dimanche, novembre 11, 2018

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Blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon.

Paris, le dimanche 11 novembre 2018

REFLEXION SUR LES DEUX LOGIQUES DE PRODUCTION DE LA PARITE DES DEUX SEXES

Partie1 : Le plafond de verre

1)- Préambule
On ne peut pas tout faire avec de l'ignorance et de la bonne volonté.

Le « plafond de verre » qui illustre l'incapacité actuelle de réaliser la présence égale des deux sexes dans la direction et le fonctionnement social se construit aussi de l'incompréhension de la place des deux sexes dans le fonctionnement de la société.

Ce « plafond » procède donc également de l'ignorance qui rend aveugle. Le savoir est le socle de l'efficacité victorieuse.

C'est pourquoi ce texte est consacré à la compréhension de la fonction sociale et politique des deux sexes et leurs rapport au Pouvoir.

2)- L'Assemblée Nationale
Le 12 septembre 2018, à l'occasion de l'élection du Président de l'Assemblée nationale, dite du « perchoir », le parti machiste à infligé une dérouillée spectaculaire aux femmes et à l'évolution paritaire de la démocratie.

Lors de son discours d'investiture le Président Ferrand prendra acte de l'archaïsme de cette élection par ces mots : «J'ai parfaitement conscience que mon élection est plus le fruit de réalités politiques majoritaires que l'issue d'une compétition de talents».

Cette régression vers le conservatisme dont sont coutumiers les cadres français ne contredit pas les propos du Président Ferrant sur la légalité de son élection. Chacun des sexes a tenu sa place et y est resté.

1- Les hommes
Certes la victoire de M. Ferrand est une victoire du machisme. Mais, les hommes ont gagné parcequ'ils sont su, par culture, définir le caractère politique de cette bataille.

Lors de cette élection, le monopole de la candidature par un parti politiquement homogène élimine la primauté des enjeux de lignes politiques.
Le combat entre les candidats visait à réserver la préséance d'investiture aux hommes au lieu d'inscrire ce Poste du Pouvoir dans l'évolution paritaire de la société.

Pour ce faire, le réseau machiste de ce parti n'a pas hésité à recourir aux méthodes du vieux monde en usant des pouvoirs de l'administration interne du parti pour éliminer une candidate et impressionner moralement ses consœurs et leurs potentiels électeurs.

Les machistes ont mené un combat pour l'exercice du Pouvoir. Ils ont appelé les électeurs du Groupe parlementaire à reconduire les réseaux dominants de la formation du Pouvoir.

2- Les femmes
Les femmes candidates ont perdu d'abord parcequ'elles n'ont pas su se comporter en politiques, en combattantes, sur le terrain imposé par les circonstances, à savoir une concurrence entre les deux sexes pour l'exercice du Pouvoir.

Elles se sont maintenues dans le champ des accommodements entre collègues et se sont comme à l'accoutumée subordonnées à la bonne volonté des hommes quant il est question du Pouvoir.

Elles se sont enfermées dans le cercle corporatiste qui leur était imposé alors qu'elles voulaient rompre avec les évidences machistes de son fonctionnement.

Elles ont voulu une discontinuité en restant au sein de la même unité corporatiste qui rejette cette rupture.

Elles se sont ainsi condamnées à masquer l'affrontement des sexes qui était le seul enjeu véritable de ce débat de nomination du candidat unique de fait au Perchoir.

Pour dire la même chose que tout le monde les hommes sont bien mieux installés dans les évidences du vote.

Au lieu de ça, elles devaient en appeler au Peuple, c'est à dire à l'Assemblée Nationale et aux citoyens qui en auraient suivi les débats.

Le Président Ferrand a reconnu la légitimité politique de cette démarche en opposant les « réalités politiques majoritaires » et la « compétition des talents ».

C'est le privilège des dominants que de reconnaître qu'ils ont tord et qu'ils sont juste les vainqueurs d'un de ces combats dont la victoire est le seul enjeu.

3- La maîtrise
L'accès des femmes au Perchoir n'aurait pas changé sa ligne par rapport aux hommes puisqu'elles se réclament pareillement de celle du Président.

Une Présidente aurait cependant montré que les femmes ont accédé à ce titre par la maîtrise des combats politiques. Elle aurait été un levier pour la parité de masse.

Le précédent d'une telle maîtrise de la question du Pouvoir est Angela Merkel. Son éducation par la République démocratique allemande lui a permis de comprendre qu'elle peut concourir à la Chancellerie.

A contrario, les femmes de la République fédérale allemande, assignées aux trois K (cuisine, enfants, église) ne sont toujours pas capables de relever ce défi.

