mardi, août 22, 2017

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Paris, le mardi 22 août 2017




Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous transmettre pour information la réflexion ci-jointe développant la notion d’indemnisation stratégique.

Je la transmettrai également aux différentes personnalités publiques de l’Etat.

Je ne porte aucune appréciation morale sur les faits évoqués.

En vous remerciant pour votre attention et dans l’attente de vous lire,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes salutations distinguées,


Marc SALOMONE











Paris, le mardi 22 août 2017




Réflexion sur l’Indemnisation stratégique

Un certain nombre d’évènements très divers (attentats, conflits mortels entre policiers et voyous, pantouflage, etc.) ont confronté l’Etat à l’obsolescence de certaines de ses pratiques tant judiciaires qu’administratives.

Cette défaillance est aveuglante, paralysante, troublante, puisqu’elle fait entrer dans un lit de Procuste des réalités qui ne peuvent s’y inscrire.

Le point nodal de cette obsolescence est le rapport de la procédure judiciaire et des Directions administratives à l’indemnisation.

En effet, l’indemnisation est la compensation d’un dommage. C’est ainsi qu’elle est traitée communément et cette perception de sa fonction lui assigne sa place dans les procédures judiciaires.

Il est cependant des circonstances où l’indemnisation doit être perçue non comme la conséquence réparatrice subordonnée d’un jugement mais comme un vecteur primordial de l’action publique et judiciaire.

C’est ce que j’appelle l’indemnisation stratégique.

Sa première caractéristique est d’être conduite par la justice et les textes de lois. La seconde est d’être créatrice d’un capital.
La troisième est de ne pas être nécessairement spoliatrice du Trésor public ou des Trésoreries d’entreprises.

Ci-après, j’examine deux sortes de situations, parmi d’autres, dans lesquelles le déni de l’indemnisation stratégique désorganise l’action des Pouvoirs publics :
Partie 1 : Les affaires judiciaires par lesquelles l’Etat est impliqué, à tord ou à raison, dans une faute.
Je prends les exemples de l’affaire Grégory Villemin et de l’affaire Saboundjian versus Bentounsi.
Partie 2 : La solution du Pantouflage et du Rétropantouflage produite par les cadres dirigeants de l’Administration afin de résoudre les contradictions insolubles de leurs statuts.
Partie 3 : Je joins la copie de la réflexion du 15 juin 2017 sur le pantouflage

Chacun peut constater que :
Par l’affaire Villemin, l’Etat s’enfonce dans le ridicule.
Par l’affaire Saboundjian, il s’enfonce dans le désordre et la subversion.
Par l’hypertrophie du Pantouflage, il se délite et ouvre le champ à la dictature administrative autant qu’à son anarchie.

Il en ira ainsi tant que son action reposera sur des confusions dont il ne maitrise plus les paramètres.

Il faut assumer ou réfléchir mais dans tous les cas le dire.

Je propose de construire plutôt que de détruire.


Marc SALOMONE





Partie 1 : Le retour aux Sacrifices humains

L’Etat ne dispose pas actuellement des procédures judiciaires pour faire face à la complexité des situations criminelles dans lesquelles il est impliqué ou perçu comme tel par le public, soit directement, soit par l’action personnelle de ses agents.

Cet archaïsme conduit l’action de l’Etat à aggraver le désordre qu’il prétend maitriser par son intervention ou son fonctionnement.

Les magistrats résolvent les difficultés des parcours qui leur sont ainsi imposés par le retour du Sacrifice humain comme moyen de faire valoir les préoccupations qui sont les leurs.

1)- Murielle Bolle
Dans l’affaire de Grégory Villemin, la justice avait reconnu ses tords en 1993 et indemnisé chacun des époux Villemin pour ses carences dans la découverte du meurtrier de leur fils.

L’affaire aurait pu s’arrêter là.

Mais, la procédure actuelle disjoint les indemnisations de la procédure principale et de la capacité des victimes ou de leurs ayants droit de continuer leur action judiciaire.

L’indemnisation reçue par les époux Villemin est une politesse et sa rareté ne la fait pas sortir de ce rôle.

