samedi, septembre 23, 2017

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Paris, le samedi 23 septembre 2017

Partie 1 : Texte français / Partie 2 : English text, Google traduction

En copie :
1- Président de la République française
2- Commission européenne
3- ONU
4- Ambassades : Australie, Corée du Nord (Berne), Corée du Sud, Chine, Européennes, Japon, Russie, USA.
5- Présidents du Parlement et des Groupes parlementaires français


Réflexion sur les déclarations concernant la crise coréenne de M. Yao Lu, enseignant de relations internationales à l’Institut d’administration publique de l’université du Jilin, et de M. Kevin Rudd, ancien Premier Ministre australien.




M. Yao Lu, enseignant de relations internationales à l’Institut d’administration publique de l’université du Jilin, et M. Kevin Rudd, ancien Premier Ministre australien, font des propositions pour résoudre la crise coréenne.

Ces propositions sont intéressantes pour noter les hiatus du discours public sur cette crise car elles rendent visibles les obstacles à la compréhension de la situation et elles conduisent aux impasses que chacun constate.

1- Le Professeur Yao Lu
Le professeur Yao Lu dit dans le journal China Daily que la clé pour la résolution de la question « est dans les mains des États-Unis et de la Corée du Nord ».

Cela revient à se subordonner à la politique spectaculaire de ces deux Etats.

La forme fantasmatique de cette opposition duale et frontale des dirigeants de ces Etats provient de leur incapacité à nommer et à maitriser la question posée.

Leur logique politique ne leur permet ni de poser les bonnes questions ni d’y répondre. C’est pourquoi ils substituent l’injure à l’expression politique.

Le Président des Etats-Unis qualifie de « Rocket-Man » le Président de la Corée du Nord, en retour, ce dernier qualifie le premier de « malade mental ».

Ils ne le font pas parcequ’ils sont idiots mais parceque leur confrontation est due au fonctionnement d’un  système qui leur échappe complètement.

Ils n’iront pas à la « table des négociations » réclamée par M. Yao parceque même avec de la bonne volonté ils n’auraient rien à se dire. Ils ne peuvent que reproduire à l’infini ce combat de coq nucléaire.

Cette bataille verbale est la preuve que leur retard politique sur les faits leur interdit d’être décisionnaires dans leurs propres responsabilités.

Le professeur Yao conseille en fait de rester dans la stupeur et le tremblement de ce spectacle.

2- M. Kevin Rudd
M. Kevin Rudd propose un « accord international signé avec la Russie et la Chine qui garantisse la sécurité de la Corée du Nord et de son régime et, à long terme, un retrait militaire des Américains de la Corée du Sud ».

Il repère trois scénarii possibles :
a- « Le premier, qui a cours à Pékin et à Pyongyang, est qu’un jour ou l’autre les Américains devront accepter la réalité, fût-elle indésirable, à savoir que la Corée est une puissance nucléaire complètement fonctionnelle. »
b- Vitrification de la Corée du Nord
c- « Le troisième scénario passe par la dénucléarisation de la Corée du Nord, mais il exige que les Etats-Unis reconnaissent la raison d’Etat de la Chine et la Corée du Nord. Il faudrait une nouvelle diplomatie et un grand accord. En échange du démantèlement... »

Dans les trois cas, pour M. Rudd le seul point de vue qui compte est celui des Etats-Unis. Ils acceptent, ils anéantissent, ils reconnaissent.

Cet assujettissent à une puissance qui démontre en permanence qu’elle n’est pas maitresse du jeu mais qu’elle n’en est qu’un des pions est le point commun de toutes les interventions des gouvernements concernés et la raison pour laquelle le débat est bloqué.

Cet hommage féodal rendu à la première puissance mondiale produit sa propre ligne politique. Celle-ci construit l’impasse diplomatique puis l’ouverture à la menace de guerre et à la politique de « destruction totale ».

3- L’armistice
Les Etats-Unis sont impuissants car ils agissent au titre de rouage d’un dispositif qu’ils maitrisaient il y a cinquante ans et qui aujourd’hui les manipule.

Les acteurs sont soulevés et retournés comme des crêpes par l’armistice de Panmunjeom, le 27 juillet 1953.

Cet armistice organise un processus de division et de réunification dont les acteurs ont perdu le contrôle. L’armement atomique de la Corée du Nord témoigne de l’obsolescence de ce dispositif.

Cet armistice assignait à résidence territoriale les deux armées politiques. Longtemps, les deux Etats coréens ont été les marionnettes de ces armées politiques.

Cette division avait pour corollaire la réunification de la Corée au profit d’un camp. C’est la raison pour laquelle la Corée du Sud n’a pas signé le document de l’armistice.

C’est cette division réunificatrice de deux camps militaro-politiques évoluant sous les apparences de deux Etats qui entre en crise.



L’armement atomique de la Corée du Nord existe d’abord en raison de cette perspective de réunification laquelle n’est possible que si les deux Etats, ou pseudo-Etats, sont conçus comme les produits d’une division d’un même Etat originel.

En se mettant en avant au titre de protecteur de la Corée du Sud, les Etats-Unis s’inscrivent dans cette division réunificatrice. Ils en sont paralysés.

Par conséquent, à part « détruire totalement » la Corée du Nord, les Etats-Unis ne peuvent rien faire que des phrases face à une nouveauté qui dérègle cette mécanique.

4- La conférence
Le point de vue virtuel que doit prendre M. Rudd pour que ses propositions deviennent crédibles et efficaces n’est donc pas celui des Etats-Unis mais celui de tous les Etats, autrement dit celui de l’ONU.

Il ne faut pas inventer « une nouvelle diplomatie » mais demander à celle en place de constater les faits. Elle serait alors capable d’organiser « un grand accord ». Ceci suppose une conférence.

Celle-ci ne peut pas être fondée sur les « échanges » ou trocs. Ces échanges ne pourraient eux-mêmes qu’être fondés sur la politique de division réunificatrice.

La conférence doit prendre acte que la seule issue à la crise coréenne est la sortie de l’armistice et la suppression de la division réunificatrice de la Corée entre les deux camps militaro-politique.

5- Ce qui implique trois Traités ;
1- Entre les Corées
La conférence établit que :
a- Les deux Corées sont deux pays souverains et indépendants l’un de l’autre.
b- Ces deux pays ne procèdent pas juridiquement d’une division.
c- Toutes les dispositions prises pour la réunification sont abandonnées et interdites.
d- Les relations des deux Corées continuent les liens culturels et développent l’intérêt bien compris des Etats et des sociétés civiles.
e- Les deux nouveaux pays peuvent changer de nom.
f- Ce n’est pas la première fois que la Corée se divise un certain temps en deux Etats indépendants.

2- Entre les puissances
Les puissances alliées ou protectrices des deux Corées renoncent à tout dispositif visant à la réunification des deux Corées et à toute politique visant à l’hégémonie sur l’autre Corée.

3- La dénucléarisation
a- La dénucléarisation peut être discutée puisque la sureté est assurée aux deux Corées.
b- Les deux Corées ainsi que les puissances alliées ont une solide expérience de ces discussions.

Il n’y a aura pas d’autre fondement d’un « grand accord » et de la Paix.

Conclusion

Au titre d’ancien Premier Ministre australien, M. Rudd peut prendre l’initiative de présenter cette conférence. Il peut aussi intéresser le gouvernement australien à son organisation.


Marc SALOMONE




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