Marc Salomone / marcsalomone@sfr.fr
Blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon (étude matérialiste de la spécificité des relations entre les deux sexes et la lutte des classes)
Le dimanche 10 septembre 2023
PACEM IN EUROPA
RÉFLEXION SUR LA PRIMAUTÉ DU PARTI DE LA GUERRE OU CELLE DU PARTI DE LA PAIX DANS UNE CIRCONSTANCE DONNÉE.
Partie 1 : Préambule
1)- le 24 février 2023
La paix est l’esprit de l’Europe.
Il a été défini par les bons esprits des siècles passés et fixé par la victoire de la démocratie sur le nazisme, le 8 mai 1945.
Le 24 février 2023, le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine annonce « J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale ». L’armée russe envahit l’Ukraine par la Biélorussie, la Russie et la République de Crimée qui lui est associée depuis 2014.
Bien que cette « guerre préventive » se réclame de la jurisprudence israélienne de 1967, otanienne en Yougoslavie en 1999, américaine en Irak en 2003, otanienne de 2011 en Libye, elle n’en est pas moins comme ses prédécesseuses de la seule responsabilité de celui qui la déclare.
La primauté de la paix lui est opposable en premier lieu.
La guerre est donc à nouveau en Europe. Peu à peu elle s’en empare, la déstabilise, l’asservit.
Elle fut d’abord sur le sol ukrainien, depuis elle passe sur le sol russe, certains veulent la voir sur le sol de Pologne ou de Roumanie.
Bientôt, elle embrasera toute l’Europe.
Comme pour les précédentes guerres européennes qui furent également des guerres mondiales, il est illusoire de croire que chacun pourra continuer après la guerre comme avant.
Que l’après-guerre soit repoussé à l’infini (à la manière du conflit israélo-palestinien), qu’il soit la victoire de la Russie sur l’Ukraine ou de l’occident sur la Russie, ou que la logique de la paix l’emporte ; rien ne sera plus comme avant.
2)- La guerre définie elle-même ses rapports à la Paix.
1- La guerre :
A- Le premier effet de la guerre est d’être évidente et , comme toujours, de disqualifier la paix.
Elle va de soi. Elle est la preuve prouvante de l’incapacité, de l’inutilité, voire de la nocivité, de cette dernière.
La guerre organise une fascination morale. Elle réorganise le champ social de la perception du monde. Elle nous flatte.
Elle installe l’obligation de se subordonner à ses objectifs, moyens, injonctions, pour sortir de la guerre et accessoirement parvenir à la paix.
Ses arguments sont assénés comme des vérités innées, profondes et irréfutables.
La guerre provoque une division du travail :
a- aux actifs, la guerre et l’assujettissement de tout et de tous à son exigence de victoire/
b- aux passifs, la paix et sa logorrhée sur la fin de la guerre, le monde d’après la guerre.
La guerre est la réalité. Comme le pudding qui se prouve en le mangeant, la guerre se constate en imposant ses exigences de combats et d’armements.
A ce titre, elle est le courage, la lucidité, la maturité.
B- Le second effet est d’imposer sa solution, la victoire.
La guerre impose sa définition de la paix qui devient l’accomplissement de la victoire.
La guerre exige que cette définition de la paix, la sienne, devienne la définition publique de la paix. Ce qui assujettit celle-ci à la guerre.
Le parti de la guerre a sa propre présentation de la paix.
Il s’oppose à un « cessez-le-feu » qui serait juste un moment de répit donné aux belligérants pour se réarmer.
Il veut une paix des cimetières.
Pour cela, il lui faut un vainqueur et un vaincu.
Le vaincu n’est pas celui qui est désigné tel sur le terrain.
C’est le camp d’en face, autrement dit la Russie pour le camp occidental et l’Ukraine pour le camp russe.
La guerre doit donc durer jusqu’à l’effondrement total de l’adversaire.
La paix par K.O.
Pendant ce temps, les morts, les destructions, la ruine des économies et des populations, s’aggravent.
Nul ne peut douter que la principale conséquence politique et stratégique de cette guerre est pour l’Europe, sa disqualification, sa ruine et son inféodation aux Etats-Unis ; comme après 1914 et 1940.
Cette fois-ci elle deviendra une seconde Amérique du Sud.
2- La paix
Par la guerre, la Paix cesse d’être évidente, normative. Elle devient un objectif discutable, illusoire, indéfini, incertain.
Elle devient un argument moral pour les faibles.
Ses arguments sont d’abord écartés sans mot dire, puis moqués, puis disqualifiés et enfin les personnes qui les portent sont réprimées au nom de l’urgence et du bons sens.
Elle est alors le monde d’après la guerre, sans guerre.
Elle est tenue pour l’imaginaire d’une réalité de substitution. Une réalité qui n’existe même pas.
Elle se présente comme une alternative à la guerre alors qu’elle ne sait qu’abandonner le combat, déserter le présent pour un avenir irréel.
Elle est au mieux une croyance, un acte de foi.
Elle se présente comme un optimisme alors qu’elle est la substitution d’un optimisme imaginaire à l’optimisme réel qui est la victoire militaire dont la paix découle.
Elle entre bientôt dans le champ des « vérités alternatives » autrement dites aux États-Unis « pensée Bullshit », idées de merde.
Ce qui en fait une courroie de la propagande des faussaires, l’univers des Fake news.
2)- L’historique
La guerre apparaît comme une évidence imposée par une action militaire. Elle a en fait été construite.
1- Avant le 24 février, la guerre a été promue comme norme et la paix disqualifiée.
La guerre apparaît comme le produit d’un enchaînement de faits.
Je laisse chacun se reporter à ses historiens préférés ou faire des recherches lui-même.
Je veux ici effleurer ce qui est la condition de l’évidence de la guerre comme lien d’unité et de solution à ces enchaînement de faits.
Il y a eu un dressage idéologique, moral et philosophique, insidieux puis oppressant à la guerre.
Chaque pays européen aura eu sa filière astucieuse de réhabilitation de la guerre comme norme morale et politique.
En France, ce dressage à la normalité de la guerre s’est constitué à partir de la répétition obsessionnelle imaginaire de l’opposition frontale donc militaire à Hitler avant la guerre.
Autrement dit, la réitération constante de la mise en scène héroïque du refus des accords de Munich de 1938, la chasse à l’esprit munichois.
Cinquante ans après les faits, des gens nés après la guerre, n’en ayant fait aucune, ont organisé et installé une hystérie du refus de la paix comme fauteuse de guerre et ne cesse de la perpétuée comme un mantra.
Comme allant de soi, sans qu’on y prenne garde, le bon vieux réflexe féodal de l’évidence guerrière, devenu obsolète du fait des boucheries militaires précédentes et de sa monopolisation par des castes figées dans le passé, s’est refait une santé par la filière gauchiste se réclamant des victimes du nazisme et du combat sans concession contre la fiction répétitive à l’infini de celui-ci.
Ont été « munichois » tous ceux qui ont trouvé à redire aux guerres d’Irak, d’Afghanistan, de Libye. Ainsi que tous ceux qui ont soutenu les accords de Minsk.
Il semblerait même, au vu des reportages, que, pour les historiens et journalistes mainstream, le refus du Président Truman d’utiliser la bombe nucléaire dans la guerre de Corée en 1950 soit devenu une marque insidieuse d’esprit munichois.
Le président de la République française, Emmanuel Macron, aurait ainsi cédé aux sirènes de l’esprit de Munich en rejetant « le suivisme » dans l’affaire de Taïwan.
Cette escroquerie à la vigilance permet de reporter la paix à l’horizon lointain de la victoire de toutes les guerres indispensables pour vaincre ce que les auteurs de cette astuce appellent eux-mêmes le Mal. C’est à dire Satan, Belzébuth, le Malin, etc, en personne.
Ça laisse du temps pour les laudateurs de la guerre et ça permet de vouer aux gémonies, à la vindicte publique, à la censure, les tenant de la paix comme norme publique.
2- Après le 24 février, il faut subordonner la paix aux conditions de la guerre.
Lorsque la guerre se préoccupe de la paix, elle conditionne celle-ci à ses exigences militaires. Elle traduit la défaite militaire de l’ennemi en langage de paix.
Ainsi :
a- les Russes ne sont pas invités au Sommet pour la paix de l’automne 2023 organisé par la partie occidentale du conflit.
b- le ministre des Affaires étrangères ukrainien : « Nous devons aller de l’avant, parce que la guerre est une réalité, et dans cette réalité, nous devons gagner. Il n’y a pas d’autres solutions » 19,08,23
c- la presse française de l’arrière se mobilise, comme en 1914, pour faire la guerre jusqu’au bout :
cf. Le Monde : « Oui, cette guerre risque d’être longue. Le seul moyen de l’abréger est d’intensifier l’assistance militaire à l’Ukraine, de lui livrer davantage de missiles à longue portée (sur lesquels Berlin continue d’hésiter), de lutter plus efficacement contre le contournement des sanctions, de rester ferme face à Moscou, et de l’expliquer aux opinions publiques. » 19,08,23
d- Depuis Moscou, on promet la destruction de l’Ukraine.
Tout est dit du discours guerrier sur la paix.
3)- La paix
Or, précisément, ce que fait apparaître la guerre russo-ukrainienne est que la paix ne succède pas à la guerre, ni sans doute ne la précède.
Elle est toujours d’actualité.
Elle est une voie politique de plein exercice de résolution des conflits à caractère militaire, c’est à dire des affrontements sans limites.
Il en est ainsi, car justement, la guerre et la paix qui en découlerait, tel que les médias et tout un chacun en parlent aujourd’hui, sont des archaïsmes.
Ce n’est nullement mettre en cause la raison d’être professionnelle des guerriers et des diplomates que de dire qu’ils n’ont plus le même rôle et la même place qu’hier et que la guerre et la paix ne sont plus la même guerre et la même paix.
La paix est la condition première de la prospérité pour tous. Elle est de droit.
La paix en Europe n’est pas l’affaire de quelques uns, d’un pays ou d’un organisme particulier, d’une puissance étrangère.
Elle est l’affaire de tous, donc de l’Ukraine, de l’Union européenne et de chacun des Etats qui la composent, mais aussi des populations elles-mêmes.
Partie 2 : Kennedy
4)- Kennedy
Pour réfléchir à la primauté de la paix sur la guerre, je fais un détour par la réflexion qu’a consacré à « la Paix mondiale » le Président J.F. Kennedy par son discours du 11 juin 1963 à l’Université américaine ( voir ci-après).
Dans cette intervention à la fois théorique et gouvernementale, le Président Kennedy affirme que la paix dont il parle n’est pas adaptée à telle ou telle circonstance militaire. Elle est la norme de l’action politique.
Pour qu’il n’y ait pas d’équivoque, il termine son texte ainsi « Confiants et sans peur, nous allons de l'avant, non pas vers une stratégie d'annihilation, mais bien vers une stratégie de paix. »
Il parle de la « paix mondiale » parce que précisément c’est la réponse à la question de la primauté de la guerre ou de la paix dans une situation particulière où les puissances nucléaires sont en confrontation quasi directe à l’abri d’un ultime paravent.
La paix mondiale est bien la réponse à la question du passage à la guerre mondiale à l’occasion d’un conflit particulier.
S’il a marqué des points pour la maîtrise des outils techniques de la guerre mondiale, il a échoué à imposer la primauté de la paix sur la guerre.
Après lui, à la faveur de la guerre du Vietnam et des enchaînements suivants, les gouvernements s’arc-boutant sur le détour de conflits décalés reprendront la ritournelle de la paix succédant à la victoire ou négociatrice de la défaite
Toutefois, il nous apparaît que son intervention universitaire intervient dans moment semblable, et nullement identique, au nôtre.
Son échec passé n’obère donc pas l’actualité de son propos car ressurgit la même situation de conflit d’apparence local, sur un territoire d’apparence dérisoire, qui se révèle n’avoir d’autre réalité qu’une confrontation directe entre deux puissances nucléaires équivalentes.
La paix en Ukraine est bien l’affaire de la paix mondiale.
Ce texte est une référence que le nôtre utilise simplement pour réfléchir au présent.
5)- Le contexte de 1963 :
A- faits
En octobre 1962, les missiles soviétiques installés à Cuba pour défendre l’Île contre la répétition de invasion américaine via les exilés cubains, le 17 avril 1961.
Cet étalage de missile à Cuba répond :
a- à l’installation, en novembre 1961, par les Etats-Unis de 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels sont capables d'atteindre le territoire soviétique .
b- à l’embargo des Etats-Unis contre Cuba décrété le février 1962.
