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madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon
Paris,
le mercredi 19 décembre 2018
Pour
M. Carlos GHOSN
Monsieur
Ghosn,
J'ai
l'honneur de vous joindre une réflexion concernant certaines
conclusions qui pourraient être tirées de votre mésaventure dont
je vous souhaite de sortir au plus vite.
Je
poursuis une réflexion sur l'usage de l'indemnisation non
spoliatrice du Trésor public ou du Trésor d'entreprise. cf.
madic50.blogspot.com
Concernant
les PDG, je suggère qu'il y aurait intérêt à examiner la
possibilité d'inclure une indemnité capitalistique, ne coûtant
rien à la Trésorerie de l'entreprise, dans la formation des revenus
des cadres de votre niveau.
Vous
pourriez ainsi ainsi vous consacrer à vos fonctions et satisfaire
aux critères de richesses personnels qui se sont imposés dans vos
milieux depuis bientôt trente ans.
Une
si brutale et incontestable défaite devrait être l'occasion d'une
réflexion.
En
vous remerciant pour votre attention,Je
vous prie d'agréer, M. Ghosn, l'assurance de mes salutations
distinguées,
Marc
SALOMONE blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon
Paris,
le dimanche 16 décembre 2018 ( Paris,
le mercredi 19 décembre 2018)
REFLEXION 1 SUR LA COMPOSITION DES REVENUS DES PDG A LA SUITE DE L'INCARCERATION DE M. GHOSN ET SUR LES MOTIVATIONS DE CELLE-CI TEL QUE LES MEDIA NOUS LES FONT COMPRENDRE AINSI QUE SUR LES LIENS DES REVENUS DES PDG ET DE CEUX DES CADRES PUBLICS DIRIGEANTS (Suite de la réflexion n°21 du 5 décembre 2018. cf. : madic50)
Tel
que les médias nous font connaître l'arrestation de M. Ghosn et en
marge des développements stratégiques de cette affaire ; le
complot florentin qui a conduit ce cadre dirigeant en prison
rappelle, une nouvelle fois, que dans les grands groupes privés les
équivalents « footballeurs » sont les actionnaires et
non les PDG.
Ces
derniers sont des salariés et l'idéologie économique dominante
veut que les salaires soient d'abord un coût qu'il faut contrôler ;
aussi bien dans son chiffre que dans sa composition.
C'est
pourquoi les PDG font virevolter les formules de composition de leurs
salaires pour tenter de les confondre avec des revenus du capital :
salaire fixe et variable, options et actions gratuites ou de
performance, indemnités de départ, plan de retraite, « bonus
cachés », et autres éléments éventuels.
En
définitive, ils sont ramenés à la comparaison de leurs revenus
avec ceux des autres salariés de l'entreprise, du salariat, et non
avec ceux du capital.
Ni
les syndicats ni les magistrats n'ont identifié les gains de M.
Ghosn à ceux des actionnaires.
Il
est caractéristique que le salaire de M. Ghosn ait subit :
1-
D'abord une critique syndicale de la distorsion de l'échelle
comparative des salaires.
Au
titre de salarié et quelles que soient ses responsabilités son
travail n'est qu'un maillon de la chaîne et ses revenus ne peuvent
rompre celle-ci ; sous peine de devenir « indécents »,
prédateurs, frauduleux.
2-
Ensuite, la critique judiciaire portant à l'inverse sur la
sous-estimation des montants déclarés.
Le
salarié doit déclarer la totalité de ses revenus.
Contrairement
au capital, il ne peut les disqualifier, les expatrier, les
interpréter. Ils sont un chiffre unique.
Cette
ambiguïté du statut du PDG est le socle de l'intervention conjointe
de l’État nippon et des dirigeants nippons du groupe
Renault-Nissan-Mitsubishi pour y asseoir la domination japonaise en
évinçant M. Ghosn de l'ultime place stratégique occupée par un
non-japonais.
Celui-ci
est remercié comme un domestique après qu'il eut restauré des
entreprises japonaises en parcours de faillites.
Les
faits montrent que M. Ghosn n'a pas un seul instant imaginé que ses
alter ego japonais oseraient se servir des ambiguïtés du statut de
PDG pour l'assigner à salariat et auraient l'audace d'utiliser
l’État et son formalisme légal pour criminaliser son rapport au
capital et ainsi le dessaisir de son pouvoir et s'en emparer.
Pourtant,
l'évolution des affrontements économiques auraient dû l'alerter.
1-
Les dirigeants japonais ne sont pas les seuls à coupler l’État
local et l'offensive capitaliste.
