Marc
Salomone / 06.28.22.88.96 / salomone.marc@neuf.fr
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Paris,
le lundi 20 avril 2020
REFLEXION
SUR LE PARTI UNIQUE EUROPEEN OCCIDENTAL ET L'UTILITE D'UNE CONCURENCE
POLITIQUE CHINOISE
1)-
Préambule
L'épidémie
du Covid19 agit comme un révélateur du fonctionnement des sociétés.
Ce
virus a renouvelé le terrain des affrontements entre les puissances
pour la direction du monde.
Cette
réflexion porte sur l'affrontement médiatique puis politique entre
le camp occidental et le Parti communiste chinois (PCC) au sujet de
l'historique des événements.
Je
remarque que la réponse du PCC est inadaptée et j'en donne les
raisons.
J'établis
que la France, l'Europe, ont besoin de l'action du PCC et que
celle-ci est parfaitement légitime et légale.
2)-
La capacité
Dans
ce que les puissances occidentales qualifient de « guerre »,
le Parti communiste chinois s'est montré capable d'orienter la
résolution des contradictions de la République populaire de Chine
(RPC) dans une politique constructive et unificatrice.
Le
premier effet médiatique, politique, de cette ''guerre'' est
d'avoir :
a-
D'une part imposé au monde entier l'évidence de la capacité des
cadres du Parti communiste chinois.
b-
D'autre part provoqué des doutes quant à l'évidence des capacités
des cadres occidentaux.
c-
Jusqu'à présent les réseaux occidentaux entretenaient, vis-à-vis
du monde, un rapport moral de supériorité à l'égard des cadres
chinois, notamment communistes.
d-
Désormais, il s'est formé, au regard du monde, un rapport d'égalité
entre les cadres chinois et leurs homologues occidentaux.
3)-
L'enjeu
C'est
précisément cette capacité d'affronter positivement une adversité
brutale et dangereuse qui vaut au Parti communiste chinois
l'offensive actuelle visant à le disqualifier sur les terrains de la
morale publique et de la capacité scientifique.
Il
s'agit de l'isoler et de lui faire perdre le bénéfice de sa
maîtrise de l'épidémie afin de le disqualifier comme parti
dirigeant d'un Etat. Sa victoire doit devenir une défaite.
Les
universitaires expliquent à la télévision qu'en 2001 les
occidentaux pensaient que l'entrée de la Chine à l'OMC se
traduirait par la disparition du PCC et la mainmise des occidentaux
sur la Chine. Ils ne cessent de se plaindre d'avoir été contredits
par les faits et de dire leur espoir que cette fois-ci sera la bonne.
4)-
Le manque
Ces
offensives se déroulent toutes d'abord dans l'espace du softpower.
A
ce sujet, les seuls armes dont disposent la RPC sont l'ambassade, la
diaspora, les transferts de capitaux, les relations individuelles
dans les équipes dirigeantes.
Cela
à son utilité mais l'isolement du PCC dans les affrontements dus au
Covid19 montre que ça ne répond pas à la question posée.
Les
réponses de l'ambassade mettent en lumière l'isolement du PCC, sa
marginalité, dans le débat public français, européen, et ses
réseaux étatiques.
Pour
parer à ces manœuvres et combattre sur ce terrain du softpower ;
le PCC a un manque quant à sa participation organique aux formes
étatiques du débat public ; dont les médias, l'université,
les partis, etc.
Cette
présence organique deviendra indispensable dans les décennies à
venir sauf à croire à la fable du remplacement du Nord par le Sud.
Elle
ne peut se concevoir que par la création de réseaux endogènes
animés par des indigènes.
5)-
Deux exemples
Deux
exemples distincts, aux visées différentes, mais qui
s'interpénètrent.
1-
Les Etats-Unis
Les
Etats-Unis disposent, de façon dirigeante, de cet accès organique
au débat public et à ses formes d'organisations publiques ou
privées.
Cela
ne s'est pas fait en un jour. Ils sont parvenus à créer des
filières de capitaux indigènes de long terme.
C'est
à la construction de ces capitaux indigènes que les américains
travaillent depuis le Plan Marshall.