B- Les enjeux
Pour les deux pays, l’enjeu est crucial :
1- Les États-Unis défendent leur espace politique.
2- Dans son autobiographie, Nikita Khrouchtchev donne sa perception de l'attitude américaine : « j'avais constamment ce problème à l'esprit... Si Cuba tombait, les autres pays latinos-américains nous rejetteraient, en prétendant que, malgré toute sa puissance, l'Union soviétique n'avait pas été capable de faire quoi que ce soit pour Cuba, sauf d’émettre des protestations creuses devant les Nations unies ».
3- Solution
La crise des missiles de Cuba se dénoue par :
a- le retrait des missiles soviétiques de Cuba ainsi que par celui de certains missiles américains en Turquie et en Italie.
b- la garantie donnée par les États-Unis qu’ils n’attaqueront plus Cuba.
c- un téléphone rouge entre Washington et Moscou.
Ce qui découle du principe d’une communication officielle constante entre toutes les parties.
d- L’instauration de la phase politique dite de « détente ».
6)- L’intervention
Parcequ’il est un Chef d’État, le Président Kennedy estime utile de faire part de sa réflexion sur l’enjeu primordial de ces affrontements pour l’humanité.
Il instaure ainsi un espace pour un exposé théorique producteur de connaissance.
a- Pour construire la place de sa parole, il fait un détour par le propos du poète anglais John Edward Masefield et son éloge de l’université comme lieu de savoir et de communication de celui-ci : « un endroit où ceux qui haïssent l’ignorance peut s’efforcer de savoir, où ceux qui perçoivent la vérité peuvent s’efforcer de la faire voir aux autres. »
Il est donc possible en ce lieu d’imposer le temps de la réflexion et de produire une connaissance qui s’impose à tous.
b- il livre alors la raison de sa présence en ces lieux :
« J'ai donc choisi ce moment et cet endroit pour évoquer un sujet auquel l'ignorance est trop souvent associée et pour lequel la vérité est trop rarement perçue. Et c'est pourtant le sujet le plus important sur terre : la paix dans le monde. »
c- l’intervention du président Kennedy est en deux parties : une réflexion théorique sur « la paix mondiale » et l’exposé des dispositions prises à sa suite par l’homme d’État dans les circonstances d’alors.
7) - Deux camps dans la même unité
Cette place universitaire de sa parole lui permet de rappeler que celle-ci est celle de l’État.
« De quel genre de paix est-ce que je parle? (moi) Quel genre de paix cherchons-nous? (le gouvernement, l’État)»)
Le Président Kennedy construit deux définition de la paix.
1- Celle qu’il rejette : la paix qui découle de la guerre, de ses victoires, de ses conséquences.
a- « Non pas une Pax Americana imposée au monde par les armes de guerre des Américains ».
b- « Non pas la paix de la tombe ou ni celle de la sécurité qu’offre l’esclavage. ».
2- Celle qu’il défend : la paix qui découle d’elle-même comme éloge de la vie.
« Je veux parler de la paix authentique, du type de paix qui fait que la vie sur terre vaut la peine d'être vécue, du type de paix qui permet aux hommes et aux nations de se développer, d'espérer et de construire une vie meilleure pour leurs enfants.
Non seulement la paix pour les Américains, mais la paix pour tous les hommes, non seulement la paix pour notre époque, mais la paix pour les siècles à venir. »
Ces deux définitions recoupent deux camps qui disposent de stratégies de paix et de guerre différentes.
Il va d’emblée de soi que ces deux camps traversent les directions des deux pays concernés par ce discours.
La « pax americana » n’est pas imposée par l’Union soviétique. Et pourtant, elle n’est pas la paix « authentique » que le Président Kennedy lui oppose.
Le Président Kennedy définit bien deux camps opposés. Ils peuvent se parler mais leur originalité est contradictoire.
La « paix authentique » ne s’oppose pas à la « pax americana » parce que l’une et l’autre ne placeraient pas la paix au même endroit du développement historique, avant ou après la guerre.
Les deux s’opposent parce qu’elle imposent toutes les deux une primauté contradictoire.
La pax americana impose la primauté de la guerre.
La paix authentique impose la primauté de la paix.
En tant que Chef d’État, le Président Kennedy présente textuellement l’opposition du camp de la primauté de la Paix au camp de la primauté de la guerre comme une opposition entre son pays, camp de la paix, et le pays d’en face, camp de la guerre.
Il en est ainsi car le Président Kennedy au titre de chef d’État, impose d’office à son pays la place de leader de la paix..
Il n’en dit pas moins que les deux pays sont traversés par les mêmes fractures et que les responsabilités sont égales de part et d’autres ; « notre attitude est aussi fondamentale que la leur. »
Donc, s’il fait reposer son discours sur l’opposition des États-Unis et de l’URSS, c’est parcequ’au titre de Chef de l’État il espère bien imposer la primauté de la logique de paix sur la primauté de la logique de guerre dans le gouvernement américain et l’amener à parler d’une seule voix pour imposer la logique de paix à l’État d’en face.
1- Ce n’est pas le grand discours pacifiste d’un homme d’État.
« Je ne fais pas allusion au concept universel et indéfectible de la paix et de la bonne volonté, dont rêvent certains esprits chimériques et fanatiques. Je ne nie pas l’importance des espoirs et des rêves, mais en faisant de cela notre seul but immédiat, nous ouvrons la porte au découragement et à l'incrédulité. »
2- C’est l’établissement de la priorité de la paix sur la guerre dans le champ d’action où la guerre subordonne ordinairement la paix.
Si le Président des États-Unis pourfend le camp d’en face (ici, l’Union soviétique), il commence et finit son discours par une réflexion sur la nécessaire introspection personnelle et politique des américains et des États-Unis.
« Mais je crois aussi que nous devons revoir notre propre attitude, en tant qu’individus et en tant que nation.
Car notre attitude est aussi fondamentale que la leur...
Premièrement, commençons par examiner notre attitude vis-à-vis de la paix elle-même.
Un trop grand nombre d'entre nous pense qu'elle est impossible, qu'elle est irréelle.
Mais c'est un point de vue dangereux et défaitiste.
Il mène à la conclusion que la guerre est inévitable, que l'humanité est condamnée, que nous sommes dominés par des forces que nous ne pouvons contrôler.
Rien ne nous oblige à accepter ce point de vue.
L’homme a créé les problèmes auxquels nous sommes confrontés, il est donc capable de les résoudre. Et l'homme peut faire preuve de grandeur lorsqu’il le décide. Aucun problème lié au destin de l’humanité n'est hors de portée des êtres humains. Le discernement et l’esprit humains ont souvent résolu ce qui semblait insoluble. Et nous croyons que cela est à nouveau possible. »
a- la logique de la paix est en concurrence avec celle de la guerre : « J'ai conscience que la quête de la paix n'est pas aussi spectaculaire que la poursuite de la guerre et que souvent, les défenseurs de la paix ne sont pas entendus. Mais aucune de nos tâches n’est plus urgente. »
b- mais elle s’impose à tous les responsables : « J’évoque donc de la paix comme un aboutissement nécessaire et rationnel que doivent envisager des hommes rationnels. »
Par conséquent, j’étudie son texte comme s’adressant à tous pour imposer la primauté de la paix. Celle-ci ne repose pas sur la bonne volonté ou l’idéal mais sur le « pragmatisme » et la responsabilité des hommes d’assurer la continuité et le progrès de leur espèce.
8)- L’humilité
Selon lui, la primauté de la paix ne peut pas être subordonnée à la volonté de l’autre partie, ni à l’appréciation que porte le camp qui parle sur les capacités de l’autre partie de vouloir la Paix.
Ces capacités de l’autre relèvent aussi de la capacité et de la volonté des partisans de la primauté de la Paix de créer un partage des exigences de la Paix.
Par conséquent, chacun de nous, partisans de la primauté de la paix, chaque citoyen, « doit commencer par s'interroger, par analyser sa propre attitude vis-à-vis des possibilités de paix, vis-à-vis de (la partie adverse), vis-à-vis du cours de la (dissension en cours) et vis-à-vis de la liberté et de la paix ici, dans notre pays. »
Le parti de l’évidence de la guerre présente la paix comme irréelle. Il est secondé à leur insu par ceux qui opposent radicalement la guerre à la paix et présente celle-ci comme un absolu.
La primauté de la paix découle ce qu’elle est la solution humaine positive à des problèmes humains.
Rien n’oblige les hommes à se détruire au lieu de construire.
Elle est un processus, un résultat, une persévérance.
« Je ne fais pas allusion au concept universel et indéfectible de la paix et de la bonne volonté, dont rêvent certains esprits chimériques et fanatiques. Je ne nie pas l’importance des espoirs et des rêves, mais en faisant de cela notre seul but immédiat, nous ouvrons la porte au découragement et à l'incrédulité.
Concentrons nous au contraire sur une paix plus pragmatique, plus facile à mettre en œuvre, fondée non sur une brusque mutation de la nature humaine, mais sur une évolution graduelle des institutions humaines, sur une série d’actions concrètes et d’accords effectifs qui sont de l’intérêt de tous.
Pour obtenir cette paix, il n’existe pas de formule magique, ni de solution unique à adopter par une ou deux grandes puissances.
La paix véritable doit être le résultat des efforts de nombreuses nations, le résultat de nombreuses actions.
Elle ne doit pas être statique, mais dynamique et changeante pour relever le défi que représente chaque nouvelle génération.
Car la paix est avant tout un processus, une manière de résoudre des problèmes.
Avec une telle paix, il y aura encore des querelles et des intérêts contradictoires, comme il en existe au sein des familles et des nations.
La paix dans le monde, comme la paix dans la collectivité, n’oblige pas chaque homme à aimer son voisin. Elle exige que tous vivent ensemble en faisant preuve de tolérance, en soumettant leurs différends à un mode d'arbitrage juste et pacifique.
Et l'histoire nous enseigne que l’animosité entre les nations, comme entre les individus, n’est pas immuable. Aussi profondément enracinée que puisse sembler notre sympathie ou notre antipathie, la marche du temps et des événements permet souvent aux relations entre les nations et les pays voisins d’évoluer de façon étonnante. »
9)- La technique de la paix
1- Clarté et persévérance
« Alors, persévérons.
La paix n’est pas irréalisable et la guerre n’est pas inévitable.
En définissant notre objectif plus précisément, en le rendant plus raisonnable et plus accessible, nous pouvons permettre à tous les peuples de le percevoir, d’en tirer une source d'espoir et de se diriger irrésistiblement vers lui. »
2- croire en l’autre
Les partisans de la primauté de la Paix ne doivent pas « tomber dans le même piège que » la partie adverse qui est dite partisane de la primauté de la guerre.
Celle-ci veut « uniquement se forger une image déformée et désespérément pessimiste de l'autre camp...considérer les conflits comme inéluctables, les compromis comme irréalisables et les communications comme rien d’autre qu’un échange de menaces. »
Il est clair que ces propos s’adresse symboliquement au pays adverse mais réellement aux deux partisans de la primauté de la guerre dans les deux camps.
3- Réalisme
« Nous devons prendre le monde tel qu'il est et non tel qu'il aurait pu être si l'histoire des dix-huit dernières années avait été différente. »
Au lieu de multiplier les dissensions, « nous devons conduire nos affaires de manière qu’il soit de l'intérêt (de la partie adverse) de s’entendre sur une paix véritable. »
« Nous sommes prisonniers d’un cercle vicieux et dangereux dans lequel les soupçons de l’un renforcent les soupçons de l'autre, et où le développement d’armes nouvelles entraîne le développement d’armes de riposte.
Ne laissons pas nos divergences nous aveugler. Concentrons notre attention sur nos intérêts communs et sur les moyens qui nous permettront de résoudre ces divergences.
Et si nous ne pouvons mettre fin à notre désaccord dans l’immédiat, nous pouvons au moins aider à préserver la diversité du monde dans lequel nous vivons.
Car, pour finir, notre point commun fondamental, c’est que nous vivons tous sur cette petite planète. Nous respirons tous le même air. Nous chérissons tous l’avenir de nos enfants. Et nous sommes tous mortels. »
10)- Deux partis
Pour le parti de la guerre, à la fin de demain il y aura des négociations.
Pour le parti de la paix, au début d’aujourd’hui, il y a la paix.
1- Le parti de la guerre
Le parti de la guerre estime possible de résoudre toutes les contradictions par la guerre et juge impossible qu’elles le soient par les mouvements politiques et institutionnels divers et civils.
La guerre dessine son économie sur ce fondement.
Cette économie de guerre assujettit les peuples européens à la misère. Elle place l’économie européenne et les populations sous le dictât du marché.
