Marc Salomone / blog : madic50 / Livre : Les deux formes, éd. Amazon.
Paris, le lundi 18 octobre 2021
Objet : le 17 octobre 1962, le retour.
REFLEXION SUR LE 17 OCTOBRE 1962 ET SA REDITE PAR LES SEPARATISTES DE 2021
Le 17 octobre 2021, lors du 60ème anniversaire de la répression de la manifestation du 17 octobre 1962, le Président de la République «a reconnu les faits: les crimes commis cette nuit-là sous l'autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République».
Ce faisant, il a manifestement permis à certains partis et groupements politiques de reconduire le débat dans les mêmes termes conquérant qu'en octobre 1962.
En effet, sa déclaration accompagne et légitime l'exigence de la reconnaissance d'un « crime d'Etat » et son extension à la guerre d'Algérie, au colonialisme, à l'esclavage, etc.
Tous s'accorde à dire que c'est un pas et qu'un autre suivra.
Ils se replacent là dans l'exact ligne du combat du FLN, au point exacte où celui-ci avait dû le laisser en France en 1962, pour partir en Algérie.
Cette fois-ci, ils ne se
présentent plus en libérateur d'un peuple opprimé mais en factieux
visant à définir, organiser, diriger, les Pouvoirs publics.
La brèche dans laquelle s'engouffrent ces gens est l'ignorance entretenue depuis 60 ans de l'identité, et du nombre des morts du 17 octobre ainsi que des qualités de leurs tueurs.
Cette omerta, récurrente de la part de tous les Etats, placent les soi-disant représentants des victimes sur le même niveau de débat que l’État puisque le dénombrement et la dénomination leur reviennent et sont laissés à leur guise.
L'Etat devient le gardien du mensonge, le complice du crime, le délinquant des trafics d'archives. Les contestataires deviennent les enquêteurs, les héros de la vérité, les juges du « crime d'Etat ».
L'engagement par le gouvernement Mendès-France, dont le Ministre de l'intérieur Mitterrand, d'une politique de guerre comme seule solution à la question posée par la politique de terreur initiée par le FLN en novembre 1954, est certes une faute politique générale conduisant à des crimes singuliers. Ils ont dès le départ ramené le dialogue au niveau du largage de Napalm dans les Aurès.
Cela ne signifie nullement que la politique générale du FLN fut une évidence démocratique, étatique, nationale, souveraine.
L'Etat ainsi construit depuis a d'ailleurs marqué son incapacité à sortir de la domination clanique d'un peuple dont il gère d'abord l'exil forcé, d'un pays dont il organise en premier lieu le pillage, d'un Etat qu'il farcit de corruption.
La manifestation du 17 octobre 1962 est à cette image.
Face-à-face, une organisation politique séparatiste manipulant par la peur des masses incertaines, d'un coté, et de l'autre, une administration policière isolée et prisonnière d'une politique de force sans autre issue imaginaire que la destruction de l'ennemi ou la capitulation devant lui.
La nullité criminelle partagée de 1954 finira par imposer la débandade française et la criminalité arabe de 1962 d'une part, la subordination des deux parties à leurs réactionnaires.
Les élucubrations de 2021 sont la continuation des enclavements idéologiques de 1954 et 1962.
Ce qui s'est passé cette nuit-là est à la hauteur de la nullité des rapports politiques entre les parties en causes installées de part et d'autre depuis 1954.
Ce que les belles-âmes du jour veulent reconduire en 2021 est justement cette nullité politique et intellectuelle.
En sous-main, les frères musulmans manipulent les ficelles des Ego pour infiltrer leur programme.
Il est donc impératif de rétablir le débat intellectuel et politique.
De quoi parle-t'on ? Nul ne le sait.
Les morts qu'on attribue au 17 octobre s'étalent en fait sur plusieurs semaines.
Personne ne peut dire :
a- qui est mort, quand, où, à quel heure, dans quelles circonstances ?
b- qui les a tués ?
Or, à Paris et en Île-de-France on ne peut mourir sans avoir une fiche administrative. Ce ne sont pas des particuliers qui ramassent les corps et les enterrent à leur guise.
Pour l'instant, toutes les discussions sont entraînées « à l'insu de leur plein gré » dans la politique de conquête civile engagées par des forces qui installent tranquillement la légitimité et la continuité de leur action dans l'évidence du bien-fondé d'une politique subversive historique fondée sur la terreur.
Le gouvernement doit impérativement engager l'action d'une commission plurielle et pluridisciplinaire pour rendre publique la liste nominative exhaustive des morts sur la période concernée, leur nombre, leur qualité, ainsi que celle des tueurs.
Par cela, il restituera les « faits » à leur histoire et permettra aux morts d'enterrer les morts.
Les factieux de tous bords devront revenir à leur actualité.
Les factieux ont le droit de brailler, de comploter, de quémander.
Les français ont le droit de savoir, de comprendre, de réfléchir.
Marc SALOMONE
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