jeudi, septembre 23, 2021

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Marc Salomone / blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les Deux formes, éd. Amazon

Paris, le jeudi 23 septembre 2021


REFLEXION SUR LE COMMUNQUE COMMUN DES PRESIDENTS BIDEN ET MACRON POUR SES QUALITES CONCERNANT LA PRESENCE FRANCAISE DANS LE PACIFIQUE.

 

Après l'annonce le 15 septembre 2021 de la rupture du contrat de construction de sous-marins entre l'Australie et la France, le Chef de l’État français, Emmanuel Macron, a fixé les points de discussions avec le gouvernement américain ; soit le Président des Etats-Unis, Joe Biden.

« Cela concerne notamment :

1- L’importance stratégique de l’engagement français et européen dans l’Indopacifique ;

2- La pleine reconnaissance par nos alliés américains de la nécessité de renforcer la souveraineté européenne ainsi que l’importance de l’engagement croissant des Européens pour leur défense et leur sécurité ;

3- L’engagement commun dans la lutte contre le terrorisme ».

En France continentale, les commentateurs médiatiques se focalisent sur le points 2 et 3, l'Europe et le Sahel, sur lesquels le communiqué prend parti.

Un aspect logique du communiqué n'est pas relevé par le débat public.

Celui qui concerne l'Asie du Pacifique noté par l'expression « l'Indopacifique ».

La France n'est pas présente dans cette région du monde comme alliée européen des Etats-Unis.

Elle y est présente d'abord comme Nation ; aussi bien en Nouvelle-Calédonie qu'en Polynésie.

Or, le pacte tripartie Australie, GB, USA, (le Pacte Aukus) vise à intégrer tous les Etats de l'Indopacifique dans une alliance stratégique bien plus large que l'alliance militaire, dominée par les USA. Ou à les y subordonner.

Le pacte Aukus vise :

1- A « défendre la paix et la stabilité dans toute la région ».

2- Il doit permettre de « doper la coopération dans de nombreux et nouveaux domaines ».

Il couvre donc des domaines de coopération en matière d'intelligence artificielle, de technologies quantiques et cybernétiques, d'installations industrielles et de chaînes d'approvisionnement.

Le président Biden a expliqué les raisons de ce pacte :

« Il s'agit d'investir dans notre plus grande force, nos alliances, et de les mettre à niveau pour relever les défis d'aujourd'hui et de demain...

« Nous devons être en mesure d'aborder l'environnement stratégique actuel de la région et son évolution, car l'avenir de chacune de nos nations et, en fait, du monde, dépend de la liberté et de l'ouverture de l'Indo-Pacifique ».

Le pacte Aukus expulse la France du marché militaire australien car il n'y a pas de place « dans l'environnement stratégique actuel de la région et son évolution » pour un pays qui refuse « l'alliance » avec les Etats-Unis comme étant une pièce de la « plus grande force » de ceux-ci.

L'indopacifique est considéré par les auteurs du pacte Aukus comme étant soumis soit aux Etats-Unis soit à la République populaire de Chine (RPC).

Cette rupture de contrat comprend donc en germe l'expulsion de la France du Pacifique.

Ceci a des conséquences directes sur l'évolution des Territoires français du pacifique ou se posent légalement la question de leur indépendance.

Le pacte Aukus interdit toute évolution libertaire de ces territoires s'ils devenaient indépendants de la France.

Ils seront immédiatement assignés à l’assujettissement aux Etats-Unis ou considérés comme des faux-nez de la République populaire de Chine (RPC).

C'est précisément parce que la France est soupçonnée de ne pas vouloir s'engager dans une politique institutionnelle d'affrontement avec la RPC qu'elle a été brutalement mise à l'écart du pacte Aukus.

C'est pour atteindre cette capacité de confrontation que le pacte comporte un processus d'intégration industriel et universitaire.

Comment ne pas comprendre que les appareils subversifs américains sont à l’œuvre pour profiter de toutes les contradictions des sociétés calédoniennes et polynésiennes, les amener à voter pour l'indépendance avec l'illusion d'un parapluie social français, et les assujettir ?

Ces manœuvres ne sont pas réservées à nos compatriotes du Pacifique.

Nous assistons depuis les années 80 aux manœuvres des agences américaines en France continentale pour promouvoir ce que les représentants des Pouvoirs publics doivent désormais nommer « le séparatisme » ; au travers des organisations dites radicales, révolutionnaires, ethnico-religieuses,.

Les hommes politiques, les artistes, les associations, américains, viennent régulièrement donner leurs spectacles, déverser leurs propagandes, prodiguer leurs formations politiques, dans les secteurs dits « banlieues » ou les mouvements dits « anti ».

C'est à ce titre que le Communiqué commun entre le Président des Etats-Unis, Joe Biden, et le Président de la République française, Emmanuel Macron, formule certaines dispositions prometteuses.

1- Les deux chefs d’Etat ont « décidé de lancer un processus de consultations approfondies visant à mettre en place les conditions garantissant la confiance et à proposer des mesures concrètes pour atteindre des objectifs communs ».

2- Les Etats-Unis « réaffirment que l’engagement de la France et de l’Union européenne dans la région indo-pacifique revêt une importance stratégique »

Autrement dit :

1- La présence de la France dans le Pacifique est de droit et n'est pas sujette à discussions.

2- Les deux parties s'engagent à « garantir la confiance » dans leurs actions réciproques.

3- La France et l'Europe sont parties prenantes des dispositions stratégiques dans l'indopacifique.

Par ce communiqué, les Etats-Unis s'engagent à ne rien faire de secret qui vise à nuire à la présence française dans le Pacifique.

Le Président de la République a ainsi obtenu « l’engagement d’un processus solide défini dans le temps et de haut niveau qui permette de créer les conditions d’un rétablissement de la confiance dans les actes et par des mesures concrètes et pas seulement par les mots ».

Les « consultations approfondies » devront porter également sur ces aspects du respect réciproques que se doivent les alliés.

Les américains ont leurs propres objectifs. Il est constructif qu'ils aient reconnu que la France est présente de droit dans le Pacifique et qu'elle est, avec l'Europe, une donnée stratégique positive dans les rapports conflictuels de la région indopacifique.

Il reste aux français du continent et du Pacifique de ne pas négliger cette avancée majeure pour la solidité de l'unité française pour le seul souci de s'adonner à des querelles politiques claniques qui sont le creuset universel de toutes les manœuvres extérieures.

Il serait bien que ces dispositions que les deux Chefs d'Etat ont communiqué au monde soient communiquées aux français, à tous.

En tout cas, bravo pour les auteurs du communiqué.

Marc SALOMONE



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