Marc Salomone/ blog : madic50 / Livre : Les deux formes
Paris, le jeudi 10 juin 2021
REFLEXION 63 SUR L'OFFENSIVE COPORATISTE VISANT A IMPOSER LA POLITIQUE DE CASTE DANS LES RAPPORTS DU PRESIDENT A SES SERVICES DE SECURITE ET A LEGALISER L'ASSUJETISSEMENT DES ADMINISTRES A CES DICTATS ADMINISTRATIFS.
1)- Les faits
Le mardi 8 juin à Tain-l'Hermitage, dans la Drôme, un individu gifle le Président Macron qui se livrait à un bain de foule.
Quelques heures plus tard, les chaînes d'information martèlent en boucle :
a- Le Président avait été mis en garde par son service de sécurité et il est passé outre.
b- C'est le Président qui s'est mis en danger et à mis son Service de sécurité en difficulté.
Le mercredi 9 juin à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, indique qu'«Il n'y a pas eu d'alerte particulière» de la part des services de sécurité avant le bain de foule au cours duquel Emmanuel Macron a été giflé.
Le 9 juin, en fin d'après-midi, il semble que l'opération offensive ait été abandonnée et que les Chaînes soient revenues au débat sur la violence sociétale en général.
C'est manifestement un effet des débats de coulisses antidémocratiques.
Cet épisode médiatique est le surgissement dans le débat public du fonctionnement en caste des réseaux de fonctionnaires ; ici ceux du ministère de l'intérieur.
Les Services, quels qu'ils soient, ne peuvent être pris en défaut. Il y a un coupable, c'est l'administré ; en l’occurrence le Chef de l'Etat.
2)- La bouillie
Le public partagera aisément les billevesées suivantes :
a- Les fonctionnaires accrédités ont cherché à garantir la sécurité du Président. C'est logique puisque c'est leur raison d'être.
b- Il est donc probable qu'ils aient évalué le danger et aient fait part de leur avis au Président.
Donc,
a- Le Président était surement prévenu par ses services.
b- Pour qu'il ne se passe rien, il suffisait qu'il ne soit pas là.
Par conséquent :
Il porte la responsabilité de ce qui s'est passé.
La prochaine fois, il écoutera.
Pour faire passer cette bouillie médiatique, les chaînes se réfèrent à l'opinion d'un spécialiste à la retraite qui n'était pas là, à l'évidence, à l'âge du capitaine etc.
3)- Les temps modernes
Sauf que ces raisonnements n'ont rien à voir avec les faits qui ont mis en danger le Président.
Les journalistes français, comme presque tous les cadres français, voire les français, fonctionnent toujours selon l'ancien temps. Lorsque les réseaux dirigeants de circonstance contrôlaient l'image, le son, les témoins et les témoignages.
J'affirme donc je crée l'information.
A ceci près que les temps ont changé.
Aujourd'hui, la vidéo des smartphones vient non pas contredire mais bouleverser les certitudes construites par les anciens bénéficiaires des censures.
4)- La vue immédiate
Que nous montrent les vidéos de la même scène prisent depuis la gauche du Président et depuis sa droite ?
Un journal résume ainsi la scène :
« Saisissant l’avant-bras du président, un homme portant tee-shirt kaki, barbe noire et chevelure longue, assène une gifle au président de la République, tandis qu’une voix profère clairement le cri de guerre royaliste « Montjoie ! Saint Denis ! », ainsi qu’« À bas la macronie ! ». »
Les vidéos montrent d'abord la scène des deux hommes.
a- Arrivé à la barrière, le Président laisse son bras à disposition en signe de décontraction vis-à-vis des quelques personnes massées de l'autre côté de la barrière. Il crée une familiarité.
b- C'est une habitude du Président Macron d'user de mouvements corporels pour créer une séduction politique. Cela s'est vu à Saint martin, le 1er octobre 2018.
c- L'individu saisit le bras du Président.
d- Par contre, il ne touche pas le bras du Président de façon familière ou décontractée.
e- Il transforme cette offre de familiarité en terrain de combat.
f- Il lui fait une prise de contrôle qui est une prise de combat destinées à contrôler l'avant-bras droit de l'adversaire pour le paralyser dans l'usage de ce bras dirigeant chez les droitiers.
Il déséquilibre ainsi la gauche de celui-ci et lui laisse le seul bras gauche subordonné comme valide.
g- Par contre, l’assaillant qui est à l'initiative n'immobilise ainsi que son bras gauche, subordonné, et libère son bras droit actif.
h- Il peut asséner un coup avec son bras droit à un adversaire qu'il déséquilibre par la droite de celui-ci et dont il gêne la réponse par un bras subordonné.
i- La Gifle part tranquillement.
j- Cela aurait pu être un stylo dans les yeux, par exemple. La sécurité ne retire pas les stylos.
k- C'est seulement lorsque le bras droit du Président est solidement amarré que l'individu déséquilibre le Président et lance son bras droit à l'assaut.
l- L'intervention immédiate des agents de sécurité rompt le lien des deux hommes, l'individu lâche le bras. Le Président s'esquive en reculant violemment. C'est la marque qu'il ne peut répondre par son bras gauche étant droitier.
5)- Le débat médiatique
C'est à l'instant de l'intervention des Services que démarre le discours public, d'abord médiatique.
1- La faute
Les services, soutenus par les média, incombent la charge de la faute au Président.
S'il vivait sous cloche, s'il acceptait d'être un légume et de considérer la France comme un terrain de guerre, rien n'arriverait.
2- L'évidence
Cette diatribe semble s'appuyer directement sur la lecture immédiate des vidéos.
