mercredi, juin 26, 2019

27.06.2019, réflexion 26, ONU, MBS, mohamed ben salmane, agnes calamard, khashoggi, arabie saoudite, droit, morale, politique

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Paris, le mercredi 27 juin 2019

CONTRIBUTION (26) AU DEBAT NATIONAL VOULU PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE EN 2019.
LA MISE EN ACCUSATION DE MOHAMED BEN SALMANE (MBS) PREMIER MINISTRE DE L'ARABIE SAOUDITE PAR AGNES CALAMARD DANS UN RAPPORT DE L'ONU.
(Suite de la réflexion n°25 du 13 juin 2019 ;cf. : madic50.blogspot.com)

LE DROIT, LA MORALE, LA POLITIQUE

Le mercredi 26 juin 2019, le Canard Enchaîné, p.1, par l'article « L'ONU Sciée », nous informe des conclusions du rapport qu' Agnès Callamard vient de remettre à l'ONU.

Enquêtant sur la mort du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de l'Arabie saoudite en Turquie, Agnès Callamard apporte des précisions quant à la préméditation et à l'horreur des faits qu'elle détaille.

Concluant sur les responsabilités de l’État dans le consulat duquel se sont produits ces faits, elle dit :
« Exécution délibérée, préméditée, extrajudiciaire, dont l’État d'Arabie saoudite est responsable au regard du droit international lié aux droits de l'homme » ;

Elle préconise :
1- Une enquête pénale internationale sur l'implication de Mohamed Ben Salmane au vu des « preuves crédibles » qu'elle a rassemblée.
2- Un gel des avoirs à l'étranger du susdit.

Depuis trop longtemps maintenant, l'usage de la doctrine informelle et particulièrement aléatoire dite des « droits de l'homme » est intrinsèquement lié à des militances politiques qui visent à manipuler les procédures juridiques à des fins politiques.

Au nom d'un moralisme politique qui est forcément à géométrie variable et d'une privatisation de l'exigence de justice, on décide qu'il convient de changer le gouvernement d'un pays, de stigmatiser ses gouvernants, de disposer à discrétion des instances administratives mondiales, telles les réseaux bancaires, pour briser ses dirigeants.

La force de ces manœuvres est de mobiliser les bonnes âmes bavardes. La création de l'évidence morale est l'armature d'une nouvelle totalité qui rallie autant qu'elle soumet.

C'est à ce double titre que le gouvernement libyen a été renversé. C'est au nom de l'urgence morale et justicière que fut violée la résolution de l'ONU. Chacun connaît le chaos qui est résulté de ce qui fut présenté comme une opération de justice morale. Plus personne ne revendique cette action.

Cette prétention de substituer le droit à la politique a précisément rendu impossible l'accord des Etats sur une solution juridique lors du conflit syrien qui en est la suite. Leur impuissance à stopper le carnage en découle directement.

Cette fois-ci, c'est l'Arabie saoudite qui est visée au prétexte de la qualification criminelle d'une action de cadres d'Etat dans l'enceinte légale de celui-ci. Il est préconisé de s'emparer de la direction politique de ce pays et d'y apporter le chaos en y semant l’opprobre.

Il revient en effet à cette commission ad hoc de l'ONU de construire un rapport exhaustif des faits, d'en fournir l'analyse, d'en informer les citoyens du monde.

Le rapport de l'ONU est transmis au tribunal compétent, saoudien en l'espèce, qui le joint au dossier dont il a déjà connaissance.

Par contre, cela ne donne à cette commission en aucune façon la capacité de déstabiliser le gouvernement saoudien sous le couvert d'une action, civile et judiciaire, visant la personne du Premier Ministre.

Si l'humanité a produit la forme d'organisation gouvernementale c'est aussi parce que la forme judiciaire ne peut pas s'y substituer.

a- Il doit être dit que l'élimination de cet opposant s'est faite hors des règles du droit.
b- Il doit être dit aussi que la justice ne peut pas être le substitut de questionnements et de réponses politiques qui ne proviennent pas du système économique et social concerné, de sa nation.

La criminalité fait partie de l'action ordinaire des Etats et des gouvernements.

La mise en jugement de ceux-ci au titre de leurs crimes ne relève pas de la transposition institutionnelle de la crise de nerf de personnalités horrifiées par les pratiques séculaires des Etats.

Le moins qu'on puisse dire est que la chose n'est pas simple. Les systèmes judiciaires ad hoc ne ressortent pas grandit de leurs confrontations diverses et variées avec ce type d'infraction pénale. La politique les déborde de partout.

En droit, cette façon de déterminer de l'extérieur d'un système national la continuité de celui-ci se nomme une Déclaration de guerre.

En prétendant contourner les volontés des saoudiens par l'usage astucieux de la querelle judiciaire ; la rapporteuse de l'ONU s'inscrit dans un filière de guerre dont elle ne dit précisément pas le nom.

Ce qu'elle veut déclencher, ce n'est pas la traque légale d'un meurtrier présumé, c'est une offensive militaire juridiquement masquée en action judiciaire.

Elle prétend nommer ou dévoiler alors qu'elle recouvre et qu'elle voile.

Ça suffit. Le gouvernement saoudien n'a pas à être bouleversé, déstabilisé, inquiété, par les manœuvres judiciaires visant son Premier Ministre parce que ceux qui veulent le soumettre à leurs volontés n'ont pas de prise nationale sur son fonctionnement.

Il est à espérer que les gouvernements sauront rejeter ce nouveau délire irresponsable.


Marc SALOMONE

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