Les média nous expliquent donc que les époux Villemin ont agit pour la reprise de l’enquête afin de retrouver cette place sociale de parents que la mort de leur enfant a troublée.

La justice s’estime donc dans l’obligation d’y donner suite et de réparer la faute publique que constituent les manquements professionnels des personnels de l’Etat en 1984.
Ce faisant, le dispositif judiciaire actuel condamne l’Etat soit à entretenir un ressentiment destructeur, soit à laisser croire, à tord, à un désintérêt de la société pour la mort de cet enfant.

De l’implication de l’Etat dans l’échec de l’enquête et dans la liberté du tueur de cet enfant, il est conclut à la nécessité impérative de relancer l’enquête en ramassant une pauvresse qu’on exhibe enchainée dans les rues de la Ville portant une pancarte la nommant sorcière.

Comme elle ne peut plus être conduite au bûcher, ce qui est fort attristant, elle est chassée de la Ville avec interdiction d’y revenir.

Ce qui nous intéresse ici est moins de rechercher les raisons de cette démarche que de remarquer son existence. Mme Bolle vit une procédure sacrificielle de purification de l’air que la cité respire.

Cette préparation au sacrifice humain doit satisfaire la réclamation perpétuelle des ayants droit de la victime et l’expiation de la faute originelle du personnel d’Etat.

La manœuvre sacrificielle à l’égard de Mme Bolle vient compenser l’incapacité procédurale de la justice de déclarer close une procédure sans pour cela se dégager de ses responsabilités à l’égard des victimes et de la société, en dépit de la liberté du criminel.

Un des effets de ces rebonds de la  procédure est de remettre en cause les principes du droit français en matière de prescription des délits et des crimes.

Tout cela se fait au nom d’une opinion publique qui n’est pas si sotte et ne demande rien.

Il serait possible dans cette affaire de clore cette enquête et de garantir aux époux Villemin l’intérêt que porte la société au malheur de leur enfant et d’eux-mêmes.

Mais les outils de travail de l’Etat sont obsolètes et ne produisent plus que son ridicule.
La reprise du dossier Grégory Villemin est une débâcle du fait de cette archaïsme des lignes de démarcations entre le pénal et le politique ; le public.

La justice conserve cependant la maitrise de son action car la politique prend l’apparence de l’Opinion public, cette forme dégradée et impuissante du peuple, et les masses politiques sont quelques pauvres ères percluses de peurs et des commères dont les cancanages sont voués à l’inefficacité.

2)- Damien Saboundjian et Amine Bentounsi

1- Le parcours judiciaire
Un policier est condamné au pénal au titre d’une faute jusqu’alors présumée. Un voyou armé en cavale est mort des suites du tir qui devait l’arrêter.

L’historique de la procédure judiciaire indique clairement que cette condamnation est une volonté de la magistrature depuis l’instant où elle est informée des faits.

Ce verdict est la chose des magistrats, du juge d’instruction au Président de la seconde cour d’assises, celle composée de magistrats.
a- C’est le juge d’instruction qui convoque la cour d’assises au lieu de clore le dossier par un non-lieu.
b- La première cour d’assises composée de Jurés populaires, tirés au sort dans la population, prononce l’acquittement.
c- C’est le procureur général qui fait appel en manifestant son entente avec la partie civile. C’est lui qui requière la condamnation.
d- C’est la cour d’assises composée de magistrats qui condamne le policier.

L’implication de l’Etat dans une affaire criminelle conduit, là aussi, à la création de deux affaires :
a- La mort par balle d’une personne
b- Les conséquences politiques et sociales de cette mort.

Officiellement les magistrats ne jugent que la première affaire et laissent la seconde au débat public.
En réalité les magistrats se servent de la première affaire pour judiciariser la seconde et s’en approprier la résolution.
Ils le font car le Pouvoir exécutif est trop content de se défausser ainsi de ses responsabilités. Le spectacle judiciaire est censé satisfaire tout le monde.

