Paris, le jeudi 6 mars 2014
Cour de Justice de la
République
COMMISSION DES REQUETES
21, rue de Constantine
75007 Paris
Tel. : 01.44.11.31.00
Fax : 01.44.11.31.39
Objet : Discussion du propos
de Mme Guillaume,
Le Monarque, son fils, son fief,
Chapitre VII.
Monsieur le Président,
Préambule
C'est par le témoignage de Mme
Guillaume que le public a su qu'il s'était passé quelque chose entre M. Sarkozy
et Mme la députée.
Ce témoignage est à saluer comme
celui de toutes celles qui prennent la peine d'user de leur téléphone portable
pour diffuser les scènes les plus infâmes.
Le but de cette réflexion n'est
donc pas de l'impliquer dans les responsabilités de M. Sarkozy. Il est de
comprendre les mécanismes littéraires par lesquels une information bloque en
même temps la réflexion publique qu'elle devrait conduire.
La première partie de l'analyse
du livre de Mme Guillaume porte sur les procédés par lesquels celle-ci fabrique
une catégorie de femme pour lesquelles le viol est tolérable et une autre qui
doit impérativement tirer vengeance d'une haine publique. Ce livre est cette
vengeance..
La seconde partie suit le
parcours minutieux de la construction de l'information et de l'omerta. Je pense
avoir établi qu'il y a eu complot et traquenard de la part de M. Sarkozy.
Première partie : la
vengeance et l'omerta
1)- L'omerta publique
Le témoignage de Mme Guillaume a
ceci de particulier que sa composition programme l'omerta qui recouvre les
informations qu'il produit. Il ne restait aux médias et à la justice qu'à
développer ce dispositif.
Le Nouvel
Observateur, 24,07,12 :
Julien martin :
« Sois gentille..Tu vois bien qu j'ai besoin de me détendre. » Là
encore pas de quoi s'offenser. »
Marie-Célie
Guillaume : La scène existe mais c'est universel.
Canard
Enchaîné : 04,07,12
Jean Michel
Thénard : « La cuisine politique perd de son charme lorsqu'elle est
croquée de façon trop réaliste. ». « ...Une élue locale s'est vue
réclamer une « gâterie » ».
Tout le chapitre VII est écrit en
vue de la neutralisation politique et judiciaire du crime évoqué. Il ne faut
pas qu'il soit nommé tel, pour quelque discussion que ce soit.
Comme le dit si bien le
journaliste Julien Martin, du Nouvel Observateur :
- « Au milieu du livre,
elle assène le coup de grâce au Monarque. Dans son bureau, il reçoit une élue
quand son souffle devient court : "Sois gentille... Tu vois bien que j'ai
besoin de me détendre ! Allez, c'est pas grand-chose..." Là encore, pas de
quoi s'offenser. »
Quoi d'offensant que
de devoir sucer sur commande et par surprise une personne dont on se trouve
être l'obligée ? Le viol n'a rien d'offensant en soi pour ceux qui
supportent avec une infinie patience la douleur des autres.
Comment pourrait on
s'offenser d'une action envers une personne, une députée qui n'existe pas, ou
n'existe que sur commande, le temps de la théâtralité de la fellation ?
Elle n'existe ni pour Mme Guillaume, dans l'exposition qu'elle fait de la
« petite heure de liberté » ; ni lors de son entrée en scène
pour M. Sarkozy qui lui dénie le droit d'avoir rendez-vous avec lui ; ni
après la fellation, puisqu'elle est oubliée dès que la braguette du mâle
dominant est remontée.
2)- Le viol
Implicitement, on
veut nous culpabiliser de ne pas accepter la pipe ; le critère de
l'acceptation étant de prendre le parti d'en rire.
Or, M. Sarkozy ne
drague pas une femme, stagiaire, députée, collaboratrice, pour obtenir un cinq
à sept.
Il n'a pas provoqué à la débauche
une femme qu'il aurait rencontré par hasard.
Il n'y a pas eu de consentement
mutuel libre et éclairé,
Ce n'est pas un « pas vu-pas
pris » entre bons copains, contrairement à ce que laisse entendre Mme
Guillaume.
Le viol s'impose à Mme la députée
en trois temps
1- La soumission
Elle est coincée physiquement et
moralement. Pour sortir du traquenard, elle doit :
a- S'échapper de la sidération
que provoque l'autorité politique suprême
b- Rejeter le Pouvoir fait homme
c- Briser ses rêves de grandeur
par l'accession à une entrevue « au château ».
d- Briser le Pot-au-lait de
Pierrette.
e- Se voir comme une salope dans
le regard public.
f- Admettre que l'idole type est
un pauvre mec, un détraqué, une merde de tunnel de gare.
g- Se préparer à porter plainte,
mobiliser les féministes, etc.
h- Affronter le regard de toutes
ces femmes et ces hommes qui depuis toujours soutiennent le viol.
i- Savoir qu'il faut se taire et
vivre avec ça.
j- Consacrer sa vie à se
justifier.
k- Revenir sans sa subvention ou
avec un paquet de fric sali.
Mme la députée fait comme toutes
les autres, elle balaie les difficultés en faisant comme s'il ne se passait
rien. Les cachetons, c'est après.
Mme Guillaume rend cela
ainsi :
- « Elle tourne la tête,
ferme les yeux quelques instants. Les images affluent par flashs, souvenirs
refoulés d'une autre vie. Un sourire imperceptible, un léger hochement des
épaules. Tout cela a si peu d'importance, les hommes sont pitoyables. »
2- L'action
En suçant, elle se débarrasse de
tout ça. Elle ne se pose plus de question. Elle cède, elle s'abandonne, elle
s’efface. Elle découvre le confort qu'il y a à n'être plus rien.
Mme Guillaume rend cela
ainsi :
P. 100
« Cela ne dure que quelques
instants. Le Monarque est pressé et Madame de P. compréhensive. Après tout, se
dit-elle, non sans humour, le Monarque a tellement de soucis, tellement de
responsabilités, il faut bien qu'il les évacue. Si elle peut aider, c'est vrai
que ce n'est vraiment pas grand-chose. »
3- La survie
Cette personne qui n'a rien
maîtrisé, a tout subi, cédé, perdu, doit maintenant se reprendre, se restaurer,
se reconstruire. Elle doit exister pour continuer à se voir et pouvoir se
présenter devant ses électeurs. Elle ne peut leur dire que cette subvention
elle l'a eu avec son cul. Il lui faut sauver ce qui fut, pour M. Sarkozy, un
chantage, pour elle, une justification ; son musée. Surtout ne pas voir
qu'il est devenu un lieu de blanchiment d'argent sale.
Elle a justement besoin de se
laver. Comme toutes les personnes violées. Elle a été violée, car justement, la
prostitution n'est pas son métier.
Mme Guillaume en rend compte
ainsi :
- « « Eh bien,
c'est ce qu'on appelle boucler un dossier en un tour de main! » s'exclame
Madame de P., secouée d'un irrépressible fou rire. « Quand je pense qu'on dit
que l'administration est lente... Alors que, en fait, il suffit de trouver le
bon canal! ».
3)- Le rire
Ainsi, Mme Guillaume clos le
chapitre consacré à ce rapport sexuel par le « irrépressible fou
rire » de Mme la député et un mot d'esprit.
Grâce à M. Sarkozy, après les mots
du Général, les huissiers ont en mémoire le mot de Mme la député. Pour
reprendre le mot de Mme Guillaume : « au début la scène avait un peu
interloqué ». P.91
Pourquoi un rire précisément
irrépressible après un simple service rendu à un ami ?
Cela nous renvoie à un autre
« irrépressible fou rire » mis en scène par Mme Guillaume. P. 101
Il concerne une femme, elle-même,
qui ponctue ainsi une série d'agressions physiques et verbales. De la part d'un
élu en situation de supériorité. Elle ne pouvait pas répondre sur le champ.
4)- Les deux rires
Mme Guillaume met en scène deux
rires de femmes agressées.
a- Le rire de Mme la députée.
C'est le rire de celles qui
s’essuient encore la bouche quand le violeur claque la porte.
b- Le rire de Mme Guillaume, nommée
Baronne.
Il est l'inverse. Mme Guillaume
rit parcequ'elle attaque et que l'agresseur va prendre la force de l'Etat dans
la figure.
5)- Les agressions subies par Mme
Guillaume
Voilà la mise en scène qu'elle en
fait :
1- L'agression physique
Chapitre XII La grande bataille
P. 196
« Cinglé Picrochole passe
devant elle en l'ignorant ouvertement, le visage contracté par cet air de
mépris et de fureur qui ne le quitte plus. Elle ne se soucie pas de lui,
soulagée d'éviter son agressivité. Il s'éloigne, puis soudain, fait demi-tour
et revient vers elle d'un pas décidé, la fix196ant intensément. Baronne se
demande ce qu'il a encore en tête. Visiblement, il est cette fois décidé à
l'aborder. Elle se résout donc à le saluer avec la courtoisie et l'hypocrisie
minimales. Mais, alors qu'elle lui tend la joue, Cinglé Picrochole l'empoigne
par les épaules et la projette violemment en arrière, avant de tourner les
talons et de repartir aussi sec. Tout cela sans un mot. La scène n'a duré que
quelques secondes. Elle laisse les quelques témoins médusés.