Par
ces circuits capitalistiques, financiers, et administratifs
(CIA-Séjours aux Etats-Unis, etc.) ils contrôlent aujourd'hui une
grande partie du CNRS et de l'Université, les programmes scolaires,
et à peu près tous les Think-Tanks. Par le biais d'associations
culturelles, juridiques, ils jouent un rôle déterminant dans la
communautarisation et l'essor politique des populations musulmanes.
Dans
l'affaire du Covid19, les Etats-Unis agissent par le truchement de
''Chercheurs'' qui, via l'université française, sont installés
dans l'appareil universitaire occidental.
Ils
sont les militants d'un parti.
En
France, mais dans toute l'Europe, depuis les épurations
universitaires des années 80-90, seul le camp occidental est
politiquement représentés dans l'université.
Le
parti occidental est de fait un parti unique à l'université.
Ses
contradicteurs agissent individuellement et avec circonspection.
L'univers
médiatique est la quintessence de ce parti unique occidental.
2-
Les musulmans
Même
si leur présence et leur histoire sont complètement différentes de
celle des Etats-Unis, les populations dites musulmanes sont un autre
exemple de cette création d'une liaison organique avec les appareils
idéologiques d'Etat de leur pays d'accueil.
En
témoignent, le centre culturel majeur qu'est « l'Institut du
monde Arabe », aussi bien sa fonction que l'ampleur de son
bâtiment, la présence massive des musulmans (à ce titre) dans les
appareils idéologiques d'Etat (média, universités, etc.)
Ces
populations ont tissé d'importants réseaux de softpower. Elles
disposent désormais d'une telle participation organique. Elles
deviennent une vraie puissance économique et politique ; aussi
bien en France, en Angleterre, en Allemagne, etc.
6)-
L'isolement
Par
contre, il est manifeste que le PCC n'a aucun moyen de relayer, dans
le débat public et étatique, le soutien, semble-t'il assez large,
que sa gestion de la crise du Covid19 reçoit dans les milieux
scientifiques et médicaux, mais aussi dans la population.
C'est
sous leur autorité personnelle et au risque de leur carrière que
ces universitaires expriment leurs doutes quant aux affirmations
péremptoires des médias américains.
Ce
sera de moins en moins à la hauteur des enjeux.
Si
le PCC veut participer au débat public européen, français, avec
les seuls méthodes, désormais archaïques, des rapports
interétatiques, leurs privautés et leurs ruses, alors que la
mondialisation impose une interpénétration des structures ; il
risque d'assister impuissant à d'autres offensives de plus en plus
brutales en occident et par ailleurs de plus en plus intrusives sur
le territoire chinois.
Avoir
pour seuls interlocuteurs de travail en commun des amoureux de la
Chine qui se déclarent à l'occasion ennemis du Parti communiste et
de la République populaire de Chine deviendra une faiblesse
grandissante face à l'industrialisation des idéologies mondiales.
7)-
Le Parti unique
Avec
la Chute du Mur de Berlin et la mondialisation, les dispositifs de
relations entre les Etats et les continents se sont transformés.
a-
Au contraire de l'Europe du Marché commun et du Comecon, l'Union
Européenne n'est plus affiliée expressément à telle ou telle
camp.
b-
La victoire du camp occidental en 1989-1991 a permis à celui-ci de
s'emparer de tout le territoire européen.
Avant
1989, l'Europe était le continent de deux partis uniques.
Après
1989, elle est le continent d'un seul parti unique.
En
1999, le Président honoraire Valéry Giscard d'Estaing a déclaré
que l'Union Européenne est sous le régime du parti unique.
Mais
en même temps, que ce soit pour les Etats-Unis ou pour les pays
européens, l'évidence de la liaison organique des deux continents,
au travers de l'Otan et du Marché notamment, a cessé d'être une
évidence.
a-
Pour les américains, l'avenir est en Asie et l'Europe n'est plus
qu'un dépotoir.
b-
Pour les européens, l'Amérique est une concurrence de plus en plus
inégale.
8)-
La légitimité et la légalité de l'action du PCC
Certes,
le camp occidental a mis la main sur les appareils idéologiques
d'Etat.
Mais
le système socio-économique européen ne peut se développer que
dans la pluralité des expressions culturelles et politiques.