Aujourd’hui, la misère redevient une réalité de masse en France.
La guerre n’en est pas la seule responsable. Elle en est la garantie.
Le parti de la guerre termine le cycle commencé par les deux premières guerres européennes dites mondiales. Il offre l’Europe à la domination sans partage des Etats-Unis. Ceux-ci font la seule chose qu’ils savent faire ; la transformer en une deuxième Amérique du Sud.
2- Le parti de la paix
Le parti de la paix ne pense pas le contraire. Il pense autrement.
C’est la paix qui met les Etats au pied du mur d’organiser leur développement et celui de leur population et de ne pas reporter les échéances politiques à plus tard par la grâce d’une guerre et d’une dictature.
C’est la paix qui rend évidente et possible les coopérations, les entrecroisements, les pluralismes.
La paix n’est pas un lieu d’oubli, d’anesthésie, de paralysie.
Elle est au contraire le lieu des manifestations et d’exacerbations des contradictions.
Si elle semble associée à une impossibilité de résoudre ces conflits, c’est parcequ’elle est confondue bien souvent avec ce que le Président Kennedy appelle « la Pax americana » (ou autre) ou « la paix de la tombe » « celle de la sécurité qu’offre l’esclavage ».
Or, ce que les décideurs doivent mettre en avant c’est la « paix authentique », « Non seulement la paix pour (nous) , mais la paix pour tous les hommes, non seulement la paix pour notre époque, mais la paix pour les siècles à venir. »
3- Le chemin
La réponse à la guerre est dans l’affirmation à la fois de l’originalité de la paix par rapport à la guerre et de la primauté de la paix.
Cette paix demande un effort pour les européens, un effort à la hauteur de celui que leur impose le parti de la guerre.
« J’évoque donc la paix comme un aboutissement nécessaire et rationnel que doivent envisager des hommes rationnels. »
Partie 3 : des éléments du conflit
10)- L’OTAN
A- L’adhésion
1- Le seul motif direct de cette guerre est la volonté du gouvernement ukrainien d’adhérer à l’OTAN.
Comme le seul motif direct de la guerre de Géorgie fut la provocation éducative du Président géorgien qui voulut prouver l’agressivité de Poutine en le provoquant militairement.
Comme ces gauchistes qui prouvent la violence policière en jetant des pavés aux policiers.
Cette adhésion à l’OTAN présentée comme une protection suprême contre la guerre est précisément le vecteur de la guerre et des ravages de celle-ci.
Tant qu’elle sera en discussion, il n’y aura pas de paix autre que l’anéantissement d’un camp par l’autre et de l’Europe libre et souveraine dans les deux cas de figures.
2- Avant la guerre, déjà, cette exigence d’adhésion à l’OTAN accompagne consubstantiellement une politique d’intolérance culturelle, de ségrégation politique, d’épuration ethnique et linguistique.
La volonté d’éradiquer la langue russe, d’effacer l’histoire socialiste de ces pays d’Europe de l’Est et l’histoire soviétique des pays de l’Union soviétique, d’abaisser les populations russophones et ethniquement russes ou non originelles, est intrinsèquement liée à l’adhésion ou à la perspective d’adhésion à l’OTAN.
L’épuration linguistique, culturelle, historique, fait partie du programme d’intégration à l’OTAN.
3- Cette quête installe une prédiction autoréalisatrice.
L’adhésion à l’Otan est vue comme une provocation vitale par la Russie donc elle entraîne l’entrée en guerre préventive de la part de celle-ci.
Cette guerre prouve la nécessité pour l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN pour se protéger ce qui justifie la guerre pour la Russie.
Il en a été de même en Géorgie.
Etc.
4- Il est faux de dire que les Traités et accords qui garantissait la paix dans cette région n’ont servi à rien puisque la revendication d’adhésion à l’OTAN revient à détruire ces traités et accords.
Les Traités incluent la non-adhésion.
En fait de protection, cette intégration par l’OTAN, des pays d’Europe de l’Est conduit à une militarisation des rapports entre ces pays et la Russie.
Il s’en suivra inévitablement un mouvement semblable entre ces pays eux-mêmes et entre eux et les pays d’Europe de l’Ouest.
L’exemple de l’occupation de Chypre par la Turquie indique assez que l’OTAN ne garantit aucunement la sécurité de ses membres les plus faibles contre des prédateurs otaniens.
B- L’Ukraine
En Ukraine, on voit depuis 2014 paraître une autre tendance lourde qui est l’épuration ethnique pure et simple.
A la manière des Turcs en 1920 avec les Grecs de Constantinople, ou des juifs d’Israël avec les arabes de Palestine, les dirigeants ukrainiens programment désormais explicitement le départ des russes d’Ukraine.
Ils le font contre l’avis de leur peuple qui vit en bon intelligence sur tout le territoire.
La guerre permet d’hystériser les mentalités et de les rendre conformes aux vœux du parti de la guerre.
C- L’originalité
Cette volonté épuratrice, morale d’abord puis de plus en plus physique, est, avec la nécessité d’y adjoindre la force sanglante, la raison d’être majeure de la réinstallation des courants explicitement nazis d’Ukraine de l’Est.
Depuis 2014, la première caractéristique de ces groupements et mouvements nazis est de n’être pas des acteurs d’opposition mais des participants au pouvoir.
Ceci a donné lieu à un conflit au sein du gouvernement américain.
a- en 2015, le sénat a refusé toute aide et formation militaire américaine à ces groupements du fait de leur filiation nazie.
b- le Pentagone a commencé leur formation militaire.
c- Il l’a emporté devant les belles phrases des sénateurs.
Quelles que soient les responsabilités de la Russie, cette politique est pleinement responsable de la guerre civile de l’Ouest et de la sécession de la République de Crimée.
C- La démocratie
Le recul de la démocratie, la disqualification de la République, l’interdiction du Parti communiste, mais aussi la promotion du mouvement nazi, qualifié tel par le Sénat américain, le rôle politique et militaire dirigeant de celui-ci, sont expressément liés au mirage otanien qui doit résoudre tous les problèmes ukrainiens qui viennent tous de la Russie ou sont insolubles tant qu’elle existe.
11)- L’Europe
Dire que les européens doivent subir les conséquences d’une guerre parce que l’Ukraine et l’OTAN affirment que la première court un danger d’agression si elle n’adhère pas à la seconde est un non-sens moral et politique.
C’est ce que le poète Louis Aragon appelait « des manières de roi ».
Un certain nombre de Direction de pays d’Europe de l’Est traite les questions politique à la manière dont les pays européens de l’Ouest les traitaient avant leur feu d’artifice de 1914.
Cette continuation est impossible sauf à détruire définitivement l’Europe.
Cette conception féodale des relations entre les Etats est un des axes du parti de la guerre.
Le parti de la paix ne peut s’exprimer qu’en refusant cette mise en arriération de la vie politique européenne.
L’Union européenne est une organisation civile. L’OTAN qui est une organisation militaire sous le contrôle d’une puissance étrangère.
La conséquence inévitable et déjà en action de cette procédure est d’accorder à l’Otan la prééminence progressive sur l’Union européenne sur tout ce qui concerne la conduite de la guerre. C’est à dire en définitive dans tous les domaines.
Car, cette conduite comporte l’examen des questions politiques, institutionnelles, économiques, sociales diplomatiques, qui interviennent dans la préparation des hostilités et leur déroulement.
Cette revendication nécessairement guerrière d’inscription de l’Ukraine dans l’OTAN est un coup de force du pouvoir militaire otanien sur le pouvoir civil européen.
En temps de paix, ces prétentions à faire valoir son point de vue peuvent être contenus. En temps de guerre, l’organisation militaire impose sa volonté comme une nécessité commune et évidente.
Le 11 juillet 2023, le général français Michel Yakovleff ( vice chef d'état-major honoraire du SHAPE) explique ainsi l’avenir des relations entre les pays européens après une éventuelle victoire du parti de la guerre :
« ce que l’OTAN ne comprends pas, c’est que quant l’Ukraine deviendra membre, elle rentrera dans l’OTAN en disant : ‘’ Moi, j’ai fait la guerre pour vous, la plus forte armée en Europe, c’est la mienne.’’ »
Autrement dit, la pax Americana reconduira la guerre dans le gouvernement civil.
A brève échéance, il est faux d’imaginer que la démocratie européenne puisse conserver ses principes civils.
Il s’en suit que le parti de la paix veut la signature d’un Traité de sécurité entre les nations européennes dont la Russie.
Un Traité de sécurité européenne est le socle de la paix en Europe.
Certains visent, de plus en plus clairement, le renversement du gouvernement russe et le dépeçage de la Fédération de Russie.
Il convient de leur demander s’ils comptent s’arrêter à Moscou ou s’ils envisagent de poursuivre jusqu’à Pékin avec un crochet par Brasília et Le Cap et un nettoyage politique en Europe déjà installé en Ukraine par les civils qui ont fourni entre autre la division Azov.
A ce niveau d’irresponsabilité, la seule réponse possible est simplement : non !
12)- Les territoires
En 1991, la République ukrainienne est composée de deux Républiques associées : la république d’Ukraine et la République de Crimée.
1- La République ukrainienne
A- Le territoire
La République ukrainienne actuelle, reconnu par le monde, a été formée par le gouvernement soviétique de 1945 et présentée à l’ONU comme pays fondateur à la même date avec le plein accord des Alliés.
Ce territoire est intangible.
Sa mise en cause ouvrirait la voie aux réclamations territoriales de toutes sortes de la part de courant politiques et étatiques qui considèrent soit que l’Ukraine fait partie de leur espace et se trouve sur le chemin de leurs visées soit qu’il y a d’autres territoires européens qui peuvent changer de nation.
Il s’en suit que la Russie ne peut conserver les territoires de l’Est ukrainien qu’elle occupe indûment.
B- Les obligations
1- La dignité
Cette unité territoriale intangible confère au gouvernement ukrainien l’obligation de gouverner avec la totalité de sa population.
A partir de 2014, le gouvernement ukrainien devient incapable d’assurer la sécurité, la dignité, la liberté, des populations russophones telles que celles du Donbass.
Ces territoires sont ukrainiens et les populations concernées ont constamment exprimé le choix de l’être et de continuer de l’être.
Au gouvernement ukrainien de proposer ce qu’il faut pour garantir les droits de ces populations.
A l’Europe d’y veiller.
2- La démocratie
Il n’y a pas que les considérations territoriales.
L’installation des nazis dans la formation du pouvoir s’accompagne comme précédemment, comme toujours, d’une chasse aux communistes et de l’interdiction du Parti communiste ukrainien (PCU), le 17 mai 2022.
La rhétorique est toujours la même.
Un gouvernement déclare interdire les deux extrêmes identiques : les nazis et les communistes.
Sauf que, comme toujours et sans exception, cela revient à une alliance, y compris militaire, avec les nazis dans la chasse aux communistes.
L’Ukraine est ainsi devenue le lieu où des juifs constitués en parti politique de gouvernement sont les alliés gouvernementaux des nazis.
Cela fait suite à un long parcours depuis 1955 visant à l’unification du camp occidental divisé depuis 1945 par la césure entre les juifs et les nazis.
Cette unification du camp occidental va avoir des conséquences, déjà visibles, pour le devenir de l’Europe mais aussi pour la relecture de son passé. C’est déjà en cours.
Il en va ainsi aussi bien en Ukraine que dans l’université française et partout ailleurs.
En France, en juin 2000, s’est tenu un colloque au cours duquel les historiens universitaires ont prêté allégeance à la logique selon laquelle Hitler est une victime de Lénine.
Cette réécriture de l’histoire assoit le parti de la guerre en Europe et met à mal la démocratie à petit feu.
Cette interdiction du PCU a eu lieu en même temps que celle de 11 autres partis : la «Plateforme d’opposition Pour la vie», le «parti de Shariy», «Nashi», «Bloc d’opposition», «l’Opposition de gauche», «l’Union des forces de gauche», «Derzhava», le «Parti socialiste progressiste d’Ukraine», le «Parti socialiste», les «Socialistes» et le «Bloc de Vladimir Saldo».
Rien ne justifie ces interdictions sinon la volonté d’imposer la loi du parti de la guerre. Là aussi au prétexte de l’évidence de la guerre et de ses pseudos lois politiques.
Quand au devenir de la démocratie européenne, l’ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko, nous en donne un avant-goût.
Commentant les propos de M. Sarkozy sur le conflit ukrainien, il a cette formule :
« « Je ne serais pas surpris que le Procureur général d’Ukraine s’intéresse aux propos tenus pour voir s’il y a des éléments constitutifs d’un crime » (au regard de la loi ukrainienne, NDLR) ».
