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Paris,
lundi 25 mars 2013
Monsieur le
procureur de la République
de Paris
Copie
à :
Monsieur
le Président de la République
Madame
la Garde des Sceaux
Objet :
Principe d'égalité et dualité du droit
Monsieur
le procureur de la République,
1)-
Des faits nouveaux
Deux
décisions judiciaires et une émission de télévision intéressent
directement la demande d'ouverture d'enquête préliminaire que j'ai
formulée.
a-
Le 19 mars 2013, le Parquet de Paris ordonne une information
judiciaire visant M. Cahuzac.
b-
Le 21 mars 2013, un juge d'instruction de Bordeaux, déclare la Mise
en examen de M. Sarkozy pour « abus de faiblesse ».
c-
Le 19 mars 2013, l'émission C dans l'air organise un débat sur la
violence à Marseille.
2)-
L'objet de l'analyse
Je
veux montrer que la dualité juridique créée par l'action présumée
de M. Sarkozy se retrouve :
1-
Dans la pensée publique de cette action, tel que le témoignage de
Mme Guillaume, ainsi que les comptes rendus de presse. Cela explique
l'omerta qui couvre cette action.
2-
Dans une certaine violence publique.
Elle
y est là qualifiée comme telle par les représentants des Pouvoirs
législatifs et exécutifs concernés.
3-
Si la magistrature ne nomme pas ces choses selon ses propres
procédures, elle finira par se faire imposer des procédures de
lectures de ces faits étrangères à son Autorité.
Titre
1- La jurisprudence
3)-
La jurisprudence
a-
Les deux actions judiciaires évoquées forment une jurisprudence
quant aux principes de l'action judiciaire.
b-
Les magistrats se saisissent eux mêmes des faits sans :
-
Demande d'un tiers
-
Céder à l'opposition mise par la police au recueil d'une déposition
demandée par le procureur de la république.
c-
Les magistrats prennent la peine d'interpréter des faits qui ne sont
pas indiscutables.
d-
Les magistrats passent outre la gravité des conséquences politiques
et publiques d'une action judiciaire.
e-
Les magistrats retiennent la possibilité pour un homme d'Etat,
Ministre de l'intérieur au moment des faits, d'avoir abusé de ses
capacités personnelles auprès d'une personne vulnérable pour
atteindre ses buts.
f-
M. Sarkozy déclare que ces actions judiciaires ne gêneront pas sa
carrière politique.
4)-
Le principe d'égalité
1-La
question
a-
L'action entreprise par M. Salomone s'organise à partir d'un fait
unique dont l'exactitude n'a jamais été contestée par personne et
dont la vérification est aisée.
b-
Il ne peut plus être opposée un principe d'opportunité des
poursuites qui reposerait :
-
Soit : sur la qualité de la personne visée
-
Soit : sur la gravité des conséquences publiques d'un tel
examen.
c-
Il ne peut plus être dit que les propos tenus par M. Salomone sont
invraisemblables alors qu'avec la qualification de « abus de
faiblesse » les magistrats agissent par une qualification
similaire.
d-
Le refus des policiers de prendre loyalement la déposition de M.
Salomone ne peut plus être retenu comme un obstacle à l'ouverture
d'une enquête préliminaire.
2-
La réponse
A
terme, la seule explication du rejet de la demande de M. Salomone
sera sa qualité sociale.
La
demande de M. Salomone serait rejetée en raison d'une doctrine
juridique organisant la séparation en droit des français selon leur
appartenance sociale. Le juge-chercheur Salas en a donné l'exposé
dans un article du Parisien de septembre 2007. Il y a là une rupture
d'égalité manifeste. Ce qui est inconstitutionnel.
5)-
Le travail sur le témoignage de Mme Guillaume
Les
magistrats peuvent ils encore se fonder sur le silence de la personne
violée ? Ce silence est l'objet d'une construction sociale dont
Mme Guillaume se fait la notaire.
1-
Mme Guillaume dit elle même que l'asservissement sexuel des femmes
est la règle des rapports politiques entre les hommes et les femmes.
-
« J'ai
voulu parler de la relation entre un homme de pouvoir et le sexe. La
scène existe, mais c'est universel. C'est peut-être la seule scène
du livre qui n'est pas violente. Elle est triviale. Cette élue s'en
fout, elle en a vu d'autres.
Ouand on est une femme
politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il vaut mieux
changer de métier. » cf. Le nouvel observateur, 24.07.12
2- Mme Guillaume reprend ici la
vieille identification de la femme et du « sexe ». La
femme est « une personne du sexe ».
3-
Mme Guillaume prend la peine de
préciser que cette scène est « peut-être
la seule scène du livre qui n'est pas violente. Elle est
triviale. ». La
non-violence de la scène est motivée par le fait que la pénétration
aurait eu lieu dans un orifice réputé consentant.
Cette
absence de violence vient fort opportunément éloigner le
qualificatif de viol du regard sur cette action.
« Marie-Célie
Guillaume dit, elle, s'en tirer en pareil cas en distribuant une
paire de gifles.. »
Pourquoi répondre par la violence et non la parole à une action
« qui n'est pas violente » ?
4-
C'est une protection qu'offre Mme Guillaume à M. Sarkozy contre les
esprits malfaisants. Une sorte de préservatif verbal qui empêche
que l'information rencontre la justice.
« Ils
ont fait un tel foin contre le livre qu'ils en ont assuré la
promotion, s'amuse Marie-Célie Guillaume. A leur place, je l'aurais
plutôt traité par le mépris et le silence.A la fin de l'été, je
me suis mise à écrire en m'amusant, à la manière d'une
satire... »
Ce
dispositif idéologique qui institue le viol comme fait de
divertissement est un simple rouage du fonctionnement ordinaire de
cette criminalité. Une sorte d'encre de sèche. Il est repris par
toute la presse. C'est un code. Selon qu'on rit ou non, on est « in »
ou « off ».
5-
Cette scène ne pourait être qualifiée de viol parcequ'elle serait
habituelle, « triviale ». C'est ancestral donc c'est
légal. L'argument qu'on veut ici nous imposer comme la source de la
légalité de cette action est tout simplement celui de la coutume.
6-
Cet argument de la coutume ne vient pas seulement faire barrage à la
qualification publique de viol et à la vindicte qui l'accompagne.
Mme
Guillaume exhume un droit et le met en scène en opposition à un
autre.
La
coutume est ici un droit, le droit coutumier. Ce droit est ici un
droit opposable à un autre droit, celui du Code civil.
7-
Cette installation de la coutume comme droit opposable a aussi pour
fonction d'interdire au procureur de la République d'intervenir.
Celui-ci n'intervient qu'en raison d'un droit constitutionnel, écrit,
qui est distinct du droit coutumier, non-écrit.
8-
Le fait que ces protections et interdictions prennent une forme
incatatoire, imprécative, magique, ne doit pas faire oublier leur
efficacité. Sous une forme ésotérique, nous assistons à la mise
en place d'une dualité juridique. C'est sur cette dualité que se
fonde l'action de M. Sarkozy ; sous réserve d'une vérification
de faits incontestés.
9-
Cette démocratie du droit de cuissage « trivial » qui se
« règle par une paire de gifle » continue dans toutes
sortes de formes d'organisations des démocraties. Aux Etats-Unis les
magistrats reconnaissent que les hommes sont couremment violés par
les supérieurs hiérarchiques, civils ou militaires.
10-
Nous attendons autre chose aujourd'hui d'une femme cadre supérieure,
et des féministes qui se taisent volontairement, que de diviser les
personnes violées en deux camps, celui de celles et de ceux qui en
ont dans la culotte ou le slip, et en conséquence distribuent des
« gifles » salvatrices, et les autres qui méritent leur
sort. C'est le retour à la pensée du corps de garde ; haut
lieu du féminisme.
11-
Comme pour L'école en Bateau, et
tant d'autres, il se pourrait, que la dame demande des comptes dans
10 ans. Mais les partisans de la dualité juridique ont leur réponse.
Par avance, ils disqualifient la plaignante potentielle :
« Ouand
on est une femme politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il
vaut mieux changer de métier. ». Les
connaisseurs auront aussi lu en filigranne l'autre grande ritournelle
classique du viol : Si elle (il) ne comprend pas la plaisanterie,
c'est dommage pour elle (lui).
12- Incapable, fautive et
pisse-froid, cette députée est donc bien reconnue comme étant
dépositaire de tous les attributs publics d'une personne violée.
13-
Mme Guillaume ne se contente donc pas de rapporter les faits. Elle
construit l'impunité des uns et la faute des autres. Elle participe
aussi, sous des dehors d'information coquine et audacieuse, à
diffuser un droit archaïque et foncièrement esclavagiste.
14- La demande d'ouverture d'une
enquête préliminaire que je formule entraîne nécessairement un
travail sur le témoignage de Mme Guillaume pour rétablir les faits
quant aux rapports juridiques entre les personnes
Titre
2- La dualité des droits et de la criminalité
6)-
La confusion
Le
viol imputé à M. Sarkozy, si les faits rapportés et jamais
contestés sont exacts, s'organise comme une confusion
institutionnelle de deux droits, l'un légal, l'autre maffieux, et
deux criminalités, l'une civile, l'autre officielle.
On
ne comprend pas le crime imputé à M. Sarkozy par le témoignage de
Mme Guillaume si on ne comprend pas la mise en place de cette dualité
juridique.
Ce
n'est pas un égarement, c'est une politique administrative et
judiciaire.
Ce
viol public à l'Elysée met au jour la revendication de ce droit
clandestin jusqu'à présent de devenir une source de légalité à
part entière. Au même titre que le droit du Code civil.
7)-
La dualité du droit
Je
pense avoir établi, dans ma demande d'ouverture d'une enquête
préliminaire, que les faits allégués à l'égard de M. Sarkozy
sont producteurs d'un double droit Pour l'instant, l'un produit des
codes officiels, l'autres est clandestin, subreptice, discret.
A
brève échéance, chacun de ces droits pourait faire jeu égal et
produire des Codes d'égale valeur publique. Toutes sortes de codes
judiciaires n'ayant pas leur source dans la Déclaration de 1789 ne
demandent qu'à se mettre en place.
Cette
production d'un droit privé enchevêtré dans le droit légal a déjà
produit un fait judiciaire, sinon unique du moins rarissime. Dans
l'affaire Tapie, les magistrats reviennent sur la chose jugée. Il y
a un an, on nous expliquait que ce réexamen d'une chose jugée était
évidement impossible. La raison de cette enquête sur le travail
judiciaire est très précisément que ce procès s'est organisé
selon d'autres codes que les codes officiels.
Ce
n'est qu'un début.
C'est
un combat entre deux lignes productrices de légalité au sein de
l'Etat qui est engagé. L'une de ces lignes, constitutionnelle,
respecte les principes d'indivisibilité de l'Etat. L'autre ligne
substitue à ce principe d'indivisibilité le principe de pluralité
de références formées hors des principes constitutionnels.
C'est
un élément central de la criminalité présumée de M. Sarkozy que
de ne pouvoir fonctionner sans faire admettre une dualité de système
juridique, de référence de droit, à l'intérieur même de
l'exercice du droit public.
Laisser
hors du débat judiciaire la criminalité du « secteur public »
revient à construire un droit public criminel qui s'entremêle
désormais au droit public légal.
8)-
« C dans l'air », émission du 19 mars 2013
Le
mardi 19 mars, le jour de la publication du communiqué judiciaire
visant M. Cahuzac, l'émission C dans l'Air était consacrée à la
violence à Marseille.
Cette
émission marque un tournant dans le débat public concernant la
criminalité et la délinquance. Pour la première fois, il est
clairement et publiquement établi qu'une certaine délinquance
civile fonctionne avec une certaine criminalité organisée par des
officiels.
Nous
n'en sommes plus à la corruption individuelle de quelques individus
ou groupes restreints, les fameux Ripoux.
Désormais,
la criminalité civile cherche à devenir un partenaire reconnu des
Pouvoirs publics. Les voyous ne se contentent plus de gérer un
secteur artificiellement délimité. Il veulent participer au
contrôle légal de l'espace public.
Madame
Samia GHALI, Sénatrice, Maire des 15e et 16e arrondissements de
Marseille, a demandé l'envoi de l'armée dans les quartiers dont
elle est l'élue. Cela découle de la reconnaissance de l'existence
de deux, ou plusieurs, souverainetés qui s'affrontent. Nous ne
sommes plus dans le trouble à l'ordre public au sein d'une même
souveraineté.
On
peut aussi rattacher le meurtre d'un adolescent par un policier qui
n'était pas en service à cette perception de la confrontation d'une
double souveraineté. L'incapacité des Pouvoirs publics à mettre
des mots sur les réalités à conduit les cadres subalternes de
l'Etat à placer leur analyse dans l'imaginaire, voire la démence.
« Mal
nommer ajoute au malheur du monde »
disait Camus. C'est de cela dont il s'agit.
Tant
que dans l'analyse d'un certain type de criminalité, les magistrats
s'en tiendront aux qualificatifs de règlements de comptes et à la
couverture de passe-droits, les solutions phantasmatiques de l'appel
à l'armée et du tire sur le fantôme d'un ennemi sans nom se
propageront.
Cette
émission sur la violence à Marseille montre que le vocabulaire
d'Etat ne maîtrise plus toute la réalité. Les participants à
l'émission C dans l'air en prennent acte.
Ce
que les faits imputés à M. Sarkozy nous indiquent c'est qu'il ne
s'agit nullement de le logique des brebis égarées à ramener dans
le troupeau par un berger dont la vigilance aura été trompée
l'espace d'un instant.
Le
viol présumé de M. Sarkozy implique qu'il ne reconnaît pas les
Pouvoirs de la République comme étant les seuls Pouvoirs. Les
voyous de Marseille non plus.
Le
juge-chercheur Salas invoque la raison d'opportunité pour interdire
à un ouvrier de demander des comptes judiciaires à un cadre
dirigeant. C'est l'actualité qui commande aujourd'hui que les
magistrats examinent la criminalité des cadres.
Ce
qui est nouveau, ce n'est pas la corruption des cadres. C'est la
capacité de cette corruption à redéfinir les rapports des pouvoirs
publics à la criminalité civile.
Ce
qui est caractéristique de cette émission C dans l'air, c'est que
les participants sont convaincus que ces sortes de constituants d'un
type nouveau sont en train de gagner leur pari.
9)- Le
courage
Lors
de cette émission, Madame Samia GHALI, Sénatrice-Maire, raconte le
combat d'un enfant de 10 ans pour tenir tête aux voyous qui veulent
l'assigner à un statut maffieux. Pour le briser, il a été mis nu
en public.
Des
enfants se battent jusqu'à être violés pour rester intégres. Les
magistrats ne risquent rien. Que font-ils ?
10)- La légalité comme enjeu.
Lorsque
M. Sarkozy met en cause le Pouvoir législatif, il indique que le
débat a pour enjeu la définition des Pouvoirs publics.
Ce
type de coups de force vise à instaurer des légalités multiples
insérées dans le fonctionnement régulier de la légalité
publique.
Par
exemple :
a-
Une réception à l'Elysée et la demande d'une subvention par une
députée au chef de l'Etat. Glisser un viol dans la conversation
permet de redéfinir légèrement les rapports entre les Pouvoirs de
la République, d'assigner la place des femmes, de codifier certains
rapports des administratifs aux administrés.
b-
Un enfant qui brave l'administration privée locale. Glisser un viol
dans la conversation de la cage d'escalier permet de :
a-
Assurer la primauté du droit privé
b-
Rappeler chacun à l'ordre
c-
Gérer dans l'unité les rapports avec ceux qui sont pour l'instant
les représentants de la Puissance publique non partagée.
Inévitablement
se posera la question de l'unification de toutes ces légalités.
Immanquablement, le plus fort imposera sa version du droit et de son
unité.
11)- Conclusion
La réclamation par Mme la
sénatrice-Maire Ghalli de la venue de l'armée à Marseille repose
sur le constat de l'affrontement de deux souverainetés dominantes.
M. le Ministre de l'intérieur
Valls déclare régulièrement qu'il s'installe à Marseille « un
autre ordre, un ordre à la place de l'ordre républicain ».
Je n'en tire aucune conclusion
concernant la question que je soumets à l'attention de M. le
procureur de la République. Je constate simplement que les autorités
qualifiées du Pouvoir législatifs et du Pouvoir exécutifs ont
perçu dans leurs domaines respectifs l'apparition de cette dualité
juridique.
Le viol attribué à M. Sarkozy
par le témoignage de Mme Guillaume relève de la subvertion du droit
universel par un droit particulier. C'est la même volonté de
subordonner la légalité découlant de la Déclaration à des
idéologies juridiques particulières qui aspirent à sortir de leur
marginalité obscure pour s'ériger en légalité.
Il serait intéressant que M. le
procureur de la République ramène chacun à la simplicité de
l'indivisibilité de la République, de l'exclusivité légale de
l'administration publique, du respect d'autrui.
La demande d'ouverture d'une
enquête judiciaire lui en donne les moyens.
Je vous prie d'agréer, Monsieur
le procureur de la République, l'assurance de mes salutations
distinguées,
Marc SALOMONE
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