Le jour des faits, le 21 avril 2012, les magistrats décident collectivement d’utiliser le policier pour garantir la bonne volonté de l’Etat à l’égard de certaines populations

Ces populations auxquelles se rattachent le défunt et ses ayants droit, celui au nom duquel ces derniers demandent justice, sont définies par Mme Bentounsi, sœur du défunt et partie civile comme « des jeunes de quartier et des immigrés ».

2- La mutation
Dans l’ordinaire des pratiques de l’Etat, les policiers et les gendarmes sont utilisés pour corriger les impacts des politiques publiques vis-à-vis de ces populations.

Ils le font sous couvert de l’immunité que leur vaut l’exclusivité de l’usage de la force.

Le 21 avril 2012, la magistrature légalise une mutation institutionnelle qu’est l’inversion de la hiérarchie étatique, dans les affrontements personnels de terrain, entre les personnes des forces de l’ordre nationales et les personnes représentantes des  prérogatives communautaires ainsi reconnues.

Ils le font à partir de la banalisation et de la légitimation du chantage à l’émeute si l’Etat ne cède pas. Ce ne sont pas les communautaristes qui ont organisé ce chantage, ce sont les agents de l’Etat et leurs relais médiatiques.

Désormais, fréquemment, les réseaux de voyous font jeu égal, matériellement et légalement, avec les forces de l’ordre ; sous peine d’émeute.

Les magistrats ne sont pas les seuls à être embarqués dans cette aventure.
1- Le 21 avril 2012, M. Bentounsi est tué.
Le 17 mai 2012, à cette occasion, le premier déplacement du tout nouveau ministre de l’intérieur socialiste Manuel Valls est pour le commissariat de Noisy-le-Sec.
Le ministre n’a pas voulu parler à la famille d’Amine Bentounsi qui l’attendait devant le commissariat.
2- Le 2 février 2017, l’arrestation de Théo Luhaka provoque une mutilation de ce dernier.
Le 7 février, le Président de la République se rend au chevet de son lit d’hôpital et légitime ainsi la politique d’émeutes.

3- Le Sacrifice humain
Le policier est donc traduit en Cour d’Assises pour y être exhibé en trophée.

A la façon d’un pendu qui doit rester au gibet jusqu’à ce que mort s’en suive ; il doit repasser en Cour d’Assises jusqu’à ce que l’une d’entre elles le condamne.

La fonction première du parcours sacrificiel est d’apaiser les Dieux, les Eléments, et plus prosaïquement les Vainqueurs.

Certes, le sacrifié ne peut malheureusement pas être démembré en Place de grève. Toutefois, son corps public cloué au pilori n’en illustre pas moins une redéfinition des hiérarchies publiques entre les cadres du communautarisme et les cadres de l’ordre public.

L’Etat n’est pas condamné pour une faute. Il est disqualifié dans sa fonction de porteur exclusif de la violence légitime.

Il partage désormais l’usage de celle-ci avec la légitimation judiciaire de la violence des « discriminés ».

4- La logique du procès
Le procès Saboundjian contre Bentounsi a été conçu comme une mise en ordre légale de l’action policière pour apprendre les bonnes manières aux rustres.

La condamnation voulue par les magistrats du policier Saboundjian, le 11 mars 2017, devait rétablir la confiance des populations concernées dans les institutions de l’Etat et l’ordre public.
Or, la décision a aggravé le désordre qui avait provoqué le procès.

Par ce procès, la magistrature a elle-même enclenché l’action de l’Etat qui doit conduire les gendarmes de l’affaire Traoré, du 9 juillet 2016, en Cour de justice, idem pour les policiers de l’affaire Luhaka, les policiers du BSQ du 12ème ardt., dénoncé par une association américaine opérant sur le territoire nationale, comme en Amérique du Sud.

Il en sera ainsi car le dispositif légal ne permet pas aux magistrats de séparer la procédure pénale de la politique. Ils ont donc jugé à la fois le fait et sa dimension politique.

Le fait nouveau est que les plaignants ne sont pas des individus ou des collections d’individus (les Villemin, les intoxiqués de l’industrie pharmaceutique, les blessés des manifestations ordinaires, etc.).