4- La député Batho
La députée Batho tire les conclusions de cette défaite en déclarant : « Les femmes doivent prendre le Pouvoir et ne plus en accepter leur exclusion. »

C'est bien l'indication que tel n'est pas le cas aujourd'hui et ce pourrait être une bonne nouvelle.

Cependant, sa conquête du Pouvoir se fonde sur l'appel aux femmes d'être « solidaires entre elles », donc de sortir des enjeux du Pouvoir. Elle n'est donc toujours pas sortie du syndicalisme féminin et de ses limites corporatistes pour entrer dans la politique et l'universel.

Partie 2 : La fonction des deux sexes
Pour que les femmes « prennent le pouvoir » et cessent d'en être exclues, il faut comprendre la place des deux sexes dans le fonctionnement du Pouvoir.

3)- Les deux références
Chacun perçoit que la question du Pouvoir ne se présente pas sous le même angle selon qu'elle est vue depuis la lutte des classes (« grande querelle humaine » de De Gaulle ou « conflits sociaux » des sociologues, etc.) ou qu'elle est vue depuis les deux sexes.
Cf. : Les deux formes, Marc Salomone, éd. Amazon.

4)- Les deux formes
Il y a deux formes d'organisation de la société.

1- La forme économique
La lutte des classes forme le système social et économique et détermine en dernière instance tous les enjeux politiques.
a- La forme économique produit les conflits de classes et leur expression politique. En 1789, entre la féodalité et la bourgeoisie.
b- C'est pourquoi l'exercice du Pouvoir, des Pouvoirs, peut se passer de la présence des femmes, voire même leur en interdire l'accès. Le Canard continue de courir.
c- C'est le monde des grandes masses humaines.

2- La forme administrative
La distribution des deux sexes est la matière concrète, humaine, de la forme administrative de l'exercice de ces fonctions sociales et économiques.
Elle est par conséquent l'armature, la physiologie, des modalités administratives d'exercice de la politique.

C'est le monde de l'individu de la société, de l'individualité et la totalité ; celui du 1 et 0 de l'informatique ou du 1 et du 2 de la sécurité sociale ; celui de la redistribution à l'infini des « individus » de la « totalité » des deux sexes.

La forme administrative produit le périmètre d'inclusion sociale du Pouvoir : Qui fait partie de la démocratie ou de la dictature, de la nationalité et de l'étranger ?

La détermination de l'élargissement des masses incluses dans l'exercice du Pouvoir dépend des rapports de forces dans la forme économique et donc de l'organisation du Politique.

3- Les liens entre les deux systèmes de référence peuvent être comparés à la double hélice de l'ADN.

5)- La visibilité de ces deux formes
Le passage d'un mode de production à l'autre transforme les rapports administratifs
a- Avant 89, les fonctionnaires, subordonnés à la forme économique féodale, donc à la personne du Roi et des Seigneurs et de leurs équivalent civils, devaient consacrer toute leur énergie au financement du train de vie féodal et royal.
Le réseau routier était aussi mal en point au 18ème siècle qu'au 15ème siècle.
b- Après 89, les mêmes personnes se distribuaient dans l'administration publique générée par la forme administrative publique subordonnée au capitalisme.
Les mêmes fonctionnaires que sous l'ancien régime, au début, pouvaient consacrer leur énergie à la Nation.
Le 19ème siècle, particulièrement brutal dans ses affrontements de classes, a organisé tout le réseau routier, ferré, postal, scolaire, administratif, égoutier, éclairagiste, etc.

6)- Les deux suffrages
Le passage de l'administration féodale à l'administration publique a provoqué une dualité dans le fonctionnement administratif.

C'est la dualité du suffrage censitaire et du suffrage universel.

Seul le passage du suffrage censitaire au suffrage universel a permis l'accès universel au tout à l'égout et après 1945 à l'électricité.

7)- La constitution du suffrage

1- Le suffrage censitaire
Le suffrage censitaire paraît être l'expression directe de la dictature d'une classe dominante.
a- Le suffrage censitaire est fondé sur le paiement de l'impôt qui est une donnée économique par excellence.
Avec le suffrage universel naît l'impôt universel. Aujourd'hui encore des réseaux universitaires réclament que les plus pauvres paient un impôt pour justifier leur droit de vote.
b- Le suffrage censitaire élimine :
ba- Une partie importante des classes dominantes que sont les classes moyennes indispensables au bon fonctionnement de la domination.
bb- Les classes dominées, ouvriers, paysans, artisans, main-d’œuvre administrative.
c- Le suffrage censitaire élimine toujours les femmes.

2- Le suffrage universel
Le suffrage universel commence par l'exclusion des femmes.

En 1848, le suffrage universel est proclamé. Il ne concerne que les mâles et qui plus est les mâles métropolitains ou coloniaux.

L'histoire du suffrage national est tout à la fois la construction de la citoyenneté politique et la reconnaissance de l'implication des deux sexes administratifs dans sa composition. L'universalité implique l'inclusion des femmes.

3- Le suffrage et l'économie
Les rapports de classes déterminent le passage d'un suffrage à un autre ; avec des possibilités parfois subtiles d'aller-retour.

Cependant, le mode de suffrage ne recoupe que très imparfaitement les rapports de forces entre les classes, groupement sociaux, catégories sociales.

L'addition des classes sociales ne forme qu'une apparence d'universalité.

Ceci se vérifie aussi bien :
a- En Europe avec les suffrages censitaires ou universels lorsqu'ils sont réservés aux hommes.
b- Dans les pays du Sud où le suffrage universel est le cache-sexe de la dictature féodale sous différentes formes. cf. la suite.

4- L'élément propre au suffrage
Le suffrage universel fait apparaître que ce ne sont pas les rapports de classes qui en déterminent prioritairement l'universalité.

Un élément commun au fonctionnement des deux suffrages indique qu'il y a une autre réalité incluse dans le fonctionnement des modes de suffrages.

Le suffrage est immédiatement subordonné à l'expression des rapports entre les deux sexes.

C'est par l'exercice de cette fonction administrative que le suffrage permet l'intervention politique autrement dit économique.

Les électeurs sont des administratifs, des fonctionnaire. Les votants sont des citoyens, des politiques.

La fonction du suffrage est d'abord la politisation de la forme administrative. A ce titre, il définit le bassin social du Pouvoir. Jusqu'à quel périmètre de population l'administration publique va t'elle étendre son action inclusive ? Avec quelles populations travaillent t'elle et qu'elles populations sont-elles assujetties ?

Dans la mesure où ils veulent utiliser les élections pour changer le système économique et social, les révolutionnaires sociaux ont toujours regardé les élections avec circonspection.

Celles-ci ne répondent pas directement en effet aux questions posées par les conflits produits par l'économie. Elles ne le font que par le détour des circuits de la forme administrative.

5- Élections et politique
Dans la mesure où les politiques sociaux comprennent ce fonctionnement du suffrage, ils peuvent obtenir non pas le changement révolutionnaire de classes dirigeantes mais la consolidation des classes qu'ils représentent dans le bassin social du Pouvoir.

C'est le cas du Front populaire et de la Libération.

C'est cela qui leur permet d'intervenir dans l'ordre économique et de participer, de fait ou de droit, à l'exercice du Pouvoir.


Il est singulier qu'en France, le suffrage de la totalité des habitants majeurs, celui qui associe en droit et à égalité les deux sexes, va de pair avec l'accession au droit de vote des anciens indigènes mais aussi avec la Sécurité sociale. Il aura fallu les bouleversement politiques de la Seconde guerre mondiale et de la victoire de la Démocratie sur le fascisme.

La réalité du suffrage (désormais toujours proclamé universel) et du périmètre administratif (désormais toujours total) sont sujets à des fluctuations.

8)- L'intrusion brutale de l'économie
Selon le vers d'Aragon : De temps en temps la terre tremble.

Les révolutions, les coups de force, les guerres, les Traités, etc, viennent déchirer le voile administratif en place pour en retisser un autre.

Les révolutions loin de rejeter la légalité sont au contraire un travail sur la légalité pour faire advenir un nouveau mode économique.

Mais dans ces cas, il est toujours possible de remarquer que cette nouvelle administration correspond à des modifications des rapports des deux sexes et de constater lesquelles.

Un retour à plus de domination et d'exclusion d'un sexe par un autre est nécessairement un recul de la Démocratie.

Partie 3 : La parité

9)- Préambule

1- La raison
Le débat sur la parité naît du constat que le formalisme du suffrage universel laisse l'organisation des Pouvoirs publics à la politique administrative fondée sur la domination d'un sexe sur l'autre.

L'humanité se retrouve à devoir faire face à des défis globaux avec une administration dont le fonctionnement est fondé au mieux sur la bonne volonté d'un sexe à l'égard de l'autre.

On ne mobilise pas la population mondiale en lui crevant un œil.




2- La nécessité mondiale

A- Le Nord
Au Nord, le suffrage universel a pu paraître s'imposer aux classes sociales et à leurs conflictualités. Dans ce cas, la parité des sexes semble venir comme une finition de cette émancipation et cet apport universaliste.

Il en est ainsi car les administrations de ces pays sont déjà universalistes. Elles sont composées d'individus et de sociétés depuis Luther, au 15ème siècle.