Les chaînes de télévision passent en boucle l'arrivée au pas de course du Président vers la barrière qui contient la foule, le Président qui mêle son bras et ses mains aux autres, ceux de la foule, son dialogue improvisé et insistant avec l'individu et puis la Gifle et le bondissement des services de sécurité qui reprennent le contrôle de la situation.
3- La solitude du Président
b- Le discours public, celui de tous les commentaires, focalise immédiatement tous les regards, dresse celui des téléspectateurs, sur l'évidence de la solitude des deux hommes dans leur tête-à-tête.
4- L'impuissance des Services
De là se construit le récit d'une impuissance des services de sécurité à contrôler une situation dans laquelle il paraît évident qu'ils arrivent après les faits, à l'instant de leur déclenchement ; du fait de la cavalcade du Président.
6)- Retour aux vidéos
Mais ce que ces vidéos vues par la droite ou par la gauche montrent est tout autre.
a- La présence des agents de sécurité
b- Une scène de combat.
c- La longue durée de la mise en scène.
De ce point de vu, les deux vidéos s'éclairent l'une et l'autre.
1- La présence
Durant toute la prise de contact entre le Président et l'individu, il y a un agent de sécurité qui se tient au coté du Président ; l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. .
Les deux sont en poste. Ils guettent, ils observent, ils attendent.
Ils voient, il peuvent voir car c'est leur métier, la prise du bras du Président par l'individu.
2- Le combat
Aucun professionnel du combat ne peut voir autre chose dans cette prise de bras qu'une prise de combat préparatoire à un assaut individuel.
3- La durée
Aucun des deux agents ne réagit à cette prise de bras qui va durer plusieurs secondes ; c'est long.
Ils avaient tout le temps et les moyens d'agir.
Face au danger clairement identifié, ils ne font rien.
7)- La faute
Bien sûr, ils agissent sur le champ lorsque la gifle est en cours.
Mais il est trop tard :
a- Pour le danger physique,
b- Pour le scandale international.
Ils pouvaient faire en sorte que cette action, au lieu d'être la preuve de la vulnérabilité du Président soit la démonstration de son invulnérabilité personnelle. La différence est énorme.
Cette inertie est la seule cause de la réalisation de l'acte volontaire de l'individu.
Le président pouvait être à cet endroit et un individu agressif pouvait lui vouloir du mal, sans qu'il se passe autre chose que la neutralisation d'une action à venir rendue présentement inexistante.
En effet, il y a eu une faute. Elle est exclusivement du fait des deux agents de sécurité qui se tenaient aux côtés du Président.
8)- Le corporatisme
Or, plutôt que d'examiner comment faire pour que cette carence ne se renouvelle pas, les réseaux du personnel du Ministère de l'intérieur concerné, ici les Services de sécurité, en profitent pour assoir une politique corporatiste qui impose la toute-puissance, l'omniscience, l'impunité, des fonctionnaires.
Ces derniers ne peuvent s'être trompés. Ils n'ont rien à reconnaître, rien à apprendre, rien à corriger.
Pour ce faire, ils n'hésitent pas à engager une polémique ouverte avec le Président.
Ils profitent de l'incident pour tenter d'imposer leurs vues hors de tout débat public démocratique.
9)- La banalité de l'arrogance
Cet événement n'est pas du tout exceptionnel.
Le Président a immédiatement précisé que cette violence imbécile à son égard était l'un des épisodes des violences faites aux élus et aux représentants de l'ordre.
Son exploitation corporatiste pour imposer la politique de caste comme norme de l'activité administrative ne l'est pas non plus.
Les français ont constamment affaire à de tels comportements dès qu'ils entrent en discussion avec les administrations, singulièrement celle du Ministère de l'intérieur ; haut lieu de la toute-puissance.
La tromperie, l'arrogance, la falsification, la mauvaise foi, la cruauté, la couverture de l'incompétence, l'inhumanité, les solidarités sordides entre collègues contre les administrés, sont les arguments ordinaires des Services dès qu'il y a discussion.
La règle est intangible : la discussion est transformée volontairement en conflit qui est conduit sciemment à devenir une confrontation. L'enjeu est présenté comme celui de la survie de l'administration et l'intérêt général est celui de l'écrasement de l'administré.
10)- L'occasion
Nous retrouvons ici ce schéma.
Les affidés journalistiques et commentateurs de ces réseaux de collègues n'ont pas hésité à dire que le Président Macron mettait en danger sa vie mais aussi celle des agents de sécurité.
Les élus, les politiques, les administrés, sont uniformément des monstres, des incapables, des dangers publics.
A ceci près, comme vu plus haut, que la seule responsabilité de la mise en danger du Président et éventuellement du personnel et du public, vient des deux agents de sécurité qui ont failli professionnellement.
La grande victoire de cette cabale corporatiste de caste est que ces responsabilités ne seront pas examinées et que la même faute pourra ainsi se reproduire.
11)- Conclusion
Les français peuvent se convaincre qu'ils sont des pas-grand-choses et qu'ils ne peuvent rien face à ces montagnes d'arrogance, de mépris, de mensonges, de connivences, que sont les réseaux administratifs. C'est une forme d'impôt administratif féodal ; une taxe d'Ancien régime.
Par contre, il faudrait peut-être s'intéresser au fait que cette fois-ci, les militants corporatistes de toute nature se sont rassemblés à l'occasion d'une faute commise par deux d'entre-eux afin de chercher à discréditer le Président de la République pour le subordonner à leur archaïsme idéologique et politique.
Pour discuter du rejet de l'autorité des représentants de l’État, les cadres administratifs de celui-ci commencent par disqualifier le Chef de l’État aux seules fins de leur vanité corporative.
Ça vaut la peine d'y réfléchir.
Marc SALOMONE
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