Quand aux libertés politiques en Europe, à bon entendeur salut !
2- La République de Crimée
Les européens doivent se poser au moins trois questions :
A- La République de Crimée est-elle intrinsèquement ukrainienne ?
B- Est-il de l’intérêt de l’Europe qu’elle le soit ?
C- La langue russe
A- L’appartenance
La République de Crimée ne peut pas être conçue comme étant évidement, historiquement, ethniquement, politiquement, partie prenante de la République ukrainienne.
En 1954, réduite alors à une circonscription administrative, dite Oblast, elle est donnée à la République socialiste soviétique ukrainienne par Nikita Khrouchtchev alors secrétaire général du Parti communiste de l’union soviétique (PCUS)
Les commentateurs ukrainiens réfutent l’idée d’un fait du Prince communautariste, Nikita Khrouchtchev étant ukrainien, en disant que celui-ci a agit pour des raisons « économiques ». Ils ajoutent que la Crimée était loin d’être un cadeau.
Les russes devenus majoritaires en Crimée aurait été incapables de développer le pays et Nikita Khrouchtchev aurait fait appel aux ukrainiens pour redresser la barre.
On reconnaît le sous-texte raciste diffusé dans les média européens.
Quoiqu’il en soit, tous s’accordent pour dire que la Crimée est un ajout extérieur à l’Ukraine et nullement la reconnaissance d’une consubstantialité ou d’une fraternité historique.
On ne peut pas identifier le rattachement de la Crimée à l’Ukraine dans le cadre soviétique et l’intégration de la République de Crimée à l’Ukraine indépendante après 1991.
Dans un cas, il s’agit de l’aménagement administratif de l’Union soviétique.
Les deux pays disposent à égalité de l’ouverture sur un territoire de 22 millions de KM2
Le port de Sébastopol est évidement à la disposition de l’armée soviétique.
Dans l’autre cas, la Crimée se retrouve dans un tête à tête avec un gouvernement qui veut l’asservir, éradiquer l’une de ses langues, voire chasser une partie de sa population.
A partir de 1992, pour les dirigeants ukrainiens, la République de Crimée a toujours été une affaire d’Unités spéciales qui défont la Constitution qui gênent le pouvoir de Kiev.
1992, la Constitution ukrainienne reconnaissait l’autonomie de la République de la Crimée, hormis les capacités étrangères.
L’évolution du pouvoir ukrainien n’a eu de cesse de détruire cette autonomie et de rabaisser la République de Crimée à un Oblast.
Le gouvernement ukrainien a utilisé la force armée en 1995 pour briser la Constitution votée et destituer le gouvernement élu.
L’élément déclencheur du référendum d’indépendance de la République de Crimée, le 16 mars 2014, est la décision du Parlement ukrainien du 23 février 2014 de supprimer la qualité de langue régionale protégée du russe.
L’offensive des groupes nazis pour l’ukrainisassions de l’Ukraine provoque la terreur dans tous les territoires de l’Ouest de l’Ukraine.
Le massacre d’Odessa n’a pas dû améliorer les relations des criméens avec le pouvoir de Kiev.
Sans la proximité des troupes russes les groupes militaires ukrainiens nazis auraient probablement noyés dans le sang cette volonté de rupture.
La population première de Crimée, les Tatars, ne sont pris en compte que comme instrument de l’idéologie du martyr et de la subversion de la politique par les alliances religieuses.
Ce n’est pas l’exercice de la plénitude de leur droit par les Tatars qui intéresse. C’est la possibilité d’une alliance gouvernementale des juifs, des orthodoxes ukrainiens, des musulmans face à une alliance symétrique de l’autre côté.
Ce ne sont pas des croyants qui font de la politique, c’est la politique qui s’estompe derrière les croyances ; comme au Liban.
Le gouvernement ukrainien porte une responsabilité déterminante dans la rupture de ce contrat.
Comme pour les populations du Donbass, il a été incapable d’assurer la sécurité, la dignité, la liberté, des criméens.
Surtout, la visée est à la fois :
a- de chasser la Fédération de Russie du port de Sébastopol, c’est à dire de la Mer Noire, autrement dit de la Méditerranée, du Moyen-Orient, etc.
b- d’assurer la dictature maritime de la flotte américaine dans l’espace méditerranéen. En attendant les conflits avec les flottes turques, françaises, italiennes, grecques, israéliennes, et plus si affinités.
c- le crime de Libye de 2011, jamais jugé, est là pour témoigner des effets de cette suprématie exclusive.
Dans cette optique, la population de Crimée ne pèse rien et ce territoire devient un porte avions pour la conquête de l’espace russe et au-delà des Etats d’Asie centrale anciennement soviétiques.
Le chaos est inscrit dans ce dispositif.
B- L’Europe
L’Ukraine et la Fédération de Russie ne sont pas les seules concernées.
L’Europe n’a aucun intérêt à voir la Fédération de Russie déserter la méditerranée.
Elle n’a non plus aucun intérêt à voir les uns et les autres laisser libre cours à leurs visées expansionnistes se donnant pour vocation de reprendre les glorieuses épopées moyenâgeuses teutoniques ou plus récemment hitlériennes de la conquête de l’Est.
L’intérêt des européens est une stabilité des Etats et leur développement démocratique.
Le rattachement administratif d’un territoire à un État qui lui est étranger se mérite de la part de ce dernier.
Visiblement, les gouvernements ukrainiens successifs ont été incapables d’assumer leurs fonctions de gestionnaires d’un État coopératif.
Ils ont été incapables de reconnaître l’usage régulier et souverain du port de Sébastopol par la Fédération de Russie.
En conséquence, il est utile qu’ils perdent l’autorité souveraine sur la République de Crimée.
Que celle-ci soit indépendante ou qu’elle soit unie à la Fédération de Russie relève d’un choix électoral reconnu ou à organiser.
Il est également utile que l’usage souverain du Port de Sébastopol soit assuré à la dite Fédération.
Le refus d’un musée hollandais de restituer à un musée criméen les trésors historiques que celui-ci lui avait prêtés alors qu’ils venaient du sol criméen, de l’histoire locale, est une faute politique, juridique et scientifique.
Elle fut une agression contre la République de Crimée quelque soit son rattachement.
Elle est une faute judiciaire du fait de la compromission de la justice européenne avec cette spoliation qui crée un précédent et une incertitude pour tous les musées du monde.
C’est un recul quant au statut des organes scientifiques qui fragilisent la démocratie en se subordonnant aux combinaisons politiques malhonnêtes et irrationnelles.
C- La langue russe
L’éradication de la langue russe de toute l’Europe de l’est, des pays d’Asie centrale, et si possible de toute la Fédération de Russie, est très directement une disposition à caractère raciste et l’organisation d’un totalitarisme linguistique de la part des bénéficiaires de la langue anglaise.
L’annihilation de la langue russe est une exigence des occidentaux dès 1989 en Pologne.
En 1989, l’Europe, par ses cadres et ses populations d’Europe de l’Est, disposait d’une force de frappe culturelle, commerciale, politique, formidable pour construire un pont entre les peuples de l’Eurasie, de Dublin à Vladivostok en passant par Samarcande.
Ces peuples parlaient deux langues de premier âge. Cela leur facilitait grandement l’apprentissage d’autres.
Le parti occidental agissant comme une puissance dominatrice a détruit ces capacités au profit d’une langue étrangère qui véhicule leur domination et que seuls des fractions des populations parleront.
Il se construit ainsi un mur culturel archaïque, militant, militariste.
La guerre d’Ukraine ouvre la perspective d’une saisie de l’Espace russe par la puissance occidentale.
Ce nouvel assujettissent linguistique signifierait un asservissement des peuples européens, la réduction de l’Europe à une nouvelle Amérique du Sud.
Partie 4 : Salvete judices. Morituri te salutant
13)- La CPI
Le 17 mars 2023, la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre le Président russe Vladimir Poutine, en lien avec des crimes de guerre présumés concernant « la déportation » et le « transfert illégal » d'enfants de territoires occupés d’Ukraine.
Par cette décision, la CPI bloque toute circulation du Président de la Fédération de Russie et entrave manifestement les discussions au plus haut niveau concernant tous les sujets et particulièrement ceux de la guerre et de la paix.
Le parti occidental étale ainsi sa volonté de toute puissance et jette sans doute ses derniers feux.
Le site de l’ONU dit :
Les ordonnances stipulent qu’il est « prétendument responsable du crime de guerre de déportation illégale » d'enfants des territoires occupés d'Ukraine vers la Russie, a déclaré la Cour qui est soutenue par l’ONU.
« Les crimes auraient été commis dans le territoire ukrainien occupé au moins à partir du 24 février 2022 », a détaillé la CPI. « Il existe des motifs raisonnables de croire que M. Poutine et Mme Lvova-Belova portent une responsabilité pénale individuelle ».
« Le tribunal a estimé qu'il y a des motifs raisonnables selon lesquels M. Poutine est responsable d'avoir commis les actes directement, conjointement avec d'autres et, ou par l'intermédiaire d'autres, et « pour son incapacité à exercer un contrôle approprié sur les subordonnés civils et militaires qui ont commis les actes, ou ont permis leur commission, et qui étaient sous son autorité et son contrôle effectifs, en vertu de la responsabilité de leur supérieur ».
« Toutes les allégations sont conformes au Statut de Rome. Ni la Russie ni l'Ukraine ne sont parties au statut, qui a créé l'organe judiciaire en 1998. »
Il est à noter que cet organisme judiciaire qu’est la CPI fait le détour par les enfants pour placer un appareil judiciaire international au service d’un camp.
Nous reconnaissons là la méthode dont usent habituellement tous les ministres de l’intérieur, les politiciens, les groupements religieux ou moralistes.
Ils font le même détour pour justifier leurs attaques contre la liberté d’expression, les libertés personnelles, les droits à l’information sexuelle, la nudité, et autres.
Il leur suffit de dire que les enfants peuvent lire, voir, entendre, ou pourraient le faire, pour interdire, censurer, réprimer.
Devant le malheur des enfants tout le monde doit se taire et plier.
Nous étions en droit d’imaginer qu’un tribunal moderne n’use pas de ces facilités.
La CPI emploi le terme « déportation » des enfants ukrainiens transférés en Russie.
Le mot « déportation » en Europe a un sens.
Singulièrement dans cette partie de l’Europe où les groupements politiques qui se revendiquent non pas seulement de l’héritage mais de la continuité des pratiques de ceux qui ont « déportés » des enfants, juifs en l’espèce, font parties des équipes au pouvoir, aussi bien au gouvernement qu’au Parlement, et dans toute la hiérarchie élective et administrative.
Ces enfants ont été déplacés ou transférés et non déportés.
Les enfants juifs ont été « déportés » par les prédécesseurs des nazis d’aujourd’hui qui s’en réclament. Les survivants ont abondamment témoigné de ce qu’est une « déportation ».
En l’espèce, la faute de contrevenir au regroupement des familles ou à la remise de dix mille enfants perdus de la guerre à leur filière officielle légitime, est grave.
Elle a été dénoncée dans un mémorandum par la la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, à l'issue d'une visite en Ukraine axée sur la situation des droits humains des enfants ukrainiens transférés en Fédération de Russie et dans les territoires de l'Ukraine sous occupation russe.
Cette procédure judiciaire légitime ne justifie pas une intrusion judiciaire dans la direction des processus politiques de discussion entre les Etats concernés par ce conflit.
Faire reposer la politique judiciaire dans ce conflit et la jurisprudence sur une hypertrophie publique d’un type de fautes commises, concernant spécifiquement les enfants, c’est à dire placer les enfants au centre des affrontements politiques décisifs, n’est pas une méthode appropriée ni pour protéger les enfants ni pour encadrer juridiquement le conflit.
Il ne sert à rien de contester une décision judiciaire. Quelles que soient les éventuelles critiques qui lui sont portées, elle mobilise les réseaux de cadres qui ont pour fonction de l’appliquer et qui, comme on l’a vu pour l’Afrique du Sud, l’appliqueront.
Disons qu’en s’installant par ruse dans une dispute politique à caractère militaire, les magistrats ont contribué à l’enchevêtrement du Nœud gordien.
14)- Les « guerres préventives »
Il aurait été beaucoup plus compliqué de commencer par des accusations visant l’entrée en Ukraine de l’armée russe sans mandat international ni provocation militaire directe de la part de l’Ukraine.
Cela aurait inévitablement interpelé quant à l’action d’Israël en 1967, de l’OTAN en Yougoslavie en 1999, des américains en Irak en 2003, des anglais, français, américains et de l’OTAN en Libye en 2011.
