Marc Salomone / Courriel : marcsalomone@sfr.fr / blog : madic50.blogspot.com
Paris, le samedi 25 novembre 2023
Pour : NousToutes
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Pour : Maison des femmes de Paris
01 43 43 41 13 / maisondesfemmesdeparis@orange.fr
RÉFLEXION SUR LES RACINES DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
« NousToutes est un collectif féministe ouvert à toutes et tous, constitué d’activistes bénévoles dont l’objectif est d’en finir avec les violences sexistes et sexuelles dont sont massivement victimes les femmes et les enfants en France.
Le collectif est tourné vers l’action avec deux objectifs principaux :
Exiger des politiques publiques efficaces contre les violences sexistes et sexuelles en terme de budget et de méthodes,
Sensibiliser l’opinion publique aux faits et mécanismes des violences sexistes et sexuelles au travers d’actions, de communications et de formations.
Le collectif regroupe citoyen‧ne‧s, associations, organisations syndicales et politiques. Il est organisé en comités par ville, département, école, université… Les actions sont à l’initiative des militant‧e‧s et parfois relayées et coordonnées nationalement. Les mobilisations ont lieu dans l’espace public ou sur les réseaux sociaux selon la nature et l’objectif de l’action. »
Le collectif NousToutes est à l’image de toutes les démarches féministes française et sans doute de toutes les actions françaises. C’est une organisation syndicale qui s’occupe de politique.
Il veut « en finir », c’est à dire changer le monde sur ce point.
Son premier objectif « principal » est « d’exiger des pouvoirs publics », c’est à dire de l’État.
Son second objectif principal est de « sensibiliser l’opinion publique », autrement dit de mobiliser les masses pour obtenir de l’Etat « d’en finir ».
Sur le modèle de la CGT Anarcho-syndicaliste d’avant 1914, le collectif fait de la politique sans en faire tout en en faisant. Cela donne de bien belles manifestations aussi tonitruantes qu’impuissantes. Le 1er août 1914, tout le monde part à la guerre.
Le collectif veut mobiliser pour modifier la définition, l’organisation et l’exercice des pouvoirs publics quand à son objet, la place des femmes et des enfants qui à ce stade leur est liée.
Cela ne se fera que si le collectif définit lui-même ses objectifs de pouvoir.
Or, il dit ce qu’il ne veut pas (la violence) mais il tait ce qu’il veut (la place des femmes).
L’ordre en place a son propre agenda quant à ces deux objectifs. Le refus de la violence est le propre de tout ordre dominant, l’évolution de la place des femmes est le but officiel de tous les ordres publics actuels, y compris des Talibans et de la Cours suprême des Etats-Unis.
A ce niveau de la discussion, le collectif mobilise les femmes, les démocrates, pour manifester leur silence sur le contenu d’un Etat qui en aura « fini » avec les violences faites aux femmes et aux enfants.
Le cadre de fonctionnement des dites politiques publiques est laissé intact, tel qu’il est. Au plus, il est revendiqué du « budget » (fonction syndicale), et de la « méthode » (sa fonction politique).
Qui définit le budget ? Quelle méthode ? Vide de proposition, silence du collectif, attente à l’égard du gouvernement, des autres.
Le Général De Gaulle aurait ajouté « vaste programme ».
De la violence, il y en a partout et tout le temps.
L’action féministe gagnerait sans doute en conscience et en efficacité en s’interrogeant sur ces dites violences et en quoi les politiques publiques en sont-elles concernées ?
En dehors d’un simple jugement moral, pourquoi les gouvernements seraient-ils singulièrement concernés par celle-ci et pourquoi pourraient-ils y remédier ?
Les féministes ont un contenu à placer dans la « méthode ». C’est l’éducation. Elle réclame en effet du « budget ».
Le 24 novembre 2023, une représentante de l’association Maison des femmes parle des violences faites aux femmes.
