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Paris, le
mardi 11 juin 2019
CONTRIBUTION
(24) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN
2019.
LE RETOUR
DES JIHADISTES (14), L'OFFENSIVE DES PRO-JIHADISTES DE FRANCE ET LA
FORMATION DE DEUX CAMPS. (Suite de la réflexion n°13 du 4 juin
2019, cf. : madic50)
DES REPONSES
A DES QUESTIONS
1)-
Préambule
Il n'est
personne en France pour défendre les droits des handicapés mentaux
qui sont jugés comme des personnes valides.
Par contre,
quel caquetage pour défendre les droits de la personne malheureuse
des criminels jihadistes faits prisonniers !
La campagne
savamment et puissamment orchestrée pour faire revenir les
jihadistes afin qu'ils soient jugés en France pour des délits
secondaires et libérés au plus vite, (car en fait leur combat
serait sinon juste du moins justifié) s'adapte, se poursuit et
s'intensifie.
La
condamnation à mort de plusieurs jihadistes français lui a donné
une nouvelle source d'inspiration et de recherche de légitimité.
Désormais, leurs soutiens ne défendent plus seulement des innocents
accusés à tord et empêchés de prouver leur bonne foi. Ils
appellent à secourir des hommes, des femmes, voire des enfants,
qu'on veut assassiner.
2)- Le
premier assaut
Dans un
premier temps, les arguments ont porté sur l'inaptitude des justices
locales, de qualification inférieure, à juger des seigneurs tels
que des citoyens français.
Les seules
justices officiellement compétentes sont celles des lieux de la
commission des crimes ; en l’occurrence, la Syrie et l'Irak.
Le but de la
première offensive est de faire admettre comme une évidence
publique que ces deux Etats, et par extension ceux du Sud, sont dans
l'incapacité d'exercer la justice.
3)- Les
Etats
La première
disqualification vise les deux Etats eux-mêmes
1- La Syrie
a-
L'exclusion du droit
La France ne
veut toujours pas rétablir des relations diplomatiques avec l’État
syrien qui à ses yeux n'existe plus. Le démenti des faits et de
plusieurs années de guerre ne change rien à ce parti pris.
Dans ce
débat judiciaire, la Syrie est représentée par le Kurdistan syrien
et les arrestations auxquelles procèdent les combattants kurdes et
arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS).
(FDS :
Largement dominées par les Kurdes des Unités de protection du
peuple (YPG), les FDS regroupent également des rebelles arabes
proches de l'Armée syrienne libre, des tribus locales comme l'Armée
Al-Sanadid et des chrétiens du Conseil militaire syriaque.
Les FDS sont
activement soutenues par la coalition internationale menée par les
États-Unis qui leur fournit des formateurs, des armes et un appui
aérien.)
Cette
représentation ne fait que déplacer la question de l'absence de
représentativité.
En effet,
Kurdistan syrien est une circonscription administrative syrienne et
non pas un Etat souverain. Aucune instance internationale ne lui
reconnaît la qualité de former une justice.
Dehors tout
le monde !
b- Le
constat
Donc, toute
l'astuce des soutiens européens des jihadistes est de qualifier les
prévenus de combattants sur le sol syrien et de faire constater par
l'opinion que la justice syrienne et son substitut kurde sont
considérés par la communauté internationale comme juridiquement
illégaux.
Il s'en suit
conséquemment que les jihadistes ne peuvent qu'être rapatriés en
France pour y être jugés légalement.
Car,
voyez-vous, le droit rien que le droit tout le droit ! C'est
beau comme l'Antique !
2- L'Irak
La France
reconnaît l'Irak puisque cet Etat est censée être sous domination
américaine.
Cependant,
le discours occidental présente la justice d'un Etat qui existe à
ses yeux (l'Irak) comme n'ayant finalement pas plus de légalité que
celle d'un Etat qui n'existe pas pour le parti occidental (la Syrie).
Cette
justice est immédiatement affublée de deux défauts techniques
majeurs :
1- Elle est
criminelle
La procédure
est une farce, la torture est un « risque » permanent,
les peines sont excessives et même injustifiées.
2- Elle est
incompétente juridiquement
Les prévenus
ont été livrés à l'Irak par les Kurdes qui sont en territoire
syrien. Les crimes ont été commis dans le cadre du Califat qui est
à cheval sur les deux pays (Irak et Syrie) et nul ne peut dire s'ils
relèvent de la justice syrienne ou irakienne.
Et ça tombe
bien ! Là aussi, le droit... etc.
4)- Les
thématiques
La
disqualification de la justice irakienne s'organise aussi autour de
son incapacité professionnelle à assumer les tâches qu'elle
s’approprie indûment.
J'examine
ici trois de ces thèmes :
1- Le
Califat
La justice
irakienne se serait appropriée des prévenus qui ne dépendent pas
de son autorité puisqu'ils ont été arrêtés en Syrie.