Dans toutes ces interventions la notion de « guerre préventive » était officielle et revendiquait d’installer l’état de droit et la démocratie ; qui plus est la seule, la vraie.
Apparemment, cette jurisprudence ne doit plus recevoir de publicité.
En lançant un mandat d’arrêt contre le Président de la Fédération de Russie, sous couvert de protéger des enfants en danger, cet organisme de type judiciaire, créé pour juger des crimes avérés, s’introduit dans un débat politique en usant de ses capacités judiciaires et de l’affiliation à son autorité de nombreux Etats dans le monde pour disqualifier le premier Chef de l’un des deux camps.
Il crée ainsi une confusion manifeste entre le droit et la politique.
Le 20 mars, avant la décision du CPI, Insaf Rezagui (Doctorante en droit international public, Le Mans Université - Chercheuse au Centre Thucydide Paris Panthéon-Assas, Le Mans Université) écrivait dans le journal internet The Conversation (L’expertise universitaire, l’exigence journalistique) :
« Si à ce stade, Karim Khan n’a pas fait état de la nature précise de ces crimes, le président Joe Biden et le premier ministre britannique Boris Johnson n’ont pas hésité à qualifier le président Poutine de criminel de guerre. »
Tout n’est-il pas dit du droit et de cette décision ?
Ni la CPI ni aucune autre cours judiciaire n’a procédé ainsi pour l’État américain ou d’autres Etats occidentaux.
La Cour pénal pour la Yougoslavie avait également décrété que seuls les crimes des Serbes et éventuellement d’autres yougoslaves étaient passibles de jugement.
Les crimes de l’OTAN qui a bombardé les hôpitaux, les prisons, les centrales électriques, etc., ont été jugés accidentels.
Combien de temps les occidentaux pourront-ils imposer les délibérations et les jugements de ces Cours héritées d’un passé révolu ?
Partout en occident, il y a un droit pour les uns et un droit pour les autres. Après quoi les occidentaux s’inquiètent d’une perte d’autorité de l’occident dans le monde.
15)- Les criminels d’Afghanistan
Les faits reprochés aux Russes méritent d’être jugés comme mérite de l’être, et ne l’est pas, la disqualification de 20 millions de femmes de tous âges.
A- Officiels
Le 27 septembre 1996, les Talibans entrent dans Kaboul. La secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright, considère qu’il s’agit "d’un pas positif".
Le 15 août 2021, les Talibans prennent le pouvoir à Kaboul.
Il en est ainsi car :
a- en 2018, les talibans et les Américains avaient entamé des pourparlers qui ont mené à la signature d’un accord de paix en 2020, à Doha.
b- le gouvernement légal à Kaboul a été volontairement tenu à l’écart de l’accord de Doha signé le 29 février par les talibans et les Etats-Unis,
c- le 14 avril 2021, le président Joe Biden annonce le retrait complet des troupes américaines pour le 11 septembre 2021,
L’ensemble de la démarche américaine s’est déroulée sans l’autorisation ni l’accord ni la participation décisionnelle du gouvernement légal de Kaboul et elle a participé au renversement de celui-ci.
Les américains :
a- se sont comportés en troupes d’occupation qui imposent au gouvernement légal de traiter avec une force venue de l’étranger, réputée criminelle, factieuse et porteuse d’un crime contre l’humanité spécifique et constant.
b- ont abandonné le gouvernement légal et l’ont contraint à quitter le pouvoir en lui retirant subrepticement toute capacité de se défendre.
c- l’habituelle comédie publique du conflit entre les services secrets américains plein de mesure et de sagesse et les politiques de Washington ignorants, brouillons et imprévisibles, ne peut continuer de servir de cache-sexes aux responsabilités d’État du gouvernement américain et de ses représentants.
Or, le gouvernement américain, donc le Président des Etats-Unis, ne pouvaient pas ignorer que la ligne directrice des Talibans est la disqualification des femmes et que ceci constitue en pratique et en droit un crime contre l’humanité.
Il s’en suit que le gouvernement américain, c’est à dire le Président des Etats-Unis et les administratifs américains concernés, sont responsables :
a- d’une agression volontaire, organisée, trompeuse, contre un gouvernement légal qu’ils s’étaient engagés à protéger et d’avoir fourni aux factieux les moyens de parvenir au renversement de celui-ci.
b- d’une participation active, volontaire, consciente, à l’organisation institutionnelle d’un crime contre l’humanité.
Les 30 et 31 juillet 2023, comme il était prévisible, les Etats-Unis et les Talibans se sont réunis à Doha.
Les américains ont donné un satisfecit aux Talibans pour leur gouvernance et ont, comme à Doha en 2020, laissé les Talibans imposer leurs exigences.
La délégation de 2023 a jugé le bilan de la discussion « positif ».
Elle repend ainsi l’expression de la Secrétaire d’État Madeleine Albright pour saluer l’arrivée des Talibans au pouvoir en 1996.
Par là-même, ils légitiment la disqualification des femmes et en font une affaire ordinaire de gouvernance. Ce qui est le principe d’une complicité active à un crime d’État.
Curieusement, personne ne met le Président des Etats-Unis en accusation ni ne délivre de mandat d’arrêt contre lui et tous autres de son administration.
Il est à noter que personne ne se préoccupe de mettre également en accusation les Talibans.
La délégation du gouvernement américain peut ainsi rencontrer à Doha des personnes qui ne sont visées par aucun mandat d’arrêt international. Elle-même en est quitte.
Or, quand les américains discutent à Doha, lieu de l’accord de liquidation du gouvernement légal de Kaboul, il va de soi que les magistrats compétents sont requis pour l’examen des responsabilités pénales des uns et des autres dans ce crime contre l’humanité envers les femmes et des capacités des intervenants d’être des interlocuteurs légaux.
B- Communicants
Mais il n’y a pas qu’à Doha que les magistrats refusent d’examiner les responsabilités des uns et des autres dans le soutien, la participation, la complicité, à ce crime contre l’humanité.
Ainsi, en France, en 2022, la justice a refusé d’examiner la possible implication de journalistes, en 1992, dans la politique de disqualification des femmes comme structure dominante du programme politique, c’est à dire dans une procédure de crime contre l’humanité et de crime de guerre au moment des faits.
Non pas en disqualifiant juridiquement la demande mais :
1- En première instance au motif que : « les faits dénoncés ne relèvent pas de la compétence territoriales des juridictions françaises » ce qui constitue « un obstacle juridique », donc « les faits ne peuvent pas être jugés ».
Les magistrats ne connaissent pas ici la Compétence universelle pourtant dûment exposée dans la demande et dont le juge de la CPI fait grand usage.
2- En Appel au motif que « je n’entends pas remettre en cause cette décision ».
La solidarité de corps comme catégorie juridique.
3- Comme tout cela est bien dit.
4- Dans ce cas, les cadres occidentaux savent préserver l’avenir pour s’entendre avec les criminels en maintenant la continuité du crime, la disqualification des femmes comme instrument de discussion et de reconnaissance ; comme précédemment, depuis 1992, et avec la garantie judiciaire de l’impunité.
5- En 2023, les discussions reprennent avec les Talibans. Leur fondement est l’acceptation diplomatique de la disqualification des femmes.
6- Par leur disqualification de toute réflexion judiciaire sur la participation à ces crimes sexistes des bacs+5 civils occidentaux de la communication, les magistrats ont permis le renouveau de ces négociations dans les formes en cours.
Nota Bene
La justice américaine et le 11 septembre 2001.
En août 2023, les familles des quelque 3.000 victimes de l'attentat le plus meurtrier de l'histoire des Etats-Unis ont reçu de la part des procureurs militaires une lettre présentant un accord pour mettre un terme à des années de procédure au Tribunal militaire de Guantánamo, sans procès.
Cet accord mettrait un terme à la procédure contre les auteurs des attentats sans procès.
Cela pour deux raisons :
1- l'échec des commissions militaires sur le 11-Septembre.
2- La peine capitale ne peut être requise pour cause d’aveux extorqués sous la torture.
"Aucun procès n'aboutira à la peine de mort à cause de la question de la torture", (Mme Rockefeller. membre du groupe des "lendemains pacifiques").
3- Dennis McGinley (membre du groupe Justice sur le 11-Septembre (9/11 Justice)) considère en revanche que le débat ne porte pas tant sur la sévérité de la sanction, prison à perpétuité ou peine de mort, mais sur la vérité des attentats et plus particulièrement sur le rôle présumé des responsables saoudiens.
4- Si Ryad a toujours nié tout lien avec les assaillants, les soupçons demeurent sur le financement de certains d'entre eux par des fonds saoudiens.
Or un accord permettrait à Washington de garder secrètes des informations sensibles à ce sujet, soutient M. McGinley, accusant les autorités américaines de "maltraiter" les familles du 11-Septembre.
La justice américaine sait garder le sens des réalités politiques aussi bien vis-à-vis de la torture que des responsables d’État quelle estime indispensables au bon fonctionnement des relations internationales.
Chacun aura noté le silence des moralistes et des experts à cette occasion.
Partie 5 : la paix en Europe
Alors que l’Europe ne figure ni dans les dirigeants de la conquête spatiale, ni dans ceux de l’Intelligence artificielle, qu’elle n’est pas capable d’investir ce qu’il faut dans la transition climatique, elle dépense sans compter dans une action aussi archaïque qu’une guerre de coqs de villages susceptible de déboucher sur une guerre nucléaire et elle y subordonne son économie par une redite cacochyme de la politique du blocus.
16)- La logique de la guerre
Le camp de la primauté de la paix n’entre pas dans la logique de la Poule et l’œuf pour prendre parti pour sur la guerre.
Il n’est pas question de subordonner la paix à la recherche d’une responsabilité première (originelle, présente, à venir) ni au fatras des bavardages sur l’impossibilité d’arrêter les combats.
1- En Europe, le parti de la guerre est le continuateur lointain des Chevaliers teutoniques pour ce qui est de la revanche sur les échecs de la conquête de l’Est et des Chevaliers du temple ou templiers pour ce qui est de la suprématie de la propriété privée sur la propriété publique et de l’identification des forces privées aux Pouvoirs publics.
2- En Russie le parti de la guerre se réclame du tsarisme contre le pouvoir civil, laïque et démocratique. C’est à peu près la même configuration qui s’est construite dans une confrontation séculaire avec le camp d’en face.
Les difficultés de la paix viennent de là.
Les deux camps de la guerre ont le même but qui est la disqualification légale des Pouvoirs publics et de la propriété publique.
La victoire de l’un sur l’autre n’est que l’autre nom de l’exercice, désormais à l’infini, d’une dictature du privé sur le public, des intérêts particuliers sur les Nations comme lieu de l’exercice de la souveraineté du Peuple.
Toutes les décisions prises dans le cadre de cet affrontement sont à mesurer à cette aune.
La renonciation au tsarisme (à la disqualification de ses dépendances imaginaires) pour l’un et la renonciation à la conquête de l’Est (à la disqualification des populations endogènes qui la préfigurent) pour l’autre s’imposeront pour la définition d’une « paix authentique » et non d’une « pax americana » qui est la visée des partis de la guerre des deux camps.
17)- La primauté de la paix
Le parti de la guerre s’est illustré dernièrement en apportant la « démocratie », « l’état de droit », la « paix », en Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Libye, etc.
Il est plus que temps qu’il laisse la gestion de la guerre au parti de la paix.
La source de la paix n’est pas à chercher au Moyen-âge. C’est la victoire de la Démocratie sur le nazisme, le 8 mai1945.
Le premier facteur de cette guerre est la destruction de leur pays par les équipes qui les gouvernent. L’idéologie du Martyr et l’encensement des gloires passées n’en sont que la façade.
Les États-Unis ont un mot pour désigner ces États ; ce sont des Kleptocraties.
La paix renverra ces gouvernements face à leurs peuples. Nous comprenons leurs appréhensions.
La première exigence de la paix est l’arrêt, immédiat, sans condition, sans négociations, des combats. Stop.
Cet arrêt des combats développe ses conséquences.
Les livraisons de grains ukrainiens et russes sont libres.
Une conférence permanente est ouverte qui s’organise sur la prévalence de la « paix authentique » du parti de la paix sur la « paix de la tombe » du parti de la guerre.
Les dirigeants des Etats sont priés de montrer ce qu’ils savent faire.
Eux aussi sont réticents car ils savent qu’avec la paix, ils seront vus et jugés.
L’enjeu des négociations n’est pas que chacun des deux camps donne des garanties au camp d’en face mais d’abord à ses propres populations.
