Paris, le jeudi 20 mars 2014
Cour de Justice de la
République
COMMISSION DES REQUETES
21, rue de Constantine
75007 Paris
Tel. : 01.44.11.31.00
Fax : 01.44.11.31.39
Cf. : Courrier du 16 mars
2014 : Les magistrats intuitu personæ
Objet : Trois écueils
Monsieur le Président,
L'actualité indique les trois principaux écueils
que rencontre la requête que j'ai déposée auprès de la CJR pour prospérer.
1)- La corruption
Médiapart nous apprend que M. Sarkozy a mis en
place un dispositif permettant de dialoguer en dehors de la procédure avec les
magistrats en charge des dossiers le concernant.
Il ne s'agirait pas de la corruption
occasionnelle et intéressée d'un magistrat mais de la mise en place d'un réseau
d'informations et d'actions privées au sein de l'Etat.
J'ai déjà rencontré la corruption dans les
développements du dossier que je soumets à votre attention. J'ai déjà signalé
le fait lors du traitement à Bordeaux de l'affaire Bettencourt. cf. courrier du
30 septembre 2013.
cf. Le Canard Enchaîné du mercredi 18 septembre
2013, P. 3 « Sarko et son juge
signent l'armistice ». D.S. Article servant de référence à plusieurs
journaux. L'article se termine par :
« Je te tiens, tu me tiens... »
Le Canard Enchaîné a précisé qu'au moment
opportun le juge Gentil a été mis au courant qu'une « belle
promotion » l'attendait. Une mise en cause pour abus professionnel aurait
fait tache et gêné l'opération de reconversion.
M. Sarkozy, M° Herzog, ont dialogué à distance
avec le juge Gentil. Ce dernier a fait savoir par des bruits de couloir qu'il
était moralement disponible pour entendre des voix. M° Herzog, conseil de M.
Sarkozy, s'est abstenu d'être présent à une réunion judiciaire qui aurait
conduit les différentes parties accusées à mettre en accusation le juge Gentil.
Les autres parties n'ont que moyennement
apprécié ce lâchage qui a suffit à invalider leur propre action. Elles ont été
renvoyées en correctionnelle. M. Sarkozy a eu un non lieu.
A la lecture de la presse, je me rends compte
que M. Sarkozy dispose de relais dans l'appareil de la magistrature et non de
simples corrompus en fin de carrière. Il n'est donc pas impossible qu'il se
soit aussi occupé de ma demande d'ouverture d'une enquête préliminaire sur les
faits qui m'ont conduit à déposer la requête qui vous a été adressée.
Je sais par ailleurs que la police s'est occupée
de ma demande par des actions parallèles que j'ai signalées à la justice.
C'est pourquoi je me permets, Monsieur le Président,
de solliciter votre attention concernant cet aspect des choses.
2)- Les stéréotypes de pensée
Les stéréotypes publics des cadres concernant
les agressions sexuels sont un obstacle à l'examen de ce viol présumé.
1- Les cadres masculins
L'implication récente d'un élu aussi respectable
que M. Raoul dans une affaire de harcèlement sexuel, dont il reconnaît les
faits et dont il s'excuse, nous donne l'opinion des cadres dirigeants masculins
à l'égard des différentes formes d'abus sexuels dans un cadre professionnel.
Ils sont pour.
Les lois de plus en plus répressives qu'ils
votent contre les écarts de conduites sexuelles sont pour les autres, le
vulgaire. Eux s'estiment dispensés de leur application et surtout du respect de
l'autre qu'elles induisent.
2- Les cadres féminins
Mme Guillaume a donné à lire toute l’ambiguïté,
assez servile, des cadres féminins.
a- La bravade privée mensongère
Au sujet des agressions sexuelles : « Marie-Célie Guillaume dit, elle, s'en tirer en pareil cas en
distribuant une paire de gifles, mais ne veut porter "aucun jugement
moral" sur celles qui cèdent. »
Je pense avoir démontré que, loin d'accepter
l’indifférence et le pardon, Mme Guillaume rejette avec la violence d'un fauve
tout outrage de caractère sexuel ou non.
Nous savons que la paire de gifle est un mythe
de la toute puissance, à l'image du coup de poing dans la gueule masculin.
Quand Mme Guillaume veut gifler un insulteur, elle demande au Commissaire de
police de le faire à sa place.
b- La soumission publique orgueilleuse
Par contre, Mme Guillaume a parfaitement résumé
le point de vue public des cadres féminins :
« J'ai
voulu parler de la relation entre un homme de pouvoir et le sexe. La scène
existe, mais c'est universel. C'est peut-être la seule scène du livre qui n'est
pas violente. Elle est triviale. Cette élue s'en fout, elle en a vu d'autres.
Quand on est une femme politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il vaut
mieux changer de métier. ».
Cette
prose est ce que les femmes cadres estiment obligatoire, convenable, de dire en
public. C'est la ligne politique du féminisme, sa langue de bois. C'est de la
pure propagande. Mais ça montre que le centrisme de bon aloi, la norme
médiatique, dans les milieux dirigeants, est dans l'affirmation verbale de
l'acceptation du viol au titre de son caractère dérisoire.
Cette
affaire de viol élyséen a au moins le mérite de situer l'évolution de la place
sociale des femmes depuis la loi Veil ; elle est modeste.
Donc,
l'opinion des cadres est partagée entre :
a- Des
hommes dirigeants qui se proclament indignées par le viol, mais estiment sa
pratique normal du moment que ça reste entre soi. D'où l'Omerta de principe.
b- Des
femmes cadres qui déclarent que les agressions sexuelles sont des rites
d'initiations tout en guettant la possibilité d'écraser leur agresseur par une
convocation policière. D'où l'Omerta de ruse.
Je ne partage pas l'opinion de Mme Guillaume
selon laquelle une députée peut se faire violer par un cadre dirigeant du
Pouvoir exécutif sans que cela prête à conséquences judiciaires.
3- La hiérarchisation des faits
Je n'ai jamais conçu ma démarche comme
concurrente ou complémentaire à aucune autre. Lorsque j'ai commencé à
questionner M. le procureur de la République, personne n'imaginais possible ces
« affaires ». Je demande compte d'un fait, c'est tout.
Je remarque cependant que les médias, autant que
la justice ou les cadres politiques, opèrent une distinction normative entre un
financement occulte présumé de campagne électorale au profit d'une personne
déterminée et le viol présumé d'une députée par la même personne.
a- Le financement occulte ou les
rétro-commissions sont dignes d'une attention judiciaire et médiatique.Ce sont
de vrais questions politiques.
b- Le viol d'une députée est une supposition si
dégoûtante et dérisoire que nul ne veut se salir à en évoquer l'éventualité.
J'attire
votre attention, Monsieur le Président, sur l'impertinence de cette distinction
qui va à l'encontre de l'homogénéité de l'espace public. Les préjugés ne
peuvent organiser l'action de la justice.
Conclusion
Le 29 janvier 2014, au téléphone avec son
client, M. Sarkozy, M° Herzog a cette expression : « «sauf si le
droit finit par l’emporter ».
C'est en effet ce que je pense. Les obstacles à
l'examen de ma requête sont insurmontables « sauf si le droit finit par
l'emporter ».
Je vous
prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes salutations
distinguées,
Marc
SALOMONE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire