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salomone.marc@neuf.fr
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Paris,
le lundi 6 août 2018
REFLEXION
SUR LES « VIOLENCES CROISEES » DE DEUX BANDES ETHNIQUES A
L'AEROPORT D'ORLY. Le mercredi 1er août 2018.
1)-
Préambule
Le
mercredi 1er août 2018, les bandes accompagnants deux rappeurs,
Booba et Kaaris, se sont affrontées violemment à l'intérieur de la
zone sécurisée de l'aéroport d'Orly. Les deux artistes y ont pris
une part plénière. Ils furent secondés par leurs comparses dont
onze sont arrêtés.
Ils
sont tous placés en Garde-à-vue le mercredi 1er août. Ils sont
présentés au tribunal en comparution immédiate, le vendredi 3
août. Le Tribunal décide que le procès est reporté au jeudi 6
septembre 2018 et que les prévenus font tous l'objet d'un mandat de
dépôt pour le placement en détention provisoire.
Il
y a deux orientations dans le traitement de cette affaire.
1-
Soit, les magistrats les considèrent comme des affaires de droit
commun, des excès individuels qui à cette occasion se produisent
dans un espace fréquenté par des honnêtes gens. Ce qu'on appelle
une Fight.
2-
Soit, ils les considèrent comme des coups de force politiques. La
bagarre dangereuse devient alors une conquête de territoire. Ce
qu'on appelle une entreprise factieuse.
La
qualification des faits de « violences croisées » par le
Procureur de la République permet soit de se perdre dans l'énoncé
des croisements soit d'y saisir la logique d'une offensive commune.
2)-
La Fight
1-
Le type
Cette
bagarre générale serait une Fight. On se donne rendez-vous, on se
tape, on retourne chez soi.
En
l'espèce, cette Fight ressortirait de la mise en spectacle public de
l'habituelle agressivité des rappeurs entre eux.
Son
seul défaut serait de s'être déroulé dans un lieu inapproprié.
2-
Le lieu légitime
Ces
Fights seraient culturelles si elles se tiennent dans des lieux
populaires, dits les banlieues, et répréhensibles si elles
s'incrustent dans les instruments de circulations des classes
dirigeantes, tel un aéroport.
3)-
Les partisans de la Fight
La
réduction de l'affrontement à un conflit de droit commun sorti de
son bocal légitime est soutenue involontairement par trois sources
distinctes.
1-
Les avocats des parties
Ils
ont professionnellement intérêts à ce que le débat judiciaire
s’organise à partir de la recherche des responsabilités
personnelles des protagonistes.
Leur
but déclaré à la télévision est de prouver que leur client a été
l'agressé et donc la victime.
2-
Les représentant des rappeurs dans les médias.
Selon
eux cette affaire ajoute une pierre dans la besace publique d'un
style musical qui souffre certainement des rodomontades publiques de
ses participants.
Ils
ont raison de soutenir leur profession et de manifester par la même
occasion que ces violences ont d'autres raisons que la musique.
Cependant,
pour ce faire ils alimentent la ritournelle médiatique construisant
le scénario habituel de la bande de jeunes des cités, incultes et
agités.
3-
La procédure
L'hypothèse
de la Fight est également soutenue par la procédure d'enquête
elle-même. La préoccupation première des enquêteurs est de
déterminer qui a fait quoi et en particulier qui a commencé.
A
l'arrivée, il ne restera plus que les incertitudes de la genèse et
les quelques certitudes de l'identification filmée de certains
combattants.
4-
Le résultat
Ce
faisant, la procédure et les autres acteurs de la procédure
(avocats, policiers, rappeurs, etc) servent les protagonistes de la
Fight.
En
effet, le suivi servile des tours et détours de cet affrontement
installe le verbiage des combattants à la Direction du jugement. Le
Tribunal devient le faire-valoir, le juge de paix, des protagonistes.
5-
La reconduction
En
organisant le procès sur cette idée convenue de bagarre de bandes,
l’État s'apprête à refaire la même analyse à la prochaine
Fight et à la suivante.
Cette
gestion accommodante des Fights conduit inévitablement à leur
répétition, leur installation, l'intégration de leurs
potentialités administratives dans l'organigramme de l'aéroport.
4)-
Les risques judiciaires de la Fight
Les
magistrats vont être intraitables sur les remboursements des frais
occasionnés. Il y aura sans doute des peines qui couvriront la
détention préventive et du sursis pour le cas où il viendrait à
ces artistes l'idée saugrenue de recommencer cette occupation d'un
territoire codé.
a-
D'une part, l'argent se négociera et il ne manque pas. D'autant que
les plaignants civils (Aéroport de Paris et Duty-free) se montrent
fort accommodants.
b-
D'autre part, ces artistes n'ont aucune intention de recommencer
eux-mêmes.
c-
Quant à leurs hommes de mains, ils n'ont cure de ces avanies
judiciaires.
Ces
gens en effet incluent les arrestations et les scandales dans leurs
actions. Les avocats sont là pour ajuster celles-ci dans les cadres
officiels.
Les
médias évoquent même constamment l'hypothèse d'un coup médiatique
de la part des deux rappeurs.
Sur
une vidéo, on peut voir un grand gaillard en état d'arrestation qui
semble être l'un des deux artistes continuer de faire devant des
policiers inertes des gestes guerriers de provocation contre
l'ennemi. Il sait quant à lui faire la différence entre l'essentiel
du chaos et l'écume des procédures officielles.
5)-
La conquête
Cet
affrontement doit être pris pour ce qu'il est : un acte
politique. Même s'il s'agit d'une politique d'influence, en
attendant mieux.
Il
en est ainsi car il vise à la définition, la formation, l'exercice
des Pouvoirs publics ; l'ordre public en fait partie.
Ce
combat politique n'est pas immédiatement compréhensible pour les
français pour lesquels la politique est affaire de partis encartés
cherchant à prendre le pouvoir par les élections, où en rêvant de
l'usage de la force, afin de gouverner.
Les
partis d'influence veulent investir les lieux du pouvoir sans
nécessairement exercer celui-ci en titre.
La
maffia italienne peut servir de référence. Les maffieux ne veulent
pas d'une municipalité portant les couleurs de la maffia. Ils
veulent une municipalité qui satisfasse la maffia sur les points qui
la préoccupent.
On peut comparer ces bagarres à celles des bars. Elles sont de deux types :
1-
Les bagarres qui sont des disputes de clients éméchés qui cassent
tout pour se défouler de la dureté de leur vie.
2-
Celles organisées par les maffieux qui veulent terroriser autant les
propriétaires que les clients.
3-
Dans ce cas, l'enjeu n'est pas de se défouler mais de faire
comprendre au tenancier qu'il doit s'acquitter du Pizzo, aux clients
qu'ils doivent se taire, aux forces de l'ordre qu'elles doivent s'en
tenir au constat des « violences croisées »
incompréhensibles.
Ces
bandes ethniques ne veulent pas diriger l'aéroport. Elles veulent
seulement s'installer progressivement, par touches, dans le paysage
fonctionnelle de l'aéroport.
Nous
apprendrons bientôt que la police des frontières ne peut plus
entrer dans les centres de tri des bagages et que la distribution des
billets est contrôlée par des éléments extérieurs aux services
ad hoc.
Cette
bagarre est d'ailleurs à rapprocher des informations de presse sur
l'existence dans l'aéroport de réseaux ethniques de repérages des
riches passagères et de leur pillage sur l'autoroute.
Par
des réseaux de savoir culturels ; les bandes commencent à se
sentir chez elles et leurs chefs veulent étendre l'autorité propice
à l'extension des zones d'influences dans l'aéroport.
6)-
La pente naturelle
Insensiblement,
sans se départir du suivi scrupuleux de la procédure qui hache le
sens et le transforme en détails de faits, la justice organisera la
disqualification du politique en faits de droit commun.
Depuis
des décennies, les magistrats procèdent ainsi dans les espaces dits
cités, banlieues, quartiers, etc.
Par
ce fait, les habitants des lieux où sévissent ces délinquants
subissent à la fois leurs diktats et l'incapacité de la justice de
nommer les faits publics de cette politique de conquête.
Vis-à-vis
de ce qu'elle nomme imperturbablement des violences de droit commun ;
la justice a successivement réprimé, réprimandé, canalisé,
légitimé, ces violences politiques organisées.
L'affaire
Théo Luhaka nous a appris incidemment que l’État en était à
donner 700 000 euros à une famille pour assurer l'ordre public en
lieu et place de la force publique, au seul motif de la
caractérisation ethnique de cette famille.
Dans l'affaire de Nantes, en qualifiant les faits de « mort d'un jeune homme de 22 ans » et non pas de « mort d'un criminel recherché et en état de récidive », les magistrats ont légalisé l'idéologie des émeutiers factieux.
Ils
disent vouloir fixer des limites à l'action de ce type de crapules
et leur garantir qu'il n'y aura pas de suite s'ils n'en sortent pas.
Ces limites sont depuis plus de trente ans de vrais droits de
cuissage limités et extensibles à l'infini sur les habitants.
Le
seul résultat de cette politique somnambule est d'abord la
banalisation de la terreur dans les territoires qu'ils contrôlent.
1-
Ces territoires ont été nommés depuis 2000 : « Les
territoires perdus de la République ».
2-
En 2017, dans une Citée de Marseille, le Chef d'une patrouille de
police déclare : « Non, on ne va pas là, ils y sont chez
eux. On passe par la petite sortie pour ne pas les énerver. Nous
aussi nous n’accepterions pas qu'ils viennent chez nous. »
3-
Une pétition a été publiée le 21 avril 2018, dans Le Parisien,
disant que 50 000 juifs de banlieue avaient dus quitter leur logement
et leur ville.
4-
Des dizaines de milliers d'autres français en ont fait autant.
Dans
les deux cas, pour les français et leurs compatriotes juifs :
1-
Cela constitue ce que les pétitionnaires appellent « une
épuration ethnique à bas bruit ».
2-
Cela nous interroge sur les raisons politiques de la lâcheté avec
laquelle ces deux populations se laissent exproprier avec autant de
soumission.
C'est
exactement la question à laquelle sont confrontés les magistrats
dans le dossier de l'aéroport d'Orly. Ils doivent dire s'ils se
soumettent aux faux-semblants des apparences crapuleuses ou s'ils
jugent la réalité d'une offensive politique.
7)-
La changement de lieu
Les
magistrats ne s'en soucient pas et continuent de traiter les
affrontements ethnico-religieux en bagarre de jeunes et de bandes
rivales et non pour ce qu'elles sont, à savoir des processus de
conquêtes de territoires.
La
maîtrise de l'ordre public permet la participation à la propriété.
Il
en est ainsi car ces territoires concernent au premier chef des
ouvriers et des employés dans lesquels les magistrats ne se
reconnaissant pas.
L'intérêt
de l'affaire d'Orly est que cette stratégie de conquête de
territoire, car c'est de cela dont il s'agit, passe à l'étape
supérieure.
Non
seulement, elle prend place dans un lieu stratégique de l’État
qu'est un aéroport mais elle concerne les classes sociales dans
lesquelles se reconnaissent les magistrats. Ils peuvent dire :
j'aurais pu être là.
8)-
La détention provisoire
Le
placement en détention provisoire de personnes qui sont aussi des
personnalités nous renseigne sur l'estimation de la violence des
faits par les Pouvoirs publics.
C'est
par les risques de recommencement de ces « violences croisées »
que le Tribunal a justifié prioritairement le mandat dépôt.
Cette
mesure n'est pas un acompte sur les décisions du procès. Elle ne
peut donc pas engager les réflexions sur les responsabilités qui
vont accompagner celui-ci.
9)-
L'enjeu des peines
Les
faits s'étant passés à Orly, c'est aux yeux du monde entier que la
justice va organiser son action et rendre un jugement. Les magistrats
n'auront pas affaire seulement à des français qu'au fond ils
méprisent.
Dans
leur jugement, les magistrats prendront sûrement en compte la
complexité de la situation.
Néanmoins,
s'ils occultaient l'épreuve de force engagée avec les Pouvoirs
publics au moyen de cette « violence croisée » comme
élément déterminant des faits, ils escamoteraient l'essentiel. Ils
rateraient la marche sur une question stratégique.
Le
critère décisif de l'action judiciaire qui marquera la prise en
compte de la priorité du politique dans cette affaire est la
présence ou non d'une peine de prison ferme avec mandat de dépôt à
l'audience.
Cette
dernière marquera que c'est aux voyous factieux de présenter leurs
arguments pour ne pas exécuter leur peine et non aux instances
judiciaires de justifier de la valeur du jugement.
10)-
Conclusion
Si
les magistrats reconduisent l'idéologie de la Fight, les français
subiront en silence cette nouvelle défaite.
Si
les magistrats indiquent que cette « violence croisée »
a bien eu pour préoccupation de définir l'ordre public et s'ils
restaurent l'indivisibilité de l’État, ce sera un espoir pour les
français.
Chacun
attend.
Marc
SALOMONE
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