Paris, le jeudi 27 mars 2014
Cour de Justice de la
République
COMMISSION DES REQUETES
21, rue de Constantine
75007 Paris
Tel. : 01.44.11.31.00
Fax : 01.44.11.31.39
Objet : Préliminaires à
l'étude de la Requête déposée par Marc SALOMONE
Monsieur le Président,
je vous prie, Monsieur le
Président, de voir dans ce texte la poursuite d'une réflexion que je soumets
par ailleurs à votre sagacité.
Ce n'est pas par hasard que M. le
procureur de la République a fait obstruction à l'étude du questionnement qui
vous est soumis comme Requête et qui lui a été présenté au titre de demande
d'ouverture d'une enquête préliminaire.
On peut légitiment penser que les
magistrats de la Cour de Justice de la République se poseront les mêmes
questions pour aborder ce dossier.
Or, les propos de M. Sarkozy,
tenus en développement de sa Lettre du 20 mars 2014, apportent une ouverture
qu'on ne peut négliger.
Je vais donc aborder
successivement :
1- Les difficultés connues, établies,
officielles, que les magistrats du parquet rencontrent pour l'étude des
dossiers que leur soumet M. Salomone.
2- Les ouvertures que M. Sarkozy
apporte à ces obstacles.
1)- Les propos de M. Sarkozy
a- Le texte
Le Journal Le Canard
enchaîné ; mercredi 26 mars 2014, annonce en première page, sous le
titre : « Les coups de téléphone de Sarko », une déclaration en
page deux :
- « L'Ex n'a pas le
choix :
Sarkozy sera toujours Sarkozy.
Tout content de l'effet produit par sa tribune dans « Le Figaro », avec
une allusion tout en légèreté à la « police politique » de Hollande,
assimilée à la Stasi, l'ancien chef de l'Etat a passé les jours suivants au
téléphone, tenant aux uns et aux autres ce langage :
- « Cette affaire d'écoutes
renforce ma détermination et m’oblige à me présenter à la présidentielle.
Parceque, si je ne reviens pas, cela voudra dire que j'ai peur des
affaires. ».
Depuis dimanche soir, Sarko a
également beaucoup téléphoné aux dirigeants de l'UMP, sur le thème :
« La percée du FN renforce mes responsabilités. Qui d’autre que moi peut
le battre au premier tour ? ».
Alain Juppé peut
être ? »
Fin
b- Les formules
d'introduction :
a- « tenant aux uns et aux
autres ce langage »
b- « sur le thème »
Laissent planer un doute sur
l'exactitude littérale des propos prêtés à M. Sarkozy par le journal.
c- Néanmoins, il est permis de
penser que les deux déclarations reproduites,
a- « Cette affaire d'écoutes
renforce ma détermination et m’oblige à me présenter à la présidentielle.
Parceque, si je ne reviens pas, cela voudra dire que j ai peur des
affaires. ».
b- « La percée du FN
renforce mes responsabilités. Qui d’autre que moi peut le battre au premier
tour ? ».
sont :
a- Soit littérales
b- Soit fidèles à la teneur des
propos de M. Sarkozy.
Le lecteur peut en retenir sans
risque de se tromper, ni d'avoir été trompé, que M. Sarkozy veut qu'on
sache : :
a- Que les « affaires »
ne l'impressionnent pas au point d'infléchir ses décisions politiques.
b- Qu'il estime être le meilleur
candidat de son camp pour les élections présidentielles de 2017.
3)- Les questions subséquentes
Je connais les questions qui se
posent aux professionnels, car on m'en a déjà fait part :
- Est il moral et responsable de
donner suite aux demandes d'un homme aussi dérisoire que M. Salomone lorsque
ces demandes peuvent gêner l'action publique ou la carrière de personnes
reconnues publiquement comme importantes ?
La réponse du parquet est non. En
province, cette disqualification est off. A Paris, elle a été intégrée à la
procédure. Elle en a été constitutive.
J'ai été violé deux fois. Une
fois par des capitalistes, en province. Une fois par des fonctionnaires, à
Paris. Je traite d'une affaire de viol présumé qui aurait été commis par M.
Sarkozy. Ces trois viols sont des affaires politiques puisqu'ils visent tout
d'abord à utiliser la jouissance sexuelle pour disqualifier une personne, la
soumettre, envoyer un message à d'autres.
Par conséquent, j'estime avoir
une connaissance de ce dont je parle, une forme d'expertise. Je sais que les
questions que je pose sont pertinentes.
4)- Les deux obstacles de lecture
Ce que je suis en droit de
prévoir par expérience, c'est une obstruction à l'étude du dossier, à sa seule
lecture :
a- Par une ségrégation sociale
qui s'inscrit dans toutes les procédures que j'ai connue,
b- Par une pensée publique
archaïque, au terme de laquelle « on ne parle pas de ces choses là ».
1- La ségrégation sociale
Je ne reviens pas sur les faits
même de cette ségrégation sociale dans les procédures judiciaires. Je les ai
déjà évoqués dans les courriers précédents. Selon les fonctionnaires concernés,
ils font l'objet « d'épais dossiers » au parquet et à la Direction
des Affaires criminelles et des grâces. Je rappelle simplement le mot d'un
capitaine de police dans une procédure : « Vous êtes à votre place,
M. Salomone, en bas. » En matière de qualification juridique esclavagiste,
tout est dit. La torture, sous le couvert de M. le procureur de la République
et de M. le préfet, n'a plus qu'à suivre.
Cette ségrégation judiciaire
sociale est un fait. Elle est primordiale. Il est inutile de se voiler la face.
2- La pensée archaïque
Toutes les personnes violées ont
appris à leur dépend qu'il ne faut surtout pas en parler, sauf à subir une
sorte de ressac du viol, cette fois-ci par le public.
Mme la députée n'échappe pas à la
règle. Donc, elle se tait.
Ce préjugé tenace est le
fondement de l'omerta. Les mêmes qui traquent littéralement M. Sarkozy pour des
affaires financières ne diront jamais un mot sur le viol. Ça ne se fait pas.
J'ai dû quitter une région parce
que j'ai dénoncé le premier viol. J'ai été enlevé séquestré, torturé, parce que
j'ai porté plainte contre le second viol. CQFD ;
Là aussi, j'ai une expertise.
4- Les questions annexes
Il pourrait sembler que la
présence d'un avocat faciliterait les choses. Cela va de soi. Cependant
l'évidence de cette présence, en cette affaire, n'est que verbale.
a- Les avocats ont peur
d'affronter M. Sarkozy dans des affaires qui touchent à sa personne.
En avril 2007, suite aux
informations du Canard enchaîné, j'ai demandé l'ouverture d'une enquête
préliminaire au sujet de l'appartement de M. Sarkozy, sur l’Île de la jatte, à
Neuilly-sur-Seine. Une avocate des hauts-de-Seine a bien voulu m'accorder une
consultation par les prix sociaux du bâtonnier, à 30e au lieu de 150e.
Sa consœur lui a dit :
« Moi, je ne veux pas m'occuper de ça. Je n'ai pas envie de perdre tous
mes procès dans l'avenir. ».
b- Le Bureau d'aide
juridictionnelle
Le seul moyen que j'ai d'avoir un
avocat est qu'il soit pris en charge totalement par l'Aide juridictionnelle.
C'est prévu par les textes.
Je connais le Bureau d'Aide
Juridictionnelle. Il n'acceptera jamais qu'un pauvre contredise en justice
l'action d'une personnalité ; quel qu'en soit le motif.
4)- L'ouverture de M. Sarkozy
Par ses déclarations à ses amis
de l'UMP, en commentaire des résultats des élections municipales et de sa
Lettre au Figaro, M. Sarkozy change singulièrement les paramètres du débat
judiciaire à son endroit.
M. Sarkozy déclare sans ambages
qu'il est prêt à faire face à toutes les « affaires » et que les
développements judiciaires de celles-ci :
a- Renforcent sa détermination,
b- Le mettent dans l'obligation
d'être candidat en 2017,
c- Lui permettent de dire qu'il
n'en a pas peur.
d- Le placent en position de
candidat naturel de son parti,
A moins que les magistrats
s'estiment tuteurs légaux de M. Sarkozy, ils ne peuvent plus agir sous le
couvert d'une quelconque idéologie de protection de M. Sarkozy à quelque titre
que ce soit. Ce dernier offre aux magistrats l'occasion de passer outre les
archaïsmes et les corporatismes.
Conclusion
M. Sarkozy affirme qu'il est
capable de faire face à toutes les actions judiciaires qui le visent, ce qui
s'est d'ailleurs produit jusqu'ici. De ce fait, il disqualifie toute politique
judiciaire qui viserait à faire obstruction à la manifestation de la vérité
dans une affaire aussi importante que le viol d'une femme députée.
Il devient difficile de lui
attribuer la responsabilité de l'omerta publique et du silence judiciaire au
sujet de ce viol présumé.
Je vous prie d'agréer, Monsieur
le Président, l'expression de mes salutations distinguées,
Marc SALOMONE
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