Le monde religieux a été détruit et l'émancipation des administrations à l'égard des classes se confond avec l'émancipation des personnes.

Il n'en reste pas moins qu'une égalité des sexes fondée sur la bonne volonté d'un sexe à l'égard des droits de l'autre à ses limites et qu'elles sont manifestement atteintes.

La régression est le constat de tous les analystes.

B- Le Sud
Il n'en va pas de même au Sud.

Les administrations archaïques y ont été presque intégralement conservées par la mondialisation coloniale. Il leur a juste été demandé d'accepter l'administration publique nécessaire au Capital.

Elle ont su considérer le développement du capitalisme comme un mode de production inégalitaire parmi d'autres et se comporter en pourvoyeuses de mains-d’œuvre dociles.

Le suffrage universel y est une concession de façade. Il préserve en arrière la dictature des formes administratives archaïques, esclavagistes, fondées sur l'asservissement des femmes comme condition administrative, sociale, de tous les asservissements sociaux.

Ce sont des manières d'administrations religieuses féodales ou coloniales.

Dans ce cadre, la parité n'est pas la poursuite d'un mouvement d'émancipation mais la condition de son commencement.

C'est la parité qui cassera la forme administrative monolithique et en particulier religieuse et permettra l'expression réaliste des modernités du système économique.


10)- Les deux voies
La France est constitutionnellement paritaire depuis la réforme de 1999.

Il est donc possible d'en examiner le fonctionnement, les réalisations, et de faire des propositions pour qu'enfin selon le projet de la députée Batho : Les femmes prennent le Pouvoir et n'acceptent plus d'en être exclues.

On s'aperçoit que la parité s'organise selon deux voies qui sont identifiables aux deux voies du suffrage : le censitaire et l'universel.

Ces deux voies paritaires sont la parité concurrentielle (censitaire) et la parité de droit (universelle).

11)- La parité concurrentielle
Embarqués avec M. Jospin, Premier Ministre, dans la parité concurrentielle, depuis la réforme de 1999, nous sommes condamnés à courir derrière la totalité des injustices faites aux femmes, l'une après l'autre, et des conséquences sociales négatives des rapports de dominations entre les sexes.

Cette réforme a fondé la parité sur un droit subjectif ou concurrentiel entre les sexes pour former et exprimer leur égalité formelle.
a- La parité concurrentielle prend des dispositions particulières pour que la parité résulte de la rencontre d'individus des deux sexes ayant des capacités personnelles, sociales, administratives, égales.
b- Cette parité est nécessairement partielle et précaire.
c- Elle est une parité honteuse et s'affuble de qualificatifs dégradants tels que les « quotas ».
d- Elle se noie dans une identification à toutes les différences, celles des variétés d'une même qualité : sexuelles, raciales, culturelles, etc.

Pressée d'obtenir des résultats dont elle ne veut pas mais qu'elle autorise, cette parité est condamnée à multiplier les contreforts policiers pour contraindre à la réussite une logique votée sinon pour échouer du moins pour réussir le plus tard possible.

Les faits montrent que ça ne fonctionne pas.

C'est le principe même du droit concurrentiel qui subordonne les rapports des sexes aux rapports de domination définis par l'économie. Ceux-ci sont aujourd'hui favorables aux détenteurs de capitaux et défavorables aux salariés donc aux dominants plus que jamais définis contre les dominés.



En effet, cette logique laisse, dans toutes les doctrines, de droite comme de gauche, une place directrice à la transfiguration sexuelle de la domination qu'est le machisme.
Il ne peut qu'en résulter cette régression politique qu'est le volontarisme dit politique et en réalité personnel. Que les personnes soient morales ou physiques.

Or, le miracle de l'émancipation individualiste est de reproduire à l'infini les logiques dominantes.

Cette logique de Sisyphe alimente le martyr des combattantes. Sitôt leur objectif acquis, il se délite sous leurs yeux.

Toutes les interventions des féministes les plus au fait de la question rapportent que les droits des femmes reculent sous des dehors de leur accession à divers postes de PDG.

Il reste à mobiliser pour l'avortement, les femmes battues, l'image de la place des femmes pour les petites filles, l'égalité dans les Bureaux municipaux, les places de directions gouvernementales et administratif, la France, l'Europe, etc.

C'est l'expression populaire, civile, de la démocratie tatillonne que nécessite le laisser-faire concurrentiel si on veut qu'il n'aboutisse pas directement à une élimination pure et simple des femmes n'appartenant pas aux classes dirigeantes.

Mais les démocrates ne courront jamais aussi vite que la vague réactionnaire et religieuse qui submerge le monde ; y compris l'Union Européenne.

Les milieux les plus idéologiquement archaïques entendent en permanence que la présence des femmes dans le fonctionnement régulier des « Pouvoirs » est une conquête permanente, incertaine, difficile, toujours remise en cause, sujette aux reculs, faite pour les élites.

Comment s'étonner que les régressions idéologiques et religieuses les plus obscurantistes s'y développent en tant que solutions alternatives ?

12)- Les raisons d'un succès
Le succès de la parité concurrentielle vient de ses conséquences sociales. Elle préserve les circuits des dominations existantes en leur incluant des femmes qui en partagent les principes.

Ses laudatrices veulent d'une parité qui certes permette aux femmes de former une totalité communiante mais au seul profit des femmes des classes dominantes et des domestiques d'autorité.

Les femmes des classes dominées sont exclues par avance des bénéfices de la participation au pouvoir et de ses conséquences. Elles ne seront jamais assez compétentes.

En fait, sous des dehors de radicalités, nombre de féministes développent une logique du même modèle que celle du suffrage censitaire ou, selon le vocable actuel, élitiste.

13)- La Parité de droit
Pour passer à la logique universaliste, les parlementaires ont la fenêtre de tir de la réforme constitutionnelle voulue par le Président Macron.

Les démocrates pourrait à cette occasion imposer la parité de droit.

La parité de droit inscrit la parité des sexes dans le fonctionnement régulier des Institutions et des Pouvoirs publics.

Ce n'est plus une option, une volonté, une politique. C'est une routine administrative de formation des assemblées délibérantes, des Directions administratives, des collèges de décisions tels les jurys, etc.

M. le Maire peut virer du bureau municipal l'adjointe trop conne à son goût. Elle sera remplacée de droit par une autre femme et il finira par se calmer.

On prend souvent l'exemple des petites filles qui perdent leur ambitions professionnelles lorsqu'elles lèvent les yeux sur le machisme des jurys de concours.

Quand elles trouveront évident que les conseils municipaux, les bureaux, mais aussi les Maires du département ou de la Région, soient paritaires, quand elles sauront que les jurys sont paritaires, elles trouveront évident de se préparer à leur carrière.

Cela peut s'étendre à la formation de toutes les organisations délégataires d'une mission de service publique ou bénéficiant d'un soutien notoire des finances publiques.

Les norvégiens ont déjà acté paraît-il que les « conseils d'administrations » doivent être paritaires ou viser de l'être.

14)- La parité universelle
La parité de droit est une extension de la logique du suffrage universel.

Les femmes ne sont pas présentent dans le fonctionnement des Institutions parcequ'elles sont meilleurs ou identiques aux hommes présents mais parcequ'elles sont des femmes ; soit l'autre moitié constitutive de l'humanité.
On passe de la logique censitaire des électeurs choisis à la logique universaliste des électeurs requis sur le seul critère d'appartenance à la totalité humaine.

15)- les deux représentations
Cette question est semblable à celles posées au fil des siècles par la représentation.

Qui doit représenter les populations dans leurs appellations les plus diverses ?

Il nous paraît évident aujourd'hui que ce sont les humains qui représentent les humains et dirigent la société.

Ça n'a pas toujours été le cas et ce n'est même pas encore le cas partout.

16)- La représentation archaïque
Des Dieux, abstraits ou animaliers, ou naturels, ont dirigés les Etats antiques.
Des Rois et des Seigneurs avec des Dieux.
Des prêtres intercesseurs auprès des Dieux,
Il faut attendre la fondation de la laïcité par Luther et les développements de celle-ci pour que les sociétés admettent que seuls les hommes sont compétents à ce titre.
Ce passage de la représentation extra-humaine à la représentation exclusivement humaine a nécessité l'affirmation de principe que les humains ont par nature en eux toutes les compétences requises pour ce faire.

Il n'y a pas si longtemps que cela, en France, le suffrage universel était combattu au titre de l'incapacité des hommes à gouverner, à enseigner, à soigner, etc, sans Dieu.

L'idéologie de l'incapacité des humains à gouverner seuls est toujours présente dans l'Union Européenne. 

Récemment, dans un débat sur France info, le cinéaste Jean-Claude Carrière déclarait que l'école laïque ne suffit pas à donner de la moralité aux enfants et qu'elle est responsable des dérives de violences scolaires et autres.
Il n'a pas été contredit.

Aux Etats-Unis, bien que l’État soit parfaitement laïque, c'est à dire que les Eglises sont séparées de l’État, les Président ont la coquetterie de prêter serment sur la Bible de même que les parties lors d'un procès.

Comment un homme qui est incapable par lui-même de dire la vérité, de comprendre et respecter la Constitution, est-il capable de faire ces opérations par le détour d'un Dieu puisqu'il ne comprend même pas le sens de celles-ci ?


Il en va de même en Russie qui a une Constitution parfaitement laïque mais dont le gouvernement trouve malin d'imposer la guerre des archaïsmes religieux.

Ces toquades ne sont plus qu'un charlatanisme dangereux, voire criminel.

17)- La représentation démocratique
La parité de droit, comme le suffrage universel, repose sur la logique de l'exclusivité de la représentation humaine dans toutes les dimensions de la direction de la société.

Les hommes ne sont pas d'abord aux postes de commandes parcequ'ils sont les meilleurs mais parcequ'il y a des postes.


Ces postes, ce sont les hommes qui les ont créés. Ils en connaissent donc les questions et sont habilités à y apporter des réponses.

18)- Soupçons et ségrégation
Le passage à la parité s'accompagne du même questionnement à l'égard des aptitudes des femmes.

Ce questionnement est repris par la parité concurrentielle.

Cette logique reprend à son compte ce soupçon d'une possible incompétence des femmes que les prêtres développaient à l'égard des hommes et que les ennemis de la Démocratie remettent constamment à l'ordre du jour pour disqualifier la Démocratie et notamment la représentation parlementaire.

Ce détour par le soupçon permet de construire et justifier une distinction entre les femmes dites de l'élite, celles qui peuvent, et les femmes du commun qui justifient les soupçons pesant sur les femmes. Bref, de faire le tri. C'est le principe censitaire.

Il n'en reste pas moins que cette logique élitiste, voire ségrégationniste, conforte techniquement le constat qu'aujourd'hui le soupçon d'incapacité des femmes pour les postes dirigeants est infondé.

Il s'en suit que la principale fonction de la parité censitaire est d'empêcher le passage à une logique de suffrage universel, c'est à dire à la parité de droit. C'est une diversion archaïque tenace.

19)- Le rituel séculaire de l'obstruction
La réforme constitutionnelle de M. Jospin et les modalités d'installation de la parité sont typiques de cette logique.

En 1999, le Parlement a rétabli au titre de la parité le circuit qu'il a imposé aux femmes de 1880 à 1944 pour justifier de leur accession à l'égalité formelle et au droit de vote.

Les femmes étant potentiellement incapables mais peut être compétentes, il faut leur offrir la possibilité d'intégrer progressivement les responsabilités que les Mâles exercent déjà d'emblée.

Ces discours veulent faire oublier que les hommes n'occupent pas la place d'abord en fonction de leur compétence mais d'abord parcequ'elle existe et qu'il y faut un humain.

Cette progressivité à reculons est la spécificité des cadres français depuis un siècle. Le vote est distingué de l'éligibilité, les degrés d'élection sont autant de grades à franchir pour accéder au Graal du vote masculin ; un jour.

Cette démarche intellectuelle a permis que la France fut une des dernières démocraties à reconnaître le droit de vote des femmes.

20)- L'invention démocratique
Cette obstruction à l'accès au suffrage universel et à l'égalité constitutionnel a été levée en 1944 par le Conseil National de la Résistance.

Le conflit entre les deux orientations, censitaire ou universaliste, concurrentiel ou de droit, eu lieu le 24 mars 1944 à Alger à l'Assemblée consultative provisoire, ouverte le 3 novembre 1943.

Au cours de cette session, Fernand Grenier, communiste, est Ministre de l'air du Gouvernent provisoire nommé par le général de Gaulle à Alger, le 4 avril 1944.
En 1959, il fait paraître « C'était ainsi...(souvenirs) ». éd. Sociales.

P. 167, il y rapporte ainsi ce conflit entre deux questionnements et sa solution démocratique :
« C'est également cette Assemblée qui lors de la discussion sur le rétablissement des Pouvoirs publics à la libération décida d'octroyer le droit de vote aux femmes.
Un projet du Gouvernement provisoire admettait le vote des Françaises pour l'Assemblé Nationale mais le rejetait pour les élections municipales et cantonales.
Une Commission de l'Assemblée Consultative présidée par le sénateur radical Giaccobi, aggrava encore ce projet déjà timide, en ne laissant plus subsister que le droit pour la femme d'être élue sans être elle-même électrice !

Mes camarades me chargèrent de défendre un amendement qui mettait fin à toutes ces subtilités.
Il était ainsi rédigé :
« Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».
c'était clair et net.
Après une discussion courtoise mais passionnée, l'amendement communiste fut voté par 51 voix contre 16 sur 67 votants.
C'est de cette séance du 24 mars 1944 que date en fait le vote des femmes de France. »

Le passage de la logique censitaire qui a paralysé le Parlement français tout l'entre-deux guerre à une logique universaliste est ici patent.

Le Général De Gaulle, Président du gouvernement de la Libération a été capable de transcrire sans discussion ce texte en loi. Ses successeurs en seraient-ils capables ?

21)- La régression militante
Les cadres français ont cédé du terrain dans le feu de l'action démocratique de la Libération. Ils n'ont pas pour autant abandonné leur logique censitaire de sélection des femmes et de leurs capacités constitutionnelles.

Cette logique paraît consubstantielle à la pensée des cadres français car elle est dans leur formation l'inscription de leur rôle de gardien de la défaite de la Révolution française. Le seul « plus jamais ça » auquel ils aient jamais adhéré.

En 1999, la réforme Jospin est le retour à la logique censitaire, élitiste. A bas la Libération ! Vive les Chambres introuvables.

La parité dans les assemblées délibérantes est acquise par le filtre de l'action électorale des partis. Ceux-ci « favorisent » la parité et donc la retarde aussi longtemps qu'ils le veulent.

En conséquence, vu l'égalité des élus à l'intérieur des Assemblées, la parité ne peut être la logique de distribution des élus dans les dispositions internes.

La nouveauté est que l'échelon communal cette fois-ci est désigné comme le lieu de l'expérimentation de la parité et de la mise à l'épreuve des femmes dans leurs capacités dirigeantes.

Les femmes auront la parité réelle dans les assemblées délibérantes si celles-ci, par l'UE et le marché, ne servent plus à rien.

22)- La réforme
La parité doit être placée à l'intérieur des Assemblées et des Pouvoirs publics.
Elle s'impose alors à toutes les modalités d'organisations d'icelles.

Dans ce cas, les partis politiques, organismes constitutionnels, ne sont plus les délégataires de la parité des Assemblées mais ils l'incluent en leur propre sein. Ce qui est certes plus modeste mais plus efficace.

23)- Propositions
Le Président Macron organise une réforme de la Constitution. C'est un fait.

Il serait peut être opportun que les femmes et tous les démocrates qui soutiennent la parité proposent à cette occasion les réformes nécessaires pour installer la parité de droit et la sortir de la subjectivité des cadres de circonstances.

Les ajouts de la réforme de 1999 pour la Souveraineté et les partis politiques sont les suivants :
Art. 1, alinéa 2 : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
Art. 4, alinéa 2 : « Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminées par la loi. »

Je propose la suppression de ces articles constitutifs de la parité subjective ou concurrentielle.

Ils sont remplacés par deux modifications de l'Art.1, alinéa1 et de l'ajout d'un alinéa 5 à l'Art. 3

Art. 1, alinéa 1 :
« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Les députés ont déjà voté :
« Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de religion ou de sexe . »

NB : En juillet 2018, en ajoutant l'indistinction des sexes, les députés ont voté la suppression de « sans distinction de race ». Ceci engendre nécessairement l'organisation des partis puis des pouvoirs publics à partir de la constitutionnalité de la distinction des races.

Cette suppression de « l'indistinction des races » (sous la pression des lobbys communautaristes et de l’État américain) entraîne nécessairement la suppression de « l'indivisibilité » de la République et du principe de « continuité » de l’État.
La demande de suppression de ces principes fait déjà l'objet de livres de la part d'idéologues du communautarisme religieux.

Il ne restera plus aux factieux qu'à faire acter l’inconstitutionnalité de ces principes par le Conseil Constitutionnel. Ce qui ne devrait pas être trop difficile.

Il semble bien que l'ajout de l'indistinction des « sexes » soit le paravent de la tribalisation des Assemblées et des Pouvoirs publics.

Art. 3 :
Ajout de l'alinéa 5 : « Les pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, sont constitués par la présence conjointe, égale, universelle, de droit, des deux sexes. »

Cette formulation proposée assure la parité de droit. Les deux sexes seront alors présents à égalité et de droit partout où les décisions publiques sont prises.

24)- L'annulation des femmes
1- La subjectivité de la réforme Jospin soumet les femmes à la bonne volonté des hommes de reconnaître leur valeur.
a- Le 30 août 2016, le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) devait pourvoir au remplacement de dix Procureurs généraux.
b- Le CSM a jugé qu'aucune des candidates n'était apte à exercer cette fonction.
2- Tous les systèmes de dominations, si ouverts paraissent-ils rappellent toujours à l'occasion qu'ils sont fondés sur des principes de domination et non d'égalité.

25)- Parité et Politique
La présence conjointe des deux sexes ne donne pas une ligne politique particulière.

Cette dernière est le fruit des combats politiques qui sont en dernière instance les préoccupations des classes sociales.