« Ça va? s'inquiète Fée
Clochette. Il ne t'a pas fait mal? Mais il
est complètement dingue, ce type
!
- Oui, il est dingue. C'est pas
grave, laisse tomber. .. »
Ce n'est ni le lieu ni le moment
de faire un scandale. Baronne
se remet d'aplomb et offre son
sourire le plus lisse aux élus qui continuent d'arriver. « Ne t'inquiète pas,
glisse-t-elle entre les dents. Il ne perd rien pour attendre. Pour l'instant,
je ne suis pas en situation, il le et il en profite. Mais un jour, je lui ferai
payer, je te le garantis ».
2- L'agression morale
P. 209
« Les perdants ont la mine
abattue. Ceux qui sont réélus, soulagés, hésitent à afficher satisfaction tant
l'ambiance générale est morose. Cinglé Picrochole arrive, accompagné de son
épouse et entouré de sa bande de gros bras. Son canton affiche une
participation remarquable, les logements sociaux et les maisons de retraite se
sont mobilisés comme nulle part ailleurs. Cinglé est largement réélu. Malgré ce
succès, il a l'expression des plus mauvais jours. « Quand je pense qu'il va
falloir supporter l'Arménien trois ans de plus..Il faut le tuer! Il faut le
tuer! » éructe-t-il. Baronne a le malheur de le croiser à l'entrée de la salle.
- T'es encore là, toi! lui
jette-t-il méchamment.
- Mais oui, je suis encore là.
Désolée, je sais que tu rêves de te débarrasser de moi, mais j'ai l'impression
que ce n'est pas pour de suite! lui répond-elle le sourire aux lèvres sur un
ton faussement bravache.
- Oh, mais ne t'inquiète pas, on
va te régler ton compte, et très vite! Dès la semaine prochaine, tu vas voir ce
qui t'arrive! »
Cinglé Picrochole la menace du
doigt, son regard est plein de haine, sa voix, qui tremble de fureur, monte
dans les aigus.
- Ah 'Oui? C'est vrai, répond
Baronne du tac au tac, on m'a prévenue que tu étais le genre d'homme qui frappe
les femmes. »
L'épouse de Cinglé blêmit, recule
d'un pas, secoue la tête et en implorant son mari: « Je n'ai rien dit, je te le
jure, je n'ai rien dit... »
Baronne n'attend pas la suite,
tourne les talons et s'éloigne. Son sang bouillonne dans ses tempes, ses mains
tremblent, elle t'appuyer contre un mur, un peu à l'écart, pour retrouver son
calme.
« Madame tout va
bien ? »
Le fonctionnaire est gêné, il ne
sait pas comment la soutenir.
- « J'ai entendu ce qu'il
vous a dit.C'est ignoble. Il n'a pas le droit de vous parler comme ça. ».
- Je vais bien merci. Ne vous
inquiétez pas pour moi. Retournez là-bas. »
3- Mme Guillaume et ses maximes
a- Dans l'interview du Nouvel
Observateur, au sujet de Mme la députée, Madame Guillaume dit :
« « J'ai
voulu parler de la relation entre un homme de pouvoir et le sexe. La scène
existe, mais c'est universel. C'est peut-être la seule scène du livre qui n'est
pas violente. Elle est triviale. Cette élue s'en fout, elle en a vu d'autres.
Quand on est une femme politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il vaut
mieux changer de métier."
Marie-Célie
Guillaume dit, elle, s'en tirer en pareil cas en distribuant une paire de
gifles, mais ne veut porter "aucun jugement moral" sur celles qui
cèdent. »
b-
Le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne s'applique pas ces propres maximes.
Pourquoi
les unes devraient-elles « s'en foutre » de se faire violer et les
autres devraient-elles se faire un point d'honneur de venger une bourrade et un
coup de gueule.
c-
Car si une pipe est ce que le Canard Enchaîné, et M. Balkany, nomment une
« gâterie » qui prête à rire, les mots bourrade et coups de gueule
sont ici justifiés pour ce que supporte Mme Guillaume.
d- Pourquoi ne pas quitter la vie
politique « si on n'est pas capable de gérer ça » ?
6)- Le rire de Mme Guillaume
Chapitre XIII : L'affranchi
P. 213
- « « Je vous prie de
m'excuser. Vous comprenez, étant donné votre qualité et la qualité de la
personne que vous mettez en cause, je suis obligé d'avertir mon supérieur. Qui
lui-même doit avertir son supérieur.
- Qui lui-même avertira son
supérieur! » Baronne s'amuse follement. « Ne vous inquiétez pas, monsieur le
commissaire, j'ai travaillé au ministère de l'Intérieur, je sais bien comment
ça se passe. Et étant donné ma qualité, la qualité de mon propre supérieur, et
la nature des faits que je suis venue vous rapporter ce matin, je ne doute pas
que ma déposition ne mettra pas longtemps à atterrir sur le bureau de Préfet
Tigellin lui-même. On peut même imaginer qu'il en fera part au Monarque.
- Je veux également vous avertir,
madame, que, étant donné le nombre de personnes qui seront informées de votre
déposition non, je ne peux en garantir la confidentialité. L'information . risque
de circuler. . .
- Eh bien qu'elle circule !
Répond Baronne dans un éclat de rire. Cela ne me gêne pas. Bien au
contraire. »
7)- Réflexion
a- Ce n'est pas parcequ'elle
distribue des « gifles » à ceux qui l'agressent comme elle le prétend
dans le Nouvel Observateur, à l'occasion de l'affaire de Mme la députée, que
Mme Guillaume rit.
Car, justement, elle ne
« distribue » pas de « gifles » au cours de ces deux
agressions. Au contraire, elle fait profil bas et elle interdit de réagir en
son nom.
P. 196 : « - Oui, il
est dingue. C'est pas grave, laisse tomber. . »
P. 209 : « - Je vais
bien merci. Ne vous inquiétez pas pour moi. Retournez là-bas. »
b- Ce n'est pas non plus
parcequ'elle « s'en fout ». Là encore, bien loin de prendre de la
distance avec l’événement, elle lance des imprécations et des malédictions.
- « Baronne se remet
d'aplomb et offre son sourire le plus lisse aux élus qui continuent d'arriver.
« Ne t'inquiète pas, glisse-t-elle entre les dents. Il ne perd rien pour
attendre. Pour l'instant, je ne suis pas en situation, il en profite. Mais un
jour, je lui ferai payer, je te le garantis. »P. 196
Elle rit parcequ'elle est au
commissariat et que sa puissance a été reconnue et par conséquent rétablie.
Comme cela devrait être le cas pour toute justiciable agressée.
Elle rit de sa toute puissance
symbolique sur celui qui un instant, symboliquement plus que physiquement, l'a
écrasé.
Nous en sommes ravis pour elle.
Mais en quoi cela la qualifie t'elle pour construire la fable du
désintéressement politique qui disqualifie par avance tout propos de Mme la députée qui stipulerait que la fellation
imposée par M. Sarkozy lui a été une agression et qu'elle veut en obtenir
réparation ?
Cette distinction qu'opère Mme
Guillaume entre son droit à la reconnaissance de sa souffrance, de son
humiliation, à la vengeance, et le déni de tout droit à ces qualités à Mme la
députée n'a aucune pertinence de fait, de droit, de principe, selon les termes
mêmes du discours de Mme Guillaume.
Nous savons par contre-coup
qu'une femme ne rit de ce que lui a fait son bourreau que lorsqu'il est lui
même devenu sa victime par les procédures de la loi.
Mme Guillaume sait donc que Mme
la députée ne rit pas. Elle certifie d'abord à elle même qu'elle a été violée
et qu'elle ne sera jamais vengée. Elle dit simplement qu'il vaut mieux en rire
que d'en pleurer.
Je sais d'expérience qu'elle a
intérêt à ce qu'il en aille ainsi.
8)- Les deux sortes de femmes
Cette femme qui accepterait son
propre abaissement par le rire permet à Mme Guillaume de mettre en scène deux
sortes de femmes dirigeantes.
A- Mme La députée
Dans le chapitre consacré à Mme
la députée, Mme Guillaume n'est pas vraiment une bonne copine à l'égard de Mme
la députée.
Elle laisse place au fantasme
d'une femme à la vie sinon dissolue du moins une vie qui cache bien des choses
désagréables à voir.
P. 98
Certes : « Madame de P.
assume désormais sans complexe son côté bourgeoise assagie de province. »
Mais « Il n'en a pas
toujours été ainsi. »
Elle est de province :
« Montée à la capitale à seize ans »
Nous verrons comment Mme
Guillaume présente cette circonstance pour elle-même.
Socialement :
a- Elle fut : «
philosophe à la mode »,
b- Son rôle public ::
« un vocabulaire cru et des mœurs joyeusement émancipées installèrent sa
réputation dans les milieux intellectuels »
c- Sa vie : « Elle eut
son heure de gloire, plusieurs liaisons tapageuses, un industriel véreux, un
politicien libertin. Bref, une vie animée.. »
d- C'est une born again de
province : « En province, on ne badine pas avec les mœurs. Du jour au
lendemain, elle adopta un style de vie plus conforme à son milieu d'origine et
ses nouvelles ambitions. »
e- C'est une has been
accrocheuse : « Elle a perdu sa fraîcheur. ...Mais sa passion pour la
vie et les discussions sans fin est intacte. » P. 99
L'allure :
Elle s'accroche à ses titres, à
ses passions intellectuelles, mais elle porte sur elle les traces d'une
déchéance au moins en cours.
- « Les cigarettes,
l'alcool et d'autres excès peut-être ont laissé des traces. Sa peau est
fatiguée, sa voix éraillée » P. 99
Cigarettes, alcool, excès. Ce
sont les termes qu'on emploie pour décrire les femmes qui ont perdu leur vie
dans les modes de vie que la morale réprouve et qui n'autorisent pas en général
l'accès à la considération publique et à l'exercice des responsabilités.
Mme Guillaume met en scène la
possibilité de penser que M. Sarkozy ne s'est pas trompé d'adresse en exigeant
une pipe de cette épave noctambule. Il la croise dans un bureau. Il aurait pu la
prendre sous un porche en sortant d'une réunion tardive.
La formule finale que Mme
Guillaume prête à Mme la députée est d'ailleurs une réplique de film dans la
bouche de toutes les filles de joie au petit matin : Les hommes sont
moches mais on les tient par la queue!
Voici : « « Eh bien,
c'est ce qu'on appelle boucler un dossier en un tour de main! » s'exclame
Madame de P., secouée d'un irrépressible fou rire. « Quand je pense qu'on dit
que l'administration est lente... Alors que, en fait, il suffit de trouver le
bon canal! ».P. 101
En tout cas, il apparaît qu'elle
est assignée à fellation. Lorsqu'on ne peut dire de ces femmes qu'elles sont
des « putes », on dit qu'elles sont des « femmes faciles »,
et on ajoute « la pauvre ».
La qualification
Lorsque Mme Guillaume place Mme
la députée sur scène, dans le bureau du « grand empereur », elle la
qualifie ainsi sous le regard du Chef de l'Etat :
- « Le Monarque s'est
approché. Il est encore sous l'effet de l'euphorie de son combat de boxe
imaginaire. Il savoure l'hystérie adorante de ses groupies, leurs cris de désir
qui montent à lui, il ressent dans tout son corps la tension du duel et
l'excitation de la victoire. Il a chaud, très chaud. ». P. 100
Proie ou pute ; elle est une
occasion à saisir. Rien de plus. La Chose n'est pas cher en plus, c'est le
Trésor public qui arrose.
B- Mme Guillaume
Mme Guillaume s'aime vraiment
plus qu'elle n'aime Mme la députée. Avec elle-même, elle est mieux que
complaisante ; admiratrice.
a- Mme Guillaume est une fille de
la Terre:
- « Longtemps Baronne avait
vécu dans les arbres. Elle aimait leur parfum puissant et subtil, la rugosité
de leurs troncs noueux, le chant du vent dans leurs feuillages. Les pieds
ancrés dans la terre et la tête tendue vers le ciel, ils lui offraient la
protection de leurs bras puissants. » P. 103
b- Elle savoure l'humanité
- « Le jeudi, c'était le
jour des amoureux. Elle ne ratait ça pour rien au monde. »
c- Elle ne vieilli pas, elle fait
don de sa personne au monde :
- « Baronne avait grandi. Il
lui avait fallu descendre de son arbre, ! frayer avec ses semblables, faire
mine de se contenter de la vie à même le sol. »
d- Elle a une vie sociale
exemplaire :
- « Sa famille était sa plus
belle réussite. » P. 106
A comparer avec les alcooliques
et les escrocs qui ont accompagné Mme la députée.
e- Sa carrière est une
philosophie.
- « Baronne partageait cette
philosophie de vie. Elle était donc arrivée en principauté dans les bagages de
l'Arménien. »
f- Elle est sensible
- « Baronne y a mis son cœur
et sa sensibilité. » P. 165
g- Elle est distante à l'égard
des défauts. Ils sont ceux des autres.
- « Elle lui est devenue
indispensable, et pas seulement parce qu'elle lui rend le quotidien facile.
Elle seule ose se moquer gentiment de ses obsessions identitaires. » Ce
sont les obsessions de l'Arménien, pas les siennes.
h- Un florilège de qualités
humaines :
P. 166
- « Elle est énergique,
optimiste et joyeuse ». Elle n'est pas non plus dans la déprime.
- « Elle change de style
aussi facilement que d'humeur. Naviguant avec gourmandise dans un univers
d)hommes, elle a décidé) après réflexion, qu'elle assoirait son autorité sans
renier sa féminité et sa fantaisie. Elle adore les bottes, dont elle a une
collection impressionnante) les talons hauts perchés qui lui donnent de
l'assurance et lui permettent de voir le monde de plus haut. »
P. 167
- « Aussi à l'aise sur les
chantiers de construction que dans les palais nationaux, elle s'amuse à passer
sans transition de la robe moulante ultra sexy au jean déchiré et blouson de
cuir. Ses tenues sont un leurre qui lui permettent d jouer au chat et à la
souris et de semer la confusion auprès de ses adversaires comme de ses
soupirants. Rares sont ceux qui parviennent réellement à l'amadouer. Toujours
pressée, le téléphone allumé en permanence, elle gère son équipe avec une
autorité un peu cassante, parfois brutale. Ses yeux bleu de glace lui servent
d'aimants et de repoussoirs. De fines rides y révèlent sa douceur cachée. Mais
parfois, la flamme se retire pour ne laisser filtrer qu'une lumière froide et
blessante. Ce regard-là est l'arme suprême de Baronne, parfois à son corps
défendant. »
i- Elle est universelle, P. 166
- « Elle vient d'ailleurs et
a souvent la nostalgie des horizons lointains. Il le sait. »
j- Elle est Zen, P. 167
- « Elle prend la situation
avec humour, étonnée de se voir dotée d'une telle importance, flattée malgré
tout, pas vraiment impressionnée. » Il s'agit tout de même de la haine que
vouerait le Chef de l'Etat.
k- Face à l'adversité : elle
est belle mais précisément sans être pute. P. 197
- « « Je veux être belle,
élégante, irrésistible. Que tous ces mecs qui pensent me trouver triste et
abattue soient scotchés. Je veux qu'ils en bavent d'envie. Je ne supporte ni
leur pitié ni leur arrogance. Débrouille toi, fais un miracle!» avait-elle
lancé à son coiffeur. Sa robe chinoise de velours noir souligne d'un trait
sobre la courbe de son corps. De dos, ses longs cheveux relevés dans un nœud
balaient ses épaules. De face, le décolleté est vertigineux. Ses yeux clairs
soulignés d'un trait sombre ont mesuré de loin la troupe des élus qui attendent
à l'entrée de la salle. Elle a inspiré profondément, puis s'est lancée,
souriante, confiante en elle et en l'avenir. Ils se sont demandés qui était
cette femme surgis de nulle part. Puis ils ont reconnu son pas déterminé, le
claquement des hauts talons. Les yeux écarquillés, ils la regardent
s'approcher, oubliant leurs conversations.
P. 198
- «Baronne! Que tu es belle! Quel
plaisir de te voir... » Ils se pressent autour d'elle, rivalisent d'amabilités.
Elle les regarde papillonner: la trêve sera de courte durée, elle le
sait. »
Tout cela est à comparer avec la
députée avinée par l'alcool.
l- Elle dirige par le rire, P.
213
- « - Eh bien qu'elle
circule ! Répond Baronne dans un éclat de rire. Cela ne me gêne pas. Bien
au contraire. »
9)- Les raisons d'une vengeance
Le chapitre de la fellation
s'intitule « Monologue du périnée » pour ramener le personnage
principal à son « plancher », à son fondement, à son minimum,
Il s'agit de dominer M. Sarkozy
par les mots.
La raison n'a rien de politique.
Mme Guillaume est alors une sarkozyste convaincue. M. Sarkozy l'a faite
rêver :
- « - Quel gâchis... Quand
je repense à quel point il nous a fait rêver, quand il se présentait comme le
petit citoyen au sang-mêlé! », P. 234
Ce règlement de compte féminin
est en fait la suite de ce dont il rend compte. Ce que Mme Guillaume nomme la
Principauté, le clan des politiciens du département des hauts-de-Seine,
fonctionne par règlements de comptes personnels.
Dans ce système, M. Sarkozy a
trouvé utile de faire de Mme Guillaume, secrétaire de M. Devedjian, la tête à
claque entre lui-même et M. Devedjian.
