ses déclinaisons communautaires, ethnico-religieuses, à la citoyenneté imposée par la République.


Il faut préciser que :
1- Le passage du corporatisme ou des Ordres à la citoyenneté a été voté le 4 août 1789, par l'Assemblée nationale et signé par le Roi.
2- Le corporatisme ne peut donc se revendiquer d'aucune légitimité dans la continuité de l’État.

Il a fallu que l’État soit vaincu, trahi, asservi, pour que cette doctrine corporatiste, abandonnée de droit en 1789, reparaisse en 1940, par ce que Charles Mauras a appelé « La divine surprise ».

Le discours de 1995 organise ainsi l'opposition des faits auxquels ont participé les administrations françaises, lesquels fonderaient la légalité d'un « Etat français », et de la « vulgate gaulliste » de la continuité de la République.

Pétain et Vichy sont la vérité de la France. De Gaulle et Londres en sont le mensonge.

A cette fin, ce discours ahurissant met en place un dispositif intellectuel malhonnête.
1- Il reprend tous les codes pétainistes de la culpabilisation, du défaitisme, de la capitulation, du corporatisme.
2- Il viole outrageusement le principe de laïcité en incluant des légendes religieuses dans le raisonnement de l’État.
« La Thora fait à chaque juif devoir de se souvenir. »
3- Il insulte l'un des peuples les plus illustre de l'histoire, le Peuple Égyptien. Il reprend l'accusation religieuse et mensongère de la mise en esclavage des juifs par les Pharaons.
« Une phrase revient toujours qui dit : « N’oublie jamais que tu as été un étranger et un esclave en terre de Pharaon ».
4- Chacun sait aujourd'hui :
a- Qu'il n'en a jamais rien été.
b- Que les Pyramides ont été construites par des ouvriers libres et bien considérés.
c- Que les juifs étaient non pas des esclaves mais des marchands d'esclaves.
4- Cette restauration politique de la primauté du corporatisme sur la citoyenneté accompagne l'inscription dans la pierre, les monuments, les célébrations, d'une distinction, monstrueuses et sans objet, entre les déportés.
5- Cette discrimination entre les déportés est illégale à partir du moment où elle engage les Pouvoirs publics et une action publique.
6- Cette référence à la « Thora » substitue le droit religieux au droit civil et confère aux personnes juives le statut particulier de nationaux « ayant été des étrangers ». C'est à dire leur conférant le titre officiel de persécutés permanents; mais supérieurement héroïques, intelligents et surtout innocents !
Cette distinction est tout simplement inconstitutionnelle.
7- Ce discours atterrant fait d'une fraction du Peuple le juge de celui-ci.

Chirac est pétainiste. Macron est gaulliste.

Combien de temps l’État français pourra-t'il tenir sans trancher publiquement ce Nœud Gordien ?

Dans le livre « Juges en Corse », Jean-Michel Verne recueille le témoignage de neuf juges. Ils nous disent qu'en Corse il est temps de sortir de l'ambiguïté entre l’État et les criminels et que l'enjeu des affrontements est désormais qu'il y ait un vainqueur et un vaincu. Ils ne paraissent nullement convaincu que le vainqueur soit l’État.

On peut dire la même chose de la politique mémorielle française et de ses conséquences publiques. Marc SALOMONE

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