dimanche, décembre 16, 2018

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blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon
Paris, le mercredi 19 décembre 2018
Pour M. Carlos GHOSN

Monsieur Ghosn,
J'ai l'honneur de vous joindre une réflexion concernant certaines conclusions qui pourraient être tirées de votre mésaventure dont je vous souhaite de sortir au plus vite.

Je poursuis une réflexion sur l'usage de l'indemnisation non spoliatrice du Trésor public ou du Trésor d'entreprise. cf. madic50.blogspot.com

Concernant les PDG, je suggère qu'il y aurait intérêt à examiner la possibilité d'inclure une indemnité capitalistique, ne coûtant rien à la Trésorerie de l'entreprise, dans la formation des revenus des cadres de votre niveau.

Vous pourriez ainsi ainsi vous consacrer à vos fonctions et satisfaire aux critères de richesses personnels qui se sont imposés dans vos milieux depuis bientôt trente ans.

Une si brutale et incontestable défaite devrait être l'occasion d'une réflexion.

En vous remerciant pour votre attention,Je vous prie d'agréer, M. Ghosn, l'assurance de mes salutations distinguées,
Marc SALOMONE


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Paris, le dimanche 16 décembre 2018 ( Paris, le mercredi 19 décembre 2018)

REFLEXION 1 SUR LA COMPOSITION DES REVENUS DES PDG A LA SUITE DE L'INCARCERATION DE M. GHOSN ET SUR LES MOTIVATIONS DE CELLE-CI TEL QUE LES MEDIA NOUS LES FONT COMPRENDRE AINSI QUE SUR LES LIENS DES REVENUS DES PDG ET DE CEUX DES CADRES PUBLICS DIRIGEANTS (Suite de la réflexion n°21 du 5 décembre 2018. cf. : madic50)


Tel que les médias nous font connaître l'arrestation de M. Ghosn et en marge des développements stratégiques de cette affaire ; le complot florentin qui a conduit ce cadre dirigeant en prison rappelle, une nouvelle fois, que dans les grands groupes privés les équivalents « footballeurs » sont les actionnaires et non les PDG.

Ces derniers sont des salariés et l'idéologie économique dominante veut que les salaires soient d'abord un coût qu'il faut contrôler ; aussi bien dans son chiffre que dans sa composition.

C'est pourquoi les PDG font virevolter les formules de composition de leurs salaires pour tenter de les confondre avec des revenus du capital : salaire fixe et variable, options et actions gratuites ou de performance, indemnités de départ, plan de retraite, « bonus cachés », et autres éléments éventuels.

En définitive, ils sont ramenés à la comparaison de leurs revenus avec ceux des autres salariés de l'entreprise, du salariat, et non avec ceux du capital.

Ni les syndicats ni les magistrats n'ont identifié les gains de M. Ghosn à ceux des actionnaires.

Il est caractéristique que le salaire de M. Ghosn ait subit :
1- D'abord une critique syndicale de la distorsion de l'échelle comparative des salaires.
Au titre de salarié et quelles que soient ses responsabilités son travail n'est qu'un maillon de la chaîne et ses revenus ne peuvent rompre celle-ci ; sous peine de devenir « indécents », prédateurs, frauduleux.
2- Ensuite, la critique judiciaire portant à l'inverse sur la sous-estimation des montants déclarés.
Le salarié doit déclarer la totalité de ses revenus.
Contrairement au capital, il ne peut les disqualifier, les expatrier, les interpréter. Ils sont un chiffre unique.

Cette ambiguïté du statut du PDG est le socle de l'intervention conjointe de l’État nippon et des dirigeants nippons du groupe Renault-Nissan-Mitsubishi pour y asseoir la domination japonaise en évinçant M. Ghosn de l'ultime place stratégique occupée par un non-japonais.

Celui-ci est remercié comme un domestique après qu'il eut restauré des entreprises japonaises en parcours de faillites.

Les faits montrent que M. Ghosn n'a pas un seul instant imaginé que ses alter ego japonais oseraient se servir des ambiguïtés du statut de PDG pour l'assigner à salariat et auraient l'audace d'utiliser l’État et son formalisme légal pour criminaliser son rapport au capital et ainsi le dessaisir de son pouvoir et s'en emparer.

Pourtant, l'évolution des affrontements économiques auraient dû l'alerter.
1- Les dirigeants japonais ne sont pas les seuls à coupler l’État local et l'offensive capitaliste.
2- Les américains y ont désormais constamment recours. Même lorsque cette alliance prend une allure maffieuse.

