mercredi, mai 22, 2019

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Paris, le mercredi 22 mai 2019

CONTRIBUTION (20) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN 2019.
LE BREXIT ET LA PRIVATISATION DE LA POLITIQUE EUROPEENNE (1).


L'objet de cette réflexion porte sur les conséquences politiques stratégiques de la sortie de l'Angleterre de l'UE. Je n'étudie pas les filiations causales de celle-ci.

1)- Préambule
Nous voici tous au pied du mur.

Les européens doivent se demander s'ils veulent un IIème Reich européen, exclusif de l'Angleterre et dominé par l'accord, désormais conflictuel, entre l'Allemagne prussienne et les Etats-Unis (Le 1er Reich européen va de Munich, le 29 et le 30 septembre 1938, au 8 mai 1945) ou s'ils veulent une Europe démocratique, de Londres à Varsovie, rendue possible depuis la victoire de la Démocratie en 1945.

Ils doivent se poser la question et y apporter une réponse. Chaque décision aura des conséquences.

2)- Le duel
Le Brexit qui sort l'Angleterre des institutions de l'UE assure mécaniquement la suprématie de l'Allemagne sur une Europe institutionnelle devenue alors purement continentale.

Il est un fait que désormais, les cadres allemands veulent toutes les Directions de l'UE. Pour l'instant, ils les réclament au nom de leurs capacités supérieures. Demain, ils en feront un droit.

En ce sens, le Brexit conclut 150 ans de politique d'Etat prussienne.

L'Allemagne du Traité de Maastricht, de 1992, est dans la continuité de la politique prussienne d'unification territoriale de l'Allemagne en 1970 et d'unification servile de l'Europe, en 1914 et 1940.



3)- La privatisation
Cet tournant politique se présente comme celui de l'unité institutionnelle, de l’État de droit, de la transparence, face aux manœuvres particulières, secrètes, subversives, de l'Angleterre.

Or, il apparaît d'abord comme un formidable accélérateur de la privatisation de la politique dominante européenne.

Cette privatisation des relations politiques entre les Etats européens accompagne la dictature de la forme privée de la propriété économique sur laquelle est bâtie l'Union Européenne.

Il y a dictature parce que la fameuse « concurrence libre et non faussée » originelle impose non seulement le primat de la forme privée mais en définitive son exclusivité.

Le Brexit est une étape de son expansion ; une date. Les Anglais en ont rêvé. Les Allemands le font.

4)- Libéralisme et étatisme
Sous des dehors étatiques, cette primauté des intérêts privés fut courante, voire dominante, jusqu'à la Libération, en 1945.
a- Seule la victoire de la démocratie sur le nazisme a donné à l’État la primauté sur le privé.
b- L'union européenne est d'abord le retour à la primauté, voire à l'exclusivité, de la propriété privée.

Il n'y a aucune contradiction entre l’étatisme absolu et le libéralisme dominant. La propriété privée prend la direction de l'exercice de l’État.

Par exemple :
A- Angleterre
La Reine Victoria était l'impératrice d'un empire dont la Compagnie anglaise des Indes orientales était le gouvernement de fait par les pouvoirs légaux qui lui étaient conférés par le gouvernement anglais.
Lors de la révolte des cipayes, aux Indes, en 1857, l’État anglais fut le supplétif miliaire de la Compagnie.
La révolte écrasée, l'empereur Bahadur Shah Zafar se cacha au tombeau de Humayun, mais il fut capturé. 
Il assista à l'exécution à Delhi de ses fils et petit-fils par le lieutenant William Hodson. Leurs têtes coupées lui furent présentées.
C'est la déposition par la Compagnie du dernier empereur moghol qui a permis à la Reine Victoria de devenir Impératrice.

B- L'Allemagne
La légende médiatique veut que le IIIème Reich étatiste et fasciste soit l'exact contraire de l'Angleterre libérale et démocratique.
Il n'en est rien quant aux rapports de la propriété privée économique et de l’État.

1- De 1933 à 1945, le gouvernement du IIIème Reich, symbole de la dictature étatique, a constamment payé l'argent qu'il empruntait aux banques plus cher que le gouvernement anglais.
2- A partir de 1941, les difficultés du Front russe entraînent la dépense d'armement militaire à dépasser sa production.
a- Le Reich met en place l'esclavage des peuples européens.
b- Il réorganise l'économie sur une base centralisée et dictatoriale.
3- Victoire de l'étatisme ? Pas du tout
Les organismes de centralisation économique sont des organismes d'Etat disposant des prérogatives de l’État mais ses dirigeants sont les dirigeants des Konzerns.
Ces « Unions industrielles nationales » sont toutes dirigées par les grands noms des Cartels. Ils y sont tous : Krupp, Mannesman, Flick, Goering, etc.)
L'équivalent dans l'industrie de l'armement, le « Conseil de l'armement » est dirigé par les mêmes.
L'étatisme hitlérien est la remise des capacité et de l'autorité de l’État aux dirigeants privés.

5)- Les points forts de la privatisation politique
Cette privatisation se remarque en quelques faits historiques cruciaux.

1- L'Angleterre
L'exclusion de l'Angleterre ne porte que sur sa présence comme nation dans les instances démocratiques et politiques.

Une fois exclue, l'Angleterre redevient un partenaire économique de premier plan de l'Allemagne. Elle est une des conditions de la puissance européenne et mondiale de celle-ci.

En dépit des apparences et des contraintes de la guerre, ce fut le cas pour les IIème et IIIème Reich allemands, c'est l'un des fondamentaux de la politique allemande continue depuis 150 ans ; y compris durant les guerres.

Des empêchements circonstanciels ont remis ces relations étatiques privées à une date ultérieure. Le Brexit est l'occasion de les reprendre.

Cette installation d'une activité commune privée des cadres dirigeants allemands et anglais hors des institutions européennes et hors du contrôle des pays européens, est la reprise de l'activité européenne de l'Angleterre, sous le diktat de l'Allemagne.
2- La Turquie
Cette privatisation politique garantie aussi la continuité de la politique allemande d'alliance avec la Turquie et de l'entrée de celle-ci dans l'UE. Cette alliance stratégique est la raison de la reconduction de l'Occupation turque du territoire libre de Constantinople, en 1918 et 1945.

a- En 1918, la Turquie était vaincue avec son alliée l'Allemagne. En sus du génocide arménien en Asie, c'est le moment qu'on choisit les Turcs pour épurer le territoire européen libre de Constantinople des Grecques et autres peuples non Turcs et non musulmans. Des centaines de milliers de personnes furent massacrées, exilées, asservies, pour maintenir cette Occupation.

b- En 2015, en coordination avec la Turquie l'Allemagne organise la venue en Europe de plus d'un million de migrants dits syriens.
Par cette initiative, la RFA impose sa politique administrative à tous les pays d'Europe notamment aux pays d'Europe de l'Est qu'elle considère comme des colonies.

c- Le 18 mars 2016, l'UE signait un accord avec la Turquie concernant le contrôle des migrants et la reprise des négociations pour l'intégration de la Turquie à l'UE.
Cet accord a été négocié exclusivement entre la Chancelière d'Allemagne et un féal et le Premier Ministre turc. L'accord privé s'est imposé à l'UE.

L'entrée de la Turquie dans l'UE verrouillera la suprématie prussienne sur l'Europe. Enfin chez soi !

3- La France
Cette élimination politique de l'Angleterre permet à l'Allemagne et à ses obligés d'isoler la France, de la vaincre d'une façon ou d'une autre, et d'assurer sa domination sur l'Europe.

C'est une suite du débat séculaire entre la France et les pays associés et le Saint-Empire Romain Germanique.

Par l'article de Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée « AKK », Présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), candidate à la Chancellerie, le gouvernement allemand met déjà en place les conséquences de la sortie de l'Angleterre de l'UE.

Elle annonce à la France qu'elle doit à nouveau capituler et à l'Europe qu'elle doit se soumettre politiquement ; la soumission financière est déjà actée.


Par la voix de la Présidente de la CDU, l'Allemagne prussienne présente la facture.

La réclamation publique par l'Allemagne du siège de la France à l'ONU, directement ou via l'UE, a été préparée de longue date.
En France, la manœuvre a été lancée par le discours du Président Chirac le 16 juillet 1995 pour la commémoration annuelle de la Rafle du vel-d'hiv.

En prétextant de la commémoration de la Rafle, le Président Chirac a voulu légaliser le régime de Vichy et donc la Rafle elle-même. Ce faisant, il a placé la France dans le camp des vaincus. Il a donc disqualifié la présence de droit de la France au Conseil de sécurité de l'ONU.

La réclamation par l'Allemagne du siège français, même via l'UE, repose sur une recomposition de l'analyse de la seconde guerre mondiale :
a- A ce titre, l'Allemagne n'a été vaincue que par les Etats-Unis.
b- Elle est vainqueure de la France en 1940. C'est la seule bataille qui compte.
c- La participation de la France à la Victoire devient illégitime. Elle est l'escroquerie d'un Etat criminel qui cherche à survivre à sa défaite. Celle de 40 conditionnant celle de 45.
d- De Gaulle est le faux-né de l’État français dont Pétain est le seul représentant légitime.
e- La guerre contre l'Union soviétique était légitime et salvatrice.
f- L'Union soviétique ne fait pas partie des vainqueurs.
En RFA, ce sont les associations juives qui sont, aujourd'hui encore, chargées d'obtenir des juifs des pays de l'Union soviétique qui demandent l'asile de renoncer à dire qu'ils viennent d'un pays vainqueur de l'Allemagne.
g- L'attaque de 1941, contre l'Union soviétique, se perpétue légitimement jusqu'à la défaite de l'Union soviétique en 1991.

Il devient alors logique, légal, que l'Allemagne se substitue à la France à la table des vainqueurs qu'est le Conseil de sécurité de l'ONU. Formellement, cela peut se faire par le subterfuge de l'attribution du siège de la France à l'UE.

Le programme a été annoncé, les démentis de la domesticité médiatique n'y changent rien.

4- La Grèce
Pour des raisons que j'ignore, la Grèce est une position stratégique pour verrouiller l'Europe.

En 2013, la RFA alliée au USA, en partenariat avec l'habituel gouvernement grec corrompu, à organisé la mise en faillite de l’État grec par le truchement de la banque Goldman Sachs.
La mise en scène de la révélation de la faillite de la Grèce par le premier Ministre grec en présence de la Chancelière allemande, Mme Merkel, et du Président de la République française, M. Sarkozy, est une pure mascarade visant à tromper les peuples et à faire obstruction à la justice. C'est une scène pénale.

Les cadres de l'Union européenne ont dénoncé eux-mêmes la participation du Président de l'Union européenne, M. Barroso, à la guerre coloniale financière contre la Grèce.

L'asservissement de la Grèce qui s'en est suivit réinstalle l'inégalité entre les peuples européens comme principe fondateur de l'UE prussienne et impériale.

Il n'y a qu'une différence de forme circonstancielle entre l'occupation militaire de la Grèce par les troupes allemandes du IIIème Reich, puis anglaises et enfin américaines, et l'occupation financière de la Grèce par les administrations du IIème Reich européen soumises à l'Allemagne.
La Grèce est juridiquement une colonie financière du IIème Reich européen.

5- L'escroquerie au droit
Ce glissement vers une Europe continentale dominée par l'Allemagne passe aussi par la capacité reconnue à celle-ci de placer chacun des pays européens, les uns après les autres, en tord juridiquement à l'égard de Traités dont l'Allemagne disposent à la fois de l'écriture et de l'interprétation.

La Grèce, l'Angleterre, le groupe Pologne, Hongrie, Tchéquie. Il est annoncé par la Cheffe de la CDU que la France suivra.

C'est le même principe du saucissonnage qu'à Munich. Tous les Etats européens y passeront.

Ainsi, pour conduire les négociations du Brexit, les partisans de l'Europe continentale ont utilisé un procédé de Direction bien connu ; un vieux truc de pouvoir que la vanité humaine rend inusable.

Ils ont laissé un national de leur future proie, la France, conduire l'exclusion de l'avant-dernière, l'Angleterre.

De cette façon, leur tour venu, il suffira de ressortir aux français les arguments qu'ils auront eux-mêmes laissé revendiquer en leur nom pour le Brexit.

6- Les Etats-Unis
En 1885, la conférence de Berlin, convoquée et présidée par Bismarck, organise le partage de l'Afrique.
Les Etats-Unis y participent comme membre actif.
Depuis cette date, l'Allemagne est le point d'appui de la politique américaine en Europe continental. Le seul pays qu'elle reconnaisse comme interlocuteur.
Aujourd'hui, ils se partagent l'Europe. Ils préparent donc la prochaine épreuve de la domination exclusive de l'un et de l'élimination de l'autre.

6)- Le Brexit
Il y a moult raisons au Brexit et chacun peut y aller de sa jactance.

Une raison majeure de sa cause et de la domination allemande de l'Europe continentale est à rechercher aussi, et peut être d'abord, dans le dispositif intellectuel des cadres européens vainqueurs, c'est à dire d'Europe de l'Ouest.

Selon le mot de Talleyrand, les cadres européens « n'ont rien appris ni rien oublié ».

1989 n'est pas un nouveau départ pour l'Europe. C'est la répétition de la « divine surprise » de Juin 1940, le retour au monde d'avant 1945, 2017, 1789.

Le Brexit vient de là. Il est le produit de cette revanche sur les effets de la victoire de la Démocratie en 1945.

Trois marqueurs parmi les plus visibles de cette revanche :
a- La destruction des systèmes de Sécurité sociale dans toute l'UE ; à la fois comme condition d'adhésion à celle-ci (pays de l'Est) et comme conséquence de l'intégration (Par exemple, la suppression des cotisations sociales d'entreprises pour détruire la Sécurité sociale française).
b- La délégitimation de la propriété publique qui fut le support de toutes les politiques démocratiques européennes.
c- La dictature de l'exclusivité de la propriété privée qui fut le support de toutes les aventures fascistes et notamment hitlérienne.

Cette revanche est aussi bien à l'égard des pays de l'Est qui redeviennent des colonies que des peuples de l'ouest, y compris anglais, qui perdent tous les acquis sociaux, démocratiques, économiques, de la victoire de 1945.

7)- La paix
Les médias expliquent continûment que le refus de la soumission à l'Allemagne prussienne conduit à la guerre européenne. Les mêmes ressassent aussi le mantra selon lequel l'imposition de la séparation de l'église et de l’État à l'islam conduit à la guerre civile.

Or, ce qui a assuré la paix en Europe, de 1945 à 1992 date de la guerre de Yougoslavie, ce n'est ni l'entente franco-allemande ni le Traité de Rome.

C'est la victoire de la Démocratie assurant la défaite du nazisme, en 1945. La France Libre et l'Angleterre étaient dans le camp de la Démocratie ; l'Allemagne dirigeait le camp du nazisme incluant le régime de Vichy.

8)- L’Angleterre et l'Allemagne
Le mort saisi le vif. L'Europe ne peut pas continuer dans cette cannibalisation du présent par le passé.

Les peuples européens n'ont pas à subir les conséquences de ces ambitions impériales déçues ou satisfaites.

Les relations de voisinage avec l'Angleterre n'ont jamais été simples. Elles sont toujours très compliquées.

Mais ce qui est simple et clairement perceptible par tous est que depuis 150 ans la démocratie n'a pu être défendue qu'avec l'Angleterre, quelque soit la multiplicité de ses calculs et de ses compromissions, et qu'elle a régulièrement été attaquée par l'Allemagne, quelques soient ses capacités de développement.

La présence de l'Angleterre dans l'Union européenne est une nécessité majeure pour la Démocratie et l'Europe.


Marc SALOMONE



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