Ce sont des masses politiques.
a- Elles sont telles car elles veulent concourir à l’organisation des Pouvoirs publics.
b- Elles sont définies par Mme Bentounsi, sœur du défunt et partie civile comme « des jeunes de quartier et des immigrés ».

Les magistrats ont donc installés des masses politiques dans le fonctionnement de l’Etat.

Les magistrats signent les actes de procédures et les jugements. Mais désormais, ils en partagent la dictée avec les masses politiques qu’ils ont installées dans l’exercice de la justice.

3)- Une réflexion
L’obsolescence de la procédure place l’Etat en position d’affrontement ou de retrait. Dans les deux cas, il est affaibli par sa propre logique.

Cet archaïsme provoque une confusion du Judiciaire et de l’Exécutif que ne maitrise plus ni les magistrats ni les cadres de l’Exécutif.

En certaines circonstances, ils n’exercent plus le pouvoir au nom du peuple, ils le partagent avec des fractions de celui-ci.

Eut égard aux troubles manifestes ainsi provoqués, il est permis de proposer une réflexion.

Il serait possible de répondre aux questions posées par cette mort et la famille du défunt sans disqualifier la police, c’est à dire l’Etat.

Dans cette affaire la partie civile a mentionné elle-même l’existence de deux problématiques dans la même affaire. Cette plaignante a offert à la justice la possibilité de ne pas mélanger les genres.

En effet, Mme Bentounsi, la sœur du défunt, dira : « Mon petit frère a été assassiné deux fois : une fois à treize ans ; la seconde fois, physiquement, par un policier. »

Cette présentation des faits par Mme Bentounsi nous offre la métaphore de la solution judiciaire raisonnable aux questions posées par cet événement.

Il est parfaitement possible d’apporter des solutions civiles, sans spoliation du Trésor public, au premier « assassinat », symbolique, et de réserver à la justice d’examiner sereinement le second « assassinat », matériel, et d’en juger sans se substituer aux responsabilités politiques du Pouvoir exécutif ni disqualifier les instruments de celui-ci ; ceux de l’ordre public.

Par exemple, après l’abus de moyen pour l’arrestation de M. Luhaka et la blessure invalidante de celui-ci ; cette reconfiguration des fonctions des indemnisations et des procédures permettrait à l’Etat de séparer le bon grain de l’ivraie, de ne pas légitimer par son action légale la formation de coalitions subversives, de ne pas se laisser dicter une identification de sa politique judiciaire à l’affaiblissement de la force publique, de conserver la direction des affaires publiques de ce genre.

La Cité peut réparer les tords faits à un citoyen. La subordination de la force publique à des forces particulières est par contre un dommage irréparable pour la Cité.
 
Partie 2 : le Pantouflage et sa substitution à l’indemnisation stratégique dans la Haute fonction publique.

Le Canard Enchainé du mercredi 16 août 2017, p2, « Haut fonctionnaire exemplaire », à l’occasion du parcours d’un homme, expose le fonctionnement du « Pantouflage » dont les parlementaires ont parlé durant la loi dite de « confiance dans la vie politique » mais sans aboutir à rien ; ne serait-ce qu’à y réfléchir.

a- Les pantoufleurs sont « les hauts fonctionnaires qui passent du service de l’Etat à celui des Intérêts privés ».
b- Les « rétropantoufleurs » font l’aller-retour.

M. Laurent Vallée est de ces derniers :
1999, M. Laurent Vallée, sort de l’ENA.
2006-2008, Cabinet du secrétaire général du gouvernement, Premier Ministre
2009-2010, Cabinet d’avocats d’affaires Clifford Chance
2010-2013, Directeur des affaires civiles et du sceau, Ministère de la justice.
2013-2015, Secrétaire général de Canal+.
2015-2017, Secrétaire général du Conseil Constitutionnel.
2017, Carrefour, Conseiller du PDG, Alexandre Bompart.
Il reviendra à la fonction publique pour repartir dans le privé.

L’ampleur prise par cette pratique ancienne indique qu’elle n’est plus complémentaire de la carrière de certains Hauts-fonctionnaires mais qu’elle est devenue une question politique constitutive du fonctionnement de la Haute fonction publique, autrement dit de la Direction administrative de l’Etat.