La paix maintenant, immédiatement, sans discussion, permet aux européens :
a- de vivre au lieu de mourir héroïquement et salement.
b- de construire au lieu de se détruire.
c- de reprendre la maîtrise de leur destin.
La primauté du parti de la guerre impose à chacun des haines singulières à chacun des belligérants. Quoi qu’il en soit, les personnes haïes ou adulées sont plus utiles à l’humanité vivantes que mortes lorsque cette règle s’applique à tous.
En fait, la crise ukrainienne, comme les précédentes crises européennes devenues des guerres mondiales, invite les européens à s’interroger sur eux-mêmes. Veulent ils que l’Europe vive ?
18)- Conclusion
La raison d’être de ce texte est d’attirer l’attention du public sur l’organisation de ce conflit par la question de la primauté de la guerre ou celle de la paix.
Selon que l’une des primauté l’emporte sur l’autre, les européens seront soumis en permanence à la guerre ou pourront imposer continuellement les affrontement fondés sur l’exclusivité de la paix.
La primauté de la guerre saisit peu à peu les européens et les conduit à la défaite quel que soit le vainqueur ou déclaré tel.
Les européens, tous les européens, sont concernés et requis pour imposer la primauté de la paix.
« Alors, persévérons. La paix n’est pas irréalisable et la guerre n’est pas inévitable. En définissant notre objectif plus précisément, en le rendant plus raisonnable et plus accessible, nous pouvons permettre à tous les peuples de le percevoir, d’en tirer une source d’espoir et de se diriger irrésistiblement vers lui ».
Le Président Kennedy.
Marc SALOMONE
Retraité
www.solidariteetprogres.fr/spip.php?article16544
Le Président, John F. Kennedy / Washington, D.C. / Le 10 juin 1963,
Président Anderson, membres de la faculté, membres du conseil d’administration, hôtes de marque, sénateur Bob Byrd, ami de longue date qui a obtenu son diplôme en droit après de nombreuses années de cours du soir, alors que j’obtiens le mien dans les 30 prochaines minutes, mesdames et messieurs :
Je suis très fier de participer à cette cérémonie de l’American University, sous le patronage de l’église méthodiste, fondée par l’évêque John Fletcher Hurst et inaugurée par le Président Woodrow Wilson en 1914. Cette université jeune et dynamique a déjà exaucé les vœux de l’évêque Hurst en ce qui concerne l’étude de l’histoire et de l’administration publique, dans une ville vouée à façonner l’histoire et à diriger les affaires publiques. Pour leur participation à la création de cet établissement d’enseignement supérieur pour tous ceux qui souhaitent s’instruire, quelle que soit leur couleur ou leur foi, les méthodistes de cette région et de l’ensemble du pays méritent la reconnaissance de la nation, et je tiens à féliciter tous ceux qui reçoivent leur diplôme aujourd’hui.
Le professeur Woodrow Wilson a dit un jour que chaque homme sortant d’une université devrait être un homme dévoué à sa nation et un homme de son temps. Je suis certain que les hommes et les femmes qui ont l’honneur d’être diplômés de cet établissement continueront à mettre leur personne et leurs talents au service de l’administration et de l’intérêt général.
« Peu de choses en ce monde sont plus belles qu’une université », écrivait John Masefield dans l’hommage qu’il rendait aux universités anglaises. Et ces mots sont toujours vrais aujourd’hui. Il ne voulait parler ni des flèches des clochers, ni des tours, ni des vertes pelouses, ni des murs recouverts de lierre. Il admirait la beauté radieuse d’une université parce qu’elle représentait, disait-il, « le lieu où ceux qui haïssent l’ignorance peuvent s’efforcer de s’instruire, où ceux qui perçoivent la vérité, peuvent s’efforcer de la faire comprendre aux autres ».
J’ai donc choisi ce moment et cet endroit pour évoquer un sujet auquel l’ignorance est trop souvent associée et pour lequel la vérité est trop rarement perçue. Et c’est pourtant le sujet le plus important sur terre : la paix dans le monde.
À quel type de paix fais je référence ? Quel type de paix recherchons-nous ?
Non pas une Pax Americana imposée au monde par les armes de guerre américaines. Non pas la paix de la tombe, ni celle de la sécurité qu’offre l’esclavage.
Je veux parler de la paix authentique, du type de paix qui fait que la vie sur terre vaut la peine d’être vécue, du type de paix qui permet aux hommes et aux nations de se développer, d’espérer et de construire une vie meilleure pour leurs enfants. Non seulement la paix pour les Américains, mais la paix pour tous les hommes, non seulement la paix pour notre époque, mais la paix pour les siècles à venir.
Je parle de la paix en raison du nouveau visage de la guerre.
La guerre totale est absurde à une époque où les grandes puissances peuvent entretenir d’importantes forces nucléaires presque invulnérables et refuser de capituler sans y avoir recours.
Elle est absurde à une époque où une seule arme nucléaire représente presque dix fois la force explosive de l’ensemble des armes utilisées par les forces aériennes alliées lors de la deuxième guerre mondiale.
Elle est absurde à une époque où les substances toxiques mortelles que générerait une explosion nucléaire seraient disséminées par le vent, par l’eau, par le sol et par les graines jusqu’aux coins les plus reculés du globe et contamineraient les futures générations.
Aujourd’hui, les milliards de dollars dépensés annuellement pour acquérir des armes afin de garantir que nous n’aurons jamais besoin de les utiliser sont indispensables au maintien de la paix.
Mais l’acquisition de tels stocks improductifs, qui ne peuvent que détruire et jamais créer, ne constitue certainement pas le seul moyen, et encore moins le moyen le plus efficace, d’assurer la paix.
J’évoque donc de la paix comme un aboutissement nécessaire et rationnel que doivent envisager des hommes rationnels. J’ai conscience que la quête de la paix n’est pas aussi spectaculaire que la poursuite de la guerre et que souvent, les défenseurs de la paix ne sont pas entendus. Mais aucune de nos tâches n’est plus urgente.
D’aucuns disent qu’il est inutile de parler de paix mondiale, de droit mondial ou de désarmement mondial et qu’il en sera ainsi tant que les dirigeants de l’Union soviétique n’adopteront pas une attitude plus réfléchie. J’espère qu’ils le feront et je crois que nous pouvons les y aider. Mais je crois aussi que nous devons revoir notre propre attitude, en tant qu’individus et en tant que nation.
Car notre attitude est aussi fondamentale que la leur. Et chaque diplômé de cette université, chaque citoyen attentif que la guerre désespère et qui souhaite participer à la mise en œuvre de la paix, doit commencer par s’interroger, par analyser sa propre attitude vis-à-vis des possibilités de paix, vis-à-vis de l’Union soviétique, vis-à-vis du cours de la guerre froide et vis-à-vis de la liberté et de la paix ici, dans notre pays.
Commençons par examiner notre attitude vis-à-vis de la paix elle-même. Un trop grand nombre d’entre nous pense qu’elle est impossible, qu’elle est irréelle. Mais c’est un point de vue dangereux et défaitiste. Il mène à la conclusion que la guerre est inévitable, que l’humanité est condamnée, que nous sommes dominés par des forces que nous ne pouvons contrôler.
Rien ne nous oblige à accepter ce point de vue.
L’homme a créé les problèmes auxquels nous sommes confrontés, il est donc capable de les résoudre. Et l’homme peut faire preuve de grandeur lorsqu’il le décide.
Aucun problème lié au destin de l’humanité n’est hors de portée des êtres humains. Le discernement et l’esprit humains ont souvent résolu ce qui semblait insoluble. Et nous croyons que cela est à nouveau possible.
Je ne fais pas allusion au concept universel et indéfectible de la paix et de la bonne volonté, dont rêvent certains esprits chimériques et fanatiques. Je ne nie pas l’importance des espoirs et des rêves, mais en faisant de cela notre seul but immédiat, nous ouvrons la porte au découragement et à l’incrédulité.
Concentrons-nous au contraire sur une paix plus pragmatique, plus facile à mettre en œuvre, fondée non sur une brusque mutation de la nature humaine, mais sur une évolution graduelle des institutions humaines, sur une série d’actions concrètes et d’accords effectifs qui sont de l’intérêt de tous.
Pour obtenir cette paix, il n’existe pas de formule magique, ni de solution unique à adopter par une ou deux grandes puissances.
La paix véritable doit être le résultat des efforts de nombreuses nations, le résultat de nombreuses actions. Elle ne doit pas être statique, mais dynamique et changeante pour relever le défi que représente chaque nouvelle génération. Car la paix est avant tout un processus, une manière de résoudre des problèmes.
Avec une telle paix, il y aura encore des querelles et des intérêts contradictoires, comme il en existe au sein des familles et des nations.
La paix dans le monde, comme la paix dans la collectivité, n’oblige pas chaque homme à aimer son voisin. Elle exige que tous vivent ensemble en faisant preuve de tolérance, en soumettant leurs différends à un mode d’arbitrage juste et pacifique.
Et l’histoire nous enseigne que l’animosité entre les nations, comme entre les individus, n’est pas immuable. Aussi profondément enracinée que puisse sembler notre sympathie ou notre antipathie, la marche du temps et des événements permet souvent aux relations entre les nations et les pays voisins d’évoluer de façon étonnante.
Alors, persévérons. La paix n’est pas irréalisable et la guerre n’est pas inévitable. En définissant notre objectif plus précisément, en le rendant plus raisonnable et plus accessible, nous pouvons permettre à tous les peuples de le percevoir, d’en tirer une source d’espoir et de se diriger irrésistiblement vers lui.
Deuxièmement, réexaminons notre attitude vis-à-vis de l’Union soviétique.
Il est décourageant de penser que les dirigeants soviétiques croient réellement ce qu’écrivent leurs services de propagande.
Il est décourageant de lire un texte soviétique récent, faisant autorité en matière de stratégie militaire et d’y trouver, page après page, des allégations incroyables et sans fondement, telles que, je cite : « les milieux impérialistes américains se préparent à déclencher différents types de guerre... une menace de guerre préventive contre l’Union soviétique, dirigée par les impérialistes américains, existe véritablement... [et que] l’objectif politique des impérialistes américains est de réduire en esclavage économique et politique les pays européens et les autres pays capitalistes... pour finir par dominer le monde... en déclenchant des guerres d’agression », fin de citation.
En vérité, comme il est écrit dans la Bible : « Le méchant s’enfuit quand nul ne le poursuit ».
Néanmoins, il est triste de lire ces déclarations soviétiques, de mesurer l’étendue du gouffre qui nous sépare.
Mais c’est également un avertissement, un avertissement au peuple américain pour ne pas tomber dans le même piège que les Soviétiques, pour ne pas uniquement se forger une image déformée et désespérément pessimiste de l’autre camp, de ne pas considérer les conflits comme inéluctables, les compromis comme irréalisables et les communications comme rien d’autre qu’un échange de menaces.
Aucun gouvernement, aucun système social n’est assez malveillant pour que le peuple qu’il représente soit considéré comme dépourvu de toute qualité.
Nous, Américains, rejetons radicalement le communisme, car nous le considérons comme une négation de la liberté et de la dignité humaine.
Mais nous sommes néanmoins capables de rendre hommage au peuple russe pour ses nombreuses réalisations dans les domaines de la science, de l’espace, du développement économique et industriel, ainsi que pour sa culture et ses actes de courage.
Parmi les nombreux points communs que partagent les citoyens de nos deux pays, aucun n’est plus fort que notre aversion commune pour la guerre.
Fait presque unique entre grandes puissances mondiales, nous n’avons jamais été en guerre les uns contre les autres.
Et aucune nation dans l’histoire des conflits armés n’a autant souffert que l’Union soviétique au cours de la deuxième guerre mondiale. Au moins 20 millions de personnes ont péri. Des millions et des millions de maisons et de fermes ont été brûlées ou mises à sac. Un tiers du territoire national et presque les deux-tiers de ses infrastructures industrielles ont été transformés en terrains vagues. En comparaison, cela équivaudrait à la destruction de ce tout ce qui se trouve à l’est de Chicago.
Aujourd’hui, si une guerre totale devait éclater à nouveau, qu’importe la manière, nos deux pays en seraient les cibles principales. C’est un fait ironique, mais indiscutable, que les deux premières grandes puissances mondiales sont celles qui courent le plus grand risque d’être dévastées. Tout ce que nous avons construit, ce à quoi nous avons œuvré, serait détruit au cours des premières vingt-quatre heures.
Et même durant la guerre froide, qui comporte son lot de fardeaux et de dangers pour tant de nations, y compris pour nos alliés les plus proches, nos deux pays subissent la charge la plus lourde. En effet, nous dépensons tous deux en armement des montants extraordinairement élevés qui pourraient être mieux employés à combattre l’ignorance, la pauvreté et la maladie. Nous sommes prisonniers d’un cercle vicieux et dangereux dans lequel les soupçons de l’un renforcent les soupçons de l’autre, et où le développement d’armes nouvelles entraîne le développement d’armes de riposte.
En résumé, les États-Unis et ses alliés, tout comme l’Union soviétique et les siens, ont un intérêt mutuel profond à instaurer une paix juste et profitable, et à arrêter la course aux armements.
Des accords dans ce sens sont de l’intérêt de l’Union Soviétique autant que du nôtre, et l’on peut croire que même la plus hostile des nations saura accepter et respecter les obligations d’un traité si elle y trouve son intérêt.
Ne laissons pas nos divergences nous aveugler. Concentrons notre attention sur nos intérêts communs et sur les moyens qui nous permettront de résoudre ces divergences. Et si nous ne pouvons mettre fin à notre désaccord dans l’immédiat, nous pouvons au moins aider à préserver la diversité du monde dans lequel nous vivons. Car, pour finir, notre point commun fondamental, c’est que nous vivons tous sur cette petite planète. Nous respirons tous le même air. Nous chérissons tous l’avenir de nos enfants. Et nous sommes tous mortels.
Troisièmement, réexaminons notre attitude vis-à-vis de la guerre froide.
Rappelons-nous que nous ne sommes pas engagés dans un débat où nous chercherions à multiplier les sujets de dissension.
Nous ne sommes pas ici pour distribuer des blâmes ou montrer un coupable du doigt. Nous devons prendre le monde tel qu’il est et non tel qu’il aurait pu être si l’histoire des dix-huit dernières années avait été différente.
Nous devons donc persévérer dans la recherche de la paix, en espérant que des changements constructifs au sein du bloc communiste puissent apporter des solutions qui semblent aujourd’hui hors de notre portée.
Nous devons conduire nos affaires de manière qu’il soit de l’intérêt des communistes de s’entendre sur une paix véritable.
Surtout, tout en continuant à défendre leurs propres intérêts vitaux, les puissances nucléaires doivent éviter les confrontations qui forcent un adversaire à choisir entre une retraite humiliante ou une guerre nucléaire.
Le maintien d’une telle position à l’ère nucléaire serait la preuve de la faillite de notre politique ou l’expression d’une attitude suicidaire pour l’ensemble du monde.
Pour atteindre cet objectif, les armes de l’Amérique ne font pas œuvre de provocation, sont surveillées avec précaution, sont conçues pour être dissuasives et peuvent être employées de manière sélective. Nos forces armées ont pour objectif la paix, avec discipline et retenue. Nos diplomates ont pour mission d’éviter les points épineux inutiles et l’hostilité purement rhétorique.
Nous pouvons assurément chercher à réduire les tensions sans baisser notre garde.
Et, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas besoin de recourir aux menaces pour prouver notre résolution. Nous n’avons pas besoin de brouiller les radiodiffusions étrangères de crainte d’éroder notre foi. Nous ne voulons pas imposer notre système à tout un peuple qui n’en veut pas, mais nous voulons et nous pouvons entrer en concurrence pacifique avec d’autres peuples du monde.
En attendant, nous souhaitons renforcer l’Organisation des Nations Unies, pour aider à résoudre ses problèmes financiers, en faire un instrument de paix plus efficace, la développer en un système de sécurité effectif pour le monde entier. En faire un système capable de résoudre les différends sur la base du droit, de garantir la sécurité des grands comme des petits et de créer les conditions dans lesquelles il sera enfin possible d’abolir les armes.
En même temps, nous souhaitons maintenir la paix à l’intérieur du monde non-communiste où bon nombre de nations, toutes nos amies, sont divisées sur des questions qui affaiblissent l’unité du bloc occidental, qui invitent l’intervention communiste ou qui menacent de faire éclater la guerre.
En dépit des critiques des deux bords, nous nous sommes montrés persévérants et patients dans nos efforts en Nouvelle-Guinée occidentale, au Congo, au Moyen-Orient et sur le sous-continent indien. Nous avons également essayé de servir d’exemple vis-à-vis d’autrui, en souhaitant remédier à certaines différences, petites mais significatives, avec nos voisins les plus proches du Mexique et du Canada.
Sur le sujet des autres nations, je souhaite clarifier un point particulier.
Nous sommes liés à de nombreuses nations par des alliances. Ces alliances existent parce que nous partageons avec ces nations certaines préoccupations. Notre engagement pour la défense de l’Europe occidentale et de Berlin-Ouest, par exemple, reste intact compte tenu de la nature de nos intérêts vitaux. Les États-Unis ne concluront aucun marché avec l’Union soviétique aux dépens d’autres nations et d’autres peuples. Pas seulement parce qu’ils sont nos partenaires, mais également parce que leurs intérêts et les nôtres sont convergents.
Toutefois, nos intérêts convergent non seulement dans la défense des frontières de la liberté, mais également dans la poursuite des chemins menant à la paix.
Nos espoirs, mais aussi l’objectif des politiques alliées, sont de convaincre l’Union soviétique qu’elle doit, elle aussi, laisser chaque nation choisir son propre avenir, à condition que cette liberté de choix n’empiète pas sur celle des autres. La doctrine communiste visant à imposer son système économique et politique à autrui est aujourd’hui la principale responsable des tensions mondiales. Il n’y a aucun doute que si toutes les nations s’abstenaient d’intervenir dans le processus d’autodétermination des autres, la paix serait beaucoup mieux garantie.
Arriver à un État de droit dans le monde, à un nouveau contexte pour les relations internationales, exige de redoubler d’effort.
Cela requiert une meilleure compréhension entre les soviétiques et nous-mêmes. Et une meilleure compréhension passe par le développement des contacts et des communications.
La proposition d’une ligne directe entre Moscou et Washington afin d’éviter, de chaque côté, de dangereux retards, des malentendus et des interprétations erronées des actions de l’autre en période de crise, constitue un pas dans cette direction.
Nous avons également discuté à Genève des autres mesures initiales pour le contrôle des armements, conçues afin de limiter l’intensité de la course aux armements et réduire les risques d’une guerre accidentelle.
Toutefois, notre principal intérêt à long terme au niveau des instances de Genève, est la réalisation d’un désarmement général et complet, envisagé dans le cadre d’un processus par étapes, permettant à des avancées politiques parallèles d’établir les nouvelles institutions de paix qui se substitueraient aux armes.
Depuis les années 20, ce gouvernement poursuit une politique de désarmement. Les trois dernières administrations s’y sont ardemment attelées. Et bien que les perspectives actuelles soient limitées, nous entendons poursuivre cet effort, pour que tous les pays, y compris le nôtre, puissent mieux comprendre les problèmes que pose le désarmement et les possibilités qu’il représente.
L’une des clés de ces négociations qui laissent entrevoir une solution, même s’il faut y consacrer une énergie nouvelle, consiste à ratifier un traité interdisant les essais nucléaires.
La conclusion d’un tel traité, à la fois si proche et si lointaine, permettrait de maîtriser la spirale de la course aux armements dans l’un de ses aspects les plus dangereux. Elle permettrait aux puissances nucléaires de gérer de manière plus efficace l’un des plus grands risques auxquels l’homme fait face en cette année 1963, la prolifération des armes nucléaires. Elle améliorerait notre sécurité, elle diminuerait les perspectives de conflit militaire. Nul doute que cet objectif est suffisamment important pour que nous maintenions notre cap, en ne cédant ni à la tentation de cesser nos efforts en ce sens, ni à celle d’arrêter d’insister sur l’importance de mettre en place des garde-fous cruciaux et responsables.
Je profite donc de cette occasion pour annoncer deux décisions importantes prises à cet égard.
Premièrement, le président Khrouchtchev, le premier ministre Macmillan et moi-même avons convenu d’entamer sous peu des discussions au sommet à Moscou pour examiner la possibilité d’un accord global d’arrêt des essais nucléaires. Nos attentes doivent être tempérées par le poids de l’histoire, mais à nos espoirs se joignent ceux de toute l’humanité.
Deuxièmement, afin d’exprimer clairement notre bonne foi et notre conviction solennelle en la matière, je déclare aujourd’hui que les États-Unis proposent de ne pas effectuer d’essais nucléaires dans l’atmosphère sous réserve que d’autres États s’y engagent également. Je déclare également que nous ne serons pas les premiers à les reprendre.
Une telle déclaration ne saurait remplacer les obligations d’un traité formel, mais j’espère qu’elle nous permettra d’en ratifier un. Un tel traité ne saurait également se substituer au désarmement, mais j’espère qu’il nous permettra d’y parvenir.
Enfin, mes chers concitoyens, examinons notre attitude envers la paix et la liberté dans notre propre pays. La qualité et l’idéal de notre société doivent justifier et soutenir nos efforts à l’étranger. Nous devons en faire la preuve dans la façon de mener notre vie.
Beaucoup d’entre vous, diplômés aujourd’hui, auront la chance unique de le faire en travaillant bénévolement au sein du « Peace Corps » à l’étranger, ou chez nous, au sein du « National Peace Corps » dès qu’il sera constitué.
Mais où que nous soyons, nous devons vivre nos vies au quotidien avec la foi inaltérable que la paix et la liberté vont de pair. Dans un trop grand nombre de nos villes, la paix n’est pas assurée, car la liberté n’y est pas complète.
Il est de la responsabilité des pouvoirs exécutifs à tous les niveaux du gouvernement (local, fédéral et national) d’offrir cette liberté à tous les citoyens et de la protéger par tous les moyens relevant de leur autorité.
Il est de la responsabilité du domaine législatif à tous les niveaux de rendre adéquat tout système qui ne l’est pas.
Et il est de la responsabilité de tous les citoyens, dans toutes les régions de ce pays, de respecter les droits d’autrui et les lois en vigueur.
Tout ceci n’est pas sans rapport avec la paix dans le monde.
Les Saintes Écritures nous disent « Quand l’Éternel prend plaisir aux voies de l’homme, Il apaise envers lui ses ennemis mêmes ». Et la paix n’est-elle pas, au final, un principe fondamental des droits de l’homme ? Le droit de vivre notre vie sans crainte de dévastation, le droit de respirer l’air tel que la nature nous l’offre, le droit des générations futures à une existence salubre ?
Alors que nous travaillons à protéger nos intérêts au niveau national, préservons également les intérêts de l’humanité. Car l’élimination de la guerre et des armes est clairement dans l’intérêt des deux.
Néanmoins, aucun traité, même à l’avantage de tous et quelle que soit sa formulation, ne peut assurer une sécurité absolue contre les risques de supercherie et de dérobade.
Mais il peut, si sa mise en œuvre est suffisamment efficace et que l’intérêt de ses signataires y est suffisamment représenté, offrir une meilleure sécurité et moins de risques qu’une course aux armements ininterrompue, illimitée et imprévisible.
Les États-Unis, comme le monde entier le sait, ne commenceront jamais une guerre. Nous ne voulons pas la guerre. Nous n’attendons pas la guerre.
Cette génération d’Américains a déjà assez, plus qu’assez, souffert de la guerre, de la haine et de l’oppression. Nous y serons préparés si les autres la désirent. Nous serons vigilants pour tenter de l’arrêter.
Mais nous contribuerons également à la construction d’un monde de paix, où le faible se sentira en sûreté et où les forts seront justes. Nous ne sommes ni sans ressources face à cette tâche, ni sans espoir quant à son succès.
Confiants et sans peur, nous allons de l’avant, non pas vers une stratégie d’annihilation, mais bien vers une stratégie de paix.
SOURCE :
President Anderson, members of the faculty, board of trustees, distinguished guests, my old colleague, Senator Bob Byrd, who has earned his degree through many years of attending night law school, while I am earning mine in the next 30 minutes,
ladies and gentlemen: -
It is with great pride that I participate in this ceremony of the American University, sponsored by the Methodist Church, founded by Bishop John Fletcher Hurst, and first opened by President Woodrow Wilson in 1914.
This is a young and growing university, but it has already fulfilled Bishop Hurst's enlightened hope for the study of history and public affairs in a city devoted to the making of history and to the conduct of the public's business.
By sponsoring this institution of higher learning for all who wish to learn, whatever their color or their creed, the Methodists of this area and the Nation deserve the Nation's thanks, and I commend all those who are today graduating.
Professor Woodrow Wilson once said that every man sent out from a university should be a man of his nation as well as a man of his time, and I am confident that the men and women who carry the honor of graduating from this institution will continue to give from their lives, from their talents, a high measure of public service and public support.