2- La peine
de mort
Les pays
occidentaux ne pourraient pas supporter que leurs ressortissants
soient condamnés à mort. Accepter cette peine ferait suffoquer
d'indignation et de honte les Etats européens.
3- La
torture
La justice
irakienne aurait entre autre défaut de faire courir le « risque »
de la torture aux prévenus. Cette méthode d'interrogatoire serait
tout simplement incompatible avec les sociétés occidentales.
5)- La
compétence judiciaire de l'Irak pour le Califat
La
déclaration de compétence de l'Irak pour le jugement des crimes
commis par les jihadistes du Califat de Daesh est pertinente.
1- Le
Califat est né en Irak et s'est étendu à la Syrie.
Il est donc
censé de prétendre que les chefs du Califat et leurs subordonnés
relèvent de la justice de l’État dont ils proviennent. Leur
extension à la Syrie est le débordement, l'expansion, d'une
subversion de citoyens irakiens.
2- Le
Califat n'est pas à cheval sur deux Etats politiques. Il est la
négation de ces deux Etats politiques et leur unité dans une
nouvelle structure anti-politique et religieuse.
Les
jihadistes ne passent pas une frontière pour se retrouver dans un
autre pays sous couvert de ses lois.
Ils veulent
briser la loi de chacun des Etats politiques (y compris la France et
les pays de l'UE).
Ils
cherchent à plier deux pays à leur dictature en les réduisant à
un seul espace.
Le Califat
n'est pas un Etat, c'est une totalité sans frontière qui tient sa
réalité de la terreur de son fonctionnement.
3- On ne
peut venir à bout du califat qu'en le détruisant dans son unité,
c'est à dire dans sa totalité, indépendamment des frontières
politiques qu'il recouvre et qui tant qu'il existe n'existent plus.
C'est en
poursuivant les jihadistes dans tout l'espace qu'ils ont conquis et
en exerçant un droit de justice sur tout cet espace que les Etats
concernés retrouvent leurs frontières juridiques.
Il est à
remarquer que si l’État irakien revendique la capacité de juger
les jihadistes de tout le Califat, sa détermination militaire et
judiciaire n'a donné lieu à aucune revendication territoriale, à
aucune volonté de déplacement juridique de frontière entre les
deux Etats.
Le
traitement militaire et judiciaire de cette totalité est le gage de
la restauration des frontières politiques.
Rappelons
par opposition, qu'il y a peu les Etats occidentaux discutaient d'un
redécoupage des frontières de la région en fonction de l'expansion
du Califat.
Par
conséquent, on ne peut faire le reproche à l’État irakien de se
saisir du jugement de tous les jihadistes du Califat.
6)- La peine
de mort
La
condamnation à la peine de mort de 10 criminels jihadistes a remis
cette peine au centre du débat.
Les
arguments premiers et ordinaires sont l'affirmation que :
1- D'une
part, la peine de mort est une monstruosité absolue.
Or, cette
qualité n'est évoquée par les pays occidentaux que dans le cas
d'un jugement.
Le susdits
appliquent la peine de mort par mille manières :
a- Les
bombardements criminels de Libye ne sont toujours pas jugés.
b- Dans le
cursus des Grandes écoles, les étudiants apprennent à prévoir des
morts dans la conduite ordinaire d'un projet.
Il n'est
donc pas absolument certains que cette clause d'illégalité de la
peine de mort s'applique sans discussion pour un pays en guerre
vis-à-vis de ceux de ses assaillants qui comptent recommencer leurs
appels aux massacres de civils afin de reprendre le cours de sa
destruction.
Le problème
majeur que pose les jihadistes aux Etats occidentaux est précisément
la certitude qu'ils voudront non pas recommencer mais continuer.
2- D'autre
part, puisque la France, l'Union Européenne (UE), ne veulent pas de
la Peine de mort chez eux, ils ne peuvent l'accepter hors de leur
système judiciaire.
La peine de
mort serait une faute.
a- La Suède
et l'Angleterre participent de façon déterminante à l'entreprise
judiciaire de remise du journaliste australien Julian Assange à la
justice américaine pour des accusations judiciaires qui incluent la
peine de mort parmi les peines possibles.
La France a
refusé de lui donner asile. Les ONG se taisent.
L'Australie
ne manifeste pas une exigence folle dans la défense de son
ressortissant.
Apparemment,
ça ne gêne personne.
Brusquement,
lorsqu'il s'agit de criminels de guerres fascistes, les consciences
se réveillent et se proclament douloureuses.
7)- La
torture
Il en va de
même pour la torture.
a- En
France, les handicapés mentaux forment 30% des détenus. La
détention carcérale est déjà destructrice pour les personnes
valides. Elle est un équivalent des séances de tortures pour les
malades mentaux.
b- Les
Etats-Unis ont externalisé la tortures de leurs prévenus dans
plusieurs pays sous la couverture de l'Otan.
Apparemment,
là aussi, ça ne gêne personne.