Indépendamment de ces débats stratégiques ; ce qui est en cause n'est pas la volonté des PDG d’acquérir une voilure financière comparable à celle des détenteurs de capitaux.

Vu l'importance politique prise par le capital, les actionnaires, tous les dirigeants des grandes entreprises, particulièrement de celles de taille mondiale, se trouvent confrontés à une question de représentation personnelle entre gens du même monde.

Entre dirigeants, ils ne leur suffit plus d'être administrativement puissants. Ils doivent être personnellement riches et pouvoir exposer leurs propres biens.

La marque de la puissance des PDG est notamment la possibilité de profiter des commodités offertes par les entreprises telles que l'usage des biens sociaux de celles-ci.

Or, les critiques syndicales aussi bien que judiciaires à l'égard de M. Ghosn, sa situation carcérale actuelle, établissent que cette capacité ne répond pas à la question posée qui n'est pas celle de la puissance mais celle de la richesse personnelle.

La richesse personnelle est désormais une composante de la puissance entre dirigeants et elle n'est pas accessible à partir de la fonction salariale des cadres dirigeants d'entreprises : même en la tordant dans tous les sens.

Les cadres dirigeants des administrations  des États et de celles de la communauté européenne rencontrent un problème similaire. 
a- Ils le règlent par la corruption et la préparation des aller-retours entre le public et le privé (pantouflage et rétropantouflage).
b- La pénétration des intérêts privés dans la gestion publique, voire la subordination de celle-ci aux premiers, qu’entraîne l'exclusivité de cette voie d'enrichissement personnel, au niveau national ou européen, est devenu un fait politique aussi bien en France qu'à la Commission européenne.

L'affaire Ghosn indique que ces combats internes de prestige social personnel sont désormais inclus dans les débats stratégiques.

Les cadres français auront-ils la capacité d'y réfléchir ?

Dans d'autres affaires de pirateries entrepreneuriales, les cadres français ont pu faire partager leur idée d'une ruse stratégique engagée par eux-mêmes. Le capital français perd mais au profit d'une recomposition économique dont ses cadres restent partie prenante.

Dans cette affaire, la défaite est sans appel. Il y a un vainqueur et un vaincu. Le Japon et ses cadres sont des vainqueurs. La France et ses cadres sont des vaincus.

Cette affaire met en évidence :
a- Qu'il existe des éléments complotistes dans les débats entrepreneuriaux et qu'ils peuvent devenir des éléments primordiaux de ces débats.
b- Que ces éléments s'inscrivent notamment dans les ambiguïtés de la formation des revenus des cadres dirigeants.

L'examen de ces questions ne changerait rien aux débats stratégiques.

M. Ghosn ne pouvait pas se dispenser d'affronter les changements stratégiques des dirigeants japonais de son entreprise.

Par contre, il pouvait interdire qu'on attaque sa personne, sa probité, sa qualité.

Il continuerait d'agir en homme libre et en Président ; au lieu d'être détenu et déchu.

M. Ghosn et d'autres PDG ont posé la question de la mise en conformité de leurs revenus avec l'intégration de la richesse personnelle dans les critères de reconnaissance de la valeur d'un Chef.

La réponse qu'ils y ont apporté, celle de l'enrichissement capitalistique des PDG, a fait l'unité de la critique syndicale et judiciaire contre elle.
1- L'enrichissement du PDG est une entrave à la marche de l'entreprise en vidant ses caisses, en la privant de revenus légitimes, en brisant l'homogénéité salariale.
2- Ces procédés financiers personnels relèvent de l'accusation de spoliation et de fraude.

On peut considérer qu'il en va de même pour les dirigeants administratifs.

Il serait utile d'examiner la possibilité d'une indemnisation compensatoire qui ne serait pas spoliatrice du Trésor public ou de la trésorerie d'entreprise et qui assurerait le rang capitalistique des cadres dirigeants sans nuire à leur engagement social vis-à-vis de l'entreprise privée ou de l'administration publique.

Mais, si l'on en croit les cadres privés et publics français, la prison, la défaite et la déchéance, sont des solutions moins risquées et plus confortables.

En même temps, les cadres publics pensent qu'une bonne émeute bien factieuse vaut mieux qu'une méchante indemnisation qui permet à l'ordre légal de fonctionner.

On peut y voir une forme de continuité.


Marc SALOMONE

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