1- Les attaques
a- P. 110
- « "J'ai un message à
te passer de la part du Monarque. Je l'ai vu hier, à ]' issue de la réunion de
la majorité. n m'a demandé de te dire qu'il sait tout ce que tu fais, il sait à
qui tu parles et ce que tu dis. Si tu ne te tiens pas à carreau, il va te faire
la peau." - Il t'a dit ça! Qu'il allait te faire la peau?,
- Oui, mot pour mot. Je ne suis
pas près de l'oublier cette phrase! J'étais stupéfaite, alors j'ai préféré
prendre la chose sur le ton de la rigolade. Je lui ai dit: "Vraiment? Le
Monarque en personne te dit des choses pareilles? J'ai du mal à le croire! Et
qu'est -ce que ça veut dire qu'il va me faire la peau? C'est toi qui t'en
charger? Il faut que je fasse attention dans la rue à la tombée du jour, c'est
ça que tu me dis? Tu vas m'envoyer des Roumains? Ou tes amis corses peut-être.
Oui, au fond, les Corses, ce serait plus logique. »
b- P. 112
« - Tu crois que le Monarque
est derrière ça?
- Je n'en sais rien. J'ai du mal
à le croire. Il a quand même
d'autres chats à fouetter, non?
En même temps, un ami journaliste m'a prévenue qu'il avait une dent contre
moi. L'autre jour, devant un petit groupe, il éructait sur "la petite
collaboratrice de l'arménien" qui ne perd rien pour attendre. Depuis son
élection, il a beaucoup changé. »
c- P. 167 :
« La hargne de Rocky est une
violence de plus. »,
d- P. 218 :
« Son père poursuit sur son
élan.
« C'est vrai, quoi! On ne va tout
de même pas donner la Principauté à l'autre semi-paralytique! Comment il
s'appelle déjà? » demande le Monarque à son fils, en se tapotant la tête.
- Trépané du Local, répond le Dauphin du bout
des lèvres.
- Trépané du Local. C'est ça! Non mais, il
faut être sérieux... Trépané du Local à la tête de la principauté, ça ne
ressemble à rien. Dauphin, tu vas m'arranger ça. L'Arménien est notre
candidat, fais-le savoir. Bon,
sinon, il t'a dit? reprend Rocky en se tournant vers l'Arménien. Tout ce que je
veux, c'est que tu changes ton entourage. Baronne doit partir. »
L'Arménien se raidit. Il connaît
la condition du ralliement du Monarque, que le Dauphin lui a exposée lors de
leur tête-à-tête.
«Il n'en est pas question,
avait-il dit à Baronne. pour qlui me prend- il ? Ma présidence ne vaut pas
ton sacrifice !
- Mais bien sùr qu'elle la
vaut ! avait répondu Baronne avec hilarité. Tu te rends compte? Tout ce
qu'il te demande, c'est ma tête 1 Autant dire, rien! Je ne suis pas un prix
politique, il ne pourra jamais se vanter d'avoir obtenu ma tête en échange de
son soutien.
e- Page 229
L'Arménien a gagné, mais il n'a
pas de joie. Il laisse derrière lui ses dernières illusions sur la politique et
l'amitié. Une grande fatigue l'accable. Baronne aussi est épuisée. Tellement
épuisée qu'elle ne réalise pas que la guerre est finie et qu'ils sont vainqueurs
par KO.
« Rocky m'a téléphoné. - Pour te
féliciter?
- Pas vraiment, non. Pour me
parler de toi. Il m'a demandé ton ev, il voulait savoir si tu avais des
diplômes! Il m'a dit que tu pouvais demander ce que tu voulais: préfecture,
ambassade, entreprise. .. Qu'est -ce que tu veux?
- Dis-lui que je ne veux rien lui
devoir.
- Il ne te lâchera pas comme ça.
Il veut que tu partes, c'est presque obsessionnel!
- Eh bien, attendons ses
propositions! On verra!
e- P. 230
- « - Pas si sûre. J'ai
négligé bien des choses dans ma vie ces derniers temps. Je voudrais partir un
peu. Prendre du champ, réfléchir. Dormir aussi. . .
- Le Monarque ne t'oubliera pas
comme ça, crois-moi. Je le
connais! - Moi, je crois qu'il
finira par m'oublier. Il a une campagne
présidentielle à mener, et elle
s'annonce plus que difficile! ...Il va maintenant devoir rendre des comptes.
L'heure approche. Vraiment, je crois qu'il m'oubliera, car il aura autre chose
à penser! »
La main courante déposée par Mme
Guillaume contre Cinglé Picrochole vise M. Sarkozy. Ce livre est écrit pour
solde de tout compte.
10)- Bilan
Nous avons vu que Mme Guillaume
peut donner des versions différentes de la place du rire selon les femmes qui
sont agressées.
Nous avons vu que le personnage
de Mme la députée est construit pour conduire le lecteur à trouver normal
qu'elle cède à M. Sarkozy. D'autres femmes ont une flamboyance qui interdit
même la question posée ; Mme Guillaume par exemple.
Nous avons vu que ce livre répond
aux agressions machistes subies par une femme ; Mme Guillaume en
l’occurrence.
Nous savons avec ce livre que
l'action de Mme Guillaume ne correspond pas du tout à la maxime qu'elle plaque
sur l'action de Mme la députée :
- « Quand on est
une femme politique, si on n'est pas capable de gérer ça, il vaut mieux changer
de métier. ».
Pas plus que Mme la
députée, Mme Guillaume n'a distribué de « paires de gifles » sur le
coup. Sans l'Arménien, elle y serait passée aussi. Lorsqu'elle rit, c'est au
commissariat : après avoir mis l'Etat de son coté. Loin de passer sur les
détails de l'histoire, elle en fait un roman.
Deuxième partie : Le
cheminement d'un complot
1)- Le milieu
Mme Guillaume écrit
ce livre pour se venger des affronts et agressions subies et pour dire son
admiration de l'Arménien, alias M. Devedjian.
Elle ne mène pas un
combat politique. Elle est du même bord que tous ces gens là. Ils lui ont
marché sur les pieds et, comme elle le dit au Nouvel observateur, elle
distribue les « paires de gifles ». Mais sans « porter de
jugement moral » ; autrement dit sans droit de suite politique et
judiciaire.
Elle protège aussi un
avenir difficile pour tout le monde. Le sien ne peut se faire sans l'agrément
de ces machistes.
Elle ne doit pas être
celle qui a porté tord à un cadre dirigeant pour une histoire de fesses. Les
autres hommes ne le lui pardonneraient pas, les femmes cadres non plus
d'ailleurs. La qualification de viol par le membre d'un groupe contre un autre
membre du groupe est toujours perçu comme une trahison.
Au chapitre XII, elle
rapporte la scène de la fellation
présumé de M. Sarkozy par Mme la députée pour solde de tout compte
de : « la hargne de Rocky, une violence de plus ». P. 167
Au nom de quoi
accepte-t'elle cette violence particulière ?
D'abord au nom du
sens commun : chacun ses problèmes, la députée est assez grande pour
s'occuper de ses propres affaires.
Puis, au titre d'une
distinction qui parcours tout le livre. Mme la députée est du « Vieux
pays ». Mme Guillaume est du nouveau monde, de son équipe de la
Principauté. Une sorte de distinction des anciens et des modernes, un ressucé
des conflits de générations. Il paraît aller de soi que le nouveau monde
piétine un peu l'ancien.
A ceci près qu'elle
rapporte un viol et elle le sait.
2)- La décriminilisation
construite
Le souci de la
construction de ce Chapitre VII est en quelque sorte de décriminaliser l'agression
subie par Mme la députée.
Il en resort que M.
Sarkozy s'est livré à une saleté, une malpropreté. Toutefois, pour reprendre un
mot qui a fait bondir les associations féministes lors de l'affaire de la
fellation du Sofitel attribuée à M. Strauss-Kahn : Il n'y a pas mort
d'homme.
Cette fois-ci,
curieusement, l'équilibre entre la dénonciation du machisme des hommes
politiques et le refus de criminaliser un viol sera respecté par les médias,
les politiques, les moralistes, les juges, mais aussi les féministes dans leur
diversité.
Pour parvenir à ces
fins, Mme Guillaume construit un récit qui semble avoir été écrit sur un coin
de table dans un café et livré brut au lecteur.
Il n'en est rien. Le
récit est construit, le lecteur est conduit. Ce que lit le lecteur est sûrement
réel. Il est probable que les faits principaux seront confirmés par la justice.
Ce ne sont pas les faits qui sont maquillés, ce sont les yeux qui sont formés
pour lire le texte, voir la scène, d'une certaine manière et pas d'une autre.
3)- La construction du texte
1- La fable
La fellation arriverait
complètent par hasard. La trame du chapitre ne laisse pas entrevoir la scène
hystérique de la fellation. Celle-ci est construite comme la venue d'une
surprise totale.
M. Sarkozy serait au départ dans
un des rares moments où il peut laisser libre court à la seule passion qu'il
aurait réussi à cacher à ce public immature que sont les français : mimer
les combats de boxe américaine. Il est censé se cacher pour boxer devant sa
glace car le «vieux pays » n'accepterait pas d'apprendre que son Monarque
se livre à des sports violents. Pour lui, il fait du vélo.
La sueur du boxeur coule à
grosses gouttes sur le front et dans le dos de M. Sarkozy, quant un huissier
frappe et annonce une visiteuse.
M. Sarkozy est censé avoir
accueilli l'huissier et son accompagnatrice comme des importuns :
- Oui, quoi? Qu'est-ce que c'est?