Cette ampleur récente vient de ce que le pantouflage et le rétropantouflage visent à répondre aux exigences sociales nouvelles de la mondialisation des différents types de Directions de la société.

Désormais, le parcours professionnel doit correspondre aussi à une accumulation de capital.


Les Hauts fonctionnaires ne peuvent plus, au regard de leurs statuts comparatifs mondialisés, avoir un rapport personnel de salarié à capitaliste dans les rencontres, professionnelles ou mondaines, avec les capitalistes ou les fonctionnaires détenteurs de capitaux ; tels que de nombreux dirigeants d’Etats.

Les parcours de M. Barroso, passé de la Présidence de la Commission européenne à la Direction de la Banque Goldman Sachs, de M Schröder, passé de la Chancellerie de la République Fédérale Allemande au groupe gazier Gazprom, indique que cette question concerne désormais tous les cadres d’Etat européens.

L’antique recours aux avantages de fonction et aux enveloppes discrétionnaires ne peut plus satisfaire aux questions que posent les rapports personnels des cadres dirigeants de l’Etat entre eux et avec ceux du Privé.

La nouveauté est que ces rapports ne seront plus examinés sans y inclure le respect de ces règles de représentation.

Comme rien n’est prévu pour satisfaire à cette exigence ; cette évolution nouvelle, même si elle reprend de vieilles pratiques, se fait dans le silence et l’obscurantisme rebaptisés pragmatisme.

En dehors de ses bénéficiaires francs, tels que M. Vallée apparemment, cette pratique anarchique ne peut que semer le trouble dans la Haute fonction publique.

Au lieu que les Hauts-fonctionnaires changent leurs rapports personnels aux dirigeants du monde, ils se divisent entre ceux qui bénéficient d’un accès au capital et ceux qui en restent à des accommodements statutaires qui ne sont plus que des ristournes de plus en plus perçues comme illégales.

Cette question logique entre dans la catégorie des indemnisations stratégiques dont elle est un des cousinages et dont je propose une expérimentation.

Faute de savoir nommer les choses, le pantouflage se substitue à la réflexion sur ces indemnisations stratégiques. C’est une faille qui peut donner à certains l’ivresse de la transgression mais qui affaiblit l’Etat et l’administration publique.
Partie 3 : La réflexion du 15 juin 2017

Le Rétropantouflage et l’Unité des Hauts fonctionnaires

Emmanuel MACRON / Président de la République

Copie à :
M. le Premier Ministre / M. le Ministre de l’économie

Monsieur le Président de la République,

Le remaniement des sources de recrutement des directions ministérielles et sans doute administratives est un fait.

Il est signalé par la presse, dont le Canard Enchainé, le 31 mai 2017, p4, « Les pantoufleurs à l’assaut des ministères » et le 7 juin, p4, « Comment Macron mène les italiens en bateau ».

a- Les pantoufleurs sont « les hauts fonctionnaires qui passent du service de l’Etat à celui des Intérêts privés ».
b- Les « rétropantoufleurs » font l’aller-retour.

Le parcours de M. Macron est un exemple type de ces allez-retours entre le public et le privé.
Wikipédia nous apprend qu’il est passé successivement de l’Inspection des Finances (2004-2008) à une Banque (2008-2012) avant de revenir à l’Etat (2012- Présidence).
La Banque lui a permis la constitution d’un capital professionnel d’environ 1,5 million d’euros net sur quatre ans ; avec 400 000 euros de salaire par an.

Cette politique de carrière se généralise.
Cf. le Canard Enchainé, le 31.05.17 : «…Pratique jadis réservée aux hauts fonctionnaires soucieux d’améliorer leurs fins de mois en milieu ou en fin de carrière, le pantouflage s’est généralisé et les risques de conflits d’intérêts n’ont jamais été aussi nombreux. ».

Je veux ici attirer l’attention sur une conséquence logique inévitable de la généralisation du rétropantouflage et de son institutionnalisation. Elle parait peu évoquée.