Elle dit entre autre :
« Pour arrêter cette hémorragie,
Il faut remonter aux racines de la violence, il faut aller vers l’éducation, sexuelle, des adolescents. Or, la question de l’éducation des enfants n’est pas encore correctement appréhendée.
Quand vous avez appris que résoudre les choses ça passe par la violence, ça devient votre mode opératoire.
C’est là qu’il faut commencer par travailler. »
Une autre féministe proclamait à cette occasion qu’il fallait combattre la Virilité par l’éducation.
Déviriliser quatre milliards d’hommes prendra en effet du temps.
L’éducation est devenue le fourre-tout des impuissances publiques.
C’est pratique, ça ne mange pas de pain.
D’une part, il est impossible d’imposer quoi que ce soit.
D’autre par, même si par extraordinaire il se faisait quelque chose, ça mettrait vingt ans avant qu’il arrive quelque effet que ce soit.
Ça permet de faire face à beaucoup d’évènements et autant d’élections.
J’entends cela depuis les mini-jupes de 1965. D’autres l’ont entendu avant.
Pour que ça fonctionne si peu que ce soit, il faudrait que chacun soit d’accord sur le but pacifiste de l’éducation des garçons. Ce qui est très loin d’être le cas, aujourd’hui moins qu’hier.
Ce qui concerne directement les gouvernements, politiques publiques, pouvoirs publics, etc., dans cette violence, c’est le droit.
Les fameuses « racines de la violence » sont certes multiples. Il en est une cependant qui est directement remarquable, encore faut-il oser le voir, c’est que ces violences sont de droit. Et ça, ça concerne les « politiques publiques ».
Dans le monde réel, ce n’est en effet pas pour rien si les conjoints violents déclarent toujours agir en toute bonne foi, en parfaite sérénité.
Il en est ainsi car ils sont les bras de ce qui n’est certes plus la loi ni le droit mais encore une référence publique.
A ce titre, la femme est subordonnée à l’homme lequel exerce à son encontre un droit de sauvegarde de l’ordre public.
Cette référence juridique était encore la loi française il y a peu.
Loi du 26 ventôse en XII (207) : « le mari doit protection à sa femme et la femme doit obéissance à son mari ».
Le démantèlement juridique de ce statut établit dans la France moderne par le Code civil en 1804, ne commencera qu’en 1938. Le statut de Chef de famille ne disparaît qu’en 1970. L’égalité en droit des époux est acquise en 1985.
L’Insee ne passe du Chef de famille à la Personne de référence qu’en 2004. Cette référence ne s’impose dans les recensements qu’en 2016.
Il n’y a pas si longtemps les hommes tuaient par « passion », autrement dit par « honneur ».
En 2020, les tribunaux ont établi comme jurisprudence qu’une ou un enfant de 10 ans pouvait consentir à une pénétration sexuelle.
C’est donc au titre d’acteurs de l’ordre public qu’ils ont conscience d’agir.
Les assigner à la seule caricature d’une barbarie psychiatrisable est une forme d’aveuglement qui peut faire plaisir quant à la disqualification publique qu’elle entraîne mais elle est d’abord source d’aveuglement, donc d’impuissance et in fine de complicité morale et politique.
Cette caricature a d’autant moins d’avenir que depuis la prise du pouvoir par Khomeini en Iran, en 1979, et surtout des Talibans en Afghanistan, en 2021, suivi de la désinstitutionalisation du droit à l’avortement par la Cour suprême des Etats-Unis, en 2022, chacun sait que la disqualification d’un sexe (le « sexe faible ») par l’autre (le « sexe fort ») fait parti des deux filières visant à codifier la modernité.
L’éducation prend du temps, par contre, comme l’ont montré les partis politiques polonais, les Talibans, les juges de la Cour suprême, il est possible de ne pas reporter à demain la transformation des structures juridiques qui organisent les rapports des deux sexes.
Il suffit donc d’une volonté politique, d’un peu de courage et de générosité, pour imposer pareillement des réformes démocratiques ; l’autre filière de codification de la modernité.
En France, l’essentiel a été sinon fait du moins mis en place.
1- Depuis 1789, les hommes (humains ou mâles) ne partagent plus le pouvoir avec des animaux, des totems, des morceaux de bois, des extra-terrestres et leurs Livres.
2- Depuis 1945, la pleine égalité en droit est acquise.
3- Depuis 1999, la parité des sexes dans l’organisation et l’exercice des pouvoirs publics est installée dans la Constitution.
4- Les féministes ont juste à prendre les patins.
Il suffit de penser que la parité n’est pas une vocation, un défi, une ambition (parité concurrentielle de 1999), mais un élément constitutif de la légalité (parité de droit à venir), pour que les deux sexes n’aient plus à justifier de leur présence égale, conjointe, de droit, universelle, dans toutes les organisations et directions des pouvoirs publics et assimilés.
A moins de penser que les femmes, en 2023, ont encore besoin de faire des stages, d’acquérir de l’expérience, de faire leurs preuves ; il semble aller de soi que la présence de droit des femmes partout où se pense, s’organise, s’exerce, se dirige, l’organisation humaine collective, changerait les rapports publics et privés des deux sexes l’un envers l’autre.
Ce qui se retrouverait disqualifié sont les doctrines, rumeurs, idéologies, substantielles ou vaporeuses, conduisant la domination d’un sexe sur l’autre.
A ce moment là, l’éducation, les mouvements féministes, les budgets, la répression, peuvent intervenir efficacement.
Saint Just disait que « le bonheur est une idée neuve en Europe ». Deux siècles plus tard on peut s’attendre à ce qu’il ne surprenne plus.
Que faire ?
Je suggère de présenter la question relative à la Parité de droit ainsi :
A- Proposition
1- Supprimer :
Art. 1, alinéa 2
« La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales. »
2- Conserver
Art. 4, alinéa 2 : les partis politiques
« Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l'article 1er dans les conditions déterminées par la loi. »
3- Inscrire
Art.1, alinéa 2
Les Pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, les organisations de services publiques, de droit, de fait, par délégation ou circonstances, sont constitués et dirigés, par la présence égale, conjointe, de droit, universelle, des deux sexes.
B- Commentaire
Cet article est formé de deux parties :
1- La première est à discuter par les juristes concernés par la préparation du texte (« Les Pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, les organisations de services publiques, de droit, de fait, par délégation ou circonstances »).
2- La seconde est bien sûr à discuter mais le bloc doit être restitué en fin d’examen (« sont constitués et dirigés, par la présence égale, conjointe, de droit, universelle, des deux sexes. »).
Encore faut-il concevoir que toutes les femmes, sans exception, accèdent de droit aux fonctions qu’elles sont capables d’exercer et ne pas être soucieuses de mobiliser les paysannes pour faire valoir les droits de l’aristocratie ou d’éliminer les mal-pensantes au profit des pures.
En tout cas, à l’heure actuelle, et plus encore demain (comme vu aux USA), les maris qui cognent continuent de faire respecter une philosophie du droit (voir un droit positif) qui repose sur la persistance de la prééminence juridique, écrite ou implicite, d’un sexe sur l’autre.
Non, l’éducation n’est pas « aux racines de la violence ».
Oui, il est possible d’agir actuellement sur ce qui est une détermination prioritaire de « la violence » et de rendre efficace l’éducation.
En vous remerciant pour votre attention,
Marc SALOMONE
Marc Salomone / Courriel : marcsalomone@sfr.fr / blog : madic50.blogspot.com
Paris, le dimanche 5 novembre 2023
FILIATION DE L’ARCHAÏSME OU CONTINUITÉ DE LA DÉMOCRATIE
Le 8 mars 2023, lors de la journée internationale des droits des femmes, le Président de la République a pris l’engagement de constitutionnaliser ceux-ci.
Quelle est ici sa place ?