Qu'est-ce que vous voulez? J'avais demandé qu'on ne me dérange pas! », P.
97
Là, brusquement, un rendez vous
oublié, une femme inattendue, entre. Une pulsion sexuelle ravageuse s'impose.
Mais soyons rassuré, il y a eu plus de peur que de mal. Inutile d'appeler la
police pour si peu.
A la sortie du livre, c'est la
lecture du livre et des faits que feront les journalistes du Canard Enchaîné,
du Nouvel Observateur, de Canal +, dont nous avons cité les textes et une
émission.
C'est aussi la lecture que fait
M. le procureur de la République. Il verrouillera l'omerta par un mépris social
qu'il fera transmettre au questionneur par un gardien de la paix.
En effet, M. Salomone a une toute
autre lecture du livre de Mme Guillaume, des faits qu'elle rapporte, et donc
des rapports de cet événement à l'ordre public.
2- Le col du Périnée
Mme Guillaume commence le
chapitre par la relation de M. Sarkozy à son plancher pelvien et donc à la
Coach qui lui donne les clés de l'entretien de ses fondements.
P. 93 : « La Coach
était extrêmement satisfaite de son élève... « Vous avez un mental de
champion! » le complimentait-elle, du haut de ses vingt-six ans. Le
Monarque en rosissait de plaisir. ».
Mme la députée n'a décidément pas
de chance.
Lorsque M. Sarkozy lui
demande :
- « Hein, que j'ai été bon?
Elle lui répond : Vous êtes
le meilleur, Monsieur le Monarque. »
C'est la même réponse que celle
de la coach.
A ceci près que M. Sarkozy ne
« rosit pas de plaisir ». Bien au contraire : « Son souffle
est court, son visage se congestionne ». S'adressant à une députée dans
l'exercice de ses fonctions, lui même étant en rendez vous officiel, il dit en
substance : Suce moi salope ! P. 100
Le passage de la coach a
plusieurs fonctions subliminales. Il s'agit en effet de construire une ambiance
pour amener une évidence.
a- Elle figure dans le texte pour
mettre en valeur le respect et l'estime que se portent mutuellement
M. Sarkozy et les femmes qui accèdent à son intimité
professionnelle.
b- Le périnée est le nom
du chapitre. Il indique qu'une femme peut s'occuper de l'entrecuisse de M.
Sarkozy sans que cela provoque la moindre pulsion sexuelle chez celui-ci.
c- Donc, en quoi
serait il un problème qu'une autre femme s'occupe de son sexe et vérifie qu'il
n'a pas de ces « éjaculations précoces » qui sont la marque d'un
mauvais entretien du périnée.
d- L'épisode la
députée pourrait n'être que la vérification qu'il s'est bien occupé du périnée,
autrement dit qu'il écoute sa coach.
e- Le dérapage ne
viendrait alors pas de lui, mais de Mme la députée. CQFD
Mme Guillaume ne néglige pas la
présence des femmes. Elles sont fortes et importantes avant et après la scène
du bureau. Seule Mme la députée est dérisoire et ridicule pendant.
a- Le chapitre s'ouvre sur
l'activité dont il porte le nom, le travail du périnée. Ce travail nécessite la
présence d'une femme, une coach, qui dans cette fonction a l'ascendant sur le
Chef de l'Etat.
b- A la fin du chapitre, M.
Sarkozy rejoint la salle de réception pour décorer une autre femme, Mme
Balkany ; laquelle est dépeinte durant tout le livre comme une maîtresse
femme.
c- Au chapitre suivant, c'est
Madame Guillaume soi-même qui se dépeint en majesté ; dominatrice et sûre
d'elle-même.
En fait ce passage substantiel du
Périnée, le nom du chapitre, introduit une idée que la scène de la crise
sexuelle va tenter de gommer. M. Sarkozy n'a aucune excitation sexuelle de type
pulsionnelle avec les femmes. Il n'en a pas avec la coach. Il n'est pas le
moins du monde en état d'excitation sexuelle lorsque l'huissier frappe et
introduit « votre rendez-vous ». Il n'en a pas non plus à la vue de
Mme la députée.
Il a juste mis son sexe au
service de sa politique.
3- Le bureau
Mme Guillaume commence le récit
par le Périnée, car il introduit le sport, la coach et de là le salon du
« grand empereur » lieu de calme et de réflexion.
- « Après chaque intermède
sportif, et chaque fois que son agenda surchargé lui en laisse le loisir, le
Monarque aime se retrouver seul dans son bureau privé. La pièce qu'il a choisie
est l'ancien cabinet de travail du grand empereur... ». P. 93
Comme la mère de François 1er est
Madame sans queue, Napoléon est l'Empereur sans queue.
M. Sarkozy a épaté le personnel
de l’Élysée qui n'avait rien vu avant son arrivée en inaugurant des lieux de
sports. Il y entretient notamment son périnée.
Les lieux de sport conduisent à
ce havre de paix qu'est le bureau privé du Chef de l'Etat. Là, il médite. Il
dispose d'une « petite heure de liberté ».
- Il « se retranche là pour
réfléchir, préparer ses discours et se concentrer avant ses grands rendez-vous.
Aujourd'hui, il a une petite heure de liberté. Le temps de se doucher, se
changer et réfléchir au mot qu'il va improviser pour la cérémonie de remise de
légion d'honneur à son amie intime, la Thénardier. » P. 93
C'est bucolique, presque
rousseauiste, mais nous savons par M. Balkany que c'est probablement faux.
4-Balkany
Le seul homme politique qui se
soit dévoué pour défendre son ami Sarkozy lors de la parution du livre, fut M.
Balkany.
Lors de la seule émission de
Canal+ consacrée au sujet, il a dit ceci :
- « Quand on met le
président de la République dans des situations invraisemblables ; Je veux bien
que ce soit une fable, mais quand on dit qu’il reçoit une députée et qu’il se
fait faire une gâterie avant d’aller remettre la légion d’honneur à Isabelle
Balkany (silence). Vous savez qui il recevait avant de remettre la légion à
Isabelle ? Le premier ministre Autrichien. »
5- Pose et intermède
Donc, lorsque M. Sarkozy se
retire dans le bureau, il a déjà remis des décorations. Il s'agit d'une pose
dans « l'agenda » et non d'un « intermède sportif », comme
nous y aiguille Mme Guillaume. P.93
Il ne se retire donc pas après un
dur travail corporel mais après avoir remis une médaille à un Premier Ministre.
Si on en croit M. Balkany, la
pose a été courte. Mme Guillaume dit « une petite heure ».
L'intervention de l'huissier situe le temps de l'action à une trentaine de
minutes.
M. Sarkozy n'est pas dans la
situation de l'homme « qui se retranche là pour réfléchir, préparer ses
discours et se concentrer avant ses grands rendez-vous. ». Il est au mieux
dans un creux dans son agenda qui lui permet de se retirer quelques instants.
Nous ne sommes pas dans la
configuration où : « Les soirs d'été, le parfum des roses envahit la pièce
et la lumière du soleil couchant vient se refléter dans trois grands miroirs,
renforçant l'impression de profondeur et de luminosité. » P. 93
Nous sommes dans la gestion
ordinaire de l'agenda présidentiel. Chacun sait aujourd'hui qu'il est
chronométré. La connaissance de cet asservissement horaire est d'ailleurs une
des raisons pour lesquelles ces positions sociales ne font plus rêver.
6- Le monologue
M. Sarkozy est donc dans le
bureau privé. Il y réfléchit comme prévu.
- « Le Monarque fait les
cent pas. Toujours ce besoin de mouvement, l'action qui précède la
réflexion. ». P.93
A quoi réfléchit il ?
Certes, c'est un témoignage
recomposé par Mme Guillaume. Elle y met ce qu'elle pense être les réflexions de
M. Sarkozy.
a- Honorer les Balkany, ses amis. P. 94
b- Dire sont admiration pour ce
fils aussi culotté que peu diplômé qu'il va peu après tenter d'imposer à la
Présidence de l'Epad. L'un des plus gros
centres financiers d’Europe. P. 94
c- Casser du sucre sur l'Arménien.
P. 95-96
7- Le combat
Mme Guillaume nous explique qu'il
associe ces réflexions à l'idée de combat et qu'il symbolise son engagement
dans le combat en mimant le combat de boxe qui mena Joe Frazier au titre de
champion du monde des poids lourds.
P. 96-97 :
« - « Bon, faut que
j'arrête de penser à ce con-là, ça m'énerve. Faut pas que je m'énerve. »
L'homme le plus puissant du Vieux
Pays s'agite, s'échauffe, s'emporte. Chaque jour est une conquête, il n'y a que
ça qui l'anime, l'adrénaline de la bagarre, la hargne de gagner comme si sa vie
même en dépendait.
Son regard se fait dur, les
gouttes de sueur perlent sur son front, coulent dans son dos, son épaule gauche
est secouée d'un tic nerveux qu'il ne maîtrise pas. Son corps se contracte. Les
deux poings devant le visage, il lance ses coups à la face de l'adversaire
imaginaire qui ose le défier dans le beau miroir au cadre doré.
«Mesdames et messieurs,
applaudissez Joe Frazier, champion du monde de boxe des lourds! Un dieu, une
légende! l'œil du tigre! » »
La foule est en délire, son
adoration monte comme un grondement qui prend aux tripes. Dressé au centre du
ring, le Monarque crache au visage de son adversaire terrassé, lève les bras au
ciel, accueille les vivats avec un frisson de plaisir. La jouissance du combat,
le délice de la victoire, rien ne peut égaler ces sensations! « Je suis Rocky,
l'étalon hongrois. Jamais je ne baisse les bras, jamais je ne renonce! La vie,
je la prends à la gorge, et pour rien au monde je ne lâche prise. Je suis
Rocky, je suis l'œil du tigre! »
8- Le glissement
Ce combat permet à Mme Guillaume
d'amener l'évidence d'un échauffement de M. Sarkozy. Les chaleurs se valant,
une chaleur sportive correspond à une chaleur sexuelle. L'équivalence établie
le texte peut glisser d'un combat à un autre comme allant de soi.
Je boxe donc je bande. Je sue
donc j'éjacule. Ce n'est justement pas une évidence.
4)- Une sexualité aseptisée
A la suite de ce monologue du
périnée, l'huissier annonce Mme la députée qui entre.
1- L'irruption de la sexualité
Après quelques phrases convenues,
M. Sarkozy dit : P. 100
- « Hein, que j'ai été bon?
- Vous êtes le meilleur, Monsieur
le Monarque. »
Le Monarque s'est approché. Il
est encore sous l'effet de l'euphorie de son combat de boxe imaginaire. Il savoure
l'hystérie adorante de ses groupies, leurs cris de désir qui montent à lui, il
ressent dans tout son corps la tension du duel et l'excitation de la victoire.
Il a chaud, très chaud.
« Regarde dans quel état je suis,
tu ne peux pas me laisser comme ça... »
Son souffle est court, son visage
se congestionne.
« Monsieur le Monarque, enfin,
contrôlez-vous!
- Sois gentille... Comment je
vais faire pour mon discours, là, tout de suite? Tu vois bien que j'ai besoin
de me détendre! Allez, c'est pas grand-chose... » supplie-t-il. »
2- L’inénarrable pulsion
Examinons les ingrédients de
cette fameuse pulsion dont se réclament tous les violeurs de grands chemins.
a- « Euphorie du combat de
boxe ».
Je ne conseille pas à une femme
d'aller se mettre entre les cuisses d'un boxeur ou d'un quelconque sportif
entre deux rounds, deux sauts à la perche, dans les vestiaires à la mi-temps.
Les réponses à l'intrusion
seraient brutales. Sauf à tomber sur des violeurs.
Mais cette évidence d'une
continuité entre les sportifs, ici M. Frazier, et le viol est une ineptie,
voire un simple injure.
b- « L'hystérie adorante de
ses groupies, leurs cris de désir qui montent à lui »
Mais Mme la députée n'est pas une
groupie. Elle est une député-maire qui sollicite une subvention. Elle
n'a aucun désir pour ce type et elle le marque bien.
Le passage sur la
vieille peau au visage aviné par l'alcool et les cigarettes, aux mœurs
délétères, n'autorise pas Mme Guillaume à faire de Mme la députée une pute.
L’argument de la groupie et de son
hystérie vise à abaisser la députée, mais c'est aussi l'argument ordinaire des
violeurs. Ils ont été provoqués par la salope en minijupe, une hystérique.
Il serait peut être intéressant
de prévenir tous les maires qui entrent dans le bureau d'un préfet pour une
subvention de ne pas tourner le dos au fonctionnaire. Celui-ci, au terme de ce
raisonnement étant en droit de les voir en « groupies ».
c- « Il ressent dans tout
son corps la tension du duel et l'excitation de la victoire. »
Pour autant que la comparaison
entre un combat, un exploit sportif, et une scène de sexe soit pertinente, il
faut rappeler à Mme Guillaume que le combat est son propre déclencheur de
jouissance. Joe Frazier a joui de sa victoire. Il n'a à ce moment là aucun
besoin de se faire sucer.
C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle toutes les formes de pensionnats sont liées à des activités sportives.
Combien de rugbymans passionnés
de la troisième mi-temps accepteraient que des groupies viennent les importuner
au vestiaires ?
d- « Il a chaud, très
chaud. »
C'est censé être le clou du
spectacle. La conclusion logique imparable. M. Sarkozy est en sueur, en nage,
du fait de la boxe. Il est chaud. Donc, il est sexuellement évidement excité.
Une chaleur en vaut une autre.
Mme Guillaume veut donner le
sentiment que M. Sarkozy est le guerrier sur un champ de bataille ou à
l'abordage. « Il fait chaud, très chaud ». Le viol et le carnage
accompagnent la conquête de la place forte ou du vaisseau ennemi.
Mais les sportifs ne sont ni des
violeurs ni des guerriers terrorisés par leur propre terreur. M. Sarkozy peut
mouliner autant qu'il veut cela ne lui donnera jamais une once de désir sexuel
criminel. Il aurait pu à la rigueur demander à Mme la députée de lui passer la
serviette éponge.
Mais, cet homme dégoulinant de
sueur, le moment venu « ajuste sa cravate et enfile sa veste. » et
sort. Curieux, non ?
e- Il est plaisant que Mme
Guillaume utilise l’argument de la pulsion pour décriminaliser l'acte de M.
Sarkozy.
Il est justement celui qui a tout
fait pour faire passer la pulsion pour une circonstance aggravante valant
prison à vie. En 2008, il est même en affrontement avec les magistrats pour
faire passer ces principes.
3- Un trompe-l’œil
Mme Guillaume parvient juste à
nous insufler qu'elle prête à M. Sarkozy une bestialité factice.
a- Imiter Joe Frazier ne conduit
qu'à l'humilité ou au ridicule.
b- Voici le dialogue de la
rencontre entre M. Sarkozy et Mme la députée :
«Madame de P. entrez donc! Quel
plaisir de vous revoir. Comment allez-vous?
- Très bien, Monsieur le
Monarque. Je vous remercie de m'accorder un peu de votre temps. Je sais qu'il
est précieux. »
c- Identifier ce dialogue
tue-l'amour à la saveur de: « l'hystérie adorante de ses groupies, leurs
cris de désir qui montent à lui » est un peu osé, même en se touchant
fermement la braguette.
d- Rappelons qu'il n'y a aucun
duel.
a- Il exerce un chantage des plus
vulgaire à la subvention.
b- Il bouscule une femme qui
s'est mise en tête que ce musée est l'affaire de sa vie, ou du moins de son
mandat ; sa trace dans l'histoire de la ville.
e- La température est tellement
montée que la fellation va durer entre une et deux minutes. M. Sarkozy n'aura
besoin ni d'une douche, ni d'un verre d'eau.
M. Sarkozy n'est pas en caleçon
mais en habit. Il lui suffit de « ajuster sa cravate et enfiler sa
veste. »
6- Bilan d'une sexualité
aseptisée
Au total, M. Sarkozy n'a pas
touché une seule fois la députée.
Ce qui caractérise tout le texte
de ce chapitre c'est justement l'absence totale d'intérêt de M. Sarkozy pour la
sexualité dans l'exercice de ses fonctions, ou l'ordinaire de sa vie.
Lorsqu'il parle de sexualité avec
la coach, puisque le périnée à des incidences sur la sexualité, il le fait
comme un mari abordant devant une sexologue un problème de couple.
a- La maintenance du
« plancher pelvien » ne donne lieu à aucune gauloiserie.
b- La présentation du Cabinet
privé, ne donne lieu à aucune anecdote croustillante.
c- Le monologue n'évoque pas une
seule question sexuelle.
d- Le projet de cette
« petite heure de liberté » est de prendre une douche, se changer,
et réfléchir.
La référence au combat de Frazier
évoque la sexualité comme l'eau de javel appelle les bactéries.
Quand M. Sarkozy se lance à
l'assaut d'une femme pour obtenir une fellation, il le fait avec des arguments
dont aucun ne désignent la femme, le sexe ou le désir.
L’argument des groupies évoque
les envies sexuelles des admiratrices. Elle ne nous parle pas de la réciproque
pour M. Sarkozy.
Cette scène d'hystérie est une
farce littéraire. Elle est complètement factice.
5)- L'escamotage
Mme Guillaume construit la fable
d'une scène presque champêtre d'un homme d'Etat qui arrache une « petite
heure de liberté » aux exigences écrasantes des affaires de l'Etat. Il
commence par le sport en coopération avec une femme qui le guide dans
l'entretien de son périnée. Puis, « il aime à se retrouver seul dans son
bureau privé ».
Là, solitaire et recueillit, il
réfléchit, il se prépare à reprendre plus sûrement la dure discipline du
pouvoir.
Déjà, le glissement des mots du
sport au périnée puis au Cabinet masquait un indice.
Le paragraphe, P. 93, qui
introduit le Cabinet, et amène la scène de la fellation, commence par ces
mots : « Après chaque intermède sportif, …, le Monarque aime se
retrouver seul dans son bureau privé. . ».
Le paragraphe précédent porte sur
l'entretien du périnée et les excellents rapports que M. Sarkozy entretien avec
les femmes, la coach en l’occurrence, qui entre dans son intimité
professionnelles et lui parle de son intimité tout court.
Le lecteur glisse donc du périnée
au Cabinet au titre de l'intermède sportif.
Il ne remarque pas le complément
de la première phrase : «..sportif, et chaque fois que son agenda
surchargé lui en laisse le loisir, le Monarque... »
Or, cette ruse littéraire,
malhonnête dans son fonctionnement, est capitale pour la construction du texte.
En effet, Mme Guillaume sait,
mais ne nous le dira jamais, que M. Sarkozy ne vient pas du sport ce jour là.
M. Balkany nous dira, sur Canal+, qu'il vient de remettre une décoration. Il va
retourner en remettre d'autres.
M. Sarkozy n'est donc pas là dans
le cas de « l'intermède sportif » mais dans le cas de la pose dans
« l'agenda surchargé ».
Mme Guillaume ne le cache pas.
Elle égard juste notre attention. A ce moment, elle gomme, elle floute, elle
fait oublier, le rendez-vous avec Mme la députée.
Cet oubli est nécessaire pour
rendre crédible la découverte par M. Sarkozy d'un oubli de sa part, son
« rendez-vous ».
Lorsque l'huissier annonce
« votre rendez-vous », il met en scène un oubli, un rien.
Cela n'est possible que si le
lecteur croit au père noël d'abord et ce faisant s'il croit que M. Sarkozy est
en « intermède » de détente sportive et non en pose
« d'agenda ».
A ce moment là, il peut admettre
comme plausible d'un point de vue littéraire, le dialogue de l'huissier et de
M. Sarkozy :
- - Monsieur le Monarque?
- …
- Monsieur le Monarque?
- ...»
L'huissier frappe une troisième
fois à la porte, l'entrouvre, hésite, ne sait pas s'il peut entrer.
« Monsieur le Monarque?
- Oui, quoi? Qu'est-ce que c'est?
Qu'est-ce que vous voulez? J'avais demandé qu'on ne me dérange pas!
- C'est votre rendez-vous,
Monsieur le Monarque, il est arrivé.
- Mon rendez-vous? Quel
rendez-vous?
- Madame de P. Elle avait
rendez-vous à 17 h 40, il est presque 17 h 50 et la cérémonie est à 18 heures.
- Madame de P.? C'est qui
celle-là déjà? Ah oui, Madame de P., c'est vrai, j'ai promis de la voir. Bon,
faites-la entrer. »
Ceci est une ruse visant à anticiper
l'intrusion de la justice dans ce débat. M. Sarkozy fabrique un témoin digne de
foi de son oubli sincère du rendez-vous. C'est un mensonge et une tromperie.
Avec le dispositif de séparation de la fellation et de la subvention, c'est
l'une des deux actions par lesquelles M. Sarkozy reconnaît par l'organisation
du déni qu'il est en faute et qu'il le sait.
6)- L'oubli
L'effacement, la transparence,
puis l'anéantissement de Mme la députée sont la colonne vertébrale de ce récit.
La formation de Mme la députée en
incarnation de « l'oubli » permet de lui tailler un costume pour
toutes les saisons lorsqu'elle se présente à M. Sarkozy et est donc présentée
au lecteur par Mme Guillaume. Il faut la salir pour crédibiliser la soudaineté
de la scène de l'hystérie et de la fellation.
Par la création de cet oubli, le
lecteur sera naturellement complaisant pour la comédie de M. Sarkozy feignant
la surprise : « - Mon rendez-vous? Quel rendez-vous? »
Cet « oubli » incarné
est réintroduit par surprise presque agressivement dans le monde réel :
- « Monsieur le Monarque?
- Oui, quoi? Qu'est-ce que c'est?
Qu'est-ce que vous voulez? J'avais demandé qu'on ne me dérange pas!
- C'est votre rendez-vous,
Monsieur le Monarque, il est arrivé. »
Mme la députée n'a pas encore de
nom, elle n'en aura jamais, ni de titre. Elle est le « rendez-vous »
de M. Sarkozy ; déjà sa chose.
Immédiatement, Mme Guillaume nous
enquille deux pages pour nous faire comprendre que la quémandeuse est une bonne
salope. On doit s'attendre à tout. Le pire devient « trivial ».
Dès lors, tout se serait
enchaîné.
L'entrée inopinée de Mme la
députée aurait brisé la sérénité du lieu et l'équilibre physiologique du
sportif en pleine chaleur. La température monte, monte, monte. « Il faut
chaud, très chaud ». Pathétique, M. Sarkozy lui parle de sa bite. Elle
suce. Il paie. Elle encaisse. Mme Balkany obtient sa boutonnière.
7)- Une autre lecture
Sauf que le lecteur peut faire
une toute autre lecture du récit de Mme Guillaume qui a l'honnêteté de le
permettre.
Si le lecteur a remarqué la
phrase complémentaire ( « chaque fois que son agenda surchargé lui en
laisse le loisir »), il sait que M. Sarkozy négocie chaque instant de son
agenda avec le personnel qualifié à cette fin (les français paient des impôts pour
permettre la présence de ce personnel).
En conséquence, le
« rendez-vous » de M. Sarkozy a été rappelé à M. Sarkozy avant
« sa petite heure de liberté ».
Dès lors, tout le récit apparaît
comme un dispositif pour produire un fait réel. Mme Guillaume, in Nouvel
Observateur, 24,07,14 : « La scène existe ». En même temps,
le texte doit disqualifier le caractère criminel des faits relatés.
Interdire qu'ils soient portés à la connaissance de la justice.
Mme Guillaume a voulu se venger
de M. Sarkozy mais sans lui porter tord. Ce faisant elle met en scène un viol.
En effet, en nous en tenant au
récit qui est notre seule source, nous pouvons dire que M. Sarkozy savait qu'il
attendait cette députée.
Il n'y a pas eu d'oubli mais la
préparation d'une agression contre une députée. Un complot.
Cette « petite heure de
liberté » est prise entre deux remises de médailles. Elle est inscrite
dans l'agenda présidentielle.
Lorsque l'huissier entre, M.
Sarkozy feint d'ignorer le rendez-vous. L'huissier est ainsi témoin innocent de
cet oubli. Si les propos rapportés par Mme Guillaume sont exacts, c'est une
corruption par la ruse de la fonction d'huissier de l'Etat. Un huissier, en
exerçant en toute bonne foi son travail, participe à l'élaboration d'un
traquenard visant à violer une femme et une députée. Il est requis pour fournir
l'alibi de l'urgence et de l'oubli. C'est une atteinte grave à l'intégrité de
l'administration publique.
Nous payons des impôts pour cette
administration. Sont ici concernés les art. 13-14-15 de la Déclaration des
Droits de l'homme et du Citoyen.
La répétition du combat de Joe
Frazier suffit à radoter sur l'évidence de la création d'une bouffée de
chaleur. Elle est le prétexte mondain pour associer chaleur sportive et chaleur
sexuelle. Il lui faut être « chaud » pour être «très chaud ».
Les aboiement sexuels de M.
Sarkozy ne sont qu'une fumisterie. Il n'a aucun contact physique avec Mme la
députée car il n'a aucun désir.
Les phrases qu'il prononce sont
effectivement les formules des violeurs. Mais les sentiments qui le portent
vers Mme la députée ont à voir avec le sexe comme les formulaires
administratifs avec la littérature pornographique.
Qu'il méprise Mme la députée et
ce qu'elle représente de la République, le Pouvoir législatif, la séparation
des pouvoirs, semble avéré par cette agression sordide. Cependant, ces
éructations ne suffisent pas à établir la quelconque soudaineté de la montée
d'un désir, d'une pulsion irrépressible.
Il n'y a rien de tout cela. Cette
agression est un jeu d'acteur produit par un calcul froid et prémédité.
7)- La manœuvre
Pour aboutir à cette crise feinte
productrice d'un vrai viol, M. Sarkozy a monté une opération d'urgence
administrative.
L'intervention de l'huissier
montre qu'il n'y a pas de place pour l’oubli d'un rendez-vous. Il n'y en a
d'ailleurs pas eu.
De ce point de vue, nous pouvons
penser que M. Sarkozy, loin de se laisser déborder par les fantômes de Joe
Frazier, a parfaitement su contrôler le temps de cette pose entre deux remises
de décorations.
L'huissier est bien dans son rôle
en étant un des rouages institutionnels de la manipulation. C'est lui qui
finalise, à son insu, toute l'opération d'urgence en rappelant les heures et
les minutes.
- « - Madame de P. Elle
avait rendez-vous à 17 h 40, il est presque 17 h 50 et la cérémonie est à 18
heures. »
En laissant filer le temps, M.
Sarkozy a créé une situation d'urgence.
8)- L'urgence
Cette situation est bien connue
de tous les administrés.
Tous les administratifs exercent
leur pouvoir sur les administrés au travers de l'urgence qu'ils savent créer.
Ils n'ont jamais le temps,
l'interlocuteur leur prend tout leur temps, ils n'ont pas eu le temps, ils
n'auront pas le temps, ils n'ont plus le temps.
La présence de l'administré devient
une agression car il s'empare du temps de l'administration. La riposte violente
s'impose.
C'est dans cet espace composé
d'un trop-plein de calculs administratifs que M. Sarkozy crée l'hystérie
fictive par laquelle il va imposer à Mme la députée de lui faire une fellation.
Mme Guillaume rend très bien le
glissement de la vantardise politicienne : « Hein que j'ai été
bon ? » qui lui fait obtenir un compliment flagorneur de la part de
Mme la députée : « Vous êtes le meilleur, Monsieur le Monarque. ».
C'est le privilège du Pouvoir que d'accaparer les phrases et les gestes de
l'interlocuteur.
Par ce jeu de question et de
réponse, M. Sarkozy impose ainsi :
a- Sa personne publique :
« hein.. », « Vous êtes le meilleurs.. »
b- Son physique sexué :
« Regarde dans quel état je suis »
c- la culpabilisation de Mme la
députée : « tu ne peux pas me laisser comme ça. ».
d- Le statut de pétasse à la
femme qu'il a devant lui : « Sois gentille... Comment je vais faire
pour mon discours, là, tout de suite? «
e- Sa bite :
. « Tu vois bien que j'ai besoin de me détendre! »
f- L'abaissement de la
députée : « Allez, c'est pas grand-chose. »
9)- La culpabilisation de Mme la
députée
La crise d'hystérie n'est pas là
pour présenter M. Sarkozy comme un dingue ou un chaud lapin. Je pense avoir
établi qu'il n'a mis aucun intérêt sexuel dans cette affaire. Elle est là au
contraire pour culpabiliser la femme.
Lorsqu'il dit :
- « Regarde dans quel état je
suis, tu ne peux pas me laisser comme ça... »
Cela veut dire : regarde
dans quel état toi, la salope, tu me mets.
- «- Sois gentille... Comment je
vais faire pour mon discours, là, tout de suite? Tu vois bien que j'ai besoin
de me détendre! Allez, c'est pas grand-chose... » supplie-t-il. »
Cela veut dire : Tu gênes la
France. Ta misérable personne place son orgueil aveugle avant le service du
pays. En plus tu es responsable de mon énervement.
a- Toutes les femmes battues sont
responsables de l'énervement de leur bourreau. Sans elle, il serait resté
calme.
b- Les violeurs ne demandent
qu'un service à ces ingrates qui rechignent à le rendre. Après tout ce qu'on a
fait pour elles !
Le lecteur se représente la femme
qu'est la députée en une sorte de vieille pouffiasse défraîchie qui devrait
remercier cet étalon sportif de l'avoir remarquée.
Tout le texte est
construit sur ce pivot constitué par ces propos obscènes qui fait la bascule
entre la sérénité de la présence dans ce cabinet et la violence de la pulsion
sexuelle à l'arrivée de Mme la Députée.
Pour la faute du
surgissement de Mme la députée qui l'a arraché à ses méditations boxantes M.
Sarkozy devient fou et Mme la députée est la cause de cette folie.
En s'y soumettant,
elle ne fait que réparer ses propres turpitudes. Et fissa.
Le 8 octobre 2013, en séance, un
député caquette pendant qu'une élue parle. Il est excité. C'est la députée qui
le met dans cette état. Pourquoi l'avoir sanctionné et ne pas avoir proposé à
la députée de le « détendre » car « ce n'est pas
grand-chose » ?
Le droit est universel dans tous
les cas de figures.
10)- Le complot
Lorsqu'on démonte les mécanismes
affabulateurs du texte, dont l'idée d'oubli est centrale, il nous apparaît que
M. Sarkozy a prévu cette scène de la fellation depuis son entrée dans le
Cabinet.
Lorsqu'il a donné rendez-vous à
cette dame, en province, il n'y pensait peut être pas.
Cependant, le le 30 janvier 2008
ou le 27 mai 2008 (selon les sites Internet) M. Sarkozy veut mettre publiquement une représentante du
Parlement, du Pouvoir législatif, à genoux, en position de subordination,
devant le représentant du Pouvoir exécutif ; les deux étant dans
l'exercice de leurs fonctions.
Il n'est pas pressé. Il avait tout le temps à 17h40 de recevoir
« son rendez-vous ». Il ne l'a reçu qu'à 17h50 pour créer de toute
pièce une situation d'urgence.
Il a délibérément choisi une
députée solliciteuse et donc redevable.
Pour lui, cela va de soi. Les
solliciteurs, femmes ou hommes, sont des personnes redevables autrement dit
soumises. C'est une culture féodale de la dette pour service rendu. Elle ne
survit plus que chez les voyous.
Comme j'ai eu l'occasion de le
dire auparavant, il affleure de cette action la possibilité du remplacement du
droit français, celui du Code civil, par une ou plusieurs autres sources de
droit. C'est aussi pourquoi ces faits doivent être examinés. Pour qu'ils
n'imposent pas leur droit.
Juridiquement, cette agression
déclenche une mise en prostitution de la députée, en proxénétisme pour lui. Par
ce fait, la subvention devient le paiement d'une passe et ceux qui la paient ou
la font circuler sont en détournement de fonds publics. Le fait d'agir sur
ordre ou en réseau implique le proxénétisme.
La séparation de la
fellation de la subvention est une construction malhonnête de l'ordre de sa
mise en insolvabilité par un escroc.
11)- Les évidences
Mme Guillaume nous
présente comme évidentes des catégories telles que l'oubli du rendez-vous, la
pulsion soudaine, l'urgence imposée, l'absence de marché entre la fellation et
la subvention, l'ignorance d'une quelconque spécificité de la qualité de
députée.
J'ai montré qu'il
n'en est rien.
Ces évidences sont en
tout cas fort pratiques pour oublier :
- Le viol d'une femme
- Le complot contre
la séparation des Pouvoirs
- Le lien du viol et
de la subvention, donc le proxénétisme et le détournement de fonds publics, le
recel.
12)- La loi du 23 décembre 1980
Le 21 août 1974, deux touristes
belges sont violées dans une calanque marseillaise où elles avaient planté leur
tente.
Le juge d'instruction
déclare : « Puisque les deux femmes ont cessé de se débattre dès lors
qu'elles ont été menacée de mort, n'avaient elles pas pu donner l'impression
qu'elles étaient consentantes ? ».
Ceux qui ont lu le débat
parlementaire au journal officiel savent que la loi dite loi sur le viol ne
porte pas sur la question de l'interdiction du viol. Les élus disent tous que
le viol est interdit depuis toujours en France, y compris sous l'Ancien régime.
Cette loi vise précisément à
interdire aux policiers et aux magistrats de se servir d'éléments extérieurs à
l'action de pénétration sexuel pour disqualifier les personnes violées et
disculper les personnes violeuses.
La loi vise précisément à
invalider les arguments tels que :
a- La provocation au viol, par
minijupe par exemple
b- Le consentement obtenu sous la
menace, la menace de mort, les coups, la terreur, etc.
c- Le consentement par inertie,
la sidération devant l'autorité par exemple.
d- Le consentement par engagement
préalable, le mariage par exemple
La loi s'établit ainsi :
« Article 222-23
Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il
soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou
surprise est un viol.
Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.
Modifié par LOI n°2012-954 du 6 août 2012 - art. 4
Le viol est puni de vingt ans de réclusion criminelle :
5° Lorsqu'il est commis par une personne qui abuse de
l'autorité que lui confèrent ses fonctions » ;
Mme la députée n'a pas été en
état de donner son consentement libre et éclairé, quelque soit les idées que
l'expérience puisse nous donner de la spontanéité en amour.
Elle est venue pour discuter
d'une subvention. Elle se retrouve face à face avec un satyre qui a organisé un
complot, lui a tendu un traquenard, se sert de la sidération qu'induit son
autorité et du chantage implicite à la subvention, pousse des vociférations
déstabilisantes par la salissure morale
qu'elles provoques, pour exiger
d'elle une fellation.
Sous réserve de l'enquête
judiciaire :
a- La pénétration sexuelle est
constituée
b- La contrainte, la menace, la
surprise, sont constituées.
c- L'usage abusif de l'autorité
conférée à M. Sarkozy par sa charge est également constitué.
Si M. Sarkozy trouve
des magistrats pour reprendre l'argument du juge d'instruction de 1974, selon
lequel céder à la force c'est consentir au crime qu'elle organise, je prie la
Cour de justice de la République de bien vouloir faire part de cette
jurisprudence à tous les barreaux ; leur clientèle en sera fort intéressée.
Conclusion :
Mme Guillaume est libre de
construire son récit ainsi qu'elle l'entend. Ceci ne l'engage en rien dans les
faits qu'elle rapporte. Par contre, ce récit ne peut nous contraindre à être
complices des faits rapportés, ni nous décourager de les soumettre à
l'attention de la justice.
Je vous prie d'agréer, Monsieur
le Président de la Commission des requêtes, l'assurance de ma considération
distinguée,
Marc SALOMONE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire