jeudi, décembre 09, 2021

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Marc Salomone /  Blog : madic50.blogspot.com / Livre : Les deux formes, éd. Amazon.

Paris, le jeudi 9 décembre 2021


REFLEXION SUR L'INSTALLATION DES FEMMES DANS L'ORDINAIRE DE L'ORGANISATION ET DE LA DIRECTION DE LA SOCIETE

1)- Sisyphe et Hélène

1- La loi

Le débat public fixe la place des débats concernant les sexes dans le périmètre de la loi et du règlement.

Aujourd'hui, force est de constater que le Parlement, le gouvernement et la justice, courent après les incendies sporadiques des conflits des deux sexes sans qu'aucun, ou leur action combinée, ne soient capables d'en éteindre durablement aucun.

Les violences faites aux femmes, les inégalités professionnelles et salariales tenaces, les inégalités de carrière, de situation, de Pouvoir, de richesse, les inégalités d'espoir, sont traitées à la suite de leurs manifestations sporadiques et imprévisibles.

La défense du droit des femmes relève actuellement de la logique du mythe de Sisyphe.

2- la constitution

L'accumulation de règles, jurisprudences, activités sociales, fait face à des problèmes concrets certes, mais elle sert également à masquer, compenser, remplacer, et peut-être cacher, l'absence de règlement général de la question posée par cette myriade d’événements inadmissibles, intolérables et insolubles.

Cette myriades d’événements indépendants les uns des autres ne sont pas solubles dans des lois particulières parcequ'ils dépendent d'une loi générale.

En effet, la répétition des féminicides, la continuité des viols par de puissants, les inégalités de traitement entre les sexes, indiquent que ces cas particuliers relèvent d'un sujet général.

Or, cette généralité manque dans le débat public.

Son absence rend l'action légale et sociale inefficace, la paralyse, la disqualifie par son impuissance.

Ce débat ne se résout pas dans la somme d'actions particulières parcequ'il relève d'une action générale, c'est à dire de la loi constitutionnelle.

Replacer ces combats particuliers dans leur généralité est l'objet de cette réflexion.

3- L'urgence

a- Ce replacement de la question du Droit des femmes dans la sphère constitutionnelle est d'autant plus urgent que les rapports des sexes, comme en témoignent l'affaire Mila ou la tragédie afghane, sont expressément inclus dans les évolutions socio-politiques actuelles.

b- Que ce soient dans les questions de migrations massives, d'organigrammes administratifs, dans l'ordinaire des relations de travail ou de couple, la question des rapports des deux sexes y est décisive.

c- La spécificité de notre temps est que cette question est devenue politiquement cruciale.

d- Hélène est redevenu une raison de guerre.

e- La nouveauté est désormais qu'Hélène n'attend plus Hector. Elle combat ; solitaire.

2)- Le Patriarcat

La codification de cette généralité ne réglera pas tout et fera même apparaître d'autres sujets qui se masquent derrière les particularismes actuels.

Par contre, elle installera la société, française en l'espèce, sur des fondements qui effaceront, rendront obsolètes, feront oublier, les inégalités de principe qui produisent les activistes de leur mise en œuvre.

En effet, les tueurs de femmes, les violeurs mondains, les discrimineurs, sont d'abord et avant tout des fonctionnaires bénévoles d'une administration invisible que les féministes actuelles nomment le « Patriarcat ».

Peu importe ce qu'il peut signifier pour les ethnologues. Le terme est devenu politique, donc public.

Le Patriarcat politique est d'abord un système idéologique global qui s'inscrit dans les lois, les règlements, les dispositions légales et administratives, bloque leurs évolutions, et perpétue la légitimation publique de références archaïques de comportements sociaux, individuels, familiaux, d'autant plus insupportables qu'ils sont obsolètes.

Les rapports ordinaires, tels les rapports familiaux ou de travail, sont le mucus de cette idéologie administrative.

Deux anecdotes :

a- En 1946, la Constitution consacre l'égalité en droit des deux sexes.

b- En 2000, un huissier de la Chambre des députés tentent d'interdire l'accès à l’amphithéâtre du débat à une députée parcequ'elle est en pantalon dont le port est alors toujours interdit aux femmes par le règlement.

c- En 2021, une équipe de cuisine (de douze personnes dont cinq cuisiniers) et de ministère pratique ce que la jurisprudence nomme le « harcèlement sexuel et homophobe d'ambiance ». cf. Le Canard Enchaîné du 08,12,21, p.4.

L'un des cuisiniers dit à la plongeuse et seule femme de l'équipe : « Et toi, tu as une grosse chatte ? ».

Face à la dénonciation par celle-ci soutenue par un autre plongeur, l'équipe fait bloc et obtient le licenciement de la susdite et son signalement au Procureur de la République, pour « complot ».

Ce qui implique que le plongeur témoin se ravise opportunément et que les organes de contrôle se solidarisent de manière séculaire, moyenâgeuse, répugnante  :

a- « L'humour systématiquement salace » de l'équipe, de son chef, est amendable,

b- Le « complot » de la plongeuse est avéré et condamnable.

c- Ces anecdotes sont le reflet de la normalité du machisme dans le quotidien de la vie parlementaire et d'entreprise.

d- On ne va pas faire une loi par jour pour chaque diarrhée machiste.

Donc :

La course aux mesures particulières est la reconduite du passé.

La fin du système Patriarcal est l'ordre du jour.

3)- La mutation du droit

Il est temps de déstabiliser cette politique administrative globale en effaçant ses lieux d'organisation juridique.

Certes, la fin de la domination organisationnelle de la référence masculine sur la référence féminine ne mettra pas fin aux inégalités qui ont sans doute bien d'autres sources.

Mais justement, cette domination se subordonne toutes les autres et les empêche de se donner à voir. Tant qu'elle subsistera notre société est condamnée à patauger dans ce marais insalubre d'effets aux causes multiples et incompréhensibles qui est la forme de terrain du Patriarcat.

Cette domination est devenue insupportable moralement et socialement. Les habits sociaux des deux sexes ne sont plus à ravauder mais à changer.

Le débat des élections présidentielles est requis pour conduire une mutation du droit.

4)- L'obstacle

Cette possibilité est également actuelle parcequ'elle est déjà inscrite dans le débat public.

En effet, les débats constitutionnels et législatifs ont déjà installé les deux sexes dans l'égalité de droit (1946), l'égalité personnelle (1974), la parité (1999).

Cette disposition est devenue constitutionnelle en 1999.

Donc, avec les trois lois constitutionnelles, ou de valeur telle, la société française ne devrait plus opposer aucun obstacle à l'égalité des sexes, le respect de leurs personnes, la participation égale de tous.

Or, chacun constate qu'il n'en est rien et qu'il faut accumuler les lois pour compenser une absence qui est précisément celle de l'égale valeur sociale des deux sexes.

Ce manque ne vient pas d'une absence de dispositif légal mais du dispositif constitutionnel lui-même.

L'abolition du Patriarcat est l'instauration de la présence de droit, conjointe, égale, universelle des deux sexes dans toutes activités d'organisation et de direction de la société.

Aujourd'hui, ce qui entrave l'abolition du Patriarcat est la loi constitutionnelle, celle de 1999.

Elle est censée avoir enclenché le processus de l'abolition du Patriarcat.

En fait, elle l'a reconduit tout en occupant le terrain de son abolition et en aveuglant ainsi le débat public.

5)- La Parité concurrentielle

1- La loi de 1999

La loi constitutionnelle de 1999 ajoute deux articles à la Constitution.

Art. 1, alinéa 2 : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »

Art. 4, alinéa 2 : « Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminées par la loi. »

2- Commentaire

Cette loi constitutionnelle a pour principale qualité de poser la concurrence des sexes comme principe constitutionnel et donc légal.

a- Elle relaie ainsi tous les faux débats sur la possible incompétence des femmes, leur récurrente insuffisance de formation, leur rituel désintérêt pour les postes concernés, la possible supériorité (circonstancielle bien sûr) des hommes.

b- En principe les deux sexes sont présents à égalité, c'est la Parité.

c- En fait, l'un des deux sexes occupe déjà tous les postes et il a la compétence constitutionnelle pour choisir les éléments de l'autre sexe qu'il jugera capable de le valoir.

d- Prenez patience, faites vos preuves, tout vient à point pour qui sait attendre.

e- Elle offre une place à la présence paritaire des deux sexes et une place à la préséance et en fait à la domination organisationnelle d'un sexe sur l'autre.

Devinez lequel.

En tout cas, elle ne répond pas à la question posée par les assassins de femmes qui se soucient assez peu des listes chabada mais beaucoup de la préséance de l'autorité masculine et du respect qui lui est dû.

6)- La Parité de droit

La seule réponse valable à la question posée est celle de la Parité de droit.

1- La réforme

a- l'Art. 1, alinéa 2 est supprimé

b- l'Art. 4, alinéa 2 est conservé

b- l'Art. 3 , alinéa 5 est ajouté :

« Les pouvoirs publics, les assemblées délibérantes, leurs directions, les Directions ayant une activité sociale, sont constitués par la présence conjointe, égale, universelle, de droit, des deux sexes. »

Les juristes concernés examinent la première partie de l'article.

La seconde partie est un bloc.

2- Les effets

a- Les femmes n'ont plus à prouver.

b- Les deux sexes sont présents partout, de droit, où les décisions à caractère public sont prises.

c- Les changements :

Pour les assemblées électives et les organes de Direction qui en dépendent, les conséquences en sont immédiates à chaque élection.

Pour toutes les organisations dépendantes de l’État, de ses délégations et de ses financements, la réforme devient un objet statutaire d'actualité.

Pour les institutions, le Parlement se charge de faire un plan de réforme.

Pour ceci et cela, la réforme sous la Direction du Parlement et du gouvernement, organise sa programmation.

3- Le délitement

Les femmes ainsi que tous les démocrates attendent cette disposition qui installera de droit les femmes dans toutes les sphères de l'organisation sociale.

Certes, l'action législative et réglementaire ne se fera pas en un jour, ni même en une mandature.

Mais chacun comprendra alors que désormais la primauté de la référence morale masculine n'est plus ni dominante ni légale ni une référence publique.

Il en va de même pour les dispositions qui la codifie, la cautionne, la prolonge.

Toutes les dispositions seront prises sur le fondement de la parité des sexes.

Il n'y aura plus de prise sociale pour y accrocher le Patriarcat.

Les actions publiques accéléreront son délitement.

4- La référence

Pour avoir une idée du changement que procurera la Parité de Droit, il est possible de se référer à un autre changement de politique administrative.

Le rôle de la parité de droit peut être comparé à celui du passage de l'administration royale à l'administration publique.

Avant 89, les fonctionnaires du Roi devaient subordonner leur énergie au financement du train de vie féodal et royal.

Le réseau routier était aussi mal en point au 18ème siècle qu'au 15ème.

Après 89, les mêmes personnes pouvaient consacrer leur énergie à la Nation.

Le 19ème siècle, particulièrement brutal dans ses affrontements de classes, a organisé tout le réseau routier, ferré, postal, scolaire, administratif, etc.

7)- Les élections

La dureté des temps à venir laisse prévoir des tempêtes dans le débat public.

L'inscription de cette réforme constitutionnelle au programme d'un candidat imposerait la primauté de ce thème sur les autres.

Il recentrerait le débat de l'unité nationale sur le terrain de la fraternité et de la démocratie.

Il installerait les actions à venir dans une obligation de modernité pour tous.

Il inscrirait la parité dans toutes les stratégies civiles.

Il en rendrait le vote obligatoire lors de la prochaine mandature.

Ce serait son « Abolition de la peine de mort ».

Tous les candidats seront contraints de prendre position et d'apparaître soit en retrait soit alignés.

Actuellement, les candidats comptent sur la peur qu'inspire l'autre et les électeurs votent selon leurs propres productions de peurs.

Par cette proclamation, le candidat capterait les espoirs. Il aurait le beau rôle d'ouvrir la Démocratie.

Les électeurs auraient la satisfaction de voter positivement pour le seul candidat qui aura pris l'initiative d'en finir avec une logique d'association des deux sexes obsolète et forcément injuste et d'en installer un autre ouverte sur la justice et l'efficacité.

Quel que soit son programme, et donc les inévitables affrontements à venir, il aurait la certitude de pouvoir gouverner. Ce qui n'est une évidence pour aucun des candidats en lice.

En effet, aujourd'hui, pour ces élections :

a- La mécanique électorale produira un lauréat.

b- L'incertitude de la légitimité posera la question de sa capacité à gouverner.

Avec peu de mot, il engendrerait de grands effets.

8)- Conclusion

La question de l'égalité des sexes et de leur présence conjointe, égale, de droit, universelle, dans l'organisation des pouvoirs publics, de la famille, de la cohésion nationale, devient déterminante.

Ceux qui s'y opposent ne cherchent plus à masquer la question, au contraire, ils en font leur drapeau sanglant.

La Parité de droit des sexes devient un élément de la constitutionnalité du gouvernement.

Tourner la page, enfin.



Marc SALOMONE

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