A la différence de la parité concurrentielle, la parité de droit n'assigne pas les femmes à quelque qualification que ce soit. Seule compte la caractéristique sexuelle comme déterminant d'une présence égale et de droit dans les réseaux administratifs.

Elle est donc une garantie de la liberté personnelle des femmes. Comme l'accès aux élections a été une garantie de la liberté personnelle des hommes.

Par contre, la parité impose aux politiques de gouverner en incluant les deux sexes qui sont une figure administrative de la totalité de la population dans son logiciel d'actions positives.


26)- Le Monde
Les politiciens voudraient transposer les modes d'organisations démocratiques du passé dans les organismes supranationaux, comme l'Union européenne ou les esquisses de gouvernances mondiales.

1- l'Europe
Après les illusions de sociétés dirigées par l'action aveugle de la concurrence, les européens doivent bien se rendre compte de l'importance capitale de la forme administrative.

Transposée à l'échelle européenne elle s'en trouve démultipliée.

Le formalisme universaliste est de plus en plus le masque de régressions machistes.

Je ne développe pas ici, mais il est patent qu'une des raisons du soutien de certains réseaux de cadres dirigeants aux migrations est la volonté d'utiliser ces cultures archaïques, à l'insu de ces populations, pour casser la gueule aux femmes, aux filles, et au delà à la laïcité et à la Démocratie politique.

2- le Monde
A l'échelle mondiale, l'émancipation des peuples colonisés et leur poids croissant dans la construction d'une gouvernance mondiale met la parité au centre de tous les débats administratifs distincts des débats économiques.

Il n'y aura pas d'Europe ni de gouvernance mondiale sans l'installation des femmes dans toutes les instances des Pouvoirs publics et des Assemblées délibérantes de façon égale, conjointe, de droit et universelle.

On peut se mentir, se tromper soi-même, mais on ne peut pas échapper à cette question.

27)- Une comparaison historique.
En 1978, l'historien Philippe Dawson fait paraître un article sur les conditions de la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Cf. : Annales historiques de la Révolution française Année 1978 pp. 161-179

En juillet 1789, l'Assemblée Nationale a formé le 6ème Bureau, pour rédiger un projet de déclaration des droits de l'homme. Ce n'est pas un « grand homme » qui a rédigé ces articles mais l'Assemblée Nationale sur présentation de ce rapport.

Le parlement se trouve aujourd'hui face à une rupture constitutionnelle de principe. Il est dans la même situation que ses ancêtres de 1789.

Je voudrais que les parlementaires comparent la qualité de leurs situations, de leurs formations, de leurs capacités publiques, à celles de ces rédacteurs et qu'ils se regardent dans la glace :

Marquis de Fumel Monségur, maréchal de camp, noblesse, Agen
Vauquelin, marquis de Vrigny, capitaine de cavalerie, noblesse Alençon
Le Comte de Culant, brigadier des armées du Roi, noblesse, Angoulême
Le marquis de Guilhem-Clermont-Lodève, officier de marine, noblesse, Arles-ville.
Repoux, avocat, Tiers-état, Autun
Bouchette, avocat, Tiers-état, Bailleul
David, curé de Lormaison, clergé, Beauvais.
La poule, avocat, Tiers-état, Besançon
De Luze Létang, notaire, Tiers-état, Bordeaux
Le Baron de Wimpffen, maréchal des logis, noblesse, Caen.
Le comte de Toulouse-Lautrec, maréchal de camp, Castres
Bouvet, négociant et juge consul, Tiers-état, Chartres,
Lemoine de Bellisle, noblesse, Chaumont-en-Vexin
Le Lubois, curé de Fontenay, clergé, Coutances
Le Baron de Chalion, conseiller au parlement du Dauphiné
Guilloz, curé d'Orchamp-en-Vennes, clergé, Dôle
Beauperray, laboureur et marchand de chevaux, Tiers-état, Évreux
Le marquis de Biencourt, maréchal de camp, noblesse, Guérêt.

28)- Conclusion
La télévision nous apprend régulièrement que :
1- les dirigeants du Pays cherchent des moyens pas chers de réformer, de rapprocher le pouvoir des citoyens, de donner de l'espoir aux petites filles, de démocratiser les instances dirigeantes, etc.
2- Les gouvernements se préoccupent de la place de la France dans le monde et de l'utilité de son message.

La parité de droit correspond à tous ces critères. Partout dans le monde, les populations attendent ce message de la France.

Il suffirait de demander à Asia Bibi, aux femmes américaines qui veulent avorter, aux petites filles françaises qui renoncent à des études scientifiques.

Marc SALOMONE

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