Avant
89, cette pluralité s'obtenait dans la confrontation des deux blocs
organisés en démocraties spécifiques.
Après
89, cette pluralité ne peut s'obtenir que par la présence de la
pluralité des idéologies qui gèrent la mondialisation et
déterminent sa réussite ou son échec.
Le
fait est que cette unicité de la ligne politique conduit l'Europe et
les pays européens à la marginalisation.
Par
conséquent, il y a la place, légitime et légale, pour la création
d'une action idéologique concurrentielle par une puissance
concurrente qui s'en donnerait les moyens.
En
effet, il est important de comprendre que :
a-
Le parti culturel et politique unique qui s'est installé à la Chute
du Mur n'a aucune légitimité à être unique.
b-
Rien ne valide l'exclusivité de la puissance américaine.
c-
Dans le système européen, tel qu'il s'est formé au fil des
siècles, il est légitime et l'égal d'apporter la contradiction,
d'installer une complémentarité, vis-à-vis du parti dominant.
9)-
Une concurrence
Le
PCC en a les moyens.
a-
Il a intégré le marché dans le logiciel communiste. C'est ce qui
fait la force de la RPC dans l'économie mondiale.
b-
Il ne peut donc plus penser sa place dans le monde par l'exclusion
des fonctions sociales du marché.
Les
faits montrent que hors de l'ambassade et de quelques relais
individuels, même puissants, il n'a aucune installation dans le
débat public dirigé par les appareils idéologiques d'Etat tels
que l'université.
Or,
le rôle, politique et médiatique, de l'université a
considérablement grandit à la faveur de cette crise.
Le
parti culturel unique, en osmose avec les Etats-Unis, étant déjà
installé, le PCC ne pourra pas répéter les mêmes logiques ;
sauf à travailler pour l'autre camp.
10)-
Deux civilisations
La
France a une place particulière dans le dispositif politique
mondial. C'était déjà le cas durant la Guerre-froide.
La
Chine doit donc y être.
a-
Elle doit y avoir une présence organique comparable à celle des
américains, des musulmans, dans les structures publiques et
étatiques.
b-
La formation de ces liens d'intériorité, organiques, concerne toute
l'Europe.
Il
serait temps que se parlent les deux civilisations qui organisent le
monde ; l'Europe et la Chine.
a-
Tout l'hémisphère nord a été façonné par la culture européenne.
b-
Les rares pays de l'URSS qui s'en sortent sont ceux qui mettent à
profit leur filiation soviétique, c'est à dire européenne.
c-
Depuis 1910, la Chine est dirigée par l'association de la
civilisation chinoise et de la civilisation européenne.
Trois
faits :
a-Le
covid19 met à l'épreuve la fragilité des liens diplomatiques et
culturels des deux continents.
b-
L'action américaine contre le PCC vise autant à affaiblir celui-ci et
la RPC qu'à assigner l'Europe à la subordination aux Etats-Unis.
c-
Il est temps que l'Europe, sur son territoire, tisse des liens
organiques avec la civilisation chinoise.
d-
Cette liaison organique de l'Europe, la France, avec la Chine leur
évitera la marginalisation.
Cela
ne pourra se faire que si les ''chinois'' investissent dans des
programmes endogènes de coopération entre les deux continents. Cela
demande du temps, de la réflexion et de l'action.
a-
Les interventions financières sont simples et sûrs. Elles peuvent
être aussi bien le fait de collectivités que de personnalités.
b-
Elles permettront à des gens compétents de travailler efficacement
sans se soucier de questions budgétaires.
11)- Conclusion
De
toute façon, dans trente ans le monde aura changé. Ne survivront
que ceux qui auront su apprendre des autres.
Depuis
1910, avec Sun Yat-Sen, la Chine a su magnifiquement le faire sur son
territoire. Elle doit maintenant le faire dans son rôle mondial.
Une
chose est désormais certaine pour tous, les cadres chinois sont
capables. Il serait dommage qu'ils se privent de cette
reconnaissance.
Je
ne saurais trop insister sur la nécessité, la légitimité et la
légalité, d'une action qui installerait une pluralité culturelle
et politique en Europe, en France en premier lieu.
Marc
SALOMONE
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