1- Les intermédiaires veulent subordonner la Constitution aux débats des acquis à préserver ou des bastions à conquérir.
Ajouter une Liberté d’avorter au préambule de 1946 est certes utile.
Cela ne répond pas à la question posée. Celle de la crainte des femmes d’une possibilité constante de régression.
2- Pour ceux, tels que lui, qui en ont la qualité, la Constitution se discute avec « ce haut des pyramides d’où quarante siècles nous contemplent », avec Saint-Louis, la Constituante, le CNR, De Gaulle.
Sur cette question de l’enchevêtrement infini des liens personnels ; il est temps en effet d’aller à l’essentiel.
La crainte des femmes vient immédiatement de l’annulation de Roe v. Wade par la Cour suprême des Etats-Unis, suite à l’action des évangélistes américains.
Elle est en fait la résonance d’une discussion internationale sur la modernité du droit.
Celle-ci est-elle toujours constituée par la domination passée d’un sexe ou par l’action égale en devenir des deux ?
A la suite de Khomeini, les Talibans ont pris la question dans toute son ampleur et ont installé la radicalité archaïque comme principe de la modernité. On ne peut plus y voir une anomalie locale. A terme, il faudra s’y plier ou permettre à la démocratie de vaincre.
1- Les féministes ne s’y trompent pas. Elles ne cessent de dire que l’archaïsme n’est plus un rebus, un reste, un fossile, mais une subversion qui peut tout submerger.
2- Les juges de la Cour suprême des Etats-Unis sont ici les supplétifs du débat ouvert par les Talibans. Ils appliquent le principe général de la modernité du droit défini par ces derniers au cas particulier de l’avortement.
Il revient donc au Chef de l’État français, par la procédure ad hoc :
a- soit de légitimer la filiation de l’archaïsme qui consolide la domination ébranlée d’un sexe sur l’autre par la disqualification franche de ce dernier.
b- soit de formaliser la voie de la démocratie en prolongeant l’égalité en droit de chacun par la présence conjointe, égale, universelle, de droit, des deux sexes dans l’organisation de l’administration humaine.
Ce qu’il est convenu d’appeler Parité.
La constitutionnalité de la Parité a été inscrite en 1999 par le Premier ministre Lionel Jospin et par le Président Jacques Chirac.
Ils se sont arrêtés à mi-chemin en donnant au sexe déjà installé et prééminent le soin de veiller à la promotion de l’autre. C’est la Parité concurrentielle.
Au Président Emmanuel Macron de faire passer le monde à la Parité de droit. Les deux sexes sont également constituants de l’administration humaine.
Je suggère de présenter la question relative à la Parité de droit ainsi :
A- Proposition
1- Supprimer :
Art. 1, alinéa 2
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
2- Conserver
Art. 4, alinéa 2 : les partis politiques
Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l'article 1er dans les conditions déterminées par la loi.
3- Inscrire
Art.1, alinéa 2
Les Pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, les organisations de services publiques, de droit, de fait, par délégation ou circonstances, sont constitués et dirigés, par la présence égale, conjointe, de droit, universelle, des deux sexes.
B- Commentaire
Cette question est formée de deux parties :
1- La première est à discuter par les juristes concernés par la préparation du texte (« Les Pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, les organisations de services publiques, de droit, de fait, par délégation ou circonstances »).
2- La seconde est bien sûr à discuter mais le bloc doit être restitué en fin d’examen (« sont constitués et dirigés, par la présence égale, conjointe, de droit, universelle, des deux sexes. »).
Pour reprendre l’expression de Victor Hugo (« l’histoire va se raturant »), le Président doit être celui qui « rature » dix mille ans d’un principe organisateur qui a sûrement rendu des services mais qui a fait son temps et qui aujourd’hui n’a plus que le visage de la mort.
C’est la place naturelle de la Constitution française. Le Peuple et ses représentants écriront les suites.
Le Monde risque de remarquer cette réforme et l’Histoire de s’en souvenir.
Marc SALOMONE
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