C'est
seulement à l'occasion de la défense de criminels de guerre
fascistes jugés par la justice d'un Etat du Sud que les avocats
européens, les ONG occidentales, les partis musulmans du Nord, se
souviennent du respect de la personne des justiciables.
Ce sont les
jihadistes qui sont allés dans ces pays non pour combattre mais pour
y commettre des crimes.
8)- Le
deuxième assaut
Le prononcé
des peines de mort a sonné comme une réponse au colonialisme
culturel de la camarilla pro-jihadiste européenne.
L'Etat
irakien ne peut plus être déclaré, avec condescendance,
incompétent et inexistant puisqu'il apparaît qu'il existe et qu'il
juge.
Les soutiens
des jihadistes passent alors à un autre argumentaire :
a- L'Etat
irakien devient un ennemi diplomatique de la France et des pays
occidentaux parcequ'il piégerait ces Etats occidentaux.
b- Il en est
ainsi car les condamnations seraient en fait des fabrications
d'otages en vue de négociations économiques, diplomatiques et
militaires avec les pays de nationalité de ces condamnés.
Détenir des
ressortissants occidentaux offrirait un moyen de pressions à l'Irak.
c- Le seul
moyen pour la France de s'en prémunir, de « garder la main »,
serait de rapatrier les jihadistes de nationalité française.
Les
pro-jihadiste appellent en quelque sorte l’État irakien a
transformer le refus du retour des jihadistes en France en instrument
de chantage contre elle.
Utiliser
l'action en Irak pour frapper la France est très exactement l'un des
axes majeurs de la politique de Daesh.
L'une des
entrées de ce raisonnement est la certitude de ces gens qu'en dehors
de quelques pays occidentaux, le monde est un vide juridique,
politique, institutionnel.
Les
jihadistes peuvent se promener comme ils le veulent. Il n'y a pas
d'Etat avant l'Europe de l'ouest ou les États-Unis.
L'Etat
irakien est bien sûr un ramassis de sauvages incapables d'assumer
une politique d'Etat.
Par contre,
les Etats européens sont des mamans gâteaux prêtes à tout pour
sauver leurs bébés qui ont commis une grosse bêtise.
Le fond de
ce raisonnement est toujours le colonialisme culturel et la
complicité.
a- On ne
peut discuter sérieusement avec ces pays car ils n'existent pas
vraiment.
b-
Les jihadistes sont jugés par des criminels pires qu'eux. Ils
avaient donc de bonnes raisons de combattre même s'ils ont commis
des fautes qui restent à prouver.
c-
L'Etat français ne leur doit pas seulement veiller à la qualité
des procès faits aux jihadistes. Il leur doit aussi veiller à leur
capacité de poursuivre un combat dont les vrais responsables sont
leurs ennemis.
d-
L'Etat, la République française, les français, tous doivent avoir
peur, d'abord et avant-tout. La politique, le droit, l'opinion
doivent être fondés sur cette peur.
Si la
diplomatie française veut se coucher, elle se couchera. Ce ne sera
ni du fait de l'Irak ni du fait des jihadistes mais de son seul fait.
Nous verrons
bien.
9)- L'unité
factieuse
Au départ
cela se présente comme une simple confrontation civile.
En fait, les
complices civils du jihadisme participent à la guerre du califat
contre les Etats politiques ; à la place qui est la leur.
Leur lien
congénital avec l'idéologie du jihad est leur combat contre la
laïcité et la forme politique et non religieuse de l’État, telle
qu'elle fut définie publiquement en Europe par Luther à partir de
1517 puis en France en 1789 et en 1905.
Étant hors
du champ de bataille militaire permanent, ils peuvent organiser des
fronts communs avec les groupes religieux dits modérés ; tels
ces associations de familles de détenus. Cela donne à leur combat
un tour pathétique et si humain.
Ils peuvent
aussi mener le combat du jihad sur le front judiciaire en
transformant d'une part les criminels en victimes de ceux qui les
jugent en Irak et d'autre part les juges français en garants de
l'impunité des jihadistes vis-à-vis des pays du Sud et de leur
statut d'avant-garde militaire vis-à-vis des populations musulmanes
du Nord.
Ce ne sont
pas les accusés dont ces hypocrites défendent les droits. Ils
assurent la continuité de la disponibilité des personnels du
califat et font ce qu'ils peuvent pour garantir la poursuite de leurs
criminalités.
Par
ailleurs, ils affirment défendre ces criminels. Dans les faits, ils
démontrent publiquement que ceux-ci sont engagés dans une guerre
continue. Au final, ce sont de biens piètres avocats. Mais est-ce
leur souci ?
Leur objectif
premier est de désarmer à tous points de vues les démocrates.
10)-
Conclusion
Forcément,
l'offensive pro-jihadiste dans le débat médiatique français
entraîne la formation de deux camps ; les pour et les contre.
Les deux
camps sont impliqués dans cette guerre. Pour l'instant, l'initiative
revient aux premiers.
Ils peuvent
donc gagner.
Marc SALOMONE
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