Marc Salomone/ blog : madic50 / Livre : Les deux formes
Le lundi 24 mai 2021
REFLEXION SUR LE SLOGAN DE LA MANIFESTATION DU 19 MAI 2021
J'ai eu l'honneur de participer au rassemblement citoyen d'hommage aux policiers morts dans leurs fonctions et de soutien à l'action de la police contre les délinquants, le 19 mai 2021.
La participation du Ministre de l'intérieur ainsi que celles des délégations des Groupes parlementaires, à la seule exception de La France Insoumise (LFI), lui a donné sa pleine portée nationale.
Nous étions peu de civils dans cette ambiance professionnelle et fort accueillante. Des policiers ont accepté de me prendre en photo avec mon appareil.
Je m'interroge ici quant au slogan retenu pour symboliser ce mouvement : Les policiers sont payés pour servir mais pas pour mourir.
Ce mot d'ordre est certes d'un intérêt syndical certain puisqu'il correspond à l'objet même de ce type d'organisation.
Cependant, il ne correspond pas au caractère citoyen, c'est à dire au questionnement public, de cette manifestation.
Les français soutiennent les policiers massivement parcequ'ils savent que ceux-ci exposent leurs personnes pour que « Force reste à la loi ».
Or, il leur apparaît que les rapports entre le crime et l'ordre sont en train d'évoluer, de se brouiller, voire de s'inverser.
Ce qu'ils attendent des Forces de l'ordre, de vous-même et du gouvernement donc, c'est le rétablissement de la suprématie de celles-ci sur le crime et son corollaire ; la hiérarchie juridique entre le policier et le délinquant et donc la subordination publique du second au premier.
C'est dans ce cadre que les français soutiennent les revendications syndicales des salariés des Forces de l'ordre et les présupposés personnels de leur action.
Ce mot d'ordre si émouvant soit-il ne rend donc pas compte de la question posée.
Le policier Masson Eric a été tué parce que le voyou ne s'inscrivait plus dans cette hiérarchie et se concevait comme une autorité légale de même niveau que celle du policier.
Cette affaire a fait grand bruit car elle a jeté un éclairage cru sur la banalisation et la massification de cette pensée.
Nous retrouvons cette même mise en cause de la hiérarchie des normes entre délinquants et policiers dans l'affaire Traoré.
Adama Traoré n'ayant pas ses papiers d'identité sur lui au moment où il prépare un mariage familial refuse d'obtempérer au contrôle de gendarmerie.
Il estime qu'il a autre chose à faire que de répondre aux injonctions gendarmières. Il n'a pas de temps à perdre avec les préoccupations d'une administration qui lui est étrangère.
Il pense ne pas avoir à rendre de comptes aux agents des forces de l'ordre quant à la légalité de ses actions précisément illégales.
Les Forces de l'ordre sont en tord de le gêner et il est dans son droit de vaquer à ses occupations telles qu'il les définit.
Il s'en suit que pour ses soutiens la maîtrise de sa personne devient une agression arbitraire, un abus de droit, et que sa fuite est une sauvegarde légitime, l'exercice des Droits-de-l'Homme.
Tout le débat qui a suivi sa fin tragique et regrettable vise à établir qu'il avait raison ou tord de ne pas se subordonner aux ordres du gendarme.
Nonobstant les débats sur les techniques employées pour le soumettre à ce contrôle ; ce que les français attendent c'est une réponse sans équivoque à la question de la légitimité de l'action des policiers et des gendarmes face aux fautes à l'égard de la loi.
C'est ce jeu de question-réponse qui est en discussion aujourd'hui.
On commence par traiter cette légitimité de l'action policière comme une évidence sans signification particulière.
Puisque la police est évidement fondée d'intervenir contre la délinquance, il est inutile de le préciser, de l'invoquer, d'y réfléchir.
Par contre, il convient de discuter de l'opportunité de cette intervention, de sa méthode, des modalités d'exécution.
La primauté du droit à l'intervention devient la priorité de l'énoncé des faits de chaque cas particulier d'intervention.
L'acte est certes délinquant, mais la police est-elle fondée de l'empêcher, de le gêner, de le nommer ? Si oui, est-elle fondée d'agir certes légalement mais précisément ainsi, comme ça ?
La police ne fait-elle pas courir un risque excessif au délinquant ? Ne viole-t'elle pas son droit à faire valoir ses arguments ou même ses éclats de rire ?
En effet, toutes les personnes violées ou dont le racket a échoué ont entendu leurs agresseurs déclarer aux policiers : C'est une blague. Je n'y suis pour rien si il ou elle ne sait pas rire.
1- C'est la légitimité et la légalité de l'action policière face à une situation de délinquance qui est non seulement contestée mais refusée au nom de sa pratique qualifiée de fautive.
2- La police devrait justifier la légalité de son action par la soumission de celle-ci à l'acceptation des personnes qualifiées par elle de délinquantes ; certaines ou possibles.
3- On disqualifie la méthode pour délégitimer le droit à l'intervention. La mauvaise méthode qualifie implicitement l'illégalité de l'intervention dont elle découle.
De quel coté le droit est-il réellement ?
Ce débat n'est pas médiocre et il est aussi vieux que le droit et sa division entre droit réel et droit formel, vraie justice et justice vraie.
Ce qui préoccupe les français et les policiers en ce moment, c'est que ce ne sont plus les victimes qui réclament une vraie justice, ce sont les criminels qui veulent imposer leur Droit aux Pouvoirs publics et subvertir leur exercice.
La partie proprement criminelle, prédatrice, des délinquants, ne se contentent pas d'accuser les victimes d'avoir ce qu'ils n'ont pas, ou pas assez.
Ils veulent se satisfaire de la personne d'autrui ou de ses biens au nom du respect des Droits-de-l'Homme et ils exigent la condamnation au nom de la loi de ceux qui les en empêchent.
La première victoire des partisans de ce glissement de sens du droit est la création de l'évidence des principes des rapports des Forces de l'ordre aux voyous qui permet de prétendre ne pas avoir à les nommer et donc de pouvoir les escamoter.
Il faut nommer ces principes et donc répondre à la question posée par ces voyous dans chacun de leurs défis.
A- La question est courte :
Les forces de l'ordre se trouvant face à un acte ou une entreprise délinquante :
1- Qui a tord, qui a raison ?
2- Qui commande, qui obéit ?
B- La réponse est tout aussi courte :
1- Les policiers et les gendarmes ont raison.
2- Les délinquants ont tord.
3- Les premiers commandent et les seconds obéissent.
Il suffirait que ces principes soient rappelés à la tribune de l'Assemblée et du Sénat pour qu'ils figurent dans la lecture jurisprudentielle des magistrats et de quelques autres.
Les voix de toutes les parties pourraient alors se faire entendre.
Il est également possible de réparer les éventuelles conséquences excessives d'actions légales sans affaiblir l'autorité des représentants des Forces de l'ordre et donc de l’État.
Marc SALOMONE
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