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REFLEXION SUR LA PRESTATION DE LÉON DEFFONTAINES, TÊTE DE LISTE DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS AUX ÉLECTIONS EUROPÉENNES DU 9 JUIN 2024.
La prestation du chef de fil de la liste communiste aux européennes, Léon Deffontaines, est bien définie par celui-ci au cours de son exposé.
Il dit que le temps est au « sociétal » (le sexe, les femmes, la religion, etc.) et qu’il veut revenir au « social » (la production, les travailleurs).
Cette déclaration est une des clés de l’originalité et de la défaite du Parti communiste français.
Je m’en tiens à lui mais le Parti communiste chinois a par exemple les mêmes difficultés.
Les cadres de la CGT, ci et là, reprennent spontanément cette opposition et ce placement dans celle-ci.
Deffontaines pense qu’il construit une opposition et qu’il en occupe un pôle contre un autre.
Ce n’est que partiellement vrai.
A une époque, désormais révolue, les communistes pouvaient privilégier, jusqu’à l’exclusivité, la composante « production », « sociale », de l’idéologie publique dont ils disent eux-mêmes qu’elle est duale (sociétal et social).
Ça a encore marché en Mai68 face à l’opération Maïdan, dite étudiante ou gauchiste.
En 1981, alors que son programme commun était le socle officiel de la gauche, le PCF a perdu parce que les français voulaient aussi « rêver ».
Ce pseudo rêve n’était plus celui du « social » de la « propriété », de la « révolution », mais celui du « sociétal », du sexe, des féminisme, des religions, des races, du temps de vivre, etc.
Le discours sociétal était devenu la référence nationale quand le discours social s’est laissé marginalisé.
Il reste à Deffontaines à croire qu’il ralliera jusqu’à 5 % d’électeurs acquis au « social » en les fédérant contre les partisans du « sociétal » (du PS à la macronie).
Pour l’instant, il n’atteindrait pas les 3 % qui permettent le remboursement des frais de campagne.
Il est permis de penser qu’il a baissé dans les sondages de 5 % à 2 % justement en raison de cette sélectivité dans son positionnement.
Il se retrouve avec un programme « social » assez faible. Un peu de social colérique et un appel du pied à un retour des jacqueries antiféodales ; lorsqu’il dit concernant les riches « nous avons les adresses ».
Il n’évoque aucune liaison communiste ou démocrate européenne.
Amiens est sûrement une belle ville et ses habitants de bels gens, mais ça ne fait pas le poids dans une élection européenne.
Entre Glucksmann qui dit « Quand je vais à New-York ou à Berlin, je me sens plus chez moi, a priori, culturellement, que quand je me rends en Picardie » et Deffontaines qui place Amiens au centre du monde, quelle différence ?
Concernant les Traités européens, c’est Glucksmann qui a dénoncé le principe clé de « la concurrence libre et non faussée ».
Deffontaines s’en tient à une avalanche de dénonciation des effets de celle-ci. Comme n’importe quel politicien de droite et de gauche le temps de la campagne.
Il reste suiviste dans les évocations sociétales.
Concernant les femmes, il tient la constitutionnalisation de la loi Veil comme une avancée révolutionnaire alors qu’elle répète un acquis en en répétant les faiblesses, à savoir la subordination institutionnelle des femmes aux hommes.
Face à la guerre, il reprend le cri de Mélenchon (la paix la paix la paix!) tout en défendant obligeamment la position ukrainienne. Celle-là même qui a provoqué la guerre.
En bref, il n’innove nul part, il ne se démarque de personne quand il traite un sujet,
En quoi éveillerait-il l’attention des électeurs en dehors d’un quarteron de militants et de nostalgiques ?
Pour décoller et passer les deux barres du remboursement (3%) et de la représentation (5%), il lui faut à la fois :
a- comprendre qu’il doit marcher sur ses deux jambes (social et sociétal).
b- présenter d’une part un programme « social » plus sérieux, plus européen, plus positif, autre que celui de la construction d’un bunker.
c- présenter un programme « sociétal » novateur.
Maman Veil est morte et enterrée; ses jupons aussi.
Les femmes ne vivent pas dans l’angoisse des décisions américaines.
Par contre, elles apprécieraient sûrement, y compris à Amiens, qu’un parti leur propose d’occuper de droit la moitié des sièges de toutes les directions administratives publiques avec une option sur le privé et le public-privé (telles que les associations).
Une partie de la France, même à Amiens, serait sûrement intéressée à l’évocation d’un pouvoir judiciaire ce qui impose un passage par les élections.
L’Ordonnance de 1945, l’instruction sexuelle, etc. sont débattues avec passion.
Deffontaines a-t’ il quelque chose à dire autre que de dénoncer le diable d’extrême droite ?
La réponse est semble-t-il négative.
Deffontaines défini lui-même un périmètre d’intervention, le social. Au lieu d’en faire un tremplin, il en fait un bunker.
Le monde passe à coté et continue sa route sans vraiment le voir.
Il faut donc, que Deffontaines réfléchisse à cette dualité du débat public dans laquelle il prend position de manière aveugle et qu’il comprenne que les amiénois et amiénoises, entre autre, ne voteront pas pour du déjà-voté mais pour aller de l’avant.
Il faut juste leur faire confiance et elle sera réciproque.
Pour commencer une réflexion théorique et prendre des repaires d’action, je convie chacun à lire « Les deux formes » de Marc Salomone.
En sachant qu’un combat politique se fait en marchant.
Je vous remercie pour votre attention,
Marc SALOMONE
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