samedi, mars 02, 2019

01.03.19, contribution10, bataclan, gendarmes, colonel, massacre, procureur, obstruction

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Paris, le samedi 1er mars 2019


REFLEXION (10) SUR L'OBSTRUCTION FAITE A L'ACTION JUDICIAIRE DANS L’ÉTUDE DU MASSACRE DU BATACLAN ET SUR UNE DUALITÉ DE L'ATTENTION JUDICIAIRE QUI CONDUIT A L'OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE SUR LE CHAMPS OU PAS DU TOUT SELON DES CRITÈRES OBSCURES. (Voir la contribution 9, du 19.02.19)


1)- L'objet
L'ordinaire des affaires judiciaires sortant de l'ordinaire nous apprend que l'attention des magistrats est retenue dans certains cas et non pas d'en d'autres pourtant identiques.

Je veux savoir pourquoi le procureur de la République n'entend pas les dénonciations des gendarmes dans l'affaire du Bataclan et pourquoi n'ouvre-t'il pas une enquête sur les agissements du Colonel mis en cause par ceux-ci.

A)- Une affaire indigne de l'attention judiciaire

2)- L'affaire du Bataclan
Le Canard Enchaîné du 27 février 2019, p.1 « Un Sentiment de GI-Gêne », signale un article du Monde du 23 février par lequel certains gendarmes du GIGN mettent en cause leur chef, un colonel, au sujet du Bataclan, le 13 novembre 2015, et de l'affaire Kouachi, le 9 janvier 2015.

Le journal rappel qu'il avait déjà reproduit une lettre des mêmes, du 13 juillet 2016, « adressée au N°1 de la Gendarmerie », dans laquelle ils affirmaient que ce Colonel les avait empêchés de partir à l'assaut des terroristes du Bataclan.

A plusieurs reprises, la presse a rapporté les propos de ce Colonel qui s'est opposé au transfert du Famas d'un soldat statique au commissaire de police prêt à se battre. On lui doit cette formule « je n'envoie pas mes hommes dans un pot d'encre ».

Le Commissaire de police et son adjoint ont à eux seuls arrêté le massacre à 80 morts. Il leur a fallu pour cela outrepasser l'interdiction qui leur fut faite d'agir.

Il a été sciemment accepté qu'il y ait logiquement beaucoup plus de morts.
Le procureur de la République connaît ces faits et il n'a jamais engagé d'action judiciaire alors que celle-ci est de droit.

Cette répétition d'interpellations des Pouvoirs publics par les gendarmes rend la demande de ceux-ci explicite et invalide la ritournelle médiatique selon laquelle la justice n'agît pas parceque les français sont trop lâches pour déposer une plainte.

3)- La présence judiciaire
Il est insultant pour les victimes et les français de soutenir que les actes de cet homme relèvent de la seule réflexion administrative.
1- Des hommes sont morts du fait de son action de décideur. Plusieurs dizaines de morts auraient pu être évités par l'action de la gendarmerie. Il savait qu'il en programmait logiquement d'autres.
2- L’interrogation sur le possible caractère criminel de cette action, ou de cette inaction, concerne au premier chef le procureur de la République.

4)- La nuit et la lumière
1- Dans l'affaire Saboundjian, les magistrats ont très bien su étudier de près les fautes de responsabilité qu'ils ont imputées au policier et le condamner de manière infamante.
Qu'avait-il fait ? Il nous a protégé en tirant un coup de feu qui fut par ailleurs mortel sur un voyou récidiviste en cavale qui avait sorti une arme de son étui aux fins de se soustraire par tous les moyens à son arrestation.

2- Dans l'affaire du Bataclan, les gendarmes font comprendre publiquement qu'ils refusent de taire l'obstruction faite à leur action dans une situation où cette paralysie a eu pour conséquence directe la mort de dizaines de personnes.
a- Sans l'intervention clandestine, virtuellement illégale, d'un commissaire de police, le bilan aurait été bien plus important.
b- Ils exigent donc que les Pouvoirs publics rendent compte de ce qu'ils ont eux-mêmes la compétence de qualifier de faute.

Là par contre, la justice ne sait plus étudier les responsabilités prises par les décideurs de l’État dans l'ampleur du massacre.

Par chacune de ces dispositions contradictoires, les magistrats laissent les forces de l'ordre dans la nuit et placent les criminels dans la lumière.

B)- Deux affaires dignes de l'attention judiciaire
Pourtant, à la différence de cette dérobade, il y a d'autres informations de presse dont la logique est similaire et auxquelles la justice a cependant donné une suite immédiate.

5)- L'affaire Fillon
Wikipédia nous rappelle ainsi cette affaire :
1- Le 25 janvier 2017, l'affaire débute par un article du Canard enchaîné qui affirme que Penelope Fillon, épouse de François Fillon, a été rémunérée 500 000 euros brut pour des emplois d'attachée parlementaire auprès de son mari et son suppléant Marc Joulaud entre 1998 et 2007 et en 2012. Il affirme aussi qu'elle a eu, en 2012-2013, un emploi de conseillère littéraire à la Revue des deux Mondes payé 100 000 euros brut. L'absence de traces convaincantes du travail de Penelope Fillon et sa distance avec la vie politique de son mari conduisent le journal à soupçonner que ces emplois seraient fictifs.
2- Le 25 janvier 2017, le jour même, le parquet national financier ouvre une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits.
3- Dès le 26 janvier, François Fillon conteste le caractère fictif de ces emplois dans un entretien au journal télévisé.

6)- L'affaire Ventura
Le 17 janvier, Luigi Ventura, 74 ans, représentant du pape en France, est en visite officielle à l'Hôtel de Ville de Paris,

Selon la Ville de Paris : « Le nonce apostolique a caressé les fesses de manière répétée de l'agent qui était chargé de l'accueillir. Il s'agit d'un homme d'une trentaine d'années, membre de la direction des affaires étrangères de la mairie de Paris. Les faits se sont déroulés devant plusieurs témoins, dont d'autres agents de la mairie »,
Le 23 janvier, la mairie de Paris a fait un signalement au parquet, en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale.
Le 24 janvier, le lendemain, le procureur de la République ouvre une enquête du chef d'agressions sexuelles, Plusieurs employés de la mairie de Paris ont été appelés à témoigner dans le cadre de l'enquête, confiée à la police judiciaire. 

7)- Deux attentions judiciaires
1- M. Fillon et M. Ventura
a- La justice ouvre une enquête sur le champ.
b- ils contestent les dires journalistiques
c- la justice poursuit son action.
2- Le Bataclan
a- les gendarmes insistent sur plusieurs années pour que les Pouvoirs publics répondent aux questions posées par l'action de ce Colonel.
b- la justice continue son obstruction de l'action judiciaire.




8)- Conclusion
Les français sont en droit de savoir de quel droit :
1- Les dénonciations répétées des gendarmes sont-elles moins honorables que celles d'un hebdomadaire ou de la Ville de Paris.
2- La vie des clients du Bataclan est-elle moins précieuse que les sous des contribuables ou les fesses des agents communaux.
3- Un Colonel de gendarmerie bénéficie-il d'une immunité judiciaire dont ne peuvent pas se prévaloir ni un ancien Premier Ministre, député, candidat à l'élection présidentielle ni un représentant du Pape bénéficiant de l'immunité diplomatique.

1- Les gendarmes répètent depuis des années : « nous avons honte pour lui comme nous avons honte de nous ».
2- Les magistrats ne peuvent se subordonner à la « honte ». Ils instruisent et ils jugent.

Pourquoi les magistrats le font-ils pour les uns et pas pour les autres ?


Marc SALOMONE
Ouvrier retraité


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