mardi, mai 19, 2020

19.05.20, contribution 43, parité, référendum, droit, sexes

Marc Salomone /  Courriel : salomone.marc@neuf.fr
blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les Deux formes, éd. Amazon

Paris, le mardi 19 mai 2020

CONTRIBUTION (43) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN 2020.
REFLEXION SUR LA PARITE DE DROIT ET L'USAGE DU REFERENDUM.
(Suite de la réflexion n°42 du 14 avril 2020 et précédentes. cf. : madic50.blogspot.com)


DE L'UTILITE DU REFERENDUM POUR INSTALLER LA PARITE DE DROIT ET DES RESPONSABILITES PERSONNELLES DE CHACUN.

1)- L'unité ou la dislocation
Le 18 mai 2020, Alain Duhamel, professeur à Sciences Po et analyste politique, commente des remuements et des recompositions parlementaires.

Il dit en substance : si le Président dissout l'Assemblée nationale, il perd les élections. Il est dans une telle situation que s'il proposait un référendum pour valider une augmentation de 30% du SMIC, il le perdrait.

Il est prévisible que le gouvernement aura une négociation serrée de l'après crise du Covid-19 avec l'ensemble de ses interlocuteurs politiques et sociaux.

Cependant, le recours au référendum n'est pas a priori la voie utile pour aborder les différents sujets de ce lendemain de crise. Ils sont parlementaires, politiques, syndicaux, financiers, européens, etc.

Par contre, cette circonstance est l'occasion de résoudre une question qu'il n'est jamais le moment d'aborder.

La caractéristique la plus visible de cette crise est de mettre en question l'unité du corps social, national ou européen.

Le refus de la dislocation de la société et le renforcement de sa cohésion passent aussi par l'association de droit à l'organisation, la définition, l'exercice, des Pouvoirs publics, des assemblées délibérantes et des politiques administratives, du sexe qui soit en est exclut soit y est marginalisé.

Le référendum est ici à sa place.

2)- Les deux formes
Les rapports des deux sexes ne sont pas la seule forme d'organisation première de l'humanité, ni même la plus décisive.
1- La forme administrative
Cette forme organise la combinaison à l'infini des deux sexes. Je l'appelle la forme administrative.
C'est la combinaison du 1-0 de l'informatique et du 1-2 de la numérotation administrative reprise par la Sécurité sociale.
C'est la logique de l'individu et de la totalité.
La première politique administrative fut la religion.
2- La forme économique
Cette forme est celle des rapports économiques et sociaux entre les hommes. Elle est celle des grandes masses conflictuelles.
Karl Marx l'a définie comme « le moteur de l'histoire ».
Elle produit le droit, la politique, la science, etc.
3- Le rapport des deux formes
La référence aux rapports du ''fascia'' et des structures anatomiques nous donne une image efficace du rapport de ces deux formes entre elles.

Wikipédia :
« Un fascia est une membrane fibro-élastique qui recouvre ou enveloppe une structure anatomique. Il est composé de tissu conjonctif très riche en fibres de collagène. Les fascias sont connus pour être des structures passives de transmission des contraintes générées par l'activité musculaire ou des forces extérieures au corps.
Il a également été montré qu'ils sont capables de se contracter et d'avoir une influence sur la dynamique musculaire et que leur innervation sensitive participait à la proprioception et à la nociception. »

3)- L'histoire
La présence des deux sexes dans toutes les directions de la société est l'une des conditions majeures de l'universalité administrative.

En France, cette question de l'action commune et égale des deux sexes a connu quatre étapes :
1- 1789 : création de la citoyenneté.
2- 1944 : création de l'égalité juridique des deux sexes
3- 1974 : création du droit à l'avortement et donc à la libre disposition de leur corps par les femmes.
4- 1999 : création de la parité.

L'un des points communs de ces réformes est de présenter l'accession des femmes à la citoyenneté, à l'égalité des droits formels, à la libre disposition de leur corps, à la présence dans les assemblées délibérantes, comme des concessions du sexes dominant au sexe dominé.