"There are few earthly things more beautiful than a university," wrote John Masefield, in his tribute to English universities-and his words are equally true today. He did not refer to spires and towers, to campus greens and ivied walls. He admired the splendid beauty of the university, he said, because it was
"a place where those who hate ignorance may strive to know, where those who perceive truth may strive to make others see."
I have, therefore, chosen this time and this place to discuss a topic on which ignorance too often abounds and the truth is too rarely perceived - yet it is the most important topic on earth: world peace.
What kind of peace do I mean? What kind of peace do we seek?
Not a Pax Americana enforced on the world by American weapons of war.
Not the peace of the grave or the security of the slave.
I am talking about genuine peace, the kind of peace that makes life on earth worth living, the kind that enables men and nations to grow and to hope and to build a better life for their children-not merely peace for Americans but peace for all men and women - not merely peace in our time but peace for all time.
I speak of peace because of the new face of war.
Total war makes no sense in an age when great powers can maintain large and relatively invulnerable nuclear forces and refuse to surrender without resort to those forces. It makes no sense in an age when a single nuclear weapon contains almost ten times the explosive force delivered by all of the allied air forces in the Second World War. It makes no sense in an age when the deadly poisons produced by a nuclear exchange would be carried by wind and water and soil and seed to the far corners of the glove and to generations yet unborn.
Today the expenditure of billions of dollars every year of weapons acquired for the purpose of making sure we never need to use them is essential to keeping the peace. But surely the acquisition of such idle stockpiles - which can only destroy and never create - is not the only, much less the most efficient, means of assuring peace.
I speak of peace, therefore, as the necessary rational end of rational men.
I realize that the pursuit of peace is not as dramatic as the pursuit of war - and frequently the words of the pursuer fall on deaf ears. But we have no more urgent task.
Some say that it is useless to speak of world peace or world law or world disarmament - and that it will be useless until the leaders of the Soviet Union adopt a more enlightened attitude.
I hope they do.
I believe we can help them do it.
But I also believe that we must reexamine our own attitude - as individuals and as a Nation - for our attitude is as essential as theirs.
And every graduate of this school, every thoughtful citizen who despairs of war and wishes to bring peace, should begin by looking inward - by examining his own attitude toward the possibilities of peace, toward the Soviet Union, toward the course of the cold war and toward freedom and peace here at home.
First: Let us examine our attitude toward peace itself. Too many of us think it is impossible. Too many think it unreal. But that is a dangerous, defeatist belief. It leads to the conclusion that war is inevitable - that mankind is doomed - that we are gripped by forces we cannot control.
We need not accept that view.
Our problems are manmade - therefore, they can be solved by man. And man can be as big as he wants.
No problem of human destiny is beyond human beings. Man's reason and spirit have often solved the seemingly unsolvable - and we believe they can do it again.
I am not referring to the absolute, infinite concept of universal peace and good will of which some fantasies and fanatics dream. I do not deny the value of hopes and dreams but we merely invite discouragement and incredulity by making that our only and immediate goal.
Let us focus instead on a more practical, more attainable peace - based not on a sudden revolution in human nature but on a gradual evolution in human institutions-on a series of concrete actions and effective agreements which are in the interest of all concerned.
There is no single, simple key to this peace - no grand or magic formula to be adopted by one or two powers. Genuine peace must be the product of many nations, the sum of many acts. It must be dynamic, not static, changing to meet the challenge of each new generation. For peace is a process-a way of solving problems.
With such a peace, there will still be quarrels and conflicting interests, as there are within families and nations.
World peace, like community peace, does not require that each man love his neighbor - it requires only that they live together in mutual tolerance, submitting their disputes to a just and peaceful settlement.
And history teaches us that enmities between nations, as between individuals, do not last forever. However our likes and dislikes may seem, the tide of time and events will often bring surprising changes in the relations between nations and neighbors.
So let us persevere. Peace need not be impracticable, and war need not be inevitable. By defining our goal more clearly, by making it seem more manageable and less remote, we can help all peoples to see it, to draw hope from it, and to move irresistibly toward it.
Second: Let us reexamine our attitude toward the Soviet Union. It is discouraging to think that their leaders may actually believe what their propagandists z write. It is discouraging to read a recent authoritative Soviet text on Military Strategy and find, on page after page, wholly baseless and incredible claims - such as the allegation that "American imperialist circles are preparing to unleash different types of wars ... that there is a very real threat of a preventive war being unleashed by American imperialists against the Soviet Union ... [and that] the political aims of the American imperialists are to enslave economically and politically the European and other capitalist countries ... [and] to achieve world domination ... by means of aggressive wars."
Truly, as it was written long ago: "The wicked flee when no man pursueth." Yet it is sad to read these Soviet statements - to realize the extent of the gulf between us. But it is also a warning - a warning to the American people not to fall into the same trap as the Soviets, not to see only a distorted and desperate view of the other side, not to see conflict as inevitable, accommodation as impossible, and communication as nothing more than an exchange of threats.
No government or social system is so evil that its people must be considered as lacking in virtue.
As Americans, we find communism profoundly repugnant as a negation of personal freedom and dignity. But we can still hail the Russian people for their many achievements - in science and space, in economic and industrial growth, in culture and in acts of courage. Among the many traits the peoples of our two countries have in common, none is stronger than our mutual abhorrence of war. Almost unique, among the major world powers, we have never been at war with each other. And no nation in the history of battle ever suffered more than the Soviet Union suffered in the course of the Second World War. At least 20 million lost their lives. Countless millions of homes and farms were burned or sacked. A third of the nation's territory, including nearly two thirds of its industrial base, was turned into a wasteland - a loss equivalent to the devastation of this country east of Chicago.
Today, should total war ever break out again no matter how - our two countries would become the primary targets. It is an ironic but accurate fact that the two strongest powers are the two in the most danger of devastation. All we have built, all we have worked for, would be destroyed in the first 24 hours. And even in the cold war, which brings burdens and dangers to so many countries, including this Nation's closest allies our two countries bear the heaviest burdens. For we are both devoting massive sums of money to weapons that could be better devoted to combating ignorance, poverty, and disease. We are both caught up in a vicious and dangerous cycle in which suspicion on one side breeds suspicion on the other, and new weapons beget counterweapons.
IThird: Let us reexamine our attitude toward the cold war, remembering that we are not engaged in a debate, seeking to pile up debating points. We are not here distributing blame or pointing the finger of judgment. We must deal with the world as it is, and not as it might have been had the history of the last 18 years been different.
We must, therefore, persevere in the search for peace in the hope that constructive changes within the Communist bloc might bring within reach solutions which now seem beyond us.
We must conduct our affairs in such a way that it becomes in the Communist's interest to agree on a genuine peace. Above all, while defending our own vital interests, nuclear powers must avert those confrontations which bring an adversary to a choice of either a humiliating retreat or a nuclear war.
To adopt that kind of course in the nuclear age would be evidence only of the bankruptcy of our policy - or of a collective death - wish for the world. To secure these ends, America's weapons are nonprovocative, carefully controlled, designed to deter, and capable of selective use. Our military forces are committed to peace and disciplined in self-restraint. Our diplomats are instructed to avoid unnecessary irritants and purely rhetorical hostility.
For we can seek a relaxation of tensions without relaxing our guard. And, for our part, we do not need to use threats to prove that we are resolute. We do not need to jam foreign broadcasts out of fear our faith will be eroded. We are unwilling to impose our system on any unwilling people - but we are willing and able to engage in peaceful competition with any people on earth.
Meanwhile, we seek to strengthen the United Nations, to help solve its financial problems, to make it a more effective instrument for peace, to develop it into a genuine world security system - a system capable of resolving disputes on the basis of law, of insuring the security of the large and the small, and of creating conditions under which arms can finally be abolished.
At the same time we seek to keep peace inside the non-Communist world, where many nations, all of them our friends, are divided over issues which weaken Western unity, which invite Communist intervention or which threaten to erupt into war.
Our efforts in West New Guinea, in the Congo, in the Middle East, and in the Indian sub continent, have been persistent and patient despite criticism from both sides. We have also tried to set an example for others - by seeking to adjust small but significant differences with our own closest neighbors in Mexico and in Canada.
Speaking of other nations, I wish to make one point clear.
We are bound to many nations by alliances. Those alliances exist because our concern and theirs substantially overlap. Our commitment to defend Western Europe and West Berlin, for example, stands undiminished because of the identity of our vital interests. The United States will make no deal with the Soviet Union at the expense of other nations and other peoples, not merely because they are our partners, but also because their interests and ours converge.
Our interests converge, however, not only in defending the frontiers of freedom, but in pursuing the paths of peace. It is our hope - and the purpose of allied policies - to convince the Soviet Union that she, too, should let each nation choose its own future, so long as that choice does not interfere with the choices of others.
The Communist drive to impose their political and economic system on others is the primary cause of world tension today. For there can be no doubt that, if all nations could refrain from interfering in the self determination of others, the peace would be much more assured.
This will require a new effort to achieve world law - a new context for world discussions. It will require increased understanding between the Soviets and ourselves. And increased understanding will require increased contact and communication. One step in this direction is the proposed arrangement for a direct line between Moscow and Washington, to avoid on each side the dangerous delays, misunderstandings, and misreadings of the other's actions which might occur at a time of crisis.
We have also been talking in Geneva about other first-step measures of arms control, designed to limit the intensity of the arms race and to reduce the risks of accidental war. Our primary long-range interest in Geneva, however, is general and complete disarmament designed to take place by stages, permitting parallel political developments to build the new institutions of peace which would take the place of arms. The pursuit of disarmament has been an effort of this Government since the 1920's. It has been urgently sought by the past three administrations. And however dim the prospects may be today, we intend to continue this effort to continue it in order that all countries, including our own, can better grasp what the problems and possibilities of disarmament are.
The one major area of these negotiations where the end is in sight, yet where a fresh start is badly needed, is in a treaty to outlaw nuclear tests. The conclusion of such a treaty, so near and yet so far, would check the spiraling arms race in one of its most dangerous areas. It would place the nuclear powers in a position to deal more effectively with one of the greatest hazards which man faces in 1963, the further spread of nuclear arms. It would increase our security - it would decrease the prospects of war. Surely this goal is sufficiently important to require our steady pursuit, yielding neither to the temptation to give up the whole effort nor the temptation to give up our insistence on vital and responsible safeguards. I am taking this opportunity, therefore, to announce two important decisions in this regard.
First: Chairman Khrushchev, Prime Minister Macmillan, and I have agreed that high-level discussions will shortly begin in Moscow looking toward early agreement on a comprehensive test ban treaty. Our hopes must be tempered with the caution of history but with our hopes go the hopes of all mankind.
Second: To make clear our good faith and solemn convictions on the matter, I now declare that the United States does not propose to conduct nuclear tests in the atmosphere so long as other states do not do so. We will not be the first to resume. Such a declaration is no substitute for a formal binding treaty, but I hope it will help us achieve one. Nor would such a treaty be a substitute for disarmament, but I hope it will help us achieve it.
Finally, my fellow Americans, let us examine our attitude toward peace and freedom here at home. The quality and spirit of our own society must justify and support our efforts abroad. We must show it in the dedication of our own lives - as many of you who are graduating today will have a unique opportunity to do, by serving without pay in the Peace Corps abroad or in the proposed National Service Corps here at home.
But wherever we are, we must all, in our daily lives, live up to the age-old faith that peace and freedom walk together. In too many of our cities today, the peace is not secure because freedom is incomplete.
It is the responsibility of the executive branch at all levels of government - local, State, and National-to provide and protect that freedom for all of our citizens by all means within their authority.
It is the responsibility of the legislative branch at all levels, wherever that authority is not now adequate, to make it adequate.
And it is the responsibility of all citizens in all sections of this country to respect the rights of all others and to respect the law of the land.
All this is not unrelated to world peace. "When a man's ways please the Lord," the Scriptures tell us, "he maketh even his enemies to be at peace with him."
And is not peace, in the last analysis, basically a matter of human rights - the right to live out our lives without fear of devastation - the right to breathe air as nature provided it - the right of future generations to a healthy existence?
The United States, as the world knows, will never start a war. We do not want a war. We do not now expect a war.
This generation of Americans has already had enough - more than enough - of war and hate and oppression. We shall be prepared if others wish it. We shall be alert to try to stop it.
But we shall also do our part to build a world of peace where the weak are safe and the strong are just. We are not helpless before that task or hopeless of its success.
Confident and unafraid, we labor on - not toward a strategy of annihilation but toward a strategy of peace.
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