2-
Les américains y ont désormais constamment recours. Même lorsque
cette alliance prend une allure maffieuse.
Indépendamment
de ces débats stratégiques ; ce qui est en cause n'est pas la
volonté des PDG d’acquérir une voilure financière comparable à
celle des détenteurs de capitaux.
Vu
l'importance politique prise par le capital, les actionnaires, tous
les dirigeants des grandes entreprises, particulièrement de celles
de taille mondiale, se trouvent confrontés à une question de
représentation personnelle entre gens du même monde.
Entre
dirigeants, ils ne leur suffit plus d'être administrativement
puissants. Ils doivent être personnellement riches et pouvoir
exposer leurs propres biens.
La
marque de la puissance des PDG est notamment la possibilité de
profiter des commodités offertes par les entreprises telles que
l'usage des biens sociaux de celles-ci.
Or,
les critiques syndicales aussi bien que judiciaires à l'égard de M.
Ghosn, sa situation carcérale actuelle, établissent que cette
capacité ne répond pas à la question posée qui n'est pas celle de
la puissance mais celle de la richesse personnelle.
La
richesse personnelle est désormais une composante de la puissance
entre dirigeants et elle n'est pas accessible à partir de la
fonction salariale des cadres dirigeants d'entreprises : même
en la tordant dans tous les sens.
Les cadres dirigeants des administrations des États et de celles de la communauté européenne rencontrent un problème similaire.
a-
Ils le règlent par la corruption et la préparation des
aller-retours entre le public et le privé (pantouflage et
rétropantouflage).
b-
La pénétration des intérêts privés dans la gestion publique,
voire la subordination de celle-ci aux premiers, qu’entraîne
l'exclusivité de cette voie d'enrichissement personnel, au niveau
national ou européen, est devenu un fait politique aussi bien en
France qu'à la Commission européenne.
L'affaire
Ghosn indique que ces combats internes de prestige social personnel
sont désormais inclus dans les débats stratégiques.
Les
cadres français auront-ils la capacité d'y réfléchir ?
Dans
d'autres affaires de pirateries entrepreneuriales, les cadres
français ont pu faire partager leur idée d'une ruse stratégique
engagée par eux-mêmes. Le capital français perd mais au profit
d'une recomposition économique dont ses cadres restent partie
prenante.
Dans
cette affaire, la défaite est sans appel. Il y a un vainqueur et un
vaincu. Le Japon et ses cadres sont des vainqueurs. La France et ses
cadres sont des vaincus.
Cette
affaire met en évidence :
a-
Qu'il existe des éléments complotistes dans les débats
entrepreneuriaux et qu'ils peuvent devenir des éléments primordiaux
de ces débats.
b-
Que ces éléments s'inscrivent notamment dans les ambiguïtés de la
formation des revenus des cadres dirigeants.
L'examen
de ces questions ne changerait rien aux débats stratégiques.
M.
Ghosn ne pouvait pas se dispenser d'affronter les changements
stratégiques des dirigeants japonais de son entreprise.
Par
contre, il pouvait interdire qu'on attaque sa personne, sa probité,
sa qualité.
Il
continuerait d'agir en homme libre et en Président ; au lieu
d'être détenu et déchu.
M.
Ghosn et d'autres PDG ont posé la question de la mise en conformité
de leurs revenus avec l'intégration de la richesse personnelle dans
les critères de reconnaissance de la valeur d'un Chef.
La
réponse qu'ils y ont apporté, celle de l'enrichissement
capitalistique des PDG, a fait l'unité de la critique syndicale et
judiciaire contre elle.
1-
L'enrichissement du PDG est une entrave à la marche de l'entreprise
en vidant ses caisses, en la privant de revenus légitimes, en
brisant l'homogénéité salariale.
2-
Ces procédés financiers personnels relèvent de l'accusation de
spoliation et de fraude.
On
peut considérer qu'il en va de même pour les dirigeants
administratifs.
Il
serait utile d'examiner la possibilité d'une indemnisation
compensatoire qui ne serait pas spoliatrice du Trésor public ou de
la trésorerie d'entreprise et qui assurerait le rang capitalistique
des cadres dirigeants sans nuire à leur engagement social vis-à-vis
de l'entreprise privée ou de l'administration publique.
Mais,
si l'on en croit les cadres privés et publics français, la prison, la défaite
et la déchéance, sont des solutions moins risquées et plus
confortables.
En
même temps, les cadres publics pensent qu'une bonne émeute bien
factieuse vaut mieux qu'une méchante indemnisation qui permet à
l'ordre légal de fonctionner.
On
peut y voir une forme de continuité.
Marc
SALOMONE
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