L’importance prise par le rétropantouflage dans les parcours des hauts fonctionnaires est aussi une adaptation à la place nouvelle, hypertrophiée parfois, prise par l’un des critères de reconnaissance de l’importance d’une fonction et de la personne qui l’occupe : l’association du salaire à la constitution d’un capital.

Cette évolution consacre les rapprochements des conditions d’exercices des responsabilités dirigeantes entre le public et le privé.

Le secteur privé s’est adapté plus facilement à l’amplification de ce critère capitalistique de reconnaissance professionnelle car l’inscription de ses cadres dirigeants dans la répartition des bénéfices est dans sa culture.

Toutefois, il a reconnu la nouveauté du rôle de ce critère par des réajustements haussiers massifs des salaires des cadres dirigeants d’entreprises.

Par contre, tous les systèmes de directions fondés sur le rejet de cette prépondérance de l’argent et des formes commerciales dans la reconnaissance d’un statut dirigeant sont déstabilisés par cette nouveauté qui se présente à eux comme une fragilisation.

Cette diversification du parcours des hauts fonctionnaires divise donc mécaniquement ceux-ci en deux catégories :

1- Les voyageurs :
Ils s’inscrivent d’eux-mêmes dans cette association de leurs revenus à la constitution d’un capital en quittant circonstanciellement la fonction publique.

2- Les sédentaires :
a- Ils assurent la continuité des règles de fonctionnement de l’Etat.
b- Ils restent subordonnés à des grilles hiérarchiques de salaires fondées sur le Service et le Pouvoir.
c- Ces grilles ne peuvent pas supporter les augmentations des salaires des cadres dirigeants du privé.

Cette dualité au sein de l’administration publique et l’importance durable du critère capitalistique de reconnaissance professionnelle peut conduire les fonctionnaires sédentaires à voir le « rétropantouflage » comme une disqualification de leur fidélité.

Cette division comporte un risque de déstabilisation de la Haute Fonction publique, de fracturation de son unité, d’envolées aventurières.

Pour l’instant, le mode d’adaptation des hauts fonctionnaires sédentaires à cette exigence mondiale d’enrichissement est la formation d’un privilège financier secret compensatoire.

1- Le Ministère des finances
a- Des cadres du Ministère des finances disposent de revenus supplémentaires dont même le Ministre n’a pas le droit de connaitre le montant et s’il le connait de le divulguer.
b- Il ne semble pas que ces revenus correspondent vraiment à des revenus capitalistiques. Si c’était le cas, l’ancien pantouflage de fin de carrière n’aurait pas eu lieu.
b- Combien de temps les magistrats de la Cour des Comptes, mandatés par un Traité, accepteront ils ces pratiques cavalières envers le Trésor public ?
c- Faut-il attendre d’être tancé par Bruxelles pour y réfléchir ?

2- Les enveloppes secrètes
a- Les autres ministères ont créé la pratique de l’enveloppe secrète à usage discrétionnaire de la part des cadres ainsi privilégiés
b- Le signe que les temps changent est marqué par la mise sous tutelle ou la disparition de ces fonds secrets qui deviennent douteux.
c- La mise en examen d’un ancien Ministre de l’Intérieur pour avoir puisé dans ces fonds pour ses besoins personnels achève de les discréditer.
Ces survivances archaïques associées honteusement à la clandestinité commandent que l’Etat soit capable d’assurer aux cadres dirigeants sédentaires des revenus publics honnêtes et constitutifs d’un capital.

Contrairement aux systèmes actuels dits des Enveloppes ; cela ne peut pas accompagner une spoliation du Trésor public.

Les sédentaires obtiendraient ainsi une reconnaissance compréhensible par leurs pairs du monde comparable à celle des voyageurs.

Ce sera une des garanties de l’unité de l’administration de l’Etat français qui ne peut plus s’obtenir par la seule caporalisation associée au sens du devoir.
C’est tout à fait réalisable et je propose d’en faire l’expérimentation.

En vous remerciant pour votre attention et dans l’attente de vous lire,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes salutations distinguées,


Marc SALOMONE

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