Le deuxième sexe :
a- Est invité à se tenir dans une zone déjà pleinement occupée et complètement administrée par l'autre sexe.
b- Il peut être le bienvenu, sa présence n'est pas indispensable pour autant.
c- Il doit s'installer sur un territoire qui n'est pas le sien, dans les places prévues à cet effet, apporter une apparence de mouvement dans ces codes millénaires, garantir la continuité des effets du dispositif.

231 ans après la révolution, 73 ans après l'égalité juridique, 46 ans après la loi Veil, 21 ans après la Parité :
a- La presse nous rapporte que les jeunes filles se préparent plus difficilement aux carrières dirigeantes car elles leur paraissent réservées aux hommes.
b- Il peut être encore dit par les instances juridiques compétentes que l'absence des femmes aux responsabilités vient de leur incompétence qui réduit le nombre de celles qui peuvent y prétendre.
C- La nomination de dix procureurs généraux (le Pouvoir judiciaire) peut se faire par l'exclusion totale des femmes. Aucune n'est censée avoir la compétence requise.

4)- Le plafond de verre
Les sociétés développées ne peuvent se contenter d'admirer leur réussite pour l'alphabétisation des femmes, leur droit de vote et d'éligibilité, leur maîtrise de leur corps, leur participation à la vie publique.

En identifiant les rapports inégalitaires des deux sexes à une discrimination de l'un deux à laquelle il convient d'apporter des corrections, les sociétés modernes ont certes associé les femmes à toutes les activités sociales mais elles ont reconduit en l'état les mécanismes de domination d'un sexe sur l'autre.

Inexorablement, les mécanismes de production de domination et de subordination fonctionnent.
Ils font preuves de souplesse, d'élasticité, mais, à l'insu du plein gré de chacun, ils s'opposent à des évolutions qui les remettraient en cause.

Au fil du temps se dessine une figure complexe qui ressemble cependant à s'y méprendre au point de départ.

En clair, les droits des femmes étant, in fine, une concession des hommes, il est prévisible que ceux-ci modifient ou suppriment leurs concessions selon leurs volontés.

Les médias appellent cela le plafond de verre. Cette formulation permet d'attendre pour toutes et de voir pour quelques unes.

5)- La reprise
Il faut donc reprendre le fil des réformes passées, les continuer, conduire leur finalité logique qui est d'installer les deux sexes non seulement à égalité mais aussi à parité, dans le fonctionnement de la succession infini des deux sexes qui organise la forme administrative.

1- La parité concurrentielle
Cette poursuite de l'effort passé à été entreprise par le Premier Ministre Lionel Jospin en 1999. Il a inscrit la parité dans la constitution.
Par sa formulation, la place des alinéas dans les articles de la Constitution, il a cependant reconduit la logique de subordination d'un sexe à l'autre ; des femmes aux hommes.

Il a institutionnalisé des rapports concurrentiels entre les deux sexe et acté, en 1999, que « La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales. ».

Cette loi dit que ce sont les partis, c'est à dire les hommes, qui « (Ils) contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l'article 1er dans les conditions déterminées par la loi. »

Cette réforme pose comme principe une concurrence entre les deux sexes pour l'occupation de postes déjà entièrement occupés par les hommes.
Elle se fixe pour unique but d'aider les femmes à surmonter leur handicap de départ, dans la mesure du possible et par ''faveur''.
Elle a pour tare de reconduire la primauté d'un sexe sur l'autre, des hommes sur les femmes, en subordonnant la participation de celles-ci à l'organisation et à la définition des pouvoirs publics, ainsi qu'à l'exécution de leur politique, à la ''faveur'' des partis, c'est à dire aux hommes.
L'organisation réglementaire de cette ''faveur'' ne contrevient pas à la qualité de faveur de la présence des femmes et donc à la légalité de leur absence.
C'est au nom de la compétence et de la présence, qui est déclarée conditionnée par celle-ci, que les institutions juridiques (Cours de Cassation, Conseil Constitutionnel, Conseil d'Etat) justifient l'absence d'égalité de présence des deux sexes dans les élections et les directions de l’État, voire leur absence tout court.
Cette réforme peut produire des résultats positifs dans certaines assemblées.
En fait, cela n'est possible que par l'accumulation de lois réglementaires qui finissent par renverser la primauté de la loi sur le règlement.

L'expérience montre qu'elle n'a rien changé au rapport des deux sexes au Pouvoir et à ses représentations politiques, administratives et judiciaires.

b- Le bilan
20 ans plus tard, cette loi constitutionnelle étale son impuissance à réaliser une réelle sortie d'un rapport de domination d'un sexe sur l'autre.

Des milliers de femmes sont désormais investies d'une autorité publique sans que cela contrecarre les retours en arrières qui prolifèrent dans toutes les sociétés occidentales.

Lors du Grenelle des violences faites aux femmes, le 3 septembre 2019, le Premier Ministre ; soutenu par toutes les associations, les partis politiques, les parlementaires, etc., a défini la légalité au sein des couples : « La première urgence, c’est de protéger les femmes victimes de violences conjugales en leur assurant une mise à l’abri rapide. »

Autrement dit : les hommes sont les occupants légaux du logement et les femmes, même si elles sont propriétaires, doivent être aidées à disposer d'un lit caritatif, provisoire.
Le 25 septembre 2019, lors du Grenelle des violences faites aux femmes, le Premier Ministre déclarait : « Nous devons regarder en face les ressorts de quelque chose que l’on pourrait qualifier de faillite collective ».

Toute la société est usée par l'entretien continuel de cette inégalité institutionnelle des deux sexes.

Un dominant doit sa domination à l'effacement institutionnel du dominé. Il ne faut pas s'étonner qu'une partie de réalité sociale soit occultée par la nécessité de reproduire constamment cet aveuglement public.

2- La parité de droit
Il y a bien d'autres sources de rapports inégalitaires dans la société. Toutefois, la subordination formelle des femmes aux hommes peut être supprimée légalement. Sans cette action légale, aucun rééquilibrage réel ne peut être durable.

Au lieu d'organiser la concurrence des sexes, la parité doit reconnaître leur inséparabilité dans l'organisation administrative de l'humanité.

La légalisation de l'égalité sociale des deux sexes est l'inscription de la parité de droit dans la Constitution et de là dans le système des lois et règlements.

Les individus peuvent être concurrents. Les deux sexes ne le sont pas. Ils sont là, présent, partout, à égalité, de droit.

6)- La proposition
Je propose donc de réformer la Constitution ainsi :
1- Supprimer :
Art. 1, alinéa 2
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
2- Inscrire
Art.1, alinéa 2
Les Pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, les directions et hiérarchies de services publics, de droit, de fait, par délégation ou circonstances, sont constitués par la présence égale, conjointe, de droit, universelle, des deux sexes.

2- Dérivés
Lorsque les deux sexes sont présents, également et de droit, partout où il se prend des décisions publiques, cette présence prend rapidement les dispositions nécessaires à son efficacité et à sa continuité.

Les contestations subalternes telles que l'incompétence des femmes, leur nombre insuffisant, leur minorité invraisemblable, le libre arbitre des électeurs et des jurys, ne tiennent pas à partir du moment où ces points de vues ne sont plus légalement dominants.

7)- Le référendum
La parité de droit est un changement de principe de la politique administrative elle passe de l'identification à un sexe à l'identification aux deux.

Ce n'est pas un aménagement légal. C'est une création constitutionnelle.

Son installation doit donc être soumise à la consultation directe du Peuple , selon l'article 11.

Il faudrait que le référendum ait lieu en 2021 pour que ses effets légaux et pratiques soient définis lors du prochain quinquennat. A moins que le gouvernement en place en tire des conclusions immédiates.

La Constitution dévolue également l'initiative référendaire au public dans les termes suivants :
« Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative prend la forme d'une proposition de loi et ne peut avoir pour objet l'abrogation d'une disposition législative promulguée depuis moins d'un an. »

Le gouvernement n'est donc plus seul en cause.

La Constitution permet désormais à chacun de prendre ses responsabilité et nul ne peut plus s'y soustraire.

8)- Conclusion
Prétendre administrer des sociétés complexes par la domination d'un sexe sur l'autre et la subordination de ce dernier est un boulet que celles-ci ne peuvent plus traîner.

Pour gérer les conflits l'Europe a inventé un principe qui a fait les preuves de son efficacité, la liberté et ses dérivés, la liberté de pensée et d'expression.

Il est fréquent de bavarder sur la place de la France dans le monde. Elle est ici.


Marc SALOMONE

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