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Paris,
le mardi 4 juin 2019
CONTRIBUTION
(22) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN
2019.
LE
RETOUR DES JIHADISTES (13), LA CLARIFICATION ENGAGEE PAR LE JUGEMENT
DES JIHADISTES EN IRAK ET L'AFFIRMATION DE LA PRIORITE DE LA JUSTICE
IRAKIENNE (Suite de la réflexion n°12 du 11 mars 2019, cf. :
madic50)
1)- La
clarification
La justice
irakienne a jugé et condamné 9 jihadistes de nationalité
française, tous à la peine capitale.
Depuis
plusieurs années, le sort des jihadistes de Daesh prisonniers fait
l'objet d'une controverse.
Cette
succession de jugements est une clarification.
Si la peine
avait été carcérale, il y aurait eu l'équivoque, entretenue par
les cadres du Nord à l'égard de ceux du Sud, d'une peine de prison
extrémiste et vaniteuse appelée à être corrigée par les justices
du Nord. Elles seules seraient à même de rendre un jugement de
droit crédible.
Une peine
qui ne pourrait être décidée et effectuée qu'après un transfert
des détenus et des procès sur le territoire européen concerné.
Ces pays sont le seul lieu d'une exécution vraiment légale et
humaine des peines.
La peine
capitale oblige chacun des Etats concernés à reconnaître que
l'unique peine est celle fixée par la justice irakienne.
Soit, ils
parviennent à donner aux autorités irakienne l'assurance de la
reconnaissance de leur souveraineté judiciaire et donc nationale,
soit les condamnés seront exécutés.
Par ces
condamnations répétées à une peine que l'exécution rend sans
recours ; la justice irakienne déclare sans ambages :
1- Qu'elle
est seule compétente pour juger des crimes commis sur son sol ou
dans la zone militaire syrienne dont elle a assuré la Libération.
2- Qu'elle a
la priorité sur les justices de l'Union Européenne (UE) pour le
jugement du parcours de formation et d'exercice de ces criminels qui
visent au renversement de tous les Etats politiques au profit du
kalifa musulman.
La
clarification juridique irakienne accompagne l'évolution stratégique
qu'est la destruction de Daesh et le refus lucide des français de
voir revenir ces criminels.
2)- La
protection consulaire
Certes,
l’État français ainsi que l'UE qui rejettent
constitutionnellement la peine de mort, sont fondés d'intervenir en
faveur de leurs concitoyens afin d'obtenir la commutation de leur
peine.
Cependant,
cette affirmation de la compétence unique ou prioritaire de la
justice irakienne les contraint à respecter plusieurs conditions
dans la présentation de leurs préoccupations.
1- Le
fondement
a- Le
fondement d'un recours est désormais la reconnaissance de la
priorité de la justice irakienne comme instance de jugement des
faits commis sur le lieu de formation et de premier exercice du
groupement criminel visant à asservir tous les gouvernements et
leurs populations à ses principes religieux. Ceux-ci refusent
l'existence même d'un gouvernement politique.
b- Le
Ministère des Affaires Étrangères (MAE) le formule ainsi : «
Et puis ce n’est pas absurde de juger en Irak ce qui s’est passé
à Mossoul. Les services de renseignement irakiens sont les plus à
même de documenter les actes commis par nos ressortissants. »
2- La
diplomatie
Les
Européens ne peuvent agir que selon les règles de la diplomatie ou
en suivant les accords judiciaires préalablement établis entre les
Etats.
3- Le seul
chemin judiciaire
a- Ce
recours ne peut avoir pour objet de prétendre disqualifier la
justice irakienne.
b- Selon
l'expression de Jean-Yves Le Drian, Ministre des Affaires Étrangères,
à l'Assemblée nationale : « Contrairement à ce que j’entends
ici et là, le procès est équitable », a estimé le ministre, en
invoquant la présence de magistrats du siège, d’un procureur,
d’un greffier et d’un avocat lors d’audiences publiques
4- Les
rebuts
Les
doctrines dites de « l'exfiltration » ou de l'exclusivité
légale des justices de l'Europe de l'ouest sont rendues obsolètes.
Dans ce cas,
il doit être possible de présenter à l’État irakien un accord
permettant aux condamnés de voir leur peine commuée et de purger
celle-ci en Irak avant de venir en Europe pour y être jugés.
Ce jugement
est indispensable, car les jihadistes européens ont porté la guerre
en Syrie et en Irak pour pouvoir la mener aussi dans l'UE.
3)- Le
colonialisme culturel
Les
démocrates européens peuvent adresser aux autorités irakiennes
leurs remerciements quant à cette clarification des débats.
Cette
établissement du sort des jihadistes prisonniers sur l'unique
filière de la souveraineté des pays sur le territoire desquels ils
ont œuvré met fin aux équivoques colonialistes que charriait
jusqu'à il y a peu le débat public.
1- L'énoncé
de référence
L'énoncé
le plus simple de ce colonialisme culturel a été donné par l’ONG
Human Rights Watch (HRW) :
« Si des
pays comme la France ne veulent pas que leurs ressortissants soient
condamnés à la peine de mort […], ils devraient les ramener chez
eux pour y faire l’objet d’une enquête et de poursuites », a
indiqué, le vendredi 31 mai 2019, Lama Fakih, directrice adjointe de
l’ONG Human Rights Watch (HRW) pour le Moyen-Orient. (De fait, tous
les Français condamnés ces derniers jours sont visés par une
enquête judiciaire dans l’Hexagone, et donc passibles de la cour
d’assises spéciale).
Dans cette
logique, les pays occidentaux garantissent à leurs ressortissants
une promenade criminelle dans n'importe quel pays du Sud. Ceux-ci
n'ont que le droit de regarder passer les massacreurs.
Cette ruse
se fonde sur un raisonnement qu'on pouvait penser obsolète ;
celui du colonialisme ; même sous une forme purement
culturelle.
La France,
les Etats occidentaux, peuvent de droit « ramener chez eux »
leurs ressortissants. Comment ? Sinon parcequ'ils ont des droits
particuliers, tutélaires, sur les Etats du Sud.
Des français
s'engagent dans un combat visant à détruire un Etat politique.
L'Etat français doit les rapatrier lorsqu'ils sont vaincus pour leur
éviter les désagréments du code pénal local : forcément
barbare et entaché d'illégalité.
4)- La
triple manœuvre
Mine de
rien, l'ONG invite les Etats de l'UE, dont l’État français, à
s'impliquer dans une triple manœuvre politique :
1- La
disqualification
L'Etat
français est sommé de disqualifier l’État irakien, d'agir sur
son territoire en maître, ce qui le propre de la culture coloniale.
Selon cette
ONG, l'Etat français est de fait un Etat supérieur. L'Etat irakien
est de fait un Etat inférieur.
2- La
complicité
Il doit se
considérer comme la zone de repli des criminels vaincus.
Cette
déclaration revendique pour les pays occidentaux, la France par
exemple, le droit de « ramener chez eux » « leurs
ressortissants » « pour y faire l'objet d'une enquête et
de poursuites ».
Ceci exclut
l'étude de terrain, c'est à dire judiciaire, des crimes commis en
Irak et en Syrie.
L'incompétence
de l’État français, police et justice, pour une étude de terrain
est un fait.
Les
« ressortissants » ne seraient plus jugés que pour être
partis sur un lieu de combats et pour les oui-dires de leurs
participations à ceux-ci.
Les avocats
ne feraient qu'une bouchée de ce type d'accusation.
Comment
interdire la liberté de circulation et comment prouver des faits
personnels sur un champ de bataille auquel on n'a nul accès, même
après coup ?
Comme l’État
français ne pourraient pas relâcher ces gens, nous reviendrions aux
mêmes lamentations hystériques de l'infamie étatique qu'à l'égard
de l’État irakien.
Donc, la
farce des « enquêtes » et des « poursuites »
est une simple procédure de réintégration de la vie publique, un
sas de nettoyage. Elles n'ont pour objet judiciaire que d'interdire
aux Etats du Sud et du Nord, de juger les crimes commis pour Daesh.
Le camp des
ONG développe donc comme argument, à la fois l'arrogance culturelle
coloniale et la reconnaissance morale et politique du jihadisme au
motif qu'il ne concernerait que des Etats inférieurs.
3- La
filiation idéologique
Si le
colonialisme est purement culturel, la filiation idéologique est
active.
Aux termes
de ce raisonnement, l'Etat français ne peut pas livrer ses
ressortissants à l’État irakien et accepter que la justice de
celle-ci soit la seule juge compétente, car, in fine, il reconnaît
une légitimité au combat du kalifa contre le principe de l'Etat
politique considéré comme failli.
L'Etat
français est appelé à considérer que la destruction des Etats
politiques du Sud et leur remplacement par des structures archaïques
peuvent être un but politique légitime.
Il ne peut
donc se considérer lui-même attaqué lorsque l’État politique
irakien est attaqué.
En fait,
tous les Etats politiques sont une continuité criminelle.
a- L’État
irakien ne juge pas. Il assoit sa toute puissance par une parodie de
justice accompagnée de tortures et d'aveuglements.
b- L'Etat
français failli à sa mission de défense de tous ses concitoyens.
Il collabore avec les justices inférieures du Sud. Il leur
sous-traite l’infamie à laquelle il ne veut pas attacher son nom
mais qu'il soutient honteusement.
A la lecture
de leur argumentaire, il appert que le parti des ONG s'installe dans
la même filiation idéologique que celle l’État islamique.
Cette
filiation est celle de la disqualification de l’État politique au
profit du kalifa.
Il ne s'agit
pas cette fois-ci d'attaquer les Etats mais de les rendre
impuissants, de leur interdire de se défendre ou d'exister
moralement, de les délégitimer.
Au
colonialisme et à la complicité crapuleuse, s'ajoute l'idéologie
munichoise.
Le but est
de gagner culturellement la bataille perdue militairement.
5)-
Conclusion
La défaite
de Daesh a mis en valeur le conflit de deux lignes politiques.
Il serait
vain d'attendre que le conflit entre ces deux lignes politiques se
résorbe.
La victoire
de l'une est forcément la défaite de l'autre.
Il y a 75
ans, sur les plages de Normandie, se livrait une bataille. Les deux
armées étaient aussi violentes, cruelles, criminelles, mais aussi
mondialistes et nationalistes, l'une que l'autre.
L'enjeu
était l'Occupation ou la Libération.
Grâce à la
lucidité et à la détermination des vainqueurs d'hier, les
européens ont encore les moyens de choisir entre les deux lignes
d'aujourd'hui.
Ce n'est pas
une évidence.
Marc SALOMONE
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