jeudi, décembre 21, 2017

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Paris, le jeudi 21 décembre 2017

Pour M. le Ministre de l’intérieur

Pour information :
M. le Président de la République
M. le Premier Ministre

MM les Présidents du Parlement
Mmes M. Les Présidents de groupes parlementaires


REFLEXION SUR CERTAINS ASPECTS DU DEVENIR DES RAPPORTS DE LA POLICE ET DE LA PUISSANCE


Monsieur le Ministre de l’intérieur,

J’ai l’honneur de vous faire part ci-après de la réflexion à laquelle conduisent certaines évolutions des rapports de la Police à la Puissance telles que nous les signale l’actualité.

En vous remerciant pour votre attention et dans l’attente de vous lire,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre de l’intérieur, l’assurance de mes salutations distinguées,


Marc SALOMONE


REFLEXION SUR CERTAINS ASPECTS DU DEVENIR DES RAPPORTS DE LA POLICE ET DE LA PUISSANCE


Le 12 décembre 2017, s’adressant aux Chefs d’Etat et de gouvernement réunis pour le One Planet Summit, le président Emmanuel Macron a ainsi alerté ses interlocuteurs  « Nous sommes en train de perdre la bataille », celle du climat.

M. le Chef de l’Etat nous indique ainsi que la France, aujourd’hui, peut perdre des « batailles ».

L’information rejoint l’expérience et conduit à penser qu’il en va de même quant à « la bataille » de la Puissance pour la Police.

La Puissance est un élément essentiel du Pouvoir. Un Etat qui en est dépourvu se fragilise. Il se subordonne aux administrations criminelles qui peuvent aller jusqu’à s’y substituer. Chacun sait que cet enjeu est présent en France.

Pour autant que l’Etat veuille permettre à la Police, qui est ici le nom générique de toutes les polices et de la Gendarmerie, de conserver la maitrise de l’ordre public, il lui faut examiner l’état réel des rapports de la Police à la Puissance.

Jusqu’à présent, pour l’Etat français tout était simple.

De même que le Roi était d’abord le féodal le plus riche, l’Etat moderne fut le propriétaire le plus riche et le plus stratégiquement puissant.

Avec la Mondialisation, il se forme un nouveau cours de la Puissance. Les éléments qui la composent (Loi, Administration, Argent) sont en pleine évolution.

Ce nouveau cours est une tendance mais une tendance longue et lourde.

Les hésitations des Hauts fonctionnaires d’accepter les nominations à des postes clés des administrations et des entreprises nationales sonnent le glas des évidences séculaires et signalent l’installation de ce nouveau cours.

Selon des dispositifs tout autres, ce nouveau cours s’impose également au bras armé civile des Pouvoirs publics qu’est la Police.

Par son immobilisation dans des rapports administratifs aux entreprises datant du 19ème siècle, la Police est en train de s’exclure de la recomposition des rapports des puissances économiques et de l’Etat.

Il en va ainsi car la Puissance s’organise, se formalise, se mesure, désormais à la fois dans le secteur privé et dans le secteur public.

Le maintient des certitudes du passé comme normes de la pensée publique organise un décrochage désormais visible de la police vis-à-vis de la Puissance et des installations criminelles déjà partiellement officielle dans les règles de cette dernière.

Deux aspects existentiels de la police marquent un basculement des références légales :
1- Le civil
a- L’opposition impressionnante de la paupérisation professionnelle des forces de l’ordre public et de la richesse fonctionnelle des réseaux criminels et de leurs administrations de fait.
2- Le judiciaire
b- Les magistrats ont déjà rappelé à plusieurs reprises que l’évidence de l’exclusivité légale de la Police n’existe plus.
c- Ils ont ainsi condamné ou inculpé plusieurs policiers et gendarmes impliqués dans des heurts avec des voyous dans l’exercice des fonctions de ces derniers ou d’autres qui imaginaient être encore Maitres dans l’organisation de leurs rapports avec les entrepreneurs de la drogue.

Les réseaux criminels, ouverts ou clandestins, se sont bien mieux adaptés à ces évolutions et à ces basculements de la Mondialisation. L’aisance publique maffieuse est stupéfiante.

La police ne peut plus faire comme si les rapports du monde légal, le sien, au monde entrepreneurial privé n’avaient pas changé avec la mondialisation.

Elle ne peut plus se contenter de la logique des rapports d’extériorité avec les entreprises classées honnêtes et de pénétration judiciaire avec les entreprises classées malhonnêtes.

Aujourd’hui, la criminalité met en branle des affrontements entre des réseaux d’entreprises favorables à la légalité telle que défendue par la police et d’autres qui proposent d’installer la légalité sur d’autres références.

Puisque la Puissance publique passe désormais par les entreprises privées, la police doit être présente sur ce terrain et non seulement s’y « infiltrer ».

Elle ne pourra combattre la forme maffieuse, mondaine, populaire, terroriste, de la criminalité que si elle retrouve le terrain de la Puissance et singulièrement de la Puissance économique qu’elle quitte peu à peu et que les réseaux criminels investissent rapidement.

L’affaire des cadres policiers mis en examen pour leurs relations avec les entrepreneurs de la Drogue montre à quel point l’hypertrophie des anciennes logiques devient obsolète et contreproductive.

Cette question peut être partiellement traitée en renouvelant le rapport de la police aux entreprises.

L’Etat policier doit prendre de nouvelles marques dans ses rapports au monde des entreprises.

C’est la condition pour que chacun reste à sa place et agisse selon ses logiques propres.

Cette évolution se fera graduellement. Je propose d’ouvrir une expérimentation accompagnant cette réflexion